Philippe Pétain
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Introduction
:
Le premier septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale est déclarée
suite à l’invasion de la Pologne par Hitler.
En moins de trois ans, l’Allemagne nazie prend le contrôle
presque total de l’Europe en lui imposant sa politique antisémite.
C’est le 10 mai 1940 qu’Hitler lance une offensive contre
la France : en quelques semaines celle-ci est battue. Cela entraîne
la signature de l’armistice du 22 juin 1940, demandé par
Pétain. Le territoire français est partagé entre
une zone Nord occupée par les nazis et une Zone Sud, administrée
par Vichy. Pétain, qui est à la tête de l’État
Français, propose alors d’entrer dans la Collaboration.
La guerre terminée, de nombreux auteurs décident de relater
les évènements passés en France pour éviter
qu’ils tombent dans l’oubli. Pour cela, nous avons décidé
de travailler sur le mémoire de l’occupation Allemande
dans la littérature française. Ces œuvres littéraires
que nous avons choisies ne sont pas toutes écrites à la
même période. Elles datent de pendant la guerre, très
peu de temps après la guerre et d’aujourd’hui. Mais
ce sont aussi différents genres de livres, il y a des romans
autobiographiques (majoritairement), des romans biographiques et des
romans.
Aujourd’hui, ce devoir de mémoire, ce sont les souvenirs
de la guerre qui résultent de l’expérience des individus,
des familles…,la mémoire commune est multiple et contradictoire,
elle survit difficilement à la disparition de la génération
qui a vécu la guerre, reste une préoccupation majeure
pour notre société. Nous avons choisi d’étudier
des œuvres qui sont écrites pendant, juste à la fin
de la guerre et à l’époque actuelle. la mémoire
de l’occupation allemande à travers la littérature
française.
Nous nous demanderons : comment la vie des Français sous l’occupation
est-elle présentée aux générations futures
?
Nous avons observé que les Français avaient trois choix
de vie possibles, ce qui constitue nos trois parties. Tout d’abord,
nous expliquerons comment la résistance est t’elle un choix
pour lutter contre l’occupant. Puis nous étudierons la
volonté d’une partie de la population de préserver
une vie d’avant-guerre. Et enfin, comment certains Français
acceptent l’occupation et prennent le parti des Allemands : la
Collaboration.
La
Résistance
Affiche
pour convaincre les
Français de travailler en Allemagne
Les
valeurs de la Résistance :
Pendant la guerre, les résistants avaient un but : chasser l’ennemi
coûte que coûte, même au prix de leur propre vie.
Mais, ils ne résistent pas pour les mêmes causes, ils défendent
des valeurs différentes.
Le général Charles De Gaule, opposé au maréchal
Pétain, quitte la France et se réfugie en Angleterre.
Le 18 juin 1840, il appelle les Français à la résistance.
Ceux qui refusent la défaite contre les Allemands décident
de se rallier à Charles De Gaule. Il sera le pilier de la résistance.
De plus, le gouvernement britannique le soutient moralement et financièrement,
ce qu’il lui permet de s’organiser politiquement.
Certains refusent de rejoindre le Service de Travail Obligatoire (S.T.O.),
mis en place à partir de 1943. Ils n’acceptent pas de travailler
pour les Allemands, mais c’est obligatoire et personne n’y
échappe. S’ils refusent, ils obligés de fuir et
sont donc considérés comme résistants. Par exemple,
en Haute-Savoie, beaucoup d’habitants refusent de rejoindre le
S.T.O. Ils se regroupent dans des chalets et s’organisent pour
leur survie. C’est la première apparition du terme «
maquis ». Auparavant, leur liberté était réduite
par l’occupation des Allemands, cette nouvelle contrainte est
intolérable. De nombreux jeunes vont se joindre à la résistance.
De nombreux Français ne supportent pas l’occupation du
territoire national, par les troupes Allemandes, ainsi que l’ensemble
des abus qui en découlent : contrôles d’identité,
arrestations, représailles…
Ils décident alors de rejoindre la Résistance. En effet,
lorsqu’un Allemand ou un collaborateur est tué, si le coupable
ne se dénonce pas, les autorités allemandes exterminent
un certain nombre d’habitants. Le nombre d’habitants varie
selon l’importance du défunt. Dans le livre, j’ai
vécu Madame Bohec , dans son témoignage, quitte la France
pour l’Angleterre, pour pouvoir entré dans la Résistance.
Tous les Français qui ne supportent pas cette vie d’occupation
et qui veulent se battre pour être utile à son pays entrent
dans la Résistance.
Les communistes ont, eux aussi, rejoint la Résistance.
À la suite de la rupture de l’alliance entre l’Allemagne
et l’URSS. Hitler a attaqué l’URSS ce qui rompt cette
alliance. Alors, de nombreux communistes français se joignent
à la Résistance, car ils n’ont plus confiance en
Hitler, il devient leur ennemi. Pour le combattre, après cette
trahison et pour se venger, ces communistes vont gonfler les rangs de
la Résistance. Ce ralliement montre que la Résistance
est un mélange de classe sociale et politique.
Mais tous ces résistants ont un sentiment commun : le patriotisme.
C’est pour libérer leur pays, pour leur liberté
qu’ils se battent. Ces hommes et ces femmes aiment leur pays et
l’occupation leur est intolérable.
En devenant Résistants, ces personnes savent à quoi elle
s’engage : le risque de se faire tué ou arrêté
à tous instants. Dans la nouvelle, Ce jour-là de Vercors,
le pot de géranium mis à chaque balade était là
juste au cas où les Allemands viendraient. Lors d’une promenade,
le père ne voit plus le pot de géranium. C’était
un code entre les parents, on sait par la suite que la mère est
déportée. Tous les résistants ont une valeur principale
sans laquelle ils ne pourraient être résistants. Ils ont
le courage et la fierté d’être Français. C’est
grâce à leur courage que les résistants ont bravé
tous les dangers pour sauver leur pays.
Ils défendent la liberté qu’ils ont perdue à
cause de la défaite des troupes française contre celle
des Allemands.
L’héroïsation
de la résistance :
Cette dévotion, aujourd’hui, est très souvent héroïsée
et récompensée.
Les victimes de cette guerre ne veulent pas que l’on oublie leur
souffrance. Pour éviter que cela se reproduise, un devoir de
mémoire s’installe. « Quiconque oublie son passé
est condamné à la revivre ».C’est une phrase
d’un rescapé des camps de concentration, Primo Lévi,
qui montre bien que le devoir de mémoire s’installe très
rapidement. Cela explique pourquoi de nombreux auteurs, ou les résistants
eux-mêmes décrivent toutes les horreurs de la guerre et
qui les combattait.
Plusieurs auteurs écrivent des livres sur la résistance
qui sont adressés aux enfants. La résistance est expliquée
dans des livres documentaires ou des romans. Il y a des témoignages,
des photos expliquées… Par contre, très peu de livres
sur la collaboration sont destinés aux enfants. Ces livres sont
quasiment inexistants. Les enfants ne connaissent presque pas l’existence
de la collaboration. Car, il existe peu de documentation sur ça
qui leur est destinée, et lorsque qu’on l’on parle
de la guerre en France on parle de la Résistance, des maquis…
On inculpe aux enfants la valeur de résistance, le patriotisme.
De ce fait, la collaboration est mise de côté, et chaque
enfant rêve d’être un bon résistant. De pouvoir
un jour, être récompensé comme ces glorieux résistants.
Seulement, les enfants ne voilent pas le danger que les résistants
encourraient chaque jour, car quand leur grand-père ou grand-mère
leur raconte cette époque les enfants la considèrent comme
une grande aventure dont ils seraient les héros.
Mais la résistance n’est pas seulement héroïsée
pour les enfants, mais aussi pour les adultes même s’ils
sont plus aptes à comprendre. Dans les romans, le résistant
est souvent le héros. Il n’y a jamais de remarque peu élogieuse
sur lui. Généralement, dans les romans pour adulte, quand
le sujet est sur la résistance, ce sont des livres autobiographique
ou biographique. Il y a peu de romans qui racontent l’histoire
d’un résistant qui n’existe que pour le livre. Dans
les enfants de la liberté de Marc Lévy, qui est un livre
biographique romancé, les résistants décrits ont
vraiment existé, puisque c’était son père
et son oncle. Il raconte leur entrée dans la résistance
jusqu’à la fin de la guerre. Ces deux hommes sont les héros
du livre même si le but de l’auteur est de montrer le courage
qu’avaient ces hommes.
De nombreux films traitent de la Seconde Guerre, et en particulier de
la résistance. Même si un effet de vraisemblance est voulu,
souvent les films sont romancés et pas tout à fait précis.
Le héros du film est un résistant qui va se sortir de
toutes les situations. Comme dans Monsieur Batignol de Gérard
Jugnot, c’est un homme qui cache des enfants juifs dans sa cave.
Malheureusement, son beau-fils est un collaborateur et finit par découvrir
les enfants. Le charcutier est obligé d’assassiner le fiancé
de sa fille qu’il découpe en morceau, pour cacher plus
facilement le corps. L’auteur de ce film exagère. Le fait
de couper en morceau ce jeune homme fait remarquer que l’auteur
veut que son personnage principal ne soit gêné par aucun
autre personnage pour arriver à son but final : partir en Suisse
avec les enfants.
Une critique du ce film confirme que l’auteur malgré un
effet de vraisemblance reste dans le cliché du résistant
qui survie à toutes les épreuves : « Même
s’il tombe parfois dans la caricature et les clichés »
critique de Christophe Roussel.
Il existe de nombreuses cérémonies commémoratives
sur les résistants.
Aujourd’hui, les résistants sont tous considérés
comme des héros. « La toponymie a aussi intégré,
dès la fin 1944, les noms des héros... » Tiré
du site de la mairie de Paris. On voit bien que les résistants
sont des héros pour tout le monde. De plus, des lycées
ou collèges portent le nom de certains résistants, ce
qui montre bien que les Français veulent montrer l’importance
de la Résistance en France, comme pour effacer la Collaboration
du gouvernement français. À Lyon, il y a le lycée
de Jean Moulin, grand résistant Français qui est mort
sous la torture en 1945.
Ces commémorations montrent aussi que le devoir de mémoire
est très présent chez les Français : « Commémorer,
c’est avant tout accomplir un devoir de mémoire. »
Cette héroïsation est, aussi, due au sentiment de culpabilité
des Français qui ont vécu pendant la guerre et peu de
temps après la guerre. Car on a remis en cause la place qu’occupait
la France pendant la Seconde Guerre mondiale. De nombreux films et romans
vont monter que la France a elle aussi servis à Hitler. Ce n’est
que dans les années 1990, que le problème de savoir qui
est responsable en France est réglé : cinquante ans après
la fin de la guerre, en 1995, Jacques Chirac reconnaît la responsabilité
de l’État et ses agissements criminels. Les Français
qui n’ont ni résisté ni collaboré sont soulagés.
L’héroïsation que nous faisons aujourd’hui de
ces résistants influe sur l’esprit de l’individu.
Ainsi, il est convaincu qu’en cas d’une situation similaire,
il se dévouera, sûrement, à la résistance.
Mais, il ne peut voir le danger tel qu’il est réellement
et il est surtout confronté au point de vue positif de la Résistance.
Cette héroïsation montre aussi que nous aurions résisté,
car c’est un devoir de servir son pays.
Sur cette image qui représente
la résistance, on voit le portrait de Jean Moulin, or il n’est
pas le seul à être résistant ; il y eu le général
de Gaulle, qui est l’image de la résistance.
Cette image montre bien l’héroïsation de ce personnage
qui est mort sous la torture alors qu’il avait réussi à
rassembler plusieurs groupes de résistants.
Alors
que certains prennent le partie de leur pays : le libérer de l’occupant,
d’autre ont peur et préfère n’être que
spectateur de la guerre.
Certains
veulent conserver une vie « d’avant-guerre »
Des
conditions de vie difficiles :
Avant l’entrée en guerre, la France est dans une situation
économique catastrophique. Puisque dès 1931, la France
ressent les effets néfastes du krach boursier d’octobre
1929. Dans tous les domaines (industrie, agriculture…), la crise
frappe et fait chuter considérablement les ventes. Ce n’est
que l’entrée en guerre qui stoppe la crise, mais la pauvreté
qui s’est installée est toujours présente.
L’arrivée des Allemands sur le territoire français
a rendu les conditions de vie encore plus rude. Car les échanges
entre les pays ont été supprimés suite à
l’entrée en guerre, ce qui réduit encore plus le
ravitaillement. La présence des Allemands, et donc encore plus
indésirable, car ils vont coupé la France, définitivement
des autres pays en prenant le contrôle du gouvernement Français.
La nourriture était de plus en plus difficile à trouver.
La famine menaçait certaines familles ou était déjà
présente. Les Allemands vont réagirent en imposant les
tickets de rationnement. D’abord pour le tabac puis le textile
et enfin pour la nourriture.
Tickets pour
avoir du pain, des aliments et du vin
Le fonctionnement des tickets est simple : c’est en fonction de
l’âge des personnes. C'est-à-dire que la quantité
de nourriture, le textile… dépendait de l’âge
que l’on avait. Il était impossible de se rationner, légalement,
sans les tickets, qui étaient renouvelés tous les mois.
Le problème c’est que les commerces ont très peu
de stock. Les habitants devaient toujours faire des queues interminables,
dès le matin. Et souvent, même en faisant la queue toute
la journée ont avait pas grands chose ou il ne restait plus rien
lors de son tour. Ils étaient, donc obliger de revenir le lendemain
en espérant qu’il y aura ce qu’ils voulaient. Ce
manque de nourriture favorisait le marché noir, c’est lorsque
chacun essaye de se procurer de quoi vivre dans des sortes de marchés
clandestins, ceux-ci furent d'ailleurs florissants dans les années
40 et avaient lieu la plupart du temps dans des caves obscures. Beaucoup
de personnes vont se ravitailler grâce au marché noir.
Le problème c’était qu’il fallait avoir de
l’argent pour pouvoir se ravitailler avec le marché noir
mais l’argent est rare, toutes les familles ne peuvent pas se
permettre cela. Ceux qui vendent des aliments, vêtements…
sur le marché noir, risquent la prison ou pire être envoyé
dans les camps de concentration ou même fusillé.
De
plus, les hivers sont très rudes. Le coût du chauffage
est trop élevé. Les Français essayent de se chauffer
comme ils le peuvent. Le charbon est utilisé en priorité
pour les usines travaillant en Allemagne. Et les tickets de rationnement
prévu à cet effet sont insuffisants.
Les Français vivent dans l’angoisse. La peur du lendemain
est amplifiée par les bombardements, les dénonciations,
les perquisitions ou encore les rafles, mais aussi par la guerre qui
se poursuit. Les parents pour protéger leurs enfants, les envoient
dans les campagnes, dans la famille, grands-parents, oncle et tante
ou amis de la famille.
Les bombardements sont très fréquents dans les grandes
villes et à n’importe quelle heure de la journée.
Les habitants doivent se réfugier dans leur cave pour éviter
d’être tués par une bombe.
La peur des représailles les pousse parfois à la collaboration,
de plus les Allemands offrent une récompense qui peut les aider
à survivre.
Voici un
extrait d’un règlement de la vente du sucre et du lait, qui
montre bien la réglementation du rationnement :
Magnard, 3ème histoire géographie
L'exode
: de la zone Nord à la zone Sud :
Pendant
la Seconde Guerre mondiale, les Français s’exilent vers
le sud de la France. D'abord, il y la grande exode en mai 1940 puis
tout au long de la guerre. L’occupant fait peur aux Français
ce qui les pousse à partir.
La
perte de la guerre par les troupes française et l’envahissement
de la France par les Allemands, poussent les Français, du Nord
de la France, à s’exiler. Entre sept à huit millions
de Français quittent tous : maisons, travails…, pour aller
dans le Sud de la France où ils se croient en sécurité.
Le chemin est très long et pénible. Ils doivent finir
à pied, car les routes sont trop encombrées. De plus,
les Allemands bombardent les routes où sont regroupés
les Français en exil. La peur fait courir les gens vers les bois.
Ils se réfugient dans les fermes des campagnes, elles aussi attaquées
systématiquement. Des grappes de civils aux visages épuisés
quittent les carrefours, abandonnant leurs brouettes et leurs chars
à bancs, ils se cachent derrière les moindres taillis,
se jettent dans les fossés dès qu’ils entendent
le bruit de sirène des avions en piqué.
Les militaires se rendent aux premiers véhicules allemands qui
surgissent, noirs de poussière. Regroupés hâtivement,
ils partent à pied, sans gardiens, en troupeau, sans savoir où
ils vont, prenant à rebours la route des chars, aidant quelquefois
les Allemands à dégager la route, en poussant les véhicules
français dans les fossés.
Ce n’est pas seulement les Français qui fuient. Les juifs,
Français, s’exilent aussi parce qu’ils sont menacés.
Il savent que les Allemands les persécutent, pour cela ils vont
dans la zone qui n’est pas occupée par les Allemands :
la zone libre dirigée, par Pétain. Ils ne peuvent pas
utiliser le train, car les Allemands surveillent les lignes. Certains
prennent ce risque, car ils ont de faux papiers, ce qui leur permet
de ne pas se faire arrêter par la police allemande, mais si le
contrôleur remarque que la pièce d’identité
est fausse alors la personne est arrêtée et risque d’être
envoyée dans les camps de concentration. Certains passent la
frontière de la zone libre à pied avec un passeur. Le
problème c’est que ça coût très cher,
en plus ils peuvent être arrêté à n'importe
quels moments de la traversé. De nombreux juifs ont recours à
cette méthode de traversée, pour aller vers la liberté.
Certains
Français vont aussi faire cette traversée pendant la guerre,
mais contrairement aux juifs, ils ne sont pas clandestins. Ils ont le
droit de se déplacer, mais c’est quand même risqué.
Car, parfois les Allemands arrêtent des Français, sans
raisons.
Carte de
la France pendant la Seconde Guerre mondiale
La
fuite des grandes villes vers la campagne :
Sur
cette photographie, nous pouvons voir l’exode en direction de
l'Ouest des Parisiens face à l'avancée des troupes allemandes,
en juin 1940. 5 millions de personnes fuirent leur foyer pour échapper
à l'envahisseur, et 2 millions quittèrent la région
de Paris. En quelques jours, par exemple, le XIVe arrondissement de
la capitale perdit 129 000 de ses 178 000 habitants.
Dans l’œuvre de Marie Chaix, Juliette chemin des cerisiers,
on peut se rendre compte qu’à la campagne, les conditions
de vie étaient difficiles. En effet, dans ce livre, une famille
va habiter chez la mère d’une domestique durant cette période.
Ils habitent à plusieurs dans un espace réduit, doivent
se partager une faible quantité d’alimentation, et cela
pour échapper au danger des grandes villes et pour pouvoir survire
dans des lieux souvent plus sûrs
Cette
carte nous montre les flux de la population durant cette période.
On peut remarquer que les habitants des zones évacuées
s'installent principalement dans le centre et le Sud Est de la France,
dans les régions où les grandes villes se font globalment
rares.
Malheureusement
pour la population française, une autre catégorie de personne
existe durant cette seconde guerre mondiale. Ceux-ci prennent parti
avec l’occupant, et terrorisent la France depuis la signature
de l’armistice jusqu’à la libération : les
collaborateurs.
D’autres
acceptent l’occupation et prennent partit pour les Allemands :
La collaboration
Des
actions diverses :
La
rencontre entre Hitler et Pétain à Montoire le 24 octobre
1940 inaugure la collaboration entre la France et l’Allemagne
nazie. C’est ici que Pétain annonce «J’entre
dans la voie de la collaboration avec le vainqueur ». L’enjeu
pour l’état français est autant de garantir à
la France une place dans la nouvelle Europe, que de conforter le nouveau
régime. Pétain estime que la collaboration permettra un
assouplissement des conditions de l’armistice.
La rencontre
Pétain/Hitler
La
collaboration vise à aider l’occupant en appliquant sa
politique, comme en créant des lois antisémites, en leur
livrant des biens agricoles et industriels, en recrutant de la main-d'œuvre.
Certains citoyens, certains partis politiques, comme le Parti Populaire
français qui était le principal parti fasciste français
servent d’instrument au régime de Vichy, par et l’un
des principaux partis collaborationnistes dirigé par Jacques
Doriot.
Elle prend des formes diverses :
- Économique avec le S.T.O (Service du Travail Obligatoire) qui
consistait à transférer les travailleurs français
vers l’Allemagne. Cela avec la complicité du régime
de Vichy.
- Militaire avec la L.V.F (Légion des Volontaires Français)
créée le 8 juillet 1941, et visant à lutter contre
le bolchévisme. Elle sera envoyée contre le front Russe.
- Politique avec la formation de la milice chargée d’espionner
les réseaux de la résistance, mais aussi avec la participation
de la police dans l’arrestation des Juifs.
On parle également de « collaboration au quotidien »,
c'est-à-dire une forme de collaboration qui n’implique
aucun engagement politique, mais qui se transcrit par des actes tels
que l’envoi de lettres de délation à la Gestapo
ou à la police.
Avec le temps, les actes de collaboration se multiplient. Le gouvernement
fait livrer des produits de première nécessité
à l’Allemagne, il autorise l’occupant à utiliser
les bases françaises en Tunisie et en Syrie en mai 1942. L’organisation
de la Relève se met en place en avril 1942. Elle prévoit
la libération d’un prisonnier de guerre en échange
du départ de trois travailleurs français pour l’Allemagne.
Mais cette proposition échoue, Vichy instaure donc le S.T.O en
1943.
La police française apporte une grande aide à la Gestapo
pour arrêter les juifs et les faire déporter dans les camps
de concentration installés sur tout le continent européen.
A Paris par exemple, est organisée la « Rafle du Vél
d’Hiv » (rafle du vélodrome d’hiver) le 16
et le 17 juillet 1942 ou 9000 policiers arrêteront 13 152 Juifs.
La Milice, créée en 1943 par Darnand, est une organisation
paramilitaire. Ce fut la loi n° 63 du 30 janvier 1943 qui la fonda.
La milice aide les Allemands à traquer les juifs, les résistants,
mais aussi les réfractaires au STO. Tout comme les nazis, les
miliciens usaient de la délation, de la torture. Ils raflaient
et exécutaient. L’affiche ci-dessous est une affiche de
propagande servant au recrutement pour la milice.
On pouvait distinguer trois catégories de miliciens :
- La grande majorité des miliciens étaient des gens ordinaires
qui exerçaient un métier. Leur activité les conduisait
à participer à des groupes de réflexion, à
assister à des réunions ou à des conférences
et, parfois, à se mobiliser.
- Les militaires, faisant partie de ‘La Franc-Garde’. Cette
organisation avait pour rôle de maintenir l’ordre sur le
territoire. Ils sont bénévoles et peuvent être mobilisés
à tout moment.
- Il y avait également une structure destinée à
accueillir les jeunes : l’avant-garde.
L’école
de la milice
La
collaboration n’a apporté aucune amélioration au
sort des Français, contrairement à ce qu’avait affirmé
Pétain. Elle n’a pas empêché l’occupant
de contribuer au pillage économique de la France. Sous de différentes
formes, la moitié de la population active française travaillait
pour le Reich au début de l’année 1944. Avec sa
politique collaboratrice, l’état français a été
à l’origine de la déportation de 76000 Juifs.
La
collaboration a évidemment une grande portée sur la population
française ainsi que sur l’entourage des collaborateurs
qui était directement lié à ce phénomène.
Les
répercutions sur l’entourage et la population :
Après
l’annonce de l’armistice, marquant l’annonce de la
collaboration du gouvernement français avec l’ennemi, la
population vit avec un sentiment de peur. : Les dénonciateurs
se comptaient en millions la plupart son resté dans l’anonymat,
envoyant des lettres non signées. Cela étant à
l’origine de nombreux juifs et résistants, le peuple vivait
dans la crainte que ce phénomène soit appliqué
à leurs proches. Pour la population juive, la collaboration entraine
forcement des difficultés supplémentaires : la plupart
des professions leurs sont interdites, comme celles de banquier, changeur,
toutes les professions ayant un rapport avec le monde du théâtre
et du cinéma. On nomme cela le statut des juifs. Une loi qui
oblige leur recensement est signée. Après celle-ci, ils
doivent remettre une déclaration à la préfecture
mentionnant qu’ils sont juifs, et mentionnant leur situation familiale,
ainsi que leur profession, et ce qu’ils possèdent. À
partir du 7 juin 1942, en zone occupée, les juifs de plus de
six ans doivent porter un signe distinctif des autres : l’étoile
jaune sur la poitrine, comme on peut le voir sur la photographie ci-dessous
:
À
travers les ouvrages de certains écrivains, nous pouvons remarquer
que la famille semble assez écarter de l’activité
du membre collaborateur. Dans Juliette chemin des cerisiers de Marie
Chaix, nous pouvons constater qu’un doute plane sur les activités
du mari qui collabore, mais qu’ils ne seront confirmés
qu’à la fin du roman, lors de la libération. Après
cette date, la famille des collaborateurs ont connu de lourdes répercutions
: les femmes de collaborateurs sont accusées de collaboration
horizontale, c’est-à-dire d’avoir entretenu des relations
avec l’ennemi. Parmi les 20 000 tondues, les vraies collaboratrices
côtoient les femmes amoureuses, comme les femmes qui refusent
de quitter leur concubin, celles qui ont fait que leur métier
(prostituées), et des femmes livrées à elles-mêmes
durant le conflit et qui ont dû se mettre au service de l'occupant
le plus souvent comme lingère ou femme de ménage.
Femme tondue
à la libération
La
collaboration a donc eu des répercutions négatives sur
l’entourage des collaborateurs, mais aussi sur la population française
qui a vécu dans un sentiment de crainte pendant toute la période
où à duré le régime de Vichy. Pendant de
longues années, et même encore de nos jours, ce sujet reste
difficile à aborder, car il fait référence à
une attitude de certains citoyens qui a oppressé le peuple durant
5 ans, jusqu’à la libération. De ce fait, les œuvres
littéraires héroïsent la résistance. Il n’existe
pas de livres expliquant ce qu’était la collaboration aux
plus jeunes, cela dans le but de montrer quelle position était
la meilleure.
Conclusion
À
travers différentes œuvres, certaines relatant la résistance
( Les enfants de la liberté de Marc Levy, Le silence de la mer
de Vercors), d’autres traitant de la collaboration (Juliette chemin
des cerisiers de Marie Chaix, La douleur de Marguerite Duras), on peut
se rendre compte que les écrivains héroïsent la résistance,
montrent la bravoure de ceux qui y ont participé et veulent faire
comprendre aux générations futures que sans toutes leurs
actions visant à lutter contre l’ennemi, la libération
qui apporte un sentiment de joie au peuple français aurait difficilement
vue le jour. La vie quotidienne des Français est décrite
comme d’une difficulté extrême, à cause des
bombardements, du manque de denrées alimentaires et du sentiment
de peur permanente. La population vit dans l’insécurité
et la peur. C’est le règne de l’arbitraire.
La collaboration est exposée comme négative, les écrivains
dénigrent les collaborateurs ainsi que toutes leurs actions.
Cela dans le but de montrer aux lecteurs que cette attitude collaboratrice
a ruiné de nombreuses vies, détruit des familles et qu’en
cas de situation similaire, ce comportement ne serait pas à suivre.
À travers leurs œuvres, les écrivains font un travail
de mémoire, rétablissent certaines vérités
historiques, afin que ces pages peu glorieuses de l’histoire servent
à construire une société meilleure.
Annexe
Source
: Internet
La
résistance
les
valeurs de la Résistance :
· http://www.39-45.org/portal.php
l’héroïsation de la Résistance :
· http://www.paris.fr/portail/viewPDFileServlet?file_id=5132
· http://www.lequotidienducinema.com/critiques/monsieurbatignole_critique/critique_monsieur_batignole.htm
Certains veulent conserver une vie « d’avant-guerre »
Des
conditions de vie difficiles :
· http://ppognant.online.fr/tickets%2001.html
· http://www.histoiresocialedeslandes.org/front_populaire.asp
L’exode : de la zone nord à la zone sud :
Des
grandes villes à la Campagne :
· http://pagesperso-orange.fr/memoire78/pages/debacle.html
· L'Histoire de France pour les nuls Jean Joseph Julaud
La Collaboration :
Des actions diverses :
· http://fr.wikipedia.org/wiki/Collaboration_en_France
· L'Histoire de France pour les nuls Jean Joseph Julaud
Les
répercutions sur l’entourage et la population :
· http://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_tondues#Les_tondues_de_la_Lib.C3.A9ration
· L'Histoire de France pour les nuls Jean Joseph Julaud
Bibliographie :
Introduction
· Hatier
T. L.S.ES., histoire, avril 2008
· Histoire 1re aux éditions Bordas.
La résistance
les valeurs de
la Résistance :
· j’ai vécu la Résistance, de Pierrette Rieublandou
l’héroïsation
de la Résistance :
· Les enfants de la liberté, de Marc Lévi
Certains veulent
conserver une vie d’avant guerre :
Des conditions
de vie difficile :
· Magnard, 3ième histoire géographie
L’exode
: de la zone nord à la zone sud :
· Un sac de billes, Joffo
Des grandes villes
à la Campagne :
· Juliette chemin des cerisiers, de Marie Chaix
La Collaboration
:
Des actions diverses
:
· Ritournelle de la faim
· Histoire 1re aux éditions Bordas
Les répercutions
sur l’entourage et la population :
· Juliette chemin des cerisiers, de Marie Chaix
· La douleur, de Marguerite Duras
Résumé
des œuvres
Juliette
chemin des cerisiers, Marie Chaix :
Ce livre est une autobiographie de Marie Chaix, racontant la vie de
sa famille durant l’occupation, à travers le point de vue
d’une domestique : Juliette. Le père est un collaborateur,
ce qui est sous-entendu tout au long du récit, ce n’est
qu’à la fin que le mystère est éclairci sur
ses activités suspectes. À travers ce livre, nous pouvons
donc suivre les craintes, les préoccupations, l’attente
d’une famille.
La
douleur, Marguerite Duras :
Dans ce livre, Marguerite Duras nous livre le journal qu’elle
a tenu durant l’occupation. Elle attend Robert L. son mari qui
a été déporté. Lorsqu’elle apprend
que le camp de concentration où se trouvait son mari a été
libéré par les alliés, sa vie est bouleversée.
S'en suit donc d'interminables jours d'attente entre moments d'espoir
et de désespoir. Lorsqu’il finit par revenir, ce n’est
plus le même homme, il est affaiblit, et a besoin d’une
permanente attention.
Nous pouvons voir dans ce livre les ravages qu’ont causés
les camps de concentration sur les individus qui y étaient détenus,
mais aussi la difficulté pour l’entourage de survivre à
la détention de leurs proches.
Les
enfants de la liberté, Marc Levy :
C'est l'histoire romancée du père de l’auteur, qui
a vécu toute sa vie avec son secret de guerre. Un jeune immigrant
juif et son frère entrent dans la résistance et défendent
leurs droits durant la Seconde Guerre mondiale, qui fait rage en France.
Les jeunes usent de courage et de ruse pour arriver à leurs fins
et parfois leur témérité héroïque les
font mourir. Au-delà de la description de la résistance,
ce livre nous donne la description de l’humanité de ces
jeunes résistants.
Le
silence de la mer, Vercor :
Un oncle et sa filleule hébergent un soldat allemand. Jamais,
ils ne vont lui adressé la parole alors que lui vient tous les
soirs pour parler du temps, de sa vision de la France et de sa culture.
Un sentiment naît entre la fille et le soldat, mais ils n’échangèrent
aucune parole , juste des regards.
Ce
jour-là, Vercors :
Un petit garçon et son père partent en balade, mais le
père n’a pas la même attitude que d’habitude.
Il paraît distant et angoissé. La mère, comme à
d’habitude, met le pot de géranium sur la fenêtre
après que l’homme et son fils soit partis. Quand ils voient
de loin la maison, le pot de géranium n’est plus là.
Le père est encore plus angoissé. Il emmène son
fils chez une dame, on apprend que sa mère est déportée
et que son père la rejoint.
J’étais
enfant sous l’occupation, de Donniot :
C’est l’histoire d’un enfant qui a une amie juive.
Leurs pères sont partis à la guerre. Leurs mères
décident de les mettre à l’abri en les envoyant
à la campagne, chez la grand-mère de l’enfant. De
chez la grand-mère, ils vont aller dans un autre village. Il
nous explique leurs conditions de vie qui ne sont pas les même
qu’avant la guerre. Il faut se priver, en plus il fait froid.
À la fin de la guerre, ils retournent chez eux.
Un
sac de billes de Joffo :
En 1941, Paris est occupé par les ennemis nazis qui obligent
tous les juifs à porter l'étoile jaune. Peu après,
les deux frères, Maurice (12 ans) et Joseph (10 ans), ne peuvent
plus aller à l'école. Il faut fuir bientôt pour
qu'ils ne tombent pas entre les mains de la Gestapo. Les deux gamins
ont donc à franchir la ligne de démarcation sans papiers
pour se mettre à l'abri. Arrivés à Menton, ils
rejoignent leurs frères qui se sont déjà installés
là-bas. Mais ils ne peuvent pas y rester et leur itinéraire
les conduit à Nice où toute la famille est réunie.
Nice est occupé par l'armée italienne. Après quelques
mois, les Italiens partent et les Allemands arrivent parce que les Américains
attaquent déjà le sud de l'Italie. Les dénonciations
commencent et il y a beaucoup d'arrestations de juifs. Les garçons
partent pour le camp des jeunes Compagnons de France à Golf-Juan,
tout près de Nice; les parents restent en ville. Quand ils veulent
aller voir un ami à Nice, la police allemande arrive et les arrête
tous de sorte qu'ils doivent subir quelques interrogatoires: Joseph
nie qu'ils sont juifs. Avec l'aide de l'église, ils sont en liberté
après plus d'un mois d'arrestation. Mais il leur faut fuir de
nouveau. Les garçons vivent quatre années avec la peur
d'être arrêtés. Enfin, en 1944, ils retournent à
Paris. Le salon de coiffure existe encore, mais le père est mort.
Biographie
des personnages historiques :
Philippe
Pétain : (1856 – 1951) Militaire de formation, Philippe
Pétain acquiert autorité et prestige durant la 1ère
Guerre Mondiale, en organisant la défense de Verdun. Fait maréchal
en 1918, il remplit divers missions pour l’Etat dans l’entre-deux-guerres.
Le 18 mai 1940, le président Lebrun lui confie la vice-présidence
du Conseil. Le 16 Juin, il devient président. Dès le lendemain,
il demande l’armistice. Le 10 juillet, il instaure l’Etat
français.
Adolf
Hitler : (1889 – 1945) Homme politique allemand d’origine
autrichienne, fondateur et figure centrale du nazisme, instaurateur
de la dictature totalitaire du Troisième Reich. Porté
à la tête de l’Allemagne par le Parti national-socialiste
des travailleurs allemands qu’il reprit en 1921, il devient chancelier
du Reich le 30 janvier 1933, puis se fait plébisciter en 1934
comme président. Sa politique est à l’origine de
la Seconde Guerre mondiale, qui entraînera de nombreux crimes
contre l’humanité, notamment l’extermination des
juifs en Europe.
Jacques
Doriot : (1898 - 1945) Homme politique et journaliste français.
En 1920, il adhère au Parti communiste et devient secrétaire
de la Fédération française des Jeunesses communistes
en 1923. Il est exclu du parti en 1934. Préconisant une politique
de collaboration avec l'Allemagne dès 1939, il dirige le journal
collaborationniste Le Cri du Peuple, et s'engage en 1942 dans la Légion
des volontaires français contre le bolchevisme, combattant sous
l'uniforme allemand.
Marie
chaix : née à Lyon le 3 février 1942, Marie Chaix
est une écrivaine française. C’est le quatrième
enfant d'Albert Beugras, bras droit de Jacques Doriot pendant l'Occupation
à la tête du Parti populaire français.
Charle
de Gaulle : Né à Lille (France) le 22/11/1890 ; Mort à
Colombey-les-Deux-Eglises (France) le 09/11/1970.Symbole de la résistance
pendant la Seconde Guerre mondiale, « homme de la situation »
pendant la Guerre d’Algérie et acteur principal de la construction
de la Cinquième République, le général de
Gaulle incarna la France pendant de nombreuses années. Passionné
par le passé de son pays, il répondit présent à
ses convictions en endossant le rôle du personnage qui ne subit
pas l’Histoire mais la construit.
Voici
un témoignage de M. Caman, qui a vécu la Seconde guerre
mondiale :
Mon
père avait été mobilisé, les autres hommes
de notre nombreuse famille étant militaires de carrière.
Ensuite j'ai souvenir d'une alerte aérienne nocturne. Je ne saurais
en préciser la date. Nous sommes descendus à la cave,
et par le soupirail, j'ai entendu une sorte de hennissement de cheval.
Je pense maintenant que c'étaient des stukas qui attaquaient
Villacoublay ? Si un vieux versaillais pouvait me confirmer ?
Par la suite, nous ne sommes jamais redescendus dans la cave, dont le
séjour n'était pas agréable.
Hiver 39-40 froid, mais sans soucis particuliers. J'ai même appris
récemment, en lisant de vieilles lettres, que mon père
avait refusé d'être démobilisé (en raison
de son âge et de ses charges familiales); non par patriotisme,
mais parce qu'il trouvait un avantage matériel dans sa situation
d'officier de réserve !
Quant à mon frère ainé, jeune sous-lieutenant,
il nous écrivait en mars 40 depuis son sp:
"Hitler est bien embêté..."
Vint le mois de Mai; je sentis bien qu'il se passait des choses inquiétantes,
mais sans plus.
Le 10 juin, mon père (enfin démobilisé) pris par
la panique qui faisait partir les voisins à pieds, avisa la voiture
laissée dans son garage par mon oncle. Mais mon père ne
savait pas conduire et de toutes façons, il s'avéra que
cette voiture n'était pas en état de démarrer.
Si bien que nous sommes restés sur place et ce fut notre chance.
Quelques jours plus tard, d'énormes incendies colorent le ciel
en rouge, et des retombées de suie grasse recouvrent toute la
végétation. Le lendemain matin, mon père qui était
parti faire des courses, est revenu précipitamment en nous disant
d'une voix blanche: "Les allemands sont en ville". Puis, j'ai
vu passer sous nos fenêtres un groupe de soldats français
dépenaillés emmenés vivement par des soldats allemands.
Malgré mon âge, cette vision m'a semblé humiliante.
Mon frère, grièvement blessé près de Gournay,
avait été ramassé par une ambulance allemande et
soigné en Belgique, ce qui lui valut d'échapper à
la captivité.
Les semaines suivantes furent paisibles pour nous. Un officier allemand
s'étant présenté pour réquisitionner la
maison, ma mère, qui baragouinait un peu sa langue, lui indiqua
une maison voisine que ses occupants avaient quittée pour partir
en exode. A leur retour, ils la trouvèrent saccagée.
Ce fut l'un des moments les plus agréables de ma vie.
On pensait que la guerre était, sinon terminée, du moins
éloignée de nous.
Seuls soucis: La blessure de mon frère tardait à se refermer.
Et je me souviens de l'air désolé de mes parents, à
l'écoute de la radio un certain dimanche; je pense que c'était
le jour de Mers-el-Kébir.
Le ravitaillement ne faisait pas encore défaut, et même,
la ville s'étant vidée de ses habitants, les commerçants
étaient bien contents de brader leurs marchandises. Ma mère,
ayant retenu la leçon de 1914-18, en profita pour faire des provisions.
Nous avions la chance de disposer d'un grand jardin (8.000m2).On y mit
des poules, des lapins, et on acheta une chèvre.
Cela ne suffit pas à remédier aux restrictions. Il fallut
"se débrouiller". Il y avait: les cartes d'alimentation-bidons,
le marché noir, et les colis. C'est fou comme mes parents se
découvrirent des relations en province. Nous guettions les colis,
ou plutôt, nous allions les chercher à la gare. Pour vérifier
qu'il n'y avait pas de détournements, l'expéditeur écrivait
des vers d'une fable de La Fontaine sur le papier d'emballage...
Le plus pénible était de faire la queue. Ma mère
eut droit à une carte de priorité. Ça ne plaisait
pas à tout le monde. Un jour qu'elle voulut s'en servir, une
dame lui fit remarquer que cette carte ne pouvait lui appartenir parce
qu'elle était beaucoup trop vieille pour avoir de jeunes enfants.
Ma mère ne s'est pas démontée et un échange
de paroles aigres-douces s'ensuivirent qui amusèrent les hommes
présents.
La boulangère pesait le pain (noir) de chaque client, en coupait,
en rajoutait...
Un matin, sur le chemin de l'école, un homme portant une caisse
de menuisier m'a abordé en me tendant un ticket et m'a dit: "tiens,
va m'acheter du pain à la boulangerie qui est là (à
50 mètres)". Je ne me suis pas arrêté, et j'en
ai presque des remords parce que cet homme avait sûrement faim
et n'était probablement pas en situation régulière.
Peut-être sa caisse contenait-elle autre chose que des outils
?
Avez-vous entendu parler de la saccharine? Elle se présentait
sous forme de petites pastilles; eh bien j'ai vu l'épicière
les compter une par une, et même, croyez-moi si vous voulez, en
scinder l'une en deux !
A propos de sucre, le dextrose était en vente libre en pharmacie.
Encore fallait-il le savoir et avoir de quoi le payer.
Quant au lait, dont l'épicière me versait à partir
de sa cuve une mesure d'1quart de litre, il suffisait d'en déposer
une cuillerée sur une toile cirée pour constater qu'il
contenait une bonne part d'eau.
Il faut mentionner aussi: les galoches à semelles de bois pliantes
(eh oui); ou ressemelées avec du vieux pneu.
Autre invention: le réchaud à papier.
Un gros problème était le chauffage. En hiver, il fallait
descendre tous les soirs dans la cave vidanger le compteur d'eau. C'est
dire la température qui règnait dans la maison.
R.A.S. de particulier jusquà l'été 41.
Mon père avait obtempéré à l'injonction
des allemands de remettre toutes les armes. Même
un vieux fusil à pierre datant de la guerre du Mexique...Heureusement,
l'un de mes frères a quand même subtilisé un fusil
de chasse que nous avons soigneusement enterré à l'insu
de mon père. Je n'ai jamais retrouvé l'emplacement...
En 1945, nous avons récupéré seulement le fusil
à pierre au fort de Vincennes, parmi une quantité incroyable
d'armes rangées dans des rateliers immenses.
Mon lieutenant de frère, enfin remis de sa blessure, se fit affecter
à Ghardaïa, en Algérie. Je n'ai jamais compris que
les allemands l'aient laissé partir...?
Petite anecdote marrante en passant: Il avait fait la connaissance d'une
gentille infirmière à l'hôpital de Liège.
Trop gentille. Pour fêter sa guérison, elle l'avait invité
dans un restaurant parisien réputé (donc cher). En 1945,
il a cherché à savoir ce qu'elle était devenue.
On lui a appris qu'elle avait été mise en cabane "pour
intelligence avec l'ennemi". Elle n'est jamais devenue ma belle-soeur...
Aux vacances, ma mère voulut aller rendre visite à mes
soeurs qui étaient installées en Haute-Savoie, donc en
zone libre. Un laissez-passer était nécessaire.
A cette fin, ma mère se rendit avec moi à la Kommandantur
de Saint-Germain-en-laye, où on lui fit des difficultés.
Après avoir poireauté un bon moment dans un bureau sans
chaise, elle dut déclarer par écrit qu'elle n'était
pas juive "au sens de la loi allemande".
Une fois obtenu le laissez-passer, il fallait se procurer les billets
de train. Pour cela, il fallait faire la queue toute une nuit devant
les guichets de la gare de Lyon.
Les contrôles au passage de la ligne de démarcation avaient
lieu à Mâcon. Le train s'arrêtait 1 heure en gare.
Un gendarme allemand est monté dans le wagon, accompagné
d'un soldat un long flingue à l'épaule.
L'air bonasse, il a vérifié les laissez-passer. Je l'ai
trouvé ridicule avec la grande plaque marquée "feldgendarmen"
qui pendait autour de son cou. Puis sont montés deux hommes en
civil. Une dame a dit dans un souffle: "C'est la jestapo".
Tout le monde se tenait à carreaux. Quand l'un des deux policiers
s'est présenté à la porte, l'un des occupants du
compartiment lui a tendu ses papiers. "Non, Môssieu, a dit
l'homme, donnez-moi votre portefeuille".
Les formalités étaient terminées, je commençai
à trouver le temps long, quand les haut-parleurs du quai égrenèrent
les noms de voyageurs invités à descendre du train. Bien
entendu, personne n'a bougé. Je suppose que c'était une
ruse grossière dans l'espoir qu'un individu recherché
se trahisse (ou soit trahi ?)
Heureusement, 5 minutes après, le train a quand même démarré
et s'est élancé joyeusement en zone libre dans l'aube
naissante.
J'ai fait un deuxième voyage aux vacances 1942 dans des conditions
similaires.
Le village qu’habitaient mes soeurs étant proche de la
Suisse, je n'ai pas manqué d'aller faire quelques pas en territoire
helvétique. Je peux attester que rien n'était plus facile.
La frontière était matérialisée par un alignement
de troncs de sapins. Apparemment, il n'y avait personne pour la surveiller...
Par contre, en août 1945, j'ai accompagné un groupe de
jeunes qui a tenté une petite incursion par un autre itinéraire,
et nous avons été interceptés par un douanier suisse
en armes. Pour l'amadouer, nous avons fait mine de le prendre en photo.
Non, nous a-t-il dit, on ne photographie pas un soldat suisse ! Et il
nous a obligé à faire demi-tour.
La guerre se manifestait à moi principalement par la voie des
airs.
Je ramassais régulièrement dans le jardin "le courrier
de l'air'", autrement dit des tracts lâchés de nuit
par la RAF. (Je les ai conservés, s'ils intéressent quelqu'un,
je peux lui faire parvenir des photos)
Et aussi des rubans de papier aluminisé qui ne laissaient pas
de m'intriguer. J'ai su plus tard qu'ils étaient destinés
à aveugler les radars.
Je ne me rappelle plus exactement quand le spectacle a commencé;
les alertes sont devenues banales, quasiment tous les jours, et nous
n'y prêtions plus attention. Tout commençait par le mugissement
de la sirène, en 6 modulations, et la plupart du temps il ne
se passait rien.
Mais parfois, le son grave de la sirène qui s'éteignait
était repris par un grondement sourd et lointain . C'était
les bombardiers; les enfants ont l'ouïe fine et je prévenais
les adultes. On ne tardait pas à percevoir à l'horizon,
du côté ouest, des groupes de points . Ils s' approchaient,
s'approchaient, en même temps que le bruit des moteurs s'amplifiait.
Puis, tout d'un coup, le fracas de la DCA allemande se déchainait.
Nous avions fini par reconnaître les voix de différentes
batteries. Autour des formations d'avions, des flocons noirs s'ouvraient.
Les éclats d'obus se mettaient à tomber, à la grande
joie des gamins que nous étions et qui en faisaient collection.
Une fois les avions passés, des guirlandes de petits nuages noirs
ornaient encore quelques temps le ciel. Il m'est arrivé d'en
observer dont la taille augmentait et qui prenaient la forme d'un tore,
comme les ronds que peut faire un fumeur.
Versailles n'était pas la cible des avions. A ma connaissance,
la ville n'a été bombardée qu'une seule fois, et
c'était la gare appelée "des chantiers" qui
était visée. Ce matin là d'avril 44, je fus tiré
du lit par un vacarme soudain et inhabituel. A tel point que je me dis
tout haut: cette fois "ils" exagèrent. Puis la sirène
s'est vite mise en route, comme pour se faire pardonner son retard.
En m'approchant de la fenêtre, je vis un avion à moyenne
altitude larguer une fusée rouge vif qui descendit lentement
à la verticale à environ 2 km droit devant moi. Je compris
et je m'inquiétai. En effet, une, puis d'autres explosions envoyèrent
valser en l'air des matériaux. Je remarquai un certain écart
entre le point de chute de la fusée et celui des bombes. Les
bombardiers, peu nombreux, volaient beaucoup plus bas que ceux qui passaient
d'habitude "sans s'arrêter". Ils prenaient des risques
et pourtant la dca m'a paru ce jour là peu active.
C'était jour d'école et j'y allai à l'heure. J'y
retrouvai des camarades. Pas tous. Le directeur eut un comportement
que je comprends mal encore aujourd'hui. Il nous dit: "Allez donc
voir ce qui s'est passé." En effet, à quelques centaines
de mètres, la rue était barrée par un tas de décombres
sur lequel s'affairaient des sauveteurs improvisés. Avec mes
copains, nous avons fait un détour pour nous approcher de ce
qui restait d'une maison, à savoir des gravats dans beaucoup
de poussière...Un matelas d'enfant reposait sur les fils téléphoniques...
Nous sommes retournés à l'école. Je me souviens
d'un camarade peu bavard. Il était là, et pourtant, la
maison dont je viens de parler était pratiquement mitoyenne de
la sienne. Peut-être était-il en état de choc ?
Cette maison se trouvait à 1800mètres de la cible visée,
et d'autres bombes sont tombées plus loin encore...
Les versaillais se sont interrogés sur l'intérêt
militaire de ce bombardement qui a eu lieu à une heure de relative
affluence. Le bruit a couru qu'il avait été organisé
sur la foi d'un renseignement transmis à Londres par la résistance,
et qui était en réalité fantaisiste.
L'activité aérienne s'est intensifiée jusqu'à
la libération.
Un après-midi de juillet 44, par temps clair,des bombardiers
se sont approchés à une altitude particulièrement
élevée. On les voyait comme de petites croix brillantes,
par groupes de 14. (boxs), qui se succèdaient à 5 minutes
d'intervalle. Parfois, des trous dans leur formation serrée donnaient
à penser que des appareils étaient manquants..
Rapidement, la DCA a "allumé" littéralement
un avion, qui a laissé échapper une trainée jaune
et noire gigantesque, tout en poursuivant une trajectoire à peu
près normale. Au bout d'un moment qui nous a semblé long,
une petite corolle blanche est apparue à l'arrière de
l'appareil. Nous commencions à nous réjouir pour l'aviateur
qui sauvait ainsi sa vie, quand la corolle a disparu dans une grande
flamme brève. Puis, une deuxième corolle s'est ouverte.
J'ai crié: Faut pas ouvrir si vite ton parachute ! Las, la même
scène s'est reproduite...C'est tout. L'avion, toujours en feu,
a poursuivi sa trajectoire; je me demandais comment il pouvait encore
tenir l'air et ce que devenait le reste de son équipage; enfin,
il s'est délesté de ses bombes. Encore un petit moment,
puis il s'est désintégré en morceaux. Le ciel était
vide.Je n'ai vu aucun autre parachute.
Une deuxième formation s'est présentée; la DCA
a dressé devant elle un rideau de flocons blancs. Il était
évident qu'un avion au moins allait être touché.
.Je frémis devant le courage qu'il fallait aux pilotes pour ne
pas dévier de leur trajectoire. Et, effectivement, quelques instants
après, un avion a encore été atteint. A ce moment
là, je me suis demandé si la guerre n'allait pas être
perdue, si les alliés n'allaient pas renoncer...
Je suppose que les bombardiers volaient groupés pour échapper
aux chasseurs; mais, ce faisant, ils facilitaient le travail de la DCA.
Et je n'ai pas vu de chasseurs...(mais peut-être étaient-ils
trop haut pour que je les aperçoive ?)
Une autre fois, un "Libérator" (reconnaissable à
sa double dérive) a été coupé en deux. Il
est tombé en tournoyant comme une feuille morte; j'entends encore
le sinistre ronflement de ses moteurs lancés à plein régime.
Il est tombé dans les bois de Vélizy. Un camarade de mon
frère qui habitait non loin de là s'est rendu sur les
lieux avant les allemands et a récupéré les papiers
d'un membre de l'équipage. Il a contacté la famille après
la libération, et je crois qu'il a été invité
aux USA.
Un autre jour du même mois, alors que je me trouvais dehors avec
mon père qui bricolait, des chasseurs ont fait une incursion
au-dessus de la ville. Aussitôt, la dca s'est déchainée
très fort. Des éclats d'obus ont commencé à
tomber. Mon père m'a demandé de me mettre à l'abri.
Lui-même a continué son travail. Pourtant, on entendait
le bruit des éclats qui traversaient le feuillage du marronnier
sous lequel il se croyait sans doute abrité..
Je n'avais pas fait quelques pas que j'ai entendu le chuintement d'un
éclat passer à moins d'un mètre de mon épaule
et qui s'est fiché en terre.
Ma mère, qui distribuait dans la cour du grain à ses poules,
s'est dirigée sans se presser vers la porte de la maison, suivie
des poules qui n'avaient pas eu leur compte, elles-mêmes suivies
du coq. J'ai vu alors celui-ci sursauter tandis que le bruit d'un éclat
d'obus résonnait sur le pavé: Je crois bien qu'il avait
traversé la queue du volatile !
Nous trouvions que les alliés tardaient à enfoncer le
front..
Enfin, nous avons vu des allemands épuisés traverser la
ville dans des équipages de fortune. Parfois dans des charrettes,
souvent dans des voitures civiles camouflées par des branchages.
J'en ai même vu une dont les occupants en uniforme, pour faire
bonne mesure, avaient tendu en plus un drapeau blanc sur le toit.
Les bombardements continuaient dans la région; notamment à
Trappes où nous sommes allés en vélo voir la gare
de triage bombardé 3 semaines auparavant. Sur la route, bien
avant d'arriver, les champs étaient littéralement labourés
de trous de bombes. Sur place, que des ruines sur lesquelles planait
un silence de mort. Un cheminot qui semblait dépassé nous
a dit en nous montrant un passage sous les voies effondrées:
"On croit que le chef de gare est là dessous..." Mais
personne pour déblayer...
Le risque d’être surpris par un bombardement était
tel que les récoltes se faisaient à la sauvette. Ainsi,
on allait dans les champs arracher les rames de petits pois, on les
mettait dans la remorque du vélo, et on rentrait bien vite à
la maison pour cueillir tranquillement les gousses.
Le bruit courut qu'un américain seul sur une moto avait fait
un raid depuis Laval jusqu'à Nogent-le-Rotrou. Difficile à
croire, mais ça nous faisait plaisir.
Le 12 août, mon frère apprit que le camp de Satory avait
été abandonné par les allemands. Aussitôt,
il m'y emmena en vélo avec lui, dans le secret espoir de récupérer
des armes. Mais beaucoup d'autres pillards nous avaient précédés,
et nous n'avons trouvé que...d'immenses rouleaux de papier photosensible
pour tirer des plans, et des skis avec les chaussures adaptées.
Tout à coup, un mauvais plaisant cria: "voilà les
ss !". C'était plausible et nous avons filé la peur
au ventre.
Le 23, nous appriment que les alliés étaient à
Rambouillet. Nous n'avons donc pas été surpris quand nous
avons entendu le lendemain des bruits de fusillades. Je m'attendais
même à davantage de grabuge.
Vers 17 heures, un petit avion d'observation nous a survolés
à une altitude d'environ 300 mètres en se dirigeant vers
l'est. Il portait sous ses ailes les rayures noires caractéristiques
de l'armée de l'air américaine. Des tirs d'armes légères
se déclenchèrent sur lui. J'ai été étonné,
parce que je croyais les allemands déjà partis. Je voudrais
bien savoir quelle était la mission de cet avion ?
A-t-il été atteint ? Toujours est-il, d'après un
camarade qui avait une meilleure visibilité, qu'il a effectué
un virage, et je crois qu'il s'est posé sur l'avenue de Paris,
(qui est très large); car le lendemain, la carcasse incendiée
d'un petit avion s'y trouvait. On sait que les résistants de
la préfecture de police à Paris ont reçu à
la même heure un message jeté par un petit avion. S'agit-il
de celui que j'ai vu ? J'ai entendu dire que son équipage était
constitué de 2 canadiens, qui ont été tués..
La nuit venue, nous avons entendu et observé des tirs d'artillerie.
On voyait des grappes de 4 ou 5 points lumineux monter dans le ciel
et s'éteindre. J'ai su plus tard que c'étaient les canons
de la 2ième DB qui tiraient depuis le pont de Sèvres sur
une batterie allemande implantée à Buzenval. Mais, sur
le moment, je m'inquiétai, parce que je pensais que c'était
l'artillerie allemande qui tirait sur les troupes alliées...
A 22 heures, nous avons entendu à la radio la nouvelle que Paris
était libérée. Ça nous a laissés
sceptiques, parce que nous n'avions pas l'impression que Versailles
l'était...
Je me suis couché, pas trop rassuré. Au matin, j'ai vu
passer sous nos fenêtres un civil, un brassard FFI au bras gauche,
un pistolet dans la main droite, un peu frimeur...Il marchait en sens
inverse de celui dans lequel j'avais vu passer 4 ans plus tôt
des soldats allemands, et je vis là le moment symbolique de notre
libération.
Alors, nous avons mis aux fenêtres les drapeaux américains
et anglais que nous avions soigneusement préparés; les
voisins en ont fait autant, et nous sommes partis en ville, ma soeur
et moi.
A la préfecture, des camions qui n'étaient pas allemands
étaient rangés, mais point de soldats. J'étais
un peu déçu, je croyais voir un déploiement de
moyens militaires. La façade de l'hôtel de ville était
marquée de quelques impacts.
Le spectacle était dans la rue principale, mais quel spectacle
! Des femmes à moitié dévêtues, la chevelure
défaite, étaient promenées à travers la
ville et malmenées. Je demandai à ma soeur: "Mais
qu'ont-elles fait pour être traitées ainsi ?" Elle
me répondit laconiquement: "Elles sont allées avec
des allemands". Je ne compris que quelques années plus tard...
Le soir, nous sommes retournés en ville, où j'ai aperçu
un attroupement et entendu des discours. Nous avons appris que l'aviation
allemande avait bombardé Paris.
Une journée comme celle-là, tous ceux qui l'ont vécue
vous diront qu'elle a été unique de fraternisation populaire.
Une fois la libération acquise, la suite des opérations
militaires nous parut une formalité.
Ce n'était pourtant pas le cas, et les restrictions ne cessèrent
pas du jour au lendemain.
En novembre, j'ai eu quelques inquiétudes en entendant une conversation
au cours de laquelle des jeunes (des "grands" pour moi), qui
semblaient regretter la retraite allemande, faisaient état d'
armes nouvelles qui permettraient à Hitler de renverser la situation...
Une grande distraction des ados était de parcourir les bois des
environs à la recherche de munitions abandonnées.
Et on en trouvait ! Je me souviens d'obus, calibre 20 mm je crois, qui
jonchaient le sol autour de leurs caisses éventrées. Les
plus hardis tentaient de séparer les obus des douilles, puis
de dévisser les détonateurs. Les accidents mortels n'ont
pas cessé, des mois durant.
Un élève de 3ième a exhibé en classe, toute
une journée, une grenade à manche. Le soir, sur le chemin
du retour, il a déclenché l'explosion. On imagine la peur
rétrospective de ses camarades, le lendemain...
Un jeudi, mon frère avait découvert un "site".
Il a donné le tuyau à un camarade de classe, lequel s'est
rendu sur les lieux la semaine suivante. Là, il a commis l'imprudence
de cogner une munition contre un arbre pour désolidariser l'obus
de sa douille. L'obus a explosé et le garçon en est mort.
J'ai participé à une expédition d'un genre un peu
différent. C'était au début du printemps 1945.
J'ai accompagné un cousin et mon frère, qui avaient 17
ans, toujours en vélo, à Toussus-le-noble où les
américains avaient installé une base secondaire. A l'extrémité
du terrain était entreposé un cimetière d'avions.
Des bombardiers criblés d'impacts, dans lesquels se trouvaient
encore des trésors à récupérer pour l'excellent
bricoleur qu'était mon cousin. Oui, mais ce terrain était
"terrain militaire", donc interdit et bien gardé. On
est rentrés quand même en douce. Je jouais à me
promener sur des fuselages et des ailes, quand une patrouille nous a
rejoints. On nous a conduit au poste de commandement, après nous
avoir dit (et je crois que ce n'était pas du bluff): "Vous
avez de la chance que les jours rallongent, car, si nous vous avions
vus à la même heure cet hiver, nous ne nous serions pas
dérangés; nous vous aurions tiré dessus directement
à la mitrailleuse".
Un gradé s'est livré devant nous à un simulacre
de jugement. C'est du moins ce que je crois, car je ne comprenais pas
les propos qu'il échangeait avec le soldat qui nous gardait.
Sur le bureau du gradé était posé en évidence
un énorme pistolet...Je me demandais s'il allait nous traiter
comme des franc-tireurs, car j'avais entendu parler de snipers "passés
par les armes", quand le soldat a introduit 3 cartouches dans le
chargeur de sa carabine, et la terreur m'a envahi...
Nous avons été embarqués dans un GMC au commissariat
de police de la ville. Un brave agent qui retournait chez lui, en nous
apercevant, a demandé: "Qu'est-ce qu'ils ont fait?"
Ses collègues l'ont mis au courant. Il a alors cru très
drôle de déclarer à notre adresse: "Oh, alors,
ça mérite la guillotine !" Mais je n'étais
pas du tout sûr qu'il plaisantait ...
Nous avons été relâchés, et l'affaire s'est
arrêtée là.
Les bonnes nouvelles s'affichaient dans la vitrine d'un libraire sous
forme d'une grande carte sur laquelle des fils tendus par des punaises
marquaient de jour en jour le rétrécissement du territoire
allemand.
Puis vint un beau jour de Mai où nous fut annoncée la
fin de la guerre, qui, en fait, n'était pas finie, puisqu'il
restait le Pacifique. Mais c'était loin de nos préoccupations.
Il y eut le retour des déportés; on les reconnaissait
dans la rue à leur extrême maigreur.(Quand je vois des
films tournés aujourd'hui sur un sujet de l'époque, les
acteurs sont peu crédibles car ils ont trop bonne mine)... Le
sort de Laval, le procès Pétain; la bombe d'Hiroshima
qui suscitait des commentaires d'une rigueur scientifique douteuse...
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