Bande
se présente comme Marcour. Le village remonte un versant de la
vallée; la chaussée de Marche à Bastogne court
dans le fond, le long de la Wamme, avant de pénétrer dans
les bois. Pareil endroit se prête parfaitement aux opérations
des partisans : au cours de l'été 1944, deux scieries
y ont été sabotées ainsi que la ligne du vicinal.
Comme les Allemands y ont installé un camps de « noirs
» flamands, ces miliciens exécrés, on en mitraille
un groupe qui convoie un transport de bois et l'un d'eux est tué.
Dans les premiers jours de septembre, un camp de l'Armée Secrète
vient s'installer à son tour au-dessus du village.
Le 4, les embuscades commencent. Le 6, trois Allemands sont tués
à proximité du village. Cette région se révèle
vraiment peu commode. Aussi, les Allemands se fâchent-ils tout
de bon : le même 6 septembre, revenant en force, ils incendient
toutes les maisons de Bande qui bordent la grand-route.
« Vous partir, nous brûler » disent-ils aux habitants,
en les forçant à sortir de chez eux sur le champ sans
avoir la possibilité de rien emporter.
Trente cinq familles voient ainsi, sous leurs yeux, flamber leur demeure.
Un seul homme est alors tué, en essayant de s'échapper
par une issue de derrière.
Lorsque sans combats, les Allemands revinrent à Bande, le vendredi
22 décembre, les habitants eurent la surprise de retrouver parmi
eux des éléments qui les avaient déjà «
occupés ». Ceux qui furent cantonnés au village
se comportèrent cependant correctement. Mais dans les ruines,
sur la chaussée, un groupe s'installa à part. Le gros
de la troupe ne fraternisait pas avec lui. C'est ce groupe qui, à
peine arrivé, intime l'ordre aux habitants de livrer leurs drapeaux.
Quelques-uns s'exécutent, d'autres les enterrent.
Le dimanche, à l'heure de la grand-messe, les mêmes soldats
remontent au village; ils ramassent tous les hommes de 17 à 32
ans qu'ils peuvent trouver en rue et dans les maisons? Où vont-ils
? « Au contrôle .»
On les emmène en effet vers le bas du village pour les rassembler,
à l'angle de la chaussée, dans les vestiges de la scierie
Rulkin-Tasiaux, brûlée en septembre. Combien sont-ils ?
Environs 70; dans l'après-midi, d'autres hommes viendront les
rejoindre, raflés dans le village voisin de Grune.
On se met à les interroger vers 13 heures. Il s'agit des embuscades
du maquis; ce que les allemands cherchent avant tout, ce sont les «
terroristes » dont le souvenir les hante. Ils paraissaient d'ailleurs
bien renseignés, feuillettent des listes, nomment des dirigeants
par leur sobriquet. Et comme, à leurs questions, certains se
montrent peu empressés à répondre, on les y stimule
à coups de bambou. Déjà les habitants avaient remarqué
que, dans ce groupe, certains parlaient français vraiment trop
bien pour des Allemands. On sut plus tard qu'il comprenait, entre autres,
un Breton et un Niçois.
A l'interrogatoire, l'un des chefs se distingue en outre par un ton
gouailleur et un accent nettement faubourien. Aurait-il été
de Paris ?
Mais l'interrogatoire se prolonge et les familles s'inquiètent.
Craignant un départ pour l'Allemagne, on apporte aux prisonniers
des vivres, des vêtements. Dans l'entre-temps, sous les yeux des
villageois, les Allemands font un feu de joie du monceau de drapeaux
qu'on leur a remis. L'anxiété grandit, d'aucuns intercèdent
pour leurs proches.
Ce n'est pas toujours peine perdue. Se souvenant qu'on est à
la veille de Noël, les Allemands libèrent un tenancier de
café en échange d'une vingtaine de bouteilles. Mais quand
l'abbé Musty, professeur au petit séminaire de Bastogne,
cherche à dégager un groupe de ses élèves,
réfugiés avec lui à Bande, on le reçoit
par ces mots :
« Was Kommt Der Pfaffe Hier Tun ? » Que vient-il faire ici
ce curé ?
« Und Du, Schwartze Seele, Los, Aber Schnell . » Et toi,
âme noire, va t'en et rapidement.
L'après-midi avance et voici le crépuscule. Les hommes
ne sont toujours pas relâchés. Vers cinq heures, cependant,
il apparaît que les décisions sont prises. On retient les
plus jeunes au nombre de trente-trois. Dans un baraquement, derrière
la scierie, ils se voient dépouillés de tout ce qu'ils
portaient sur eux : bijoux, argent, objets de piété. Quant
aux habitants qui s'étaient rapprochés des lieux, ils
furent eux-même refoulés vers le haut du village, avec
défense stricte d'en descendre. Tout passant est dès ce
moment écarté de la chaussée. Personne ne peut
voir ce qui va s'accomplir.
Les prisonniers sont alors rangés par trois et des soldats les
mènent, les mains sur la tête, un peu plus loin sur la
grand' route. Le groupe s'arrête devant une maison incendiée
à l'enseigne du café de la poste, et s'y adosse. L'officier
à l'accent parisien commande le détachement. Il pénètre
dans la maison voisine, en ruines aussi, celle de M. Bertrand.
Cela fait, un feldwebel s'avance, met sa main sur l'épaule d'un
homme et le conduit jusque dans le vestibule de cette maison. On entend
un coup de feu. Le soldat reparaît seul. Du même geste,
il se saisit d'un autre homme, et la scène recommence. Elle se
répète tant et si bien que la terreur s'empare de ceux
qui restent. Ils ont compris … L'un d'eux, un jeune costaud, réagit
cependant. A voix basse, il engage ses compagnons à se redresser,
à bousculer leurs gardes, à jouer le tout pour le tout.
Hélas ! Ils sont glacés d'effroi. Quand vient son tour,
le vingtième, Léon Praile se laisse emmener, lui aussi,
mais à peine a-t-il fait quelques pas qu'il assène au
gardien, en pleine figure, un coup qui l'assomme. S'élançant
dans l'obscurité, il traverse la route, franchit la Wamme, se
faufile derrière les haies, gagne le bois. On le pourchasse,
on tire, mais sans l'atteindre. Il y aura un rescapé, il y aura
aussi un témoin.
Personne à Bande, ne sut en cette lugubre veillée de Noël
quelle effroyable tragédie venait de s'accomplir. Tout le monde
croyait à une déportation, sauf le bourgmestre, bientôt
averti en grand secret par Léon Praile, qui se terrait dans une
grange.
C'est le 11 janvier seulement, lorsque Bande fut délivré
par des parachutistes anglais, que le dénouement du drame put-être
éclairci. Le rescapé, le bourgmestre et un officier allèrent
explorer la maison Bertrand. Au fond de la cave, béante depuis
septembre, gisaient trente quatre corps, dissimulés sous un amoncellement
de planches à demi brûlées, que la neige avait elle-même
recouvertes. On comprit alors ce qui s'était passé. L'officier
allemand se tenait dans l'étroit passage d'entrée de la
maison; chaque fois qu'une de ses victimes y était introduite,
il lui appliquait le revolver sur la nuque et, le coup parti, il faisait
basculer le corps dans le trou.
Trente quatre tués, dont neuf seulement de Bande. Les autres
étaient des réfugiés des villages de l'est, jusqu'à
Vielsalm et Gouvy. Trois avaient été amenés de
Grune. Le jour de Noël, on avait vu deux civils escortés
de soldats, traverser Bande, venant de Roy. On les retrouva aussi dans
la fosse.
Sur une porte de grange, on déchiffra alors une inscription :
« Vengeance aux héros fusillés par les terroristes
en septembre ». Rache, la vengeance en Allemand est sacré
dans le vocabulaire hitlérien. Vengeance avait été
faite, mais avec le bandeau sur les yeux. Des trente-quatre victimes,
un bon nombre n'avait trempé en rien dans les affaires du maquis.
Qu'importait ce détail ? Ces innocents devaient payer pour les
coupables. Suivant des témoins, l'officier bourreau aurait déclaré
que des ordres directs d'Himmler imposaient de tuer trente Belges dans
le village de Bande, en représailles de la mort des soldats allemands
tués par ceux du maquis.
Les gens de cette unité s'appelaient eux-même une «
compagnie spéciale d'Himmler » et aussi un « Standgericht
», c'est à dire un tribunal de campagne.
Les années ont passé. La justice a-t-elle voulu que par
la suite, ces bourreaux ont payé à leur tour les exactions
qu'ils ont commises à Bande !
Témoignage
de Léon Praile.
« Nous avons été arrêtés vers 11 heures,
l'interrogatoire a duré jusque quatre-cinq heures. Ils voulaient
savoir le nom de certains maquisards qui avaient tué des officiers
allemands sur la route Marche-Bastogne en septembre. Les hommes qui
nous interrogeaient faisaient partie d'une troupe spéciale, ils
n'avaient rien à voir avec la Wehrmacht et les SS. Ils parlaient
couramment le Français. Il y avait, semble-t-il un Suisse, des
Français et des Belges. Vers cinq heures, ils ont groupé
les plus jeunes et renvoyé les plus vieux. Ils nous ont enlevé
tout ce que nous possédions, montres, cartes d'identités,
papiers, etc. Cela devenait grave. On nous a alors transférés
le long de la route, à l'extérieur. On nous a rangé
sur trois rangs, les mains en l'air. Alors, ils ont commencé
à tuer les prisonniers un par un. Un soldat conduisait le premier
homme vers la cave. On entendait le coup de revolver. C'était
toujours le même soldat qui conduisait vers la cave, il y en avait
donc un autre qui tuait dans la maison. On entendait crier.
J'ai essayé au début d'exciter mes compagnons pour se
sauver, pour provoquer une espèce de débandade, mais ils
n'ont pas répondu. Ils étaient déjà plus
morts que vifs, il n'y a pas eu de réaction.
J'étais le quinzième, je savais que j'allais faire quelque
chose mais je ne savais pas encore quoi. Arrivé deux mètres
avant l'entrée de la maison, j'ai frappé l'Allemand au
visage. J'avais les mains en l'air, il m'a donc été facile
de le frapper sur le nez. Il est tombé et j'ai commencé
à courir le plus vite possible le long de la route.
J'ai aperçu deux officiers habillés en noir, ce qui m'a
obligé de traverser la route. Là, j'ai sauté une
barrière, et c'est à ce moment là que les Allemands
ont tiré sur moi. Mais j'étais déjà dans
les champs, j'étais pratiquement sauvé. J'étais
alors déjà un peu plus calme, j'ai d'abord pensé
traverser les lignes, j'ai essayé toute la nuit mais il y avait
tellement d'Allemands dans tous les coins que j'ai dû rebrousser
chemin vers le village. Le matin se levait quand je suis entré
dans la maison de mon oncle où j'ai été me mettre
au fenil, bien caché dans un coin. J'y suis resté jusqu'au
10 janvier, jusqu'au départ des Allemands. Le 11 janvier les
Anglais arrivaient. Je leur ai signalé ce qui s'était
passé et avec mon oncle qui était bourgmestre, nous avons
découvert les 34 cadavres. »
Témoignage
de Monseigneur Musty
« La plupart des élèves du Petit Séminaire
de Bastogne sont partis le 18 décembre dans l'après-midi
car il n'y avait plus de chauffage. Je me souviens que certains ont
pris le dernier train qui partait pour Marche. Sont restés au
séminaire les étudiants qui habitaient l'est du pays et
les Luxembourgeois. On ne voulait pas les abandonner, ni les jeter dans
la gueule du loup.
Mais le mercredi on a pris la décision de quitter la ville avec
les derniers élèves qui restaient. On s'est réparti
en trois groupes. Un groupe est allé se réfugier chez
la Baronne Greindl, un autre chez les pères rédemptoristes
au Beauplateau, et enfin le troisième est parti à pied
vers l'intérieur du pays.
J'accompagnais ce groupe. Le premier soir nous avons logé à
Baconfon, près de Tenneville. Toute la nuit on a entendu des
coups de feu. Le lendemain matin, j'ai décidé de célébrer
la messe à l'église de Tenneville. Mais en sortant pour
aller vers l'église, je me suis retrouvé nez à
nez avec un soldat américain qui semblait tout penaud ; il avait
froid, il avait faim et il disait que les Allemands étaient à
quelques centaines de mètres. Il avait perdu tous ses camarades.
Je me suis dit : il n'est pas question de rester ici. Nous avons donc
repris immédiatement la route toujours vers l'intérieur
du pays. Un peu plus tard on s'est arrêté à Bande;
les gens nous invitaient à rester, disant qu'il n'y avait pas
de danger. Les jeunes de Bande étaient prêt à partir
avec leur bicyclette, ils attendaient. Nous sommes donc restés
là tranquillement le jeudi après-midi. Le vendredi matin
les garçons étaient encore assez fatigués. On a
encore reporté notre départ. Mais dans l'après-midi,
on a entendu des bruits de tanks qui passaient sur la route. C'était
des tanks allemands. Le samedi matin, le village était occupé
par l 'armée allemande.
La journée s'est passée calmement. Le dimanche matin,
je célébrais la grand-messe, et au moment de sortir de
l'église on est venu me dire qu'on arrêtait les jeunes
dans le village. Les gens qui étaient dans l'église hésitaient
à sortir. Certains voulaient se cacher dans le clocher. J'ai
conseillé aux gens de rentrer chez eux. En début d'après-midi
j'ai fait le tour des maisons où étaient les élèves
de Bastogne. Il y en a deux que je n'ai pas retrouvés. Ils s'étaient
mis en route pour assister à la messe. Ils ont probablement été
arrêtés sur le chemin les conduisant vers l'église.
Deux autres étaient dans la maison de Mr Gouverneur avec le fils
de la maison, André Gouverneur. Dans cette maison, les Allemands
s'étaient présentés dans la matinée, ils
avaient demandé s'il y avait des hommes. Madame Gouverneur leur
avait répondu de façon évasive, en disant qu'il
n'y avait personne à la maison. Je leur ai alors recommandé
de ne pas bouger, en me disant : si on est venu ici, on ne reviendra
pas. Un quart d'heure plus tard, j'ai vu passer sur la route mes deux
élèves, plus André Gouverneur, avec un Allemand.
Je ne pouvais pas les laisser comme ça et j'ai décidé
de les accompagner, d'autant plus que je parlais allemand. J'ai expliqué
au soldat qui nous étions, pourquoi nous étions à
Bande et il m'a rassuré en me disant : « Mais oui, c'est
normal, vous expliquerez tout ça. » Nous sommes arrivés
sur la nationale 4, près des ruines de la maison où étaient
enfermés ceux qui avaient été arrêtés
dans la matinée.
Un officier allemand très dur, m'a alors demandé l'âge
des jeunes gens. Je lui ai répondu : « 18 ans, 17 ans,
le plus jeune, André Gouverneur, 16 ans ». Mais immédiatement
il m'a mis le revolver sur la poitrine en me disant en allemand : «
Toi, le corbeau noir, fiche le camp. » J'essayais d'expliquer
un petit peu, mais il n'y a rien eu à faire. Je suis alors remonté
au village, chez l'instituteur, et on a attendu, attendu. Le soir vers
7 heures ou 7 heures 30, un Allemand est venu chez l'instituteur. Il
parlait parfaitement le français avec un accent qui n'avait rien
de belge. « Ah ! C'est vous le curé. On aurait voulu avoir
des bougies pour fêter la Noël. » Cher Monsieur, lui
ais-je répondu, je suis réfugié ici et je n'en
ai pas. « C'est dommage. » et il est reparti. Je suis convaincu
que c'était un des soldats qui avait tué les jeunes gens
et qui, mission accomplie, s'apprêtait à fêter la
Noël. Alors, les journées se sont écoulées.
On ne savait rien. On ne se doutait pas de ce qui s'était passé
sur la Nationale 4. Tout ce que l'on craignait, c'était qu'ils
aient été pris pour travailler pour l'armée allemande.
Le lendemain du nouvel an, des Allemands sont de nouveau passés
dans les maisons, cherchant des hommes pour aller travailler sur les
routes. On leur a dit de se munir de couvertures et de prendre du ravitaillement
pour quarante-huit heures. Dans les caves, l'inquiétude augmentait,
surtout quand les 48 heures ont été passées.
Le mari de madame Gustin avait été emmené par les
Allemands et tout à coup, n'y tenant plus, elle m'a dit : «
M. L'Abbé, croyez-vous qu'il leur est arrivé la même
chose qu'à ceux qui ont été arrêtés
le 24 ? » Je ne comprenais pas. « Je ne devrais pas vous
le dire, mais je n'en peux plus, il faut que je vous le dise. Ceux qui
ont été arrêtés le 24 ont tous été
fusillés. » Je ne pouvais pas le croire.
Le temps passait, on entendait d'autres échos, on disait par
exemple qu'ils avaient été vus travaillant sur des routes.
On s'accrochait à tout ce qui pouvait donner un peu d'espoir.
Le 11 janvier au soir, les Allemands ont quitté le village et
le 12 au matin, les Anglais étaient là. Quand j'ai vu
le premier Anglais, je n'ai pu m'empêcher d'aller lui dire que
les Allemands avaient tué des jeunes gens. Quarante ans après,
je vois encore toute la surprise dans le regard de cette homme. «
Why ? » m'a-t-il demandé. Ce n'était pas possible,
il ne comprenait pas que ça puisse arriver.
Nous sommes alors descendu vers la Nationale 4 avec Léon Praile
et Pierre Hannart, l'étudiant qui était avec moi. Léon
Praile nous a indiqué l'endroit; c'était une maison qui
avait brûlé au mois de septembre, la cave était
béante. On avait déposé un plancher en oblique
sur la cave, et il avait neigé sur ce plancher.
Léon Praile a dit : « Ils sont là. » Les soldats
anglais se sont laissés tomber dans la cave, ils ont soulevé
le plancher et on a vu le tas de 34 cadavres qui étaient là
depuis la veille de Noël. Ils étaient là dans le
froid, blessés de tous côtés, gelés. C'était
un spectacle atroce.
On est alors remonté au village pour le dire aux gens, aux parents.
On a dit que ce massacre était une riposte à la mort d'officiers
allemands abattus par la Résistance à Bande en septembre
44 lors de la retraite. En tout cas, je me souviens avoir vu inscrit,
en allemand, sur un baraquement qui se trouvait à côté
de la maison ou ont été abattus les jeunes gens : NOUS
VOULONS LA VENGEANCE. Cette inscription était faite avec des
boules de neige, et de ce fait, elle n'est pas restée très
longtemps. Mais je l'ai lue de mes yeux.
Jusqu'au 18 janvier, jour des funérailles, j'ai passé
presque toutes mes journées à recevoir des parents de
victimes qui venaient reconnaître les corps. Et je me souviens
d'un officier américain qui m'a dit :
« M. L'Abbé, je vais obliger tous mes soldats à
passer devant ces 34 cadavres. Je veux qu'ils se rendent compte que
c'est vrai. Cela va paraître dans la presse américaine,
les gens vont hausser les épaules et dire que c'est de la propagande,
qu'il n'est pas possible que pareille chose arrive.
Je veux qu'ils viennent voir que tout cela s'est bien passé.
»