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CUGUEN
Sous l'Occupation Nazie
Du 18 juin 1940 au 2 août 1944
La
Mobilisation
Le 1er septembre, l'Allemagne publie sa réponse aux propositions
de médiation présentées par l'Angleterre : retour
pur et simple de Dantzig au Reich, approuvé par le Reichstag.
Les nouvelles apportées par la Radio sont de plus en plus mauvaises.
L'Allemagne attaque la Pologne, Hitler lance un ordre du jour à
son armée.
Les membres du gouvernement français se réunissent à
l'Elysée à 10 H 45. A midi; le Conseil des Ministres se
réunissait après avoir approuvé les trois décrets
suivants, ordonnant :
1° La mobilisation générale des armées françaises
de mer, de terre et de l'air, sur toute l'étendue du territoire,
y compris l'Algérie et les colonies, et aux territoires d'allégeance
française. Le premier jour de la mobilisation est le 2 septembre;
2° L'état de siège est proclamé dans les quatre-vingt-neuf
départements français, le territoire de Belfort et l'Algérie..
3° Les Chambres sont convoquées le lendemain 2 septembre,
à 15 heures.
La nouvelle transmise par T.S.F. à 12 H 45 se répandit
comme une traînée de poudre jetant partout la consternation.
Quelques instants plus tard, le tocsin tinte, les affiches sont apposées
dans les divers coins de la commune; le travail cesse, la vie semble
s'arrêter.
L'Angleterre et la France annoncent à l'Allemagne que si les
troupes allemandes n'évacuent pas sans délai, le territoire
polonais, elles rappelleront leur ambassadeur et les relations diplomatiques
seront rompues.
2 septembre : A cet ultimatum, Von Ribbentrop répond en rejetant
la responsabilité sur la Pologne, que l'Allemagne ne s'est rendue
responsable d'aucune agression.
Le Parlement français vote soixante-neuf milliards de crédits
militaires. Le Président lit un message aux Chambres. Les opérations
militaires se développent en Pologne, où l'armée
résiste farouchement.
3 septembre : Sombre dimanche ! Beaucoup de monde au bourg. Après
avoir écouté silencieusement la publication de l'ordre
de mobilisation générale et jeté un coup d'œil
sur les affiches, chacun s'en va soucieux. De nombreux réservistes
rejoignent leurs dépôts, et dans les jours qui vont suivre,
cent-vingt environ seront mobilisés.
Dans la matinée, arriva une note disant de préparer un
cantonnement et du ravitaillement pour un convoi de chevaux qui devait
arriver dans la nuit. Vers minuit, une soixantaine de chevaux réquisitionnés
à Antrain, conduits par des réservistes de Noyal, Marcillé,
Saint-Rémy, etc…arriva, passa le reste de la nuit au repos,
et repartit le lendemain au lever du jour.
A 11 heures du matin, l'Angleterre déclara la guerre à
l'Allemagne; à 17 heures, ce fut le tour de la France. La soirée
s'acheva tristement et chacun commentait les évènements
de la journée.
Lundi 4 septembre : Réquisition de chevaux à Combourg.
Jean Hubert du bourg: Loret Eugène de la Busnière; Julien
Hubert du Bas-Chemin; Théophile Hervé des Rieux; Théophile
Cronier de la Croix-Gaucher, furent requis pour les conduire à
Dinan; Joseph Costard du Petit-Mesnih, fit partie d'un autre convoi
qui se dirigea vers Saint-Malo.
La Drôle de Guerre
Tout le monde attendait anxieusement les nouvelles, pendant que de terribles
combats allaient se produire. Il n'en fut rien. La bataille faisait
rage en Pologne, où les Allemands remportaient des succès
foudroyants, malgré l'héroïsme de l'armée
polonaise. Le 16 septembre, les troupes russes pénétrèrent
en Pologne. Le 27, Varsovie écrasée, en grande partie
détruite demandait un armistice. La campagne de Pologne était
terminée. Hitler remportait sa première victoire.
Tout le long de la frontière franco-allemande, les armées
étaient face à face. Le choc allait-il se produire ? Non
! De temps à autres quelques escarmouches, quelques coups de
main. Et cela dura tout l'automne. Des permissions furent accordées
et les mobilisés, en revenant du front, racontaient les préparatifs,
les moyens de défense et déclaraient que les "boches"
pouvaient venir et que jamais ils ne passeraient ! Cette situation se
prolongea tout l'hiver et le début du printemps. Personne ne
comprenait rien à cette "drôle de guerre" et
l'on se demandait si cela ne se terminerait pas sans plus de combat.
Hélas ! quelques semaines plus tard, ce fut le grand carnage.
Le 9 avril 1940, le monde apprend avec émotion qu'à 5
heures du matin, les armées d'Hitler ont envahi le Danemark et
la Norvège. En quelques jours tout le Danemark est occupé,
ainsi que presque toutes les côtes norvégiennes, malgré
une dure résistance et de durs combats. Le 15 avril , des troupes
anglaises débarquent en Norvège, suivies cinq jours plus
tard par des troupes françaises, qui, avec les escadres anglaises
et l'aviation alliée font subir de lourdes pertes aux armées
nazies.. L'anxiété grandit, et l'on s'attend à
de grands évènements.
L'Invasion
Pendant quelques jours, un calme relatif se produit, le calme avant
la tempête.
Le 10 mai, au matin, la radio nous apprend que les armées allemandes
ont attaqué la Hollande, la Belgique et le Luxembourg, qui appellent
la France et l'Angleterre à leur aide. Quelques heures plus tard
les armées franco-anglaises, répondant à cet appel
pénètrent en Belgique. Hitler lance un ordre du jour à
ses troupes. Notre région de l'Est subit de violents bombardements
aeriens. Une effroyable mêlée s'engage.
Le 11 mai, les Allemands semblent arrêtés, l'optimisme
renaît, mais pour bien peu de temps !
Le 14 mai, l'armée hollandaise débordée, écrasée,
cesse le combat, ce qui ramène l'inquiétude. De la Mer
du Nord à la Moselle, sur un front de quatre cent kilomètres
de durs combats sont engagés.
Le 15 mai, dans le secteur de Sedan, les colonnes motorisées
allemandes pénètrent dans notre dispositif de défense
en trois endroits. En Hollande malgré la capitulation, de nombreux
combats continuent. Entre Mézières et Namur, les Allemands
traversent la Meuse en plusieurs points.
Depuis deux jours les réfugiés belges passent sur nos
routes. Le 17 mai dans la matinée, un camion belge venant de
la région de Liège, contenant plusieurs familles, en tout
dix sept personnes, s'arrête prés de la mairie. Il demande
l'hospitalité. Aussitôt ils sont installés dans
l'ancienne maison Jean Menuet.*
(Cette maison sera louée plus tard par M. Desvaux. Elle fut brûlée
par les Allemands le 7 juin 1944 avec la mairie)
Ils espèrent y rester. Ils nous donnent des renseignements peu
rassurants sur la situation militaire et blâment hautement l'attitude
suspecte du roi des Belges.
Deux jours après ces réfugiés reçoivent
l'ordre de s'en aller sur Rennes, d'où ils furent dirigés
sur le midi de la France. Sur les routes de notre région, les
évacués commencent à passer, nombreux, semant la
panique. Les jours suivants, la radio nous annonce partout de durs combats
et une véritable stupeur est causée par les succès
foudroyants des allemands; des combats sont signalés dans les
régions d'Avesne, de Vervins; le général Gamelin
lance un ordre du jour à nos troupes.
Le 19 mai, on se bat vers Guise, Landrecies; le 20, Saint-Quentin, Montmédy;
le général Weygand est nommé généralissime;
le 21 mai c'est la prise d'Arras, Cambrai, Amiens, Ham; à Rethel,
les Allemands franchissent l'Aisne. La consternation est générale.
Le 28 mai, une terrible nouvelle : capitulation de la Belgique par le
roi Léopold ! Dunkerque est menacé. Dans ce port, on commence
l'évacuation des troupes anglaises et françaises qui sont
dirigées sur l'Angleterre. Le désarroi est indescriptible.
L'Ennemi continue d'avancer dans toutes les directions. Le 6 juin, prise
de Laon, Soissons, Péronne; le 9, Forges-les-Eaux; le 10, c'est
Rouen, Gisors, Pont-de-l'Arche, Montdidier, Noyon.
Des avions ennemis commencent à survoler notre région;
le 7 juin, l'un d'eux mitraille la région de Combourg..
Le 10 juin, vers 16 heures, on apprend que l'Italie vient de déclarer
la guerre à la France et à la Grande Bretagne. Ce coup
de poignard dans le dos en une heure aussi tragique, provoque l'indignation
générale. Le défilé lamentable des réfugiés
(dix millions sont sur les routes de France !), le manque de nouvelles
des soldats du front amènent l'angoisse et le désespoir.
Des centaines de réfugiés sont installés tant bien
que mal dans des coins de notre commune. Le moral est mauvais, on ne
conserve plus guère d'espoir, le travail cesse, c'est partout
la désolation.
Les troupes anglaises se replient rapidement vers la Bretagne du Nord.
On commence à voir des soldats français, les uns en civil,
d'autres moitié civils, moitié militaires, à pied,
à bicyclette, pauvres débris de notre armée en
déroute !
La débâcle continue dans toutes les directions.
Le 14 juin, c'est Louviers, Les Andelys, Evreux, Château-Tierry,
Dormans, Châlons. Le gouvernement s'installe à Bordeaux;
les Allemands entrent dans Paris.
Le 16 juin, nous étions à installer un fort contingent
de réfugiés, avec des chevaux et charrettes, à
la Jolimais. Vers 16 heures, on vint nous prévenir qu'un officier
français veut nous voir immédiatement. Il s'agissait de
préparer sans délai un cantonnement pour une compagnie
d'infanterie venant de Saint-Lô, une autre doit s'installer à
Tréméheuc, le reste du régiment à Combourg;
on parle d'une division qui doit arriver dans la région, pour
organiser une ligne de résistance.
Le cantonnement fut installé en hâte, et vrers minuit un
contingent d'environ soixante quinze ou quatre vingt officiers et sous-officiers,
sous les ordres du commandant Leclerc arriva. La compagnie devait arrivezr
le lendemain, mais le train qui l'amenait fut bombardé et immobilisé
à Folligny.
Lundi 17 juin : journée lamentable, anxieuse, fièvreuse,
avec le passage ininterrompu des malheureux réfugiés,
le ronflement des avions ennemis et les allées et venues des
soldats, dans l'attente d'on ne savait quoi.
Dans l'après-midi, des Rennais évacués nous apprirent
qu'un avion allemand avait bombardé la gare, faisant sauter un
train de munitions qui causa la mort d'un nombre considérable
de personnes.
L'Occupation
18 juin :
La nuit fut agitée, les officiers, sous-officiers après
avoir réquisitionné les autos de Messieurs Baudour et
Mottay, vers trois heures du matin partirent dans la direction de Dinan.
Ils revinrent vers huit heures, donnant l'ordre d'établir des
barrages avec des troncs d'arbres, des charrettes, etc…Mr Pierre
Cronier, maire dit alors qu'à son avis, c'était inutile,
que partout on déclarait les villes ouvertes et que ce n'était
plus le moment d'essayer de résister.
A ce moment un cycliste passa et cria : "Les boches passent au
Chat*". Stupeur ! Nous ne voulions pas croire à une telle
chose. Renseignements pris, on nous dit que depuis quelques temps, de
nombreux motocyclistes allemands passaient à la Pindrie, quelques-uns
même d'y étaient arrêtés. Il fallut bien se
rendre à l'évidence, l'ennemi était là !
· Le Chat Troussé, carrefour des routes Bazouges –
Combourg et Cuguen. Tréméheuc à 4,5 km au S.O.
du bourg de Cuguen)
A Launay-Chartier, des évacués étaient au repos
sur le bord de la route; des groupes de soldats allemands s'arrêtèrent
et restèrent là quelques instants. Des habitants de Launay
se sauvaient et traversaient la route pour aller où ? Ils se
le demandaient eux-mêmes. Une femme s'adressant aux réfugiés
leur demanda : "C'est-y vrai que les boches vous suivent , ".
On lui fit comprendre qu'ils étaient là ! "Puisque
c'est de même, dit-elle, je m'en retourne chez nous ! ".
Bientôt ce fut le défilé des engins motorisés
d'Hitler, qui, en passant à Tréméheuc, firent prisonnière
la compagnie de Saint-Lô qui venait d'arriver ! Dans le bourg,
la consternation était générale, on ne savait plus
que faire; chacun se résigna à attendre.
Vers deux heures de l'après-midi, une automitrailleuse déboucha
de la route des Rieux, traversa le bourg. Des gens se cachaient, certains
se sauvaient, d'autres se rangeaient sur le bord de la rue. Arrivée
prés du café Joseph Hubert, l'auto-mitrailleuse stoppa,
l'un des occupant, dans un mauvais français dit : "Haut
les mains ! Le peuple et l'armée française sont prisonniers
des Allemands ! ". Nos quatre vingt soldats et plusieurs personnes
qui se trouvaient là, levèrent aussitôt les bras
! L'Allemand dit alors : " Préparez vous ! Dans une heure,
on viendra vous vhercher ! ". L'auto-mitrailleuse partit en direction
de Bonnemain.
Faits
Prisonniers
Le commandant Leclerc et quatre officiers s'enfermèrent dans
la Mairie où ils discutèrent longuement, pendant que sous-officiers
et soldats allaient et venaient, affairés, et désemparés.
Le plus fort groupe était dans une des classes, ne sachant que
faire. Je fus à eux et leur dis :
" Aller vous rester ainsi pour vous faire prendre prisonniers !
Il vous est facile de vous sauver, nous allons vous trouver des habits
civils ".
Ils refusèrent, disant que c'était impossible, qu'ils
seraient vite repris et qu'ils risquaient d'être fusillés
! Ils me demandèrent du papier et des enveloppes pour écrire
à leurs familles et me confièrent une vingtaine de lettres
que je promis de mettre à la poste dés que les circonstances
le permettraient.
Je fus ensuite trouver les officiers et leur demandais ce qu'ils pensaient
faire de leurs hommes. " S'ils s'en vont, dirent-ils, ils seront
portés manquants et qu'adviendra-t-il ensuite ?"
Après avoir bouclés valises et cantines, ils transportèrent
le tout dans une autre autre classe, avec tout le matériel qu'ils
purent récupérer, espérant le reprendre à
la fin de la guerre, qu'ils croyaient proche ! Ensuite, ils prirent
leurs fusils, qu'ils alignèrent prés du mur de la mairie,
sur le bord de la route, allant et venant, attendant les évènements.
Bientôt arrivèrent deux assez fortes automitrailleuses,
avec deux occupants chacune, en tunique noire, avec une insigne, tête
de mort sur la manche.
Deux hommes descendirent, pistolet au poing et parlèrent rapidement,
personne ne comprenant rien à leur langage. Ils saisirent les
fusils et les brisèrent en les frappant contre le mur. Les coups
sourds résonnaient lugubrement. Terrible spectacle ! Et des larmes
coulèrent en silence sur bien des visages ! En quelques instants,
le sol fut jonché de débris : crosses brisées,
baïonnettes tordues, paquets de cartouches, etc… Les hommes
alignés, impassibles, attendaient. Par la fenêtre de la
Mairie, ouverte, l'officier des détails, le lieutenant C. dit
au conducteur des autos : "J'ai la Caisse !
Combien ?
Deux Cents !
Deux cent francs ?
Deux cent mille ! "
Il sortit alors accompagné d'un soldat, révolver à
la main et remis une liasse de billets que le conducteur feuilleta et
plaça dans une poche de sa chemise. J'appris par la suite qu'il
avait donné deux cent trente-cinq mille francs..
Je me trouvais à côté du commandant qui avait jeté
une petite boîte au prés du mur. Il me fit signe d'approcher
et me dit : " Vous voyez cette petite caisse, tâchez de la
prendre et brûlez la aussitôt ! " Je réussis
à la ramasser, sans être vu, je la portais dans la cheminée
de la salle à manger, la recouvris de de papiers et de branches,
prêt à y mettre le feu, s'il y avait lieu, je baissais
le tablier de la cheminée et retournais dans la rue.
Quelque jours plus tard, j'ouvris la caisse, elle contenait quelques
notes et les états de service du commandant Leclerc, un héros
de la guerre 1914-1918. Commandant de la Légion d'Honneur. Je
mis ces papiers en sécurité, et au début de 1942,
zautant que je me rappelle, j'appris que le commandant Leclerc avait
été libéré d'Allemagne et était rentré
dans son pays, une petite ville de la côte normande, dont je ne
me souviens plus du nom. Par l'intermédiaire d'un sous-officier
qui avait servi sous ses ordres, je lui fis remettre ce qui lui appartenait.
Il m'en accusa fort aimablement réception en me disant qu'il
viendrait me rendre visite après la fin des hostilités,
mais je n'en ai plus entendu parler.
Les Allemands donnèrent l'ordre aux prisonniers de monter dans
les automitrailleuses, ils s'installèren,t partout, sur les ailes,
le capot, le marchepied et dans deux autos de l'armée française.
Le lugubre cortège s'ébranla dans un silence impressionnant
et prit la direction de Combourg.
Et c'est ainsi que, fait sans précédent, les Allemands
vinrent à Cuguen ! *
*En septembre 1815, suite à la défaîte de Napoléon
1er, une armée prussienne séjourna une quinzaine de jours
dans la région. Combourg et les communes voisines durent loger
et nourrir 800 hommes et 50 chevaux. Ces troupes commirent de nombreux
vols et dégâts.
Libres !
Le reste de la journée se passa tristement; de nombreux curieux,
même des communes voisines vinrent aux nouvelles et contemplèrent
les armes brisées, que je fis mettre dans une classe.
Le soir, vers 21 H 30, j'entendis des pas dans la cour de l'école;
je regardais par la fenêtre. Rien ! Quelques minutes plus tard,
nouveau bruit de pas et de voix puis plus rien ! Intrigué, je
sortis, et entendant parler dans une classe, je fus voir ce qui s'y
passait. Je reconnus alors un groupe de nos soldats et sous-officiers
qui revenaient à leur cantonnement. Ne comprenant rien à
cela, ils m'expliquèrent qu'arrivés à Combourg,
on les avait fait descendre des voitures et se ranger le long d'un trottoir
pour regarder passer le défilé motorisé des troupes
allemandes, qui passait sans interruption depuis plusieurs heures..
Dans la soirée, on leur avait dit qu'ils pouvaient s'en aller
!
Ils ne se le firent pas répéter deux fois. Prés
de la moitié du contingent pris le matin se trouvait libre. Je
leur remis les lettres qu'ils m'avaient confiées dans l'après-midi.
Ils passèrent la nuit là, et le lendemain au lever du
jour, ils se mirent en route imprudemment, avec leur tenue militaire;
quelques uns furent repris entre Antrain et Ducey, à quelques
kilomètres de chez eux et restèrent prisonniers en Allemagne
jusqu'à la Libération. !
En quelques heures les événements s'étaient précipités.
Les Allemands se répandirent dans toutes les directions : à
l'Ouest, en Normandie; dans l'Est, vers Dijon.
Le 17 juin, le gouvernement avait démissionné et Pétain
avait pris la place. Le 18, il demanda l'armistice; ce même jour,
ce fut la prise du Mans, de Rennes ; le 19, Brest ; le 20, Nantes; le
22 Saint-Malo, Lorient ; le 23, Saint-Nazaire.
Le 24, signature de l'armistice.
Pendant les jours qui suivirent l'arrivée à Cuguen, quelques
cyclistes allemands patrouillèrent dans la commune, recherchant
les soldats français qui auraient pu se cacher. Peu à
peu, le travail reprit, la vie redevenait normale; quelques personnes
disaient : " Il ne faut pas se décourager, les boches ne
seront pas longtemps; ils s'en retourneront bientôt, et plus vite
qu'ils ne sont venus ! " Cela se produisit, en effet, mais quatre
ans après !
Des réfugiés assez nombreux repassaient, s'en retournant
chez eux; beaucoup de ceux installés à Cuguen, repartirent.
Mais l'angoisse restait grande parmi les familles qui ne recevaient
aucune nouvelle des leurs et chacun se demandait avec anxiété
ce qu'ils étaient devenus.
Des
Affiches allemandes
Les
autorités militaires allemandes commencèrent à
s'organiser dans le pays. Le 28 juin, une affiche fait connaître
que pour tout le territoire occupé, la monnaie officielle est
le Reichskrédit Kassenschein.
Le Reichsmark à la valeur de 20 francs.
Le 1er juillet : Entrée en vigueur de la carte de pain.
Le 2 juillet : Le gouvernement Pétain s'installe à Vichy
Le 13 juillet, une affiche, rédigée à Rennes, signée
Teichmann dit que : " Le jour de la fête nationale française
du 14 juillet, toutes les fêtes et manifestations publiques sont
interdites. Il est défendu ce jour là, de faire dire des
messes pour les morts de la guerre".
Au début de juillet, une affiche ordonne la remise des fusils
de chasse et de toutes les armes à feu, à la Mairie, sous
peine de sévères sanctions. Environ soixante-dix fusils
et revolvers furent apportés. Au mois d'octobre, plusieurs ordres
de porter ces armes à Saint-Malo, furent transmis à la
Mairie. Ces ordres n'ayant pas été obéis, une nouvelle
note ordonna que si les armes n'étaient pas rendues à
Saint-Malo pour le 5 novembre, des sanctions très graves allaient
être prises. Il fallut se soumettre. Le 4 novembre, les fusils
furent transportés au château de Saint-Malo, où
des milliers de toute la région étaient entreposés.
"Permis de circuler" : A partir du 1er août tout véhicule
à moteur devant circuler, sera obligatoirement muni d'une autorisation.
Un permis et un V rouge feront foi de l'autorisation. Les deux pièces
seront délivrées par la Feld kommandantur.
Tout permis de circuler antérieur au 1er août 1940 ne sera
plus valable.
30 juillet 1940 Signé : Kriger, major.
Peu à peu, les nouvelles de nos soldats arrivèrent, rassurant
les uns, désolant les autres. Enfin, au bout de quelques semaines,
on fut à peu prés fixé sur leur sort. Hélas
! Plusieurs étaient tombés dans la mêlée
:
Beziel Emile le 27 mai à Oignies - Baudet Marcel le 29 mai à
Lille - Chartier François le 2 juin à Malo-les-Bains -
Duval Joseph le 6 juin à Euville - Seret Pierre le 6 juin, à
Grattepanche; - Playon Maurice le 20 juin à Avillon.
Une soixantaine était en "Zone Libre" au sud de la
ligne de démarcation d'où ils revinrent en août
et septembre. Plus de soixante étaient prisonniers.
Premiers Occupants
Le 25 juillet 1940, une troupe allemande d'environ 200 hommes, avec
chevaux et charrettes vint cantonner à Cuguen. Les officiers
et sous-officiers furent logés chez les habitants, les soldats,
dans les classes, les granges, les greniers; les chevaux dans les prairies,
les étables, les écuries.
Il y eut peu de choses à redire sur leur conduite et leur tenue.
Ils furent à peu prés "Korrects". Ils se firent
remarquer par leur "goinfrerie". J'ai vu dans une épicerie
deux sous-officiers, manger de la saucisse, chacun une douzaine d'œufs,
chacun une boîte de sardine à l'huile, et … très
peu de pain ! Pour mettre le tout à descendre, ils burent à
eux deux un litre de Banyuls ! en fumant un énorme cigare. Dans
différents débits, des groupes de quatre ou cinq mangeaient
facilement cinq ou six douzaines d'œufs en omelettes, le tout bien
arrosé. Ils achetaient force marchandises de toutes sortes qu'ils
payaient généralement … avec notre argent. La France
était tenue de payer cinq cent millions de francs par jour, et
notre pays était encore bien approvisionné et riche à
cette époque.
Dés ce moment, je compris que c'était le pillage organisé
et camouflé. Le dimanche 27, dans l'après-midi, la veille
de leur départ, les Allemands firent l'inventaire, et en prirent
bonne note, de tout le matériel laissé par les sous-officiers
et soldats français, fait prisonniers le 18 juin, entreposé
dans une classe de l'école des garçons, avec le matériel
des réfugiés, de la cantine scolaire, etc… Ils s'emparèrent
de quelques objets, mais relativement peu.
Vers le 15 août, arriva un nouveau contingent, motorisé,
d'environ 150 hommes, des camions, des automobiles, des motocyclettes.
Les officiers et soldats étaient aussi "goinfres" que
les premiers, mais chapardeurs, soudards arrogants. En s'en allant,
ils firent main basse sur une partie des objets entreposés dans
la classe, emportèrent poêles, paillasses, couvertures,
valises, chargèrent le matériel de la cantine scolaire
dans un camion. J'arrivai en ce moment et j'eus une vive altercation
avec un sous-officier qui me traita de voleur, disant que tout cela
leur appartenait. Je lui demandais de quel droit. "C'est nous les
vainqueurs, et tout nous appartient ! Je vais en référer
à la Kommandantur ! Et moi, lui répondis-je, je vais en
référer à la Feldkommandantur. En attendant, je
vais aller trouver le commandant, et je pris le N° du camion. Après
une longue discussion, le sous-officier, furieux, baragouina quelques
mots à des hommes qui déchargèrent tous les objets
de la cantine et les reportèrent dans la classe. Ils emmenèrent
tout le reste et s'en allèrent dans la direction de Ducey. Mais
les jours suivants, un camion vint à plusieurs reprises, chercher
paillasses, couvertures, seaux, etc…
Quelques semaines plus tard, une grande camionnette vint prendre tout
ce qui restait, y compris les débris d'armes, munitions, uniformes,
valises, etc…
Les semaines qui suivirent furent plutôt calmes. De temps en temps
quelques cyclistes, motocyclistes, autos, passaient. Les escadrilles
d'avions de plius en plus nombreuses volaient vers l'Angleterre. De
temps en temps des avions anglais survolaient la région, lançant
des tracts. Le gouvernement de Vichy faisait apposer des multitudes
d'affiches ridiculisant l'Angleterre, etc …
Vers la mi-octobre 1940, une perquisition fut faite au presbytère
et à l'église, qui furent fouillés de fond en comble,
soi-disant pour rechercher des armes, mais la perquisition faite en
présence de M. Gronier, Maire que les Allemands étaient
allés chercher, ne donna aucun résultat.
Des
Prisonniers Français en Equipes
Au début de septembre, quinze soldats français furent
employés dans les fermes sous la surveillance de soldats allemands
qui venaient chaque jour s'assurer de leur présence. Ils y restèrent
jusqu'au 15 décembre. A cette date, ils reçoivent de se
préparer à rentrer au stalag 133, à Rennes. Le
lendemain matin, au point du jour, un camion vint les chercher pour
les conduire à la gare de Combourg. Il n'y en avait plus que
8, les 7 autres avaient disparus pendant la nuit, dont deux jeunes de
la région de Toulouse, à qui nous avions procuré
chaussures, gilet de laine et quyi réussirent à rentrer
chez eux, en zone libre, sans trop de difficultés, comme ils
le firent savoir quelques mois après.
Pendant cet hiver 1940-1941, il ne se passa pas d'événements
très importants. La propagande pour le gouvernement s'intensifie,
dans toute la France, les réquisitions se font de plus en plus
nombreuses, pendant que les restrictions deviennent plus sévères.
Au mois de janvier, la carte de vêtements fut instituée.
Les
Secours aux Prisonniers
Dans la commune,
les secours s'organisèrent pour les prisonniers. Un comité
composé de plusieurs personnes fut constitué pour leur
venir en aide. Des quêtes, des souscriptions, des fêtes
de bienfaisance fournirent des ressources importantes qui permirent
d'envoyer gratuitement, chaque mois, jusqu'au printemps de 1944, de
copieux colis à chaque prisonnier. Mr Joseph Garnier*, tailleur,
chargé de la direction de ce comité, se dépensa
sans compter pendant toute cette période, et les prisonniers
peuvent lui être reconnaissant de ce qu'il a fait pour eux.
* La femme de Mr Garnier était couturière
Des
Prisonniers Malgaches
A la fin de mars
1941, la carte de viande fut instituée. Le 18 mars, la commune
fut requise de loger et nourrir 25 prisonniers malgaches** qui furent
cantonnés sous la garde de 7 ou 8 soldats allemands commandés
par un sergent. Celui-ci, maniaque, ne cessera pendant son séjour
d'environ deux mois, de faire des travaux et modifications au cantonnement,
exigeant chaque jour de nouveaux matériaux, poteaux, barbelés,
planches etc… Les avions anglais, qui survolaient de plus en plus
la région, lui inspiraient une véritable terreur. Un jour,
il décida de réquisitionner les caves de l'école
de garçons et de M. Hippolyte Mottay pour en faire des abris
et de sonner l'alerte dés qu'un avion serait signalé !
Mais devant nos protestations et les risées de la population,
il dut abandonner son projet..
** Quelques familles Cuguennaises aidèrent ces malheureux. Cette
aide se prolongea parfois après le départ.
Des prisonniers français rapatriés depuis août 1940,
devaient aller se faire "pointer" à l'Orskommandantur
de Combourg tous les mois. Le sergent qui commandait à Cuguen,
décida que le pointage aurait lieu chaque dimanche, parfois en
semaine, au restaurant Robidou.
Après juillet 1941, il fallut retourner à Combourg, puis
à Saint-malo, tous les mois, ensuite tous les trois mois, jusqu'au
début de juillet 1944.
Pendant leur séjour qui dura jusqu'au 27 jiuillet, ces braves
ret simphatiques malgaches, choyés par la population, autant
que le permettait la garde, furent employés à extraire
de la poierre pour l'entretien des chemins, remirent en état
la route abandonnée, dite " La Rue de Paris " et travaillèrent
dans les fermes.
Nouvelles
Agressions
Vive émotion
dans la matinée du 21 juin 1941. La radio nous annonça
que dans la nuit, les armées allemandes avaient attaqué
la Russie. Pendant quelques semaines elles remportèrent de nombreuses
victoires, ce qui augmenta l'inquiétude générale.
Mais l'hiver arrêta leur avance, et bientôt ce fut le commencement
des défaites dans les immenses plaines russes.
Le 8 décembre 1941, nouvelle émotion ! Le Japon, avec
de nombreuses escadrilles, attaque par surprise la flotte américaine,
qui subit un véritable désastre. Les Japonais remportent
des victoires foudroyantes sur les Anglais, les Hollandais, les Américains,
en Extrême Orient, où l'Australie est menacée.
1942
Pendant toute
l'année 1942, ce furent des réquisitions massives de denrées
alimentaires, bestiaux, chevaux, etc… Les Allemands s'organisaient
dans notre région comme pour y rester définitivement.
Des services agricoles s'installèrent à Dol, et chaque
mois, un "Officier Contrôleur", accompagné d'un
interprète venait à la Mairie et donnait des conseils
sur la façon de cultiver le sol, soigner le bétail, défricher
toutes les terres incultes, combattre le doryphore, mettre des pancartes
dans les champs.
Mais la grosse affaire, c'était l'élevage du mouton !
Il fallait que chaque ferme en éleva quelques uns. A chaque tournée
d'inspecteur : " Combien de moutons depuis notre dernier passage
? – Point ! - Pourquoi ? - Parce que l'élevage y est impossible,
personne ne veut ! – Tout est possible, et il le faut ! Si la
prochaine fois il n'y en a pas, sanctions sévères ! –
Tant pis, mais n'y comptez pas ! Au début, ces messieurs venaient
avec une superbe auto, puis ce fut à bicyclette, une fois avec
une voiture à cheval, puis en mars ou avril 1944 … à
pied, sous la pluis ! Cela sentait la décadence. Changement d'attitude,
ce n'était plus la hautaine arrogance du début. Alors,
et les moutons ? – Je vois que c'est inutile de vous le demander,
vous ne voulez pas tenir compte de nos observations ! Eh bien, nous
n'insisterons plus. Ce fut la dernière visite.
Quelques semaines plus tard, une grande réunion agricole, organisée
par les Allemands eut lieu à la Mairie. A cette réunion,
furent convoqués les principaux entrepreneurs de battages, pour
la mise au point d'un plan de battage pour la récolte de 1944.
Plusieurs officiers de réserve, pour la plupart, exploitant de
grosses fermes avant leur mobilisation, montraient des photographies
de leurs exploitations, donnaient des explications et conseils sur les
méthodes de culture, etc… Ils escomptaient déjà
pouvoir s'emparer de la récolte prochaine, mais ils n'en eurent
pas le temps !
Résistance
au S.T.O.
Les
camouflés
Dés le début de 1942, commença l'Organisation du
Travail Obligatoire en Allemagne. De multiples affiches faisant des
promesses alléchantes, tapissaient les panneaux, mais sans succès;
puis ce furent des menaces qui n'eurent pas plus de résultats.
Des hommes jeunes pour la plupart, commencèrent à venir
se cacher dans les fermes. Leur nombre augmenta rapidement et pendant
les années 1943 et 1944, il s'en trouvait des dizaines disséminés
sur le territoire de la commune.
Au mois de juillet 1942, Robert Lebrun, imprimeur, 31 rue Véron,
Paris 18° vint se réfugier chez Ambroise Palluel aux Chaises,
où il resta jusqu'à septembre 1943.
Chez Henri Goussé à la Fosse-Benoist, Paul Leguen, instituteur
à Saint-Servan, du 2 avril au 30 juillet 1943 , et Bouliner Henri;
de la Fochetière en Trans, du 14 juillet 1943 à janvier
1944.
Chez Mme Veuve Cutté, à la Clérazière :
Nicolas Roger, employé de chemin de fer, 43 rue des Graviers
à Verneuil-sur-Seine (Seine et Oise) après un séjour
obligatoire en Allemagne revint en France. Ne voulant pas retourner
en Allemagne, il arriva à la Clérazière le 15 août
1943, y resta jusqu'au 15 avril 1944, puis s'en alla chez François
Picot à Transvers, puis à Landran en Combourg, où
il resta jusqu'à la Libération. Et Louis Pepin 17 galerie
Vivienne Paris 20° du 1er juin au 2 août 1944.
Chez Jean Boulmer aux Rieux, André Saint-Aubert de Vezin-le-Coquet,
employé par les Allemands au Conquet prés de Brest, leur
échappa, arriva aux Rieux le 1er juillet 1943 où il resta
jusqu'au 16 février 1944.
Chez Mme Veuve Ribault à Transvers, Rouzin Pierre 114 route de
Parigné, Le Mans, du 4 mars 1943 au 3 janvier 1944.
Chez Louvel Célestin à la Provotais, Le Foll Jules (Julot)
de Terrelabouêt en Cancale, du 22 juin 1943 au 30 avril 1944,
puis chez Léon Cronier au bourg du 30 avril à la Libération.
Chez Mme Vaugeois à la Provotais, Le Crossois André de
la Houle-Cancale, du 18 juin 1943 au 15 décembre 1943.
Chez Mme Théophile Cronier à la Croix-Gaucher, Léon
Lerayer 85 rue de Paris à Dol de mai 1943 à février
1944.
Chez Pierre Besnard à Vilengas, Guillon Marcel employé
aux usines d'aviation de Paris, de juin à octobre 1943.
Chez Pierre Hubert aux Viviens, Ange Couacault de la Ville-en-Durand
en Ploubalay (C.du N.) amené par le gendarme Forêt de la
brigade de Ploubalay, du 29 juin au 30 novembre 1943.
Chez Constant Gautier à la Rouërie, Roupie Victor de Ville-Cavou
en La Boussac du 19 juin 1943 au 6 juin 1944, et Genouvrier Julien 56
rue Saint-Pierre-et-Miquelon à Saint-Malo du 3 avril 1944 à
la Libération.
Chez René Ganche à Pancouët, Chauveau Marcel sapeur-pompier
à Paris, désigné pour aller en Allemagne, arriva
à Pancouët le 18 juillet 1943 où il resta jusqu'au
20 avril 1944.
Chez Badignon André au Val, Hamelin Henri des Rivières
en Combourg, du 15 avril au 25 septembre 1943; Renault Ernest de Saint-Méloir-des-Ondes
du 31 août 1943 au 6 juillet 1944; Jouran Albert de Combourg du
3 mai 1943 au 2 août 1944.
Chez Filleul aux Gaudines*, Le Brigot André né à
Meaux (Seine et Marne) reçut le 20 juin 1943 à Bazouges-la-Pérouse
un ordre du S.T.O pour aller en Allemagne; arrêté par les
Allemands en forêt de Ville-Cartier le 23 juin, leur échappa,
vint se réfugier chez Filleul où il resta jusqu'à
la Libération.
Quelques jours après l'attaque de la Prison de Vitré,
dans la nuit du 28 au 29 avril 1944, Jean Genouvrier de La Boussac,
un M. Brault accompagné de trois camarades reçurent chez
Jean Filleul, l'hospitalité pendant trois jours et trois nuits.
Le lendemain de leurs départs, une demoiselle Le Calvez de Rennes
vint pour les rejoindre et leur remettre des subsides, mais trop tard.
Au début de juillet 1944, deux jeunes gens restèrent un
jour chez Jean Filleul qui les conduisit le lendemain en voiture à
Pleine-Fougères, d'où ils se rendirent probablement dans
la Mayenne, rejoindre les maquisards.
· Nous avons affaire ici à des hommes qui ont travaillé
avec le Commandant PETRI qui recevait des subsides de Londres pour aider
les réfractaires au S.T.O. et dont d'autres l'ont aidés
lors de l'attaque de la Prison de Vitré. Certains se sont trouvés
à un moment donné dans la forêt de Ville-Cartier
prés de Rennes . Voir "Les Confidences du Maquis"du
CD réalisé par Roger Lenevette.
Chez Joseph Johier au Boisérault, Henri Carré Rue de la
Motte-Brûlon à Rennes du 10 août 1943 à la
Libération.
Chez Francis Poisson à la Corbinière, Gréal André
de l'Epinay en Montreuil-sur-ille du 15 octobre 1943 au 20 mai 1944.
Chez François Esnault au bourg, Jean Esnault de Lanhélin
de mai à juillet 1944.
Chez Gautier Jean à la Roche, Thébault Marcel du bourg
d'Epiniac du 8 juillet au 25 décembre 1943.
Chez Pierre Claude à Launay-Foucré, Henry Claëst
* "André" dans la clandestinité, Chemin des
Vignes à Gargesse-les-Gonesses (Seine et Oise). Avait été
interné à la prison de Vitré, d'où il s'évada.
Ensuite, il prit part à cette prison. Deux fois condamné
à mort. André chez Pierre Claude le 6 juin 1944, où
il fut hébergé jusqu'au 12 juin. Il prit la direction
de Daint-Brice-Cogles, où il trouva la mort quelques jours avant
l'arrivée des troupes Américaine.
Chez Albert Anger au Tanoul, Coupé Roger 61 rue de juillet à
Créteil de février 1942 au 10 juin 1944, date à
laquelle il fut intégré dans les F.F.I.
Chez Victor Deslandes à la Benclais, Fleury Fernand de Trans,
du 25 décembre 1943 au 15 juin 1944, puis chez Goron Hyacinthe
au Clos-Botrel du 16 juin 1944 à la Libération.
Chez Taillebois François à Vilengas, les frères
Raymond, Guy et Yves Rueilland de Dol par intermittance à partir
de mai 1944 à la Libération. Taillebois Francis de la
Verrière en Cherrueix en aoùt et septembre 1942.
Plusieurs autres résidèrent également dans la commune
dont je n'ai pas de renseignements précis à leur sujet.
Qu'ils veuillent bien m'en excuser.
Tous ces hommes furent munis de cartes d'alimentation en bonne et due
forme, certains de cartes d'identité tout à fait …
régulières. De plus dés que quelque chose d'anormal
se passait : patrouille allemande, camion suspect, etc…Immédiatement
l'alerte était donnée discrètement dans toutes
les directions et les "Camouflés" étaient prévenus
de se méfier et de se tenir sur leurs gardes.
Pendant cette période sombre, des émissaires, membres
influents de la Résistance faisaient quelques apparitions, tel
Alfred Leroux* "François" dans la clandestinité;
le commandant PETRI "Loulou". Au mois de juillet 1943, "Loulou"
et un de ses compagnons, après avoir descendu à moitié
l'adjudant de gendarmerie Meigné de Dol, s'enfuirent, vinrent
à Cuguen, cassèrent la croute chez Jean Hubert (bureau
de tabac). Les gendarmes de Combourg, Saladin et un de ses camarades
leur demandèrent leurs papiers, plus ou moins en règle.
Heureusement pour eux, le chef de brigade de Combourg, un résistant,
mis au courant arrangea l'affaire qui n'eut pas d'autres suites. "loulou"
passa à nouveau dans le pays, les mois qui suivirent. Des tracts,
des journaux clandestins, le "Pays Gallo" étaient distribués.
De temps à autre, quelques billets de cent francs étaient
recueillis et envoyés au "Front National" pour continuer
à la propagande clandestine.
Après l'attaque de la Prison de Vitré, le capitaine Guy
Provost ** dit "Georges" qui en fut libéré,
vint se réfugier à la Melleraie, où il resta jusqu'à
la Libération.
· Alfred Leroux fut responsable départemental du Front
National et membre du Conseil Départemental de Libération
(C.D.L.). Il fut arrêté en février 1944. Le F.N.
fut créé, comme par les FTPF, par le parti communiste.
Si les premiers recrutés étaient des communistes, ils
furent rejoints par des résistants venant d'autres familles politiques.
** Guy Provost (Provaux ?) était agent d'assurances à
Dol (Annexe 5)
Le 6 juin 1944, jour du débarquement, mon fils, Camille, secrétaire
de police à Rennes, et M. Donat, commissaire de police, sur le
point d'être arrêté par la Milice et la Gestapo,
s'enfuirent à bicyclette pour se réfugier chez moi. Arrivés
prés de Dingé, les Allemands s'emparent de leurs bicyclettes;
ils continuèrent leur route à pied. Le lendemain, dans
l'après midi, ils arrivèrent à Saint-Léger,
ils s'en vont à la Busnière où ils apprennent ce
qui se passait à Cuguen. Ils font demi-tour et s'en vont à
Montreuil-sur-Ille où ils sont hébergés chez des
amis de Mélisson, inspecteur de police à Rennes, qui fit
la "liaison" entre Rennes, Montreuil et Cuguen pendant les
deux mois qui suivirent. Ils y séjournèrent quelques jours,
vinrent à Cuguen et furent hébergés chez Rosalie
Baffet à la Chénaie et chez Joseph Johier, où ils
restèrent jusqu'à la Libération. Vers le 10 juin,
Léon Legard, agent de police à Rennes, vint les rejoindre
et se réfugia chez Pierre Claude. Le 2 août, tous les trois
firent route avec les Américains qu'ils accompagnèrent
jusqu'à Rennes*
· En réalité, ils s'arrêtèrent à
Betton le 2 août .
Quelques
Ordres du S.T.O.
Le 16 ou 17 février 1943, dans la soirée, le Maire reçut
un télégramme, apporté par les gendarmes donnant
l'ordre de désigner trois jeunes gens pour l'Allemagne, et la
réponse devait être transmise à la sous-préfecture
le lendemain, avant cinq heures du soir.. Mr Costard* , maire, refusa
de faire cette désignation. Dans le courant de la journée
après plusieurs communications téléphoniques avec
la sous-préfecture, les jeunes gens des classes 40, 41, 42 furent
convoqués à la Mairie, et M. Costard, après avoir
donné lecture du télégramme dit aux jeunes gens
: " Je n'ai point l'intention de désigner qui que ce soit
pour aller travailler en Allemagne. Y a-t-il parmi vous des volontaires
pour y aller ? – Non ! Non ! Telle fut la réponse unanime.
– C'est bien ce que je pensais répondit M. Costard. Maintenant,
vous savez ce qu'on m'a demandé, et vous connaissez mes intentions
à ce sujet. Maintenant, il m'arrivera ce qu'il pourra, je vais
faire la réponse qui convient ". Le lendemain matin il fut
répondu par téléphone, confirmé par écrit,
à Mr le sous-préfet de Saint-Malo, que le maire n'avait
point fait et ne ferait point les désignations demandées,
qu'il n'y avait aucun oisif dans la commune, ni aucun volontaire pour
aller travailler en Allemagne.
· M. Costard Pierre était cultivateur aux Champs Sinants.
Il habitait l'actuelle maison de M. et Mme Jouguet. Il fut nommé
maire par les autorités de Vichy en remplacement de Mr Cronier,
démissionnaire.
A cette réunion étaient présents : M. Jean Boulmer
des Rieux, qui dans toutes circonstances difficiles était présent;
et plusieurs pères de jeunes gens; entre autres, Pierre Benoist
des Surclos; François Leroux de la Maison-Neuve; J.B. Guilloux
de la Ville-Gotrel; Arsène Chevalier de la Pindrie etc …
Quelques semaines plus tard, Roger Claude, Marcel Garnier, Marcel Gautier,
reçurent des ordres directes du S.T.O. de Rennes comme d'ailleurs
dans la plupart des communes, pour partir. Personne ne partit travailler
en Allemagne, ni à ce moment là, ni durant toute la guerre,
et malgré de nombreux ordres, accompagnés de menaces.
Les jeunes gens de la classe 1942 reçurent à leur tour
des ordres : Louis Vallerie s'en alla à Marcillé-Raoul
; Georges Sanguy partit à Saint-Léger ; Louis chausse
à Broualan ; Marcel Gautier à Rimoux ; les autres un peu
partout.
Dans
la Région de Combourg
Pendant cette sombre période, tour à tour, parfois simultanément,
la police de Vichy, la Gestapo, la S.P.A.C. faisaient des incursions
et enquêtes pour découvrir des personnes ayant des opinions
"subversives" ou soupçonnés de sentiments anti-allemands.
La région de Combourg fut particulièrement éprouvées.
Nous nous bornerons à citer quelques uns.
Le 7 mai 1942, M. François Touzé de la Gare, alors âgé
de 65 ans était arrêté par la police française.
Il fut conduit à la prison de Saint-Malo, puis à la prison
militaire de Rennes, où il resta quelque temps. Il fut ensuite
emmené à la prison de Laval, puis à Compiègne.
Au mois de septembre 1943, il fut envoyé en Allemagne où
il fut interné au sinistre camp de Buchenwald. Partout, en dépit
des tortures physiques et morales, il sut par sa constante bonne humeur,
soutenir le moral de ses compagnons d'infortune. Libéré
par les Américains dans l'après midi du 11 avril 1945,
il prit le chemin du retour, joyeux de revoir son cher pays le 30 avril.
Arrivé à Paris le lendemain, il tomba malade, épuisé
par les privations et une si longue prévention. Transporté
à l'hôpital de Kremlin-Bicêtre, il mourut le 5 mai,
sans que sa famille fut avisée de sa maladie. Tout fut mystère
dans cette affaire : l'arrestation, la détention et la mort.
Son corps fut ramené à Combourg où ses obsèques
furent célébrées le 6 septembre 1946
Au début de septembre 1943, le Franc-Tireur Messenich*, arrêté,
lors d'une affaire à Romazy parla et dénonça des
membres des réseaux de Résistances. Il paya d'ailleurs
de sa vie sa trahison ; il fut abattu lors de l'attaque de la prison
de Vitré. Madeleine Rémond, responsable du F.N. fut arrêtée
le 3 septembre et incarcérée à Jacques-Cartier
où elle fut torturée.
Des
perquisitions eurent lieu chez Mme Loison où se rendaient des
Résistants. Elle fut arrêtée le 18 octobre, conduite
à la police judiciaire à Rennes et internée à
la Prison Centrale des femmes de Rennes où elle resta jusqu'à
l'arrivée des Américains. Libérée, elle
rentra à Combourg le 5 août 1944.
Le 23 septembre 1943 – Lucienne instituteur à Lanrigan,
lieutenant FTPF était prévenu par l'adjudant de gendarmerie
Egron*, membre du réseau de résistance, qu'à la
suite de révélations, il allait être arrêté
sous peu. Le lendemain soir il s'en fut trouver Quémerais (capitaine
de réserve). Craignant l'arrestation des membres de leur famille,
ils décidèrent de rester.
Le 26 novembre à 9 H 30 du matin, un franc-tireur qui avait trahi,
accompagné de deux civils, arrivent dans la classe de Lucienne,
lui pose leur pistolet sur la tête et lui passentles menottes
après l'avoir roué de coups. Quatre autres inspecteurs
arrivent en voiture, perquisitionnent, volent les titres d'alimentation
de décembre à la Mairie, font monter Lucienne en auto
et vont procéder à l'arrestation de Armand Chabot, maire
de Dingé, qui était accusé de cacher chez lui deux
instituteurs des Côtes-du-Nord soupçonnés de coups
de main sur la voie ferrée et chez des collaborateurs. Les deux
jeunes gens alertés avaient eu le temps de prendre la fuite.
Chabot fut battu, arrêté et monté dans l'auto, avec
Lucienne. Tous les deux furent transférés à la
gendarmerie de Combourg.
Vers 15 heures, Lefrançois ** secrétaire de mairie de
Bonnemain fut arrêté dans les mêmes conditions, puis
ce fut le tour de Racaud instituteur à Tervaux. Tous les deux
furent dirigés sur la prison de Combourg. Pendant ce temps Quemerais
et Guihard, mécaniciens, furent également arrêtés
et conduits à la gendarmerie. Le soir tous les six furent conduits
à Rennes, où ils furent enfermés à Jacques-Cartier.
Le lendemain, interrogatoires. Lucienne, Lefrançois, Racaud,
furent descendus dans les cachots, mis à nu, ficelés sur
une table, la tête enveloppée dans une couverture. Un milicien
frappait à coups de nerf de boeuf, sur la tête, le dos,
les mollets, tordant les jambes, écrasant les doigts de pieds.
Les malheureux en sang ne parlèrent pas. Les jours suivants les
mêmes tortures recommencèrent. Le lundi 29, Lucienne fut
laissé pour mort par les inspecteurs français. Il fut
ranimé et ramené en cellule par les Allemands. Le mardi
soir le commissaire Larrieux l'avisa qu'il serait fusillé le
lendemain matin. Il ne le fut pas, mais fut mis au cachot, où
il resta 21 jours sans sortir. Quemerais et Guihard subirent les mêmes
tortures. Chabot fut enfermé pendant 33 jours sans sortie, avec
multiples interrogatoires et menaces. Mais personne ne parla.
· Un de ses enfants, Claude Egron, fut directeur de l'école
publique de Cuguen où il enseigna avec sa femme de 1955 à
1959
** Louis Lefrançois a publié en 2001 un bouleversant témoignage
"Dachau Matricule 77044 (Annexe 6)
Le 24 décembre, Lefrançois, Lucienne et Racaud, avec une
trentaine de camarades furent transférés à la prison
de Laval. Lucienne resta jusqu'au 15 février, date à laquelle
il fut conduit à la prison de Vitré.
Le 29 décembre, Chabot, Quemerais, Guihard furent transférés
à la prison de Vitré. Le 5 février, Chabot fut
mis en liberté provisoire (sous surveillance). Il devait passer
devant le tribunal d'Angers dans la première quinzaine de juin,
mais le débarquement des Alliés retarda l'affaire qui
par la suite se trouva classée.
Dans la nuit du 29 au 30 avril 1944, la prison de Vitré fut attaqu"e.
Quemerais, Guihard, Lucienne, et Racaud furent libérés
en même temps que tous les autres prisonniers, qui partirent et
se camouflèrent dans un bois prés de la Bouëxière.
Là, ils se séparèrent, Lucienne parvint à
s'échapper. Malheureusement Guihard, malade, à bout de
forces ne put continuer la route. Quemerais ne voulut pas l'abandonner,
et tous les deux furent repris quarante huit heures après leur
libération. Ils furent alors transférés à
la prison d'Angers, où Lefrançois les rejoignit le 7 mai
1944.
Le 16 juin, un groupe de soixante dix hommes, dont Quemerais, Guihard,
Lefrançois, fut emmenés d'Angers à Compiègne.
Le 2 juillet, tous les trois, dans un convoi de deux mille cinq cents
hommes, partirent en direction de Dachau. Dans ce convoi, surnommé
le "Convoi de la Mort" neuf cents hommes moururent dans les
wagons durant le transport. Le 5 juillet, ils arrivèrent à
Dachau, épiuisés.
Le 22 juillet, Lefrançois partait en Kommando au camp de Neckareltz,
à soixante-dix kilomètres de Stuttgart, où il rtesta
jusqu'au 26 mars 1945, revint à Dachau, après avoir parcouru
quatre-vingt kilomètres à pied en deux nuits et sans manger.
Le 1er avril 1945, le camp de Dachau était libéré
par la VII° armée américaine et le 30 mai, Lefrançois
rentrait à Combourg. Guihard était mort à Dachau
le 22 février 1945. Quemerais, transféré de Dachau
à Mauthausen, puis à Saint-Valentin prés de Linz,
fut ramené à Mauthausen; il mourut et fut passé
au four crématoire le 1er avril 1945.
Lors du bombardement de Rennes le 8 mars 1943, M. et Mme Jacquesson
Eugène, ex-prothésiste dentaire rue d'Isly à Rennes
eurent leur maison détruite. Ils vinrent se réfugier chez
Mr Daniel, avenue de la gare à Combourg. Trésorier du
"Réseau Ker", M. Jacquesson correspondait directement
avec l"Intelligence-Service" à Londres. Dénoncés,
M. et Mme Jacquesson furent arrêtés le 21 avril 1943 par
la Gestapo (Brüner). Emmenés le soir même à
Jacques Cartier, ils y restèrent jusqu'au 6 septembre 1943. Là,
ils subirent de nombreux interrogatoires avec menaces, insinuations,
mais les tortionnaires ne purent obtenir aucun aveu. Le 6 septembre,
ils furent dirigés sur Fresnes. Nouveaux interrogatoires, toujours
sans résultat. Ils furent séparés et restèrent
sans nouvelles l'un de l'autre jusqu'à leur retour. Mme Jacquesson
partit pour l'Allemagne en janvier 1944, fut internée à
Ravensbrück pendant trois mois, puis à Mauthausen. Elle
fut libérée par la Croix-Rouge-Internationale fin avril
1945, rapatriée par la Suisse et rentra à Combourg au
début de mai 1945 dans un état d'épuisement complet.
Il fallut plusieurs mois de soins pour la sauver. C'est en rentrant
à Combourg qu'elle retrouva son mari, arrivé le 19 avril.
M. Jaxquesson était parti pour l'Allemagne le 15 août 1944
avec quatre-vingt compagnons entassés dans un wagon à
bestiaux, sur vingt centimètres de poussière de chaux,
qui prenait à la gorge et aux poumons. Pendant le trajet qui
dura quatre jours, trois hommes étaient morts, deux autres étaient
devenus fous. Interné à Buchenwald, il fut libéré
le 13 avril 1945 par la III° armée américaine. Evacué
par ambulance ai pavillon de chasse de Goëring, dans la région
de Gotha, à une centaine de kilomètres de Buchenwald,
il fut rapatrié par avion au Bourget. Hospitalisé quelques
jours à l'hôpital de Kremlin-Bicêtre, il rentra à
Combourg le 19 avril 1945.
Le 30 juillet 1944 (trois jours avant la Libération), une scène
des plus dramatiques se déroula à Combourg. Ernest Gautier,
ses deux fils, Eugène et Jean, furent arrêtés à
leur domicile, ainsi que Mme Hamon, MM. Monnet et Georges Champeix,
jeune parisien réfugié à Combourg. Ils furent embarqués
dans un car avec plusieurs autres personnes arrêtées dans
la région et transportées à Rennes.
Le 2 août, Combourg est libéré des Allemands. Un
groupe part à la recherche des personnes arrêtées
le dimanche, arrive à Rennes avec les Américains mais
trop tard, le dernier convoi de civils emprisonnés était
parti le matin.
Quelques jours après, le train qui les emmenait vers l'Allemagne
fut mitraillé par les Alliés à Langeais prés
de Tours. Une partie des prisonniers descendent du train, quelques uns
dont Monnet et Champeix en profitent pour s'évader. Monnet réussit
à se sauver, mais Champeix, repris, est abattu par les Allemands.
Le train repart. A Belfort, quelques prisonniers, dont Mme Hamon sont
relâchés. Le reste du convoi, dans lequel se trouvent les
trois Gautier, continue sa route vers l'Allemagne. Ils ne devaient pas
revenir. Internés dans les bagnes hitlériens, ils ne purent
supporter les privations et les mauvais traitements.
Le 1er décembre 1945, Gautier Ertnest mourait à Neu-en-Gamme.
Le 1er juin 1945, son fils Eugène mourait à Géra.
Quand au troisième, Jean Gautier, on est sans nouvelles officielles,
mais hélas ! tout espoir de le retrouver doit être abandonné
!
La
Tour de Rochefort
Le 20 octobre 1943, une équipe de 4 ou 5 soldats allemands cantonna
à Cuguen, et construisit sul la butte de Rochefort, entre Ciguen
et Tréméheuc une sorte de tour-observatoire, en bois,
d'une trentaine de mètres de hauteur. Ils ne purent trouver,
malgré de nombreux ordres, un seul ouvrier, ni un seul transporteur
de matériaux dans la commune de Cuguen. Le travail fut terminé
le 11 novembre 1943. Elle fut abattue quelques jours après la
Libération.
Les
Travaux de Dol
Vers la mi décembre, le Maire reçut un télégramme
ordonnant d'envoyer chaque semaine, 97 hommes pour aller travailler
à Dol, au fameux "Mur de l'Atlantique" qui devait,
dans l'esprit des Allemands, infailliblement arrêter toute tentative
d'invasion ! Ce nombre de 97 hommes fut ramené à 55, et
chaque semaine il fallut envoyer des notes à tous les hommes
de 18 à 60 ans pour se rendre au travail, et cela pendant plusieurs
mois, par un hiver très rigoureux. Au début, la plupart
se soumirent, mais de semaine en semaine le nombre diminua. Ce furent
alors de multiples menaces. Un soir François Chausse de la Provotais,
qui avait dit quelques vérités désagréables
à l'égard des boches, fut retenu et obligé de passer
la nuit sur le chantier.
Un jour de février ou début de mars 1944, des officiers
allemands de ne voir à peu prés personne sur les chantiers
vinrent à Cuguen pour trouver le Maire à ce sujet. Celui-ci
était absent, convoqué à une réquisition
de chevaux à Combourg. Ils laissèrent une note ordonnant
à M. le Maire de se rendre le lendemain avant 10 heures à
la Kommendantur de Dol, pour donner des explications sur ce qu'ils appelaient
un acte de sabotage.. Il reçut l'ordre de convoquer personnellement
55 hommes pour la semaine suivante sous peine de sanctions très
sévères contre la commune ! Résultat : Néant.
Les travaux s'avançaient et les environs de Dol furent inondés,
envahis par les eaux de mer.
Police
Allemande
Le 11 mars 1944, vers la fin de l'après midi, vaste opération
de police. Dans le bourg, au croisement des routes, des soldats allemands
arrêtent tous les passants, demandent cartes d'identité,
papiers.
A la Maison Neuve, un groupe contrôle sévèrement
la route. Vers 7 H 30 René Gautier de la Roche arrive à
bicyclette, ne se doutant de rien. Sommé de s'arrêter,
il n'en fait rien et s'enfuit à toute vitesse. Il essuie plusieurs
coups de fusil, mais la nuit le protège et il réussit
à s'échapper sans être atteint.
En avril 1944, un calme relatif règna, mais tout annonçait
le grand évènement qui devait mettre fin au cauchemar
: Activité de plus en plus grande de l'aviation alliée,
bombardement de la voie-ferrée Rennes - Saint-Malo, mouvements
de troupes allemandes de plus en plus fréquents, cantonnements
installés dans nombre de communes, etc … La commune de
Cuguen fut comprise dans la zone des opérations militaires.
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