La guerre civile en Grèce


Papagos

 

Au début de la Seconde Guerre mondiale, la Grèce essaya vainement de conserver sa neutralité, mais l'attaque de l'Italie, en octobre 1940, la plongea dans le conflit.
Les troupes italiennes furent écrasées par l'armée grecque et l'Allemangne fut contrainte d'intervenir à son secours en avril 1941 et lança une double offensive contre la Grèce et la Yougoslavie.
La Grande-Bretagne envoya un petit nombre de troupes en Grèce, tandis que l'armée allemande envahit la Grèce continentale, puis attaqua la Crète en mai 1941.
Appuyées par les Britanniques, les troupes grecques livrèrent là leur dernière bataille.
La Grèce demeura jusqu'en octobre 1944 sous l'occupation allemande, italienne et bulgare. La résistance s'organisa dès 1942 dans les montagnes et les régions isolées de la Grèce continentale commencèrent à se former des foyers de résistance avec leurs propres organisations politiques.
Malgré le succès de certaines de ses actions, de graves antagonismes politiques éclatèrent au sein de ces mouvements de résistance.

Les deux formations principales étaient le Front national de libération (EAM ), communiste, et la Ligue nationale démocratique grecque (EDES ), commandée par le colonel Napoléon Zervas. L'EDES se situait à droite de l'EAM dans son idéologie politique et ses membres étaient des républicains opposés à la monarchie.
Les deux étaient hostiles au retour du roi après la guerre et, par conséquent, opposés au gouvernement en exil.
En mai 1944, une conférence réunissant les membres du gouvernement en exil, les représentants des partis politiques et des mouvements de résistance, fut réunie au Liban.
Elle obtint la formation d'un gouvernement d'unité nationale sous la présidence de Georges Papandhréou. Il avait été convenu d'organiser un plébiscite en Grèce avant le retour du roi et de procéder à l'unification des forces armées de la résistance et du gouvernement en exil. Malgré l'accord passé en faveur de l'union, la question du sort des unités de résistance fut à l'origine d'une crise majeure.

En octobre 1944, Papandhréou revint à Athènes, accompagné d'un détachement de troupes britanniques. Le gouvernement grec exigea le désarmement et le démantèlement des forces de l'EAM.
En décembre 1944, la guerre civile éclata à Athènes et s'étendit à d'autres régions du pays.
La révolte ne fut jugulée qu'après l'intervention des troupes britanniques arrivées en renfort. Le traité de Varkiza proclama la reddition de l'EAM, l'organisation d'élections et d'un référendum sur la restauration de la monarchie.
Les élections se déroulèrent en mars 1946, mais entraîna l'abstention de l'EAM et de certaines forces libérales, ce qui valut aux royalistes de remporter la victoire.
Lors du plébiscite organisé en septembre, sous l'autorité du Premier ministre Constantin Tsaldaris, plus de 65 % des électeurs se déclarèrent favorables au retour du roi.
Georges II regagna Athènes dans le mois. Il mourut en avril 1947 et son frère Paul lui succéda.
Après sa défaite politique, la gauche se prépara à la guerre civile. Elle reçut l'appui des gouvernements communistes d'Albanie, de Bulgarie et de Yougoslavie.
Un gouvernement provisoire fut constitué dans les montagnes en décembre 1947, sous l'autorité du chef communiste Markos Vafiades.
Face à cette nouvelle crise, la Grande-Bretagne (qui n'avait cessé d'exercer une influence dans les affaires grecques), trop affaiblie, estima ne plus pouvoir tenir ses engagements et céda sa place aux Etats-Unis.
La "doctrine Truman", proclamée en mars 1947, entendait protéger la Grèce et la Turquie contre la menace du communisme.
La Grèce bénéficia ainsi d'une aide militaire conséquente. Malgré cette aide, le gouvernement grec ne put mettre un terme à la guerre civile avant 1949.

En juillet 1948, la rupture entre Tito et Staline aboutit à la fermeture de la frontière yougoslave aux rebelles grecs.
Privés de leur principale source de ravitaillement, les rebelles communistes n'avaient plus les moyens de poursuivre la lutte. Entre 1949 et 1952, la politique intérieure grecque demeura instable.
Cependant, en 1952, apparut un nouvel homme fort en la personne du maréchal Alexandre Papagos et, aux élections de novembre1952, Papagos fut nommé Premier ministre.
Papagos resta au pouvoir jusqu'à sa mort en octobre 1955. Une relative stabilité politique subsista sous le gouvernement de Constantin Caramanlis et de son parti, l'Union nationale radicale (ERE ).
Caramanlis remporta ainsi trois élections et gouverna jusqu'en 1963.
Un dernier sujet de politique étrangère exaspérait les esprits en Grèce : le problème de Chypre.
Peuplée d'environ un cinquième de Turcs pour quatre cinquièmes de Grecs, cette île se dresse à 65 kilomètres au large de la Turquie, mais à 1 300 kilomètres de la Grèce. Conquise par la Turquie, elle fut cédée à l'Angleterre en 1878. L'aspiration des Chypriotes grecs à l'union avec la Grèce était entre les mains de l'archevêque Makarios III et du général Georges Grivas.
La Turquie était absolument opposée au désir d'annexion de la Grèce et souhaitait le retour de Chypre en son sein. En 1959, l'Angleterre, la Turquie et la Grèce acceptèrent finalement l'accession de Chypre à l'indépendance, mais à la condition expresse de protéger la minorité turque.
En 1960, Chypre fut constituée en république présidentielle, avec comme premier président l'archevêque Makarios.
A l'issue de deux élections organisées en novembre 1963 et février 1964, l'Union du centre obtint la majorité absolue au Parlement.
Dans le même temps, de violents incidents éclatèrent entre Chypriotes turcs et grecs, créant une tension dans les relations gréco-turques. Les Nations unies envoyèrent une force de maintien de la paix à Chypre.
Après la restauration de la monarchie au sortir de la seconde guerre mondiale, les querelles continuèrent à alimenter les rapports entre la couronne et le gouvernement. Le roi Paul mourut en 1964 et son fils de 23 ans, Constantin II, lui succéda.
Le Premier ministre Papandhréou, en profond désaccord avec le roi au sujet de l'intervention de la couronne dans la vie politique grecque, fut contraint de démissionner en 1965.
La Grèce entra alors dans une période de crise politique. En avril 1967, un groupe d'officiers supérieurs, sous les ordres du colonel Gheórghios Papadhópoulos, fomenta un rapide coup d'Etat, sans effusion de sang, qui eut pour conséquence l'annulation des élections, la censure de la presse et l'établissement de la dictature militaire. Le roi sembla accepter le nouveau régime mais, en décembre 1967, il tenta de renverser la dictature.
L'opération échoua et le souverain partit en exil. Papadhópoulos occupa le poste de Premier ministre. Le gouvernement de Papadhópoulos procura une certaine stabilité économique, mais au début de 1973, les manifestations des étudiants et la rébellion de la marine posèrent un problème de légitimation du régime.
Le 1er juin 1973, le Premier ministre annonça l'abolition de la monarchie, proclama la République et se nomma président en août. Papadhópoulos promit la restauration des libertés civiles et le passage à un régime parlementaire après la tenue d'élections libres en 1974.
Le 25 novembre 1973, le général Ioannidis renversa le gouvernement de Papadhópoulos dont les concessions étaient jugées trop libérales.

A Chypre, une crise grave éclata en juillet 1974 : la Garde nationale chypriote grecque, menée par des officiers grecs soutenus par la junte militaire d'Athènes, renversa le président Makarios.
La Turquie avança ce prétexte pour occuper Chypre et, en Grèce, la junte céda la place aux civils. L'île de Chypre fut ainsi fractionnée en deux et la capitale Nicosie coupée en deux par un mur (après la chute du mur de Berlin, Nicosie restait la seule ville au monde coupée en deux).
Caramanlis, en exil à Paris, fut rappelé à Athènes et nommé Premier ministre le 24 juillet 1974.
Le mois suivant, en plein conflit avec la Turquie à propos de Chypre, la Grèce annonça le retrait de ses forces de l'OTAN. L'instauration de la république fut confirmée le 9 décembre, à l'issue d'un référendum. Une nouvelle Constitution fut adoptée en juin 1975 et Caramanlis fut élu président en mai 1980. En janvier 1981, la Grèce fut officiellement admise au sein de la Communauté économique européenne.

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