I-
Comment le Zeppelin devient un bombardier stratégique, entre
1914 et 1915.
L’acharnement
payant de toute une Allemagne.
La
foi du Comte von Zeppelin dans le dirigeable rigide a permis la conception
d’aérostats toujours plus performants. Renforcée
par la ferveur populaire du Wurttemberg puis de l’Allemagne toute
entière, elle permet bientôt aux allemands de s’imposer
comme la première nation mondiale du dirigeable. Le Comte profite
du soutien du Kaiser Guillaume II, à partir de 1908 et de l’appui
de certains financiers puissants et d’ingénieurs de renom
pour mettre au point des techniques inédites dans le domaine
aérien. Très tôt, Frederik Necker, son cousin genevois,
également actionnaire du projet, le met en relation avec l’aérostier
suisse Alexandre Liwentaal. Celui-ci devient ingénieur pour Zeppelin
à Friedrichshafen et invente en collaboration avec von Duttenhofer
(spécialiste militaire en explosif) un procédé
révolutionnaire : la Ballonine.
Ce produit est réalisé à base de nitrate de cellulose,
qui donne aux cellules d’hydrogène une étanchéité
presque totale, en augmentant la résistance de la toile. Liwentaal
imagine et fait réaliser également le matériel
adéquat pour la production de masse de ces toiles caoutchoutées
imbibées. Un test de quatorze jours sur une cellule gonflée
à l’hydrogène ne décèle presque aucune
perte de poids ou de portance. Avec l’apparition de la Ballonine,
la perte subie jusque-là en 24 heures par une enveloppe de Zeppelin
(112 litres/m2) se réduit à 8 litres/m2 et même
à 4,2 litres/m2 en 1904, après amélioration du
procédé ! En quelques années de recherche et de
développement, Zeppelin a rattrapé et même dépassé
l’avance technologique que les français détenaient
depuis presque trente ans !
De
la première compagnie aérienne commerciale à la
première flotte de guerre du Kaiser.
Même
s’il s’interroge sur la viabilité du dirigeable Zeppelin,
du fait de son coup énorme de fabrication et de maintenance,
le Comte reste fier de son œuvre et notamment du développement
de la DELAG. Sa société, première véritable
compagnie aérienne commerciale au monde, utilise les Zeppelins
pour proposer à la haute société, un circuit de
tourisme panoramique en altitude qui est à l’époque
révolutionnaire . Le prix du billet pour deux heures de vol s’élève
à environ 200 Marks. L’affaire marche bien et des aérodromes
sont bientôt créés à Frankfurt am Main, Baden-Oos,
Düsseldorf, Gotha, Leipzig, Hambourg, Dresde et à Berlin-Johannisthal.
Les dirigeables en service dans la compagnie reçoivent même
des noms de baptême :
LZ-8 « Deutschland II» et LZ-10 « Schwaben »,
service à compter de 1911
LZ-11 « Victoria Luise » et LZ-13 « Hansa »,
service à compter de 1912
LZ-17 « Sachsen », service à compter de 1913
La
DELAG a fait preuve de sa fiabilité et n’a jamais pendant
cette période connu d’accident avec victimes durant ses
vols. Lors des tests de la compagnie toutefois, ou hors période
de vol, quatre mésaventures fâcheuses auront lieu.
Le LZ-6, est détruit accidentellement dans son hangar, à
Badenn-Oos, en 1910. Le LZ-7 (Deutschland n°1), est accidenté
sans possibilité de réparation, au-dessus de la Forêt
Teutoburg, le 28 juin 1910. le LZ-8 (Deutschland II) est gravement endommagé
le 16 mai 1911 et ne sera jamais remis en état, après
avoir percuté le mur de son hangar lors d’une tempête.
Enfin le 28 juin 1912, LZ-10 (Schwaben) prend feu, lors de conditions
météorologiques similaires, alors qu’il se trouve
amarré sur sa base de Düsseldorf. Suite à ces accidents
au coup financier colossal, le service perd un peu de sa régularité
et sera même interrompu en hiver, lorsque les conditions météo
sont trop dégradées.
Avec
l’entrée en guerre de l’Allemagne, certains zeppelins
de la DELAG sont réquisitionnés et convertis en version
militaire. Parmi eux, on trouvera bien sûr les dirigeables les
plus récents comme le Victoria Luise, Le Hansa et le Sachsen.
L’Armée dispose alors de 10 Zeppelins (elle en recevra
trois autres entre le 03 août et le 31 décembre 1914) mais
la Marine plus faiblement dotée n’en possède alors
qu’un seul (elle s’en verra attribuer cinq dans la même
période). La Marine allemande a acquis un certain retard sur
l’Armée. Son premier dirigeable, le L-1 n’est mis
en service qu’à partir d’octobre 1912 et il n’existe
encore à cette époque aucune base aéronavale. Un
terrain commercial civil à Hambourg sert donc temporairement
de base opérationnelle au L-1 qui peut ainsi commencer à
patrouiller en mer du Nord. Leur second aérostat, plus long que
le précédent et baptisé L-2, entre en service le
9 septembre 1913.
Le
même jour, pris dans une violente tempête en mer du Nord,
le L-1 est détruit et 19 membres de son équipage périssent
noyés. Parmi eux, se trouvent le Commandant du dirigeable, le
Lieutenant de Vaisseau Hanne et le Capitaine Metzing, patron de la toute
nouvelle branche navale d’aérostats. Il s’agit de
la première perte de Zeppelin avec victimes. Le sort s’acharne
contre la Marine qui perd le L-2 dès le 17 octobre 1913, lors
d’une démonstration à Berlin. Un moteur explose
durant le vol-test, alors qu’il vient d’atteindre une altitude
de 200m. L’enveloppe explose à son tour, tuant tout l’équipage
et ses passagers, soit 32 hommes. La Marine devra attendre la livraison
du L-3, le 11 mai 1914, pour le voir remplacer. Cette malchance va être
montée en épingle par l’Armée qui accuse
les marins aérostiers d’incompétence et réclament
l’exclusivité de l’utilisation du Zeppelin.
Cette rivalité durera jusqu’à la fin de la première
guerre mondiale. La marine, vexée, fera donc un effort particulier
en sélectionnant très rigoureusement l’équipage
du L-3, puisqu’on ne confie pas les machines les plus coûteuses
de l'Empire, à n’importe qui. Le lieutenant de vaisseau
Fritz est désigné comme commandant du dirigeable. Il a
sous ses ordres un équipage de 33 hommes, cinq mécaniciens,
cinq navigateurs, cinq canonniers, cinq mitrailleurs, plus des observateurs
dont la formation dans la Marine a pris plusieurs années. Il
faut dire que le L-3 est le premier d’une nouvelle série
de Zeppelins disposant de 2000Km d’autonomie et d’un emport
de deux tonnes de bombes.
Le
bilan des 5 premiers mois de guerre pour les zeppelins.
Les
expéditions menées par les Zeppelins en 1914, ont pour
objectif prioritaires des cibles militaires. Mais les fréquentes
erreurs de navigation, la force du vent et la précision très
aléatoire due aux méthodes rudimentaires de bombardement,
ne manque pas de faire des dégâts collatéraux. De
nombreuses victimes parmi les civils innocents sont rapidement déplorées.
Alors que la France et la grande-Bretagne n’ont tiré qu’un
bénéfice négligeable de leurs dirigeables, l’Allemagne
du Kaiser avec ses Zeppelins géants est en passe de réussir
à terroriser les populations civiles et à déstabiliser
les militaires par des alertes multiples et des bombardements nocturnes
meurtriers. Hormis les nuits de pleine lune ou de tempête qui
interdisent aux dirigeables de voler, chaque nuit peut sans préavis,
se teinter d’angoisse et de cauchemar. Fin 1914, seul les britanniques
ont pour l’instant été épargné par
les raids. Les alliés cherchent une parade pour contrer au plus
vite les attaques. On met au point les projecteurs de recherche en altitude
et on développe l’artillerie antiaérienne pour tenter
de protéger les cités. L’aviation n’est pas
encore considérée comme une arme de combat mais plutôt
comme un service de renseignement. Il faudra encore des mois avant que
la chasse soit développée et dispose d’appareils
capables d’atteindre l’altitude où évoluent
impunément les Zeppelins.
Sur
le plan militaire, l’Armée qui alignait 10 Zeppelins en
a perdu 8 (soit un taux de perte de 80 %). Mais elle en a reçu
trois nouveaux entre le 3 août et le 31 décembre (LZ-26,
LZ-29 et LZ-30). Elle ne dispose donc au 1er janvier 1915 que de cinq
machines. La Marine, faiblement dotée (un seul dirigeable à
l’entrée en guerre) a perçu cinq nouveaux dirigeables.
En dehors de sa participation active à la bataille navale d’Héligoland,
ses missions ont été cantonnées à la lutte
anti-sous-marine, le repérage des champs de mines navals et la
reconnaissance. Malgré le raid de Cuxhaven qui a visé
ses installations le 25 décembre, sa flotte de Zeppelins demeure
intacte et elle peut se targuer de disposer, début 1915, de la
totalité de son potentiel avec six machines opérationnelles.
C’est très probablement cette différence de disponibilité
en matériel qui décidera le Kaiser à confier à
la Marine, le premier raid contre l’Angleterre, le 19 janvier
1915.
Chronologie des
pertes de l’armée en 1914 :
13
juin 1914 : Le LZ-19 est gravement endommagé lors d’une
tempête. Il ne sera jamais remis en état.
6
août 1914 : Le LZ-21 est endommagé à basse altitude,
lors du bombardement sur Liège. Il tente de rejoindre Cologne
mais son arrière baisse dangereusement. Il s’abat dans
une forêt près de Bonn, provoquant sa destruction.
14
août 1914 : Le lieutenant aviateur français Cesari et le
caporal Prudhommeau attaquent les hangars à Zeppelin sur le terrain
de Metz-Frescaty. Leurs bombes mettent le feu à la structure,
détruisant le LZ-9 et le LZ-12, alors que les deux zeppelins
jugés obsolètes, viennent d’être réformés
par l’Armée.
21
août 1914 : Les Zeppelins LZ-22 et LZ-23 sont abattus par le feu
de l’infanterie et de l’artillerie Françaises, durant
une reconnaissance au-dessus de l’Alsace. Le LZ-22 est forcé
d’atterrir en Lorraine, près de St Quirin.
Le LZ-23 est atteint par des projectiles d'une batterie de 75mm du 65ème
Régiment d'Infanterie Territoriale, au dessus de Badonviller.
Il doit se poser d’urgence derrières les lignes françaises,
au lieu dit « Les Colins ». L’équipage ne parvient
pas à l’incendier et 4 hommes seront fait prisonniers.
Le trophée est «pillé» par les soldats français.
06
septembre 1914 : Pendant la bataille de Tannenberg, le LZ-20 dirigé
par le commandant Lohmüller est abattu par l’artillerie russe.
Il atterrit à Mlawa (actuelle Pologne) et son équipage
est fait prisonnier alors qu’il tente de mettre le feu au dirigeable
endommagé.
8
octobre 1914 : Le LZ-25 qui a déjà mené des missions
de bombardement dans le Nord de la France est détruit dans Son
hangar par une bombe britannique, lors du raid aérien sur Düsseldorf
(larguée par le Sopwith Tabloïd du Flight Lieutenant Reginald
Marix, RNAS). Il fut le dernier Zeppelin produit avant guerre.
L’année
1914 prend fin avec un dernier bombardement en France, par temps de
brouillard. Nancy est frappé par surprise le 26 décembre
et reçoit 7 bombes sur le cour Léopold. Les vitraux de
la Basilique Saint Epvre sont pulvérisés et on dénombre
2 tués. Dès le début de l’année 1915,
de nouveaux Zeppelins vont sortir des usines allemandes, trois pour
l’Armée (LZ-34, LZ-35 et LZ-36) et un pour la Marine (LZ-36).
Leurs effectifs opérationnels sont donc portés à
huit dirigeables chacun. Mais en regard des pertes subies et du coup
unitaire très élevé (environ dix millions de marks),
les résultats obtenus par les Zeppelins ne sont pas très
encourageants.
Certes, la Pologne, la Belgique et la France ont fait l’objet
de raids parfois meurtriers (notamment à Varsovie, le 09 décembre,
où 18 bombes font 90 morts et 50 blessés). Mais les dégâts
sont, somme toute, minimes. L’impact psychologique sur la population
civile est par contre sans précédent. Il n’est guère
difficile d’imaginer la peur de tous ces hommes et ces femmes,
n’ayant bien souvent rien vu d’autres dans le ciel que des
oiseaux. Combien de nuit d’angoisse vont-ils subir, en entendant
au-dessus de leurs têtes le vol de mastodontes, capables de pulvériser
le quartier où ils vivent ! Les allemands ne tardent pas à
tirer partie de cette terreur inspirée par le Zeppelin. Bientôt
ils envoient leurs zeppelins attaquer les grands centre ennemis.
Le bombardement stratégique vient de naître…
II
- 1915 : les raids continus pour affaiblir les deux grandes puissances
alliées.
Un
objectif ambitieux qui s'avère ruineux.
Après
les résultats encourageants constatés lors du raid mené
par 3 Zeppelins sur Great Yarmouth (l’un d’entre-eux devra
faire demi-tour, suite à des problèmes techniques) et
d’autres villes du Comté de Norfolk, l’Etat-major
allemand va généraliser les bombardements contre ses ennemis.
Il tente d’instaurer une terreur psychologique chez les civils
et d'amoindrir le potentiel industriel de ses adversaires. Le ciel désormais
appartient à sa force aérienne qu'il utilise intensivement
pour tenter de couper les voies d’approvisionnement britanniques
vers la France. Pour les aérostiers, il s'agit désormais
de réduire les distances et le temps de vol en installant des
bases de Zeppelins en territoire occupé. Dans ce but, les allemands
transforment un terrain d’aviation au Nord-ouest de Bruxelles.
Celui-ci sera opérationnel dès juin 1915. Il s’agit
de la base de Haren-Evere où est implanté un gigantesque
hangar, d’une dimension de 180 m de long, 22 m de haut et 34 m
de large.
L’Allemagne attaque conjointement la France et l’Angleterre
dès le premier mois de 1915. L’apparition rapide de nouveaux
Zeppelins (10 nouveaux dirigeables, numérotés de LZ-34
à LZ-43, sortent des ateliers pendant les six premiers mois de
l’année) permet d’intensifier les raids. Une véritable
terreur va bientôt régner dans les villes.
Le Zeppelin est vu partout, de jour comme de nuit. Des policiers confondent
des nuages allongés avec des aérostats en approche. Cela
imprécisions provoquent même parfois des erreurs et des
tirs fratricides ! Déjà dans le secteur de Reims, le 24
août 1914, le dirigeable français « Dupuy de Lôme
» a été abattu par erreur par l’artillerie.
D’autres tragiques méprises similaires ont lieu et se traduisent
par la destruction du « Mongolfier » puis du « Conté
», ce qui conduit le commandement français à faire
suspendre tous ses vols de dirigeables.
Les bombardements
sur le territoire français.
En
France, Les allemands s’en prennent aux ports où débarquent
troupes et matériels, aux villes du Nord et de l'Est et à
la région parisienne. Calais, la nuit du 23 février est
la cible du Zeppelin LZ-29. La gare des Fontinettes et les voies ferrées
sont bombardées à 04h20, mais elles ne subissent que de
légers dégâts. Une bombe tombe néanmoins
sur une habitation, occasionnant 5 morts. Le couvre-feu est établi
à la suite de l'attaque. Dès le 5 mars, des observateurs
signalent de nouveau des Zeppelins au dessus de Calais mais également
à Boulogne. Il s’agit en fait d’un raid programmé
contre la Grande-Bretagne. Le même jour, le LZ-33 s'écrase
près d'Ostende après avoir été touché
par des tirs au-dessus de Nieuport. Son objectif était effectivement
les côtes britanniques. Paris, la capitale, est prise pour cible,
dès le 07 mars 1915. Une autre tentative est faite dans la nuit
du 20 au 21, sans plus de résultats. Un des deux dirigeables
a été immédiatement pris dans le faisceau des projecteurs,
placés près de la tour Eiffel. Une autre attaque le 22
mars visera la gare St Lazare et la gare du Nord. Calais et sa gare
ferroviaire sont bombardés à nouveau le 18 mars, par le
LZ-26 alors que la ville est masquée par le brouillard. Le Fort-Nieulay,
les voies de chemin de fer, le boulevard Gambetta ainsi que la cathédrale
Notre-Dame sont touchés. On déplore 7 tués et 10
blessés. La « cité des bourgeois » connaît
encore un raid le 21 mars mais sans subir de dégâts cette
fois.
Elle se trouve bombardée une 4ème fois, le 17 mai. Le
Zeppelin lâche ses bombes sur le Fort Nieulay, faisant quelques
victimes. Il est cependant atteint par l’aviation et regagne péniblement
sa base de Maubeuge.
Nancy connaît un second raid dans la nuit du 11 au 12 avril. Sept
bombes allument des incendies dans la ville mais ne font pas de victimes.
Le 13, c’est Bailleul dans le Nord qui est bombardé par
le LZ-35, du Commandant Masius.
Il y aura 4 tués. Devenu la proie de l’artillerie, ce Zeppelin
tombe près d’Aeltre en Belgique, au niveau du pont qui
franchit le canal de Bruges à Gand. Quatre hommes de l'équipage
sont tués et tous les autres sont blessés. Le 26 avril,
un quartier populaire de Calais est de nouveau frappé, il y a
30 victimes, tués et blessés dont de nombreux enfants.
Le
07 juin 1915 cependant, l’action courageuse d’un pilote
du RNAS va éviter à cette ville de subir un énième
raid.
Ce jour-là, quelques appareils du 1st Squadron RNAS ont quitté
leur base de Dunkerque pour une mission de bombardement, sur la nouvelle
base de Zeppelins de Haren-Evere. Sur l'objectif, les aviateurs parviennent
à toucher un hangar. L’incendie provoqué détruit
le LZ-38, auteur du premier raid contre Londres et d’autres contre
Harwich, Ramsgate et Southend on Sea. Mais un autre dirigeable, Le LZ-37
a échappé à l’attaque car il a décollé
un peu auparavant, pour une mission de bombardement sur Calais. Il se
trouve au large des Flandres quand il est repéré par les
appareils du RNAS rentrant de leur raid. Le Flight Sub-Lieutenant Reginald
Alexander John Warneford, à bord de son Morane-Saulnier Type
L, dispose encore de 6 petites bombes. Il prend en chasse le dirigeable
jusqu’au dessus du secteur de Gand, puis, malgré les tirs
de mitrailleuses, tente de piquer vers lui et de lâcher se bombes
sur l’enveloppe. La dernière atteint son but et incendie
le LZ-37 sur toute sa longueur.
Une explosion extrêmement violente désintègre alors
le Zeppelin dont les débris tombent aux alentours du Couvent
St. Elizabeth, sur le Mont Saint Armand.
Celle-ci souffle également le chasseur britannique en lui coupant
son moteur. Warneford parvient néanmoins à rattraper son
piqué mortel, puis atterrit sans casse. Après 35 minutes
de réparation, il décolle à nouveau pour rentrer
vers sa base. Le jeune pilote est décoré de la Victoria
Cross pour son attaque héroïque. Il se tue accidentellement
le 17 juin, alors que le Maréchal Joffre vient de lui remettre
la Légion d’honneur.
D’autres bombardements auront encore lieu sur le sol français,
comme à Nancy et à Calais, le 28 juillet.
Calais déplore peu de dommages mais Nancy compte une douzaine
de victimes.
L’appui
symbolique des dirigeables Schütte Lanz.
En
1915, la Luftschiffbau Schütte-Lanz, est l’autre compagnie
allemande spécialisée dans les dirigeables rigides.
Elle a été créée après le désastre
du LZ-4, en avril 1909, par le professeur Johann Schütte et l’industriel
Karl Lanz. Leurs travaux ont porté essentiellement sur l’amélioration
des performances, du design et de l’aérodynamisme des dirigeables
militaires. La structure du Schütte-Lanz est en bois et reprend
le principe de celle du Spiess français.
L’Allemagne qui en a déjà acquis un premier exemplaire
en 1912, le SL-1. Lors de son entrée en guerre, elle doit accroître
au plus vite sa dotation en dirigeables et fait alors appel à
cette compagnie parallèlement à la Luftschiffbau Zeppelin.
Mais les Schütte-Lanz vont se révéler d’une
grande fragilité, notamment au service de la Marine.
Leur structure en bois supporte très mal le climat marin et l’humidité
fréquente régnant sur les bases d’aérostats
de la mer du Nord. Au début de la guerre, seul le SL-2 est opérationnel,
son prédécesseur le SL-1, ayant été détruit.
Cinq dirigeables (de 153 à 162m de longueur) seront produits
au cours de l’année 1915 (numérotés de SL-3
à SL-7). Leur appui à la flotte de Zeppelins va se révéler
peu efficace. Trois Schütte-Lanz seront perdus avant la fin de
1915 dans des conditions accidentelles.
Le SL-5 endommagé par mauvais temps lors de son second vol, est
forcé d’atterrir à Giessen (Grand Duché de
Hesse). Il ne peut être remis en état et sera déclassé
le 5 juillet 1915.
Le SL-6 (D-1), affecté à la base navale de Seddin, en
Poméranie, est entièrement détruit le 10 novembre.
Les causes de son explosion demeurent inconnues. Enfin, Le SL-4 (C-2)
opérant sur le front Est, est perdu le 14 décembre lorsque
la toiture de son hangar s’effondre sur lui, suite à une
accumulation de neige.
Malgré les faibles résultats obtenus, le Kaiser fait appel
à la Schütte-Lanz pour produire 8 dirigeables en 1916 afin
de maintenir son potentiel de bombardement stratégique.
Le caractéristiques des Zeppelins sont modifiées une nouvelle
fois à la fin du premier semestre 1915. A compter de juin, les
versions sortant d’usine seront des types P, à l’allure
plus effilée que le type M. Ces dirigeables ont une longueur
de 163,5 mètres et un diamètre de 18,70 mètres.
Ils sont équipés de 4 moteurs Maybach HSLu qui leur confèrent
une vitesse de croisière de 97 km/h. Le premier de la série
est le LZ-41. Il devient le L-10 pour être confié à
la Marine.
Les type M sont produits en même temps que le type Q, version
mise au point à la fin de 1915. Les type Q ont une enveloppe
du même diamètre que le M mais il sont un peu plus long
(178,5 mètres) et surtout moins rapides.
Tenter de mettre
à genoux l’Angleterre.
Après
Great Yarmouth, d’autres centres importants de Grande-Bretagne
reçoivent la « visite » des Zeppelins. Newcastle
on Tyne, le 13 avril, est touché par une douzaine de bombes qui
tombent sur son arsenal et sur les dépôts de la Navy. Aucune
victime n’est à déplorer. Le lendemain, la côte
Nord-Est est visée et Blyth, Wallsend, et South Shields sont
bombardés. Les allemands ambitionnent la destruction des centres
industriels et des chantiers navals sur la Tyne. Le 16, les bombes pleuvent
sur Lowestoft et Maldon ; deux chevaux sont tués et un immeuble
est détruit.
Les raids s’intensifient et le 26 avril, trois sont menés
contre Canterbury, Sittingbourne et Faversham. Le 27, c’est le
secteur de Colchester qui reçoit sept bombes. Les frappes sont
de plus en plus proches de Londres.
Le 11 mai 1915, après le début des offensives en Artois,
le Haut Commandement allemand ordonne des attaques de dirigeables continues
sur l'Angleterre. Les Zeppelins effectuent leur premier bombardement
sur Londres, le 31 Mai 1915. Celui-ci, mené par le tout récent
LZ-38 (mis en service le 03/04/1915) du Hauptmann Erich Linnarz, fait
7 victimes (4 enfants, une femme et deux hommes). 35 autres civils sont
également blessés et les dégâts matériels
provoqués par les 1500Kg de bombes incendiaires et conventionnelles
sont importants (une bombe tombe sur Trafalgar Square). Ils sont estimés
à 19000 livres. Les tirs rageurs mais impuissants des batteries
antiaériennes, placées autour de la ville, ne fait qu’accroître
la détresse et le sentiment d’apocalypse de la population
civile.
De nombreux éclats et billes de plomb (shrapnells), retombent
en pluie sur la capitale, mutilant des bâtiments et blessant quelques
personnes. Le raid sur Londres a surtout un sérieux impact psychologique
sur la population de la capitale. Les civils savent maintenant qu'ils
ne peuvent plus compter sur la mer entourant leur royaume ou sur leur
puissante marine pour être protégés de toute attaque.
Le cœur de l'empire, pourtant bien éloigné du front,
se trouve désormais exposé aux horreurs de la guerre.
Le printemps 1915 est assez clément et permet la multiplication
de raids nocturnes. Bientôt, plusieurs secteurs sont touchés
par les Zeppelins (Edinburgh, Gravesend, Sunderland, les Midlands, le
Home Counties et de nouveau Great Yarmouth). Les villes situées
à l’embouchure de l’Humber sont attaquées,
ainsi que le port d’Hardwich qui subit des destructions importantes.
Le gouvernement britannique préfère passer ce raid sous
silence pour ne pas reconnaître que mêmes ses bases navales
ne sont plus à l’abri des frappes. La presse reçoit
l'ordre de ne pas ébruiter les effets des bombardements pour
ne pas « renseigner les allemands ». Dans la nuit du 6 juin,
la côte Est de l’ île est de nouveau la cible des
sinistres dirigeables. Les dégâts sont cete fois considérables.
On dénombre 24 tués et 40 blessés.
Parfois, les objectifs visés sont le fruit d’un pur hasard.
Le 13 Octobre, par exemple, le Zeppelin L-16 commandé par l’Oberleutnant
zur See Werner Petersen reçoit pour mission de bombarder à
l’Est de Londres, le secteur de East Ham et de West Ham, puis
de faire mouvement au Nord pour Bombarder Stratford. Le dirigeable se
perd, et largue finalement 18 bombes explosives et 30 incendiaires sur
Hertford. Le bilan sera de 9 tués et 15 blessés. Les anglais
vont encore subir 19 autres raids de Zeppelins en 1915 durant lesquels
quelques 37 tonnes de bombes seront larguées et occasionneront
636 victimes (181 tués et 455 blessés).
Bilan et leçons
de l’année 1915.
Marine :
LZ-27
(L-4) : Pris dans une tempête, est obligé d’atterrir
à Blavandshuk, au Danemark, le 17 février 1915.
L’équipage est interné mais 4 hommes parviennent
à fuir.
LZ-24
(L-3) : Pris le 16 février dans une tempête de neige fondue,
tombe en panne de moteur et doit se poser au Danemark (Ebsjerg). 16
hommes d’équipage sont internés. Le dirigeable est
détruit le 17 février 1915 lors d’un fort coup de
vent.
LZ-33
(L-8) : Endommagé par tir de mitrailleuses lors d’un combat
aérien au dessus de Nieuport. Il s’écrase dans une
forêt à Tirlemont, au Sud d’Ostende, le 4 Mars 1915.
21 membres d’équipage sont tués.
LZ-28
(L-5) : Opère dans le secteur Nord de la mer Baltique. Touché
le 06 août 1915 par des tirs antiaériens russes, est forcé
de se poser. Les dégâts sont irréparables.
LZ-43
(L-12) : Commandé par l’Oberleutnant zur See Werner Petersen
est sérieusement endommagé par la DCA au-dessus de Douvres,
le 10 août 1915, alors qu’il rentre d'un raid sur Londres,
Harwich et la région de l’Humber.
Il s’abîme en mer mais parvient à être remorqué
par un bateau allemand jusqu’à Ostende où il est
détruit par le feu. Petersen prendra plus tard le commandement
du L-16.
LZ-40
(L-10) : Dirigeable ayant participé au premier raid sur Londres.
Détruit le 3 septembre 1915, après avoir été
touché par la foudre près des îles de Neuwerk (secteur
de Cuxhaven).
LZ-52
(L-18) : Brûle accidentellement dans son hangar, sur la base de
Tondern, le 17 novembre 1915.
Armée
:
LZ-29
: Tente de rentrer alors qu’il est mortellement touché
par les défenses antiaériennes, lors du raid sur Paris,
le 21 mars 1915. S’abat aux environ de St Quirin (Moselle).
LZ-35
: Touché le 13 avril 1915, par le feu ennemi lors d’un
raid sur Bailleul et Poperinghe. Atterrit d’urgence à Aeltre
(Belgique). Il est ensuite achevé par une tempête.
LZ-30
: Opère en Pologne lors de raids contre Varsovie et Grodno. Détruit
accidentellement le 20 mai 1915.
LZ-38
: Détruit dans son hangar, sur la base de Haren-Evere, le 07
juin 1915, lors du raid du 1st Sqd RNAS.
LZ-37
: Détruit en combat aérien le 07 juin 1915, par le Flight
Sub-Lieutenant Reginald A. E. Warneford, 1st Sqd RNAS.
LZ-34
: Opère sur le front Est. Gravement endommagé par tirs
ennemis le 21 juin 1915. Détruit par incendie suite à
son atterrissage forcé près d'Insterburg. (Russie).
LZ-47
(LZ-77) : Gravement touché par un projectile durant le raid sur
Londres dans la nuit du 14 au 15 septembre 1915. Rejoint sa base miraculeusement.
Il est réparé et remis en service en janvier 1916.
LZ-11
(Victoria Luise, Ex DELAG) : Devenu dirigeable école, est détruit
le 1er octobre 1915, suite à une rupture de l’enveloppe,
lors d’une tentative d’amarrage à son hangar.
LZ-44
: Victime d’un crash le 08 octobre 1915, il percute une colline
par mauvais temps. Classé irréparable, il est démantelé.
LZ-39
: Endommagé sérieusement par shrapnells lors de l’attaque
sur Rovno (Ukraine), le 17 décembre 1915.
Le dirigeable rejoint une base d’atterrissage d’urgence
mais il ne peut être réparé.
Concernant
la Marine, 7 Zeppelins ont été détruits sur une
flotte opérationnelle qui en compte 19, (4 sur les 13 nouveaux
mis en service en 1915). Soit un taux de perte avoisinant les 37%, dont
la moitié est due à des accidents.
L’Armée qui alignait une flotte de 18 dirigeables, en a
perdu 10 (5 détruits et 1 endommagé sur les 13 entrés
en service en 1915). Deux ont été perdus par accident.
Son taux de perte est de plus de 55%. Les dommages subis par les deux
Armes sont donc très importants et force est de constater que
les Zeppelins sont particulièrement vulnérables aux mauvaises
conditions météorologiques. Le bilan total de 1915 est
de 17 Zeppelins détruits dont seulement 7 en opération
(le LZ-47 endommagé sera remis en service). Ceci représente
bien plus du tiers du potentiel de bombardement (37 dirigeables). La
flotte d'aérostats n’a obtenu que peu de succès
probants. On note toutefois l’attaque audacieuse du Zeppelin L-9,
dirigé par le Commandant Mathy. Le 30 avril 1915, il s’attaque
à trois sous-marins britanniques et en endommage sérieusement
un, au niveau de son kiosque.
L’Angleterre a été la cible principale des bombardements,
subissant une vingtaine de raids. 37 tonnes de bombes ont été
larguées sur son territoire, tuant 181 personnes et en blessant
455. La France a également connu une douzaine d’attaque.
La guerre sous-marine à outrance et les bombardements de Zeppelins
font peser une menace très sérieuse sur le potentiel industriel
britannique et sur l’acheminement des troupes et des matériels
vers le front Ouest.
Pour les britanniques, il s’agit de changer la donne au plus vite
et de casser le mythe de l’invulnérabilité allemande.
Vers la fin de 1915, le Haut Commandement anglais donne l'ordre d’attaquer
les complexes industriels allemands.
Le 41st Wing est créé avec des unités du Royal
Naval Air Service et du Royal Flying Corps. Les missions de ces deux
services aériens sont redéfinies. Le R.N.A.S, opérant
le plus souvent à partir de la France (Dunkerque), se chargera
des bombardements stratégiques et le R.F.C s’attachera
plus particulièrement au soutien des actions d'infanterie sur
le front Occidental. La Navy quant à elle, reçoit la difficile
mission de localiser puis d’attaquer les bases de Zeppelins. Dans
ce but, elle transforme d’anciens navires afin de disposer d’une
force aéronavale conséquente, avec un rayon d’action
adéquat. En Angleterre, des Squadrons de chasse, en réserve,
sont placés en alerte sur des aérodromes à proximité
des grands centres. On tente de mettre au point des appareils plus performants
dont la motorisation permet de prendre de l’altitude beaucoup
plus rapidement. Côté armement, le Lieutenant de vaisseau
Yves Le prieur commence ses travaux pour mettre au point une fusée
explosive, emportée par avion et destinée à détruire
les Zeppelins.
Les français ont entrepris quelques attaques audacieuses. Le
26 mai 1915, 17 biplans Voisin du 1er Groupe de Bombardement effectuent
un raid sur des cibles militaires à Ludwigshafen, en Allemagne.
De nouveau le 25 août, 62 bombardiers français participent
à une attaque massive contre les haut-fourneaux dans la zone
de Dilligen.
Les belges qui souhaitent également chasser la menace ennemie
de leur ciel, ont créé leur propre aviation depuis 20
mars 1915.
Le
vieux Graff von Zeppelin reconnaît lui-même que ses dirigeables
ne sont pas le moyen le plus adapté pour le bombardement stratégique.
Il admet volontiers que les résultats obtenus en regard des pertes
subies est bien faible.
Il croit beaucoup plus au développement d’avions bombardiers
géants et sa compagnie la VGO (Versuch Gotha Ost) s’échine
depuis plusieurs mois à mettre au point un appareil expérimental.
Ce prototype du bombardier lourd allemand Zeppelin-Staaken VGO1 vole
pour la première fois le 11 avril 1915. Il sera rebaptisé
Zeppelin-Staaken R1. Claudius Dornier travaille aussi sur un projet
d’Hydravion géant. Le 21 décembre, il tente de faire
voler son Zeppelin-Lindau RsI sur le sur le lac de Constance, mais il
ne parvient pas à atteindre la vitesse de décollage.
III - La terrible
année 1916.
L’année
1916, tournant de la guerre va voir les forces en présence se
déchirer dans de longues batailles d’usure au prix humain
dantesque (Verdun, La Somme). Le Kaiser compte encore beaucoup sur ses
Zeppelins pour étouffer et mettre à genoux ses ennemis.
Mais les bombardements des alliés sur les sites de production
gagnent en efficacité.
Le pôle de Friedrichshafen devient trop vulnérable et les
usines sont réparties en plusieurs points (Löwenthal, Postdam,
Staaken), très en retrait du front. De ces fabriques sortiront
de nouveaux types de dirigeables, à la taille phénoménale,
au rayon d’action et à l’emport en charge mortelle
encore accrus. La stratégie de bombardement évolue dans
la seconde moitié de l’année. Les cibles militaires
et industrielles sont peu à peu délaissées et ce
sont les grands centres civils qui deviennent la cible privilégiée
des Zeppelins. Désormais, seule la terreur compte et les alliés
n’auront pas assez de mots pour qualifier les frappes aveugles
des dirigeables. En Grande-Bretagne, on parle de piraterie, de terrorisme,
de tueurs de femmes et d’enfants. Des attaques aériennes
de représailles seront menées au cœur de l’Allemagne.
Durant cette année terrible, l’Angleterre va encore recevoir
125 tonnes de bombes. Le bilan humain sera de 293 tués et 691
blessés. En 1916, la guerre devient totale sur terre, sur mer
et dans les airs. Les Zeppelins opèrent désormais sur
tous les fronts, dès que le temps le permet…
Le
Zeppelin tueur de Salonique.
Depuis
octobre 1915, les alliés, sous le commandement du Général
Maurice Sarrail, ont ouvert un front Oriental en utilisant les troupes
rembarquées des Dardanelles. Ils se sont englués dans
l’expédition de Salonique afin de porter main forte aux
serbes, envahis par les armées austro-allemandes et bulgares.
Salonique devient un puissant camp retranché qui compte plusieurs
centaines de milliers de soldats et dont l’approvisionnement se
fait par la mer.
Afin d’ harceler cette important tremplin allié, une base
de Zeppelins est hâtivement installée en 15 jours à
Temesvar, dans le sud de la Hongrie. Mais le LZ-81, chargé de
harceler Salonique, connaît de nombreux problèmes mécaniques
et échoue dans toutes ses tentatives d’attaques. Le 27
janvier 1916, c’est donc le LZ-85 arrivant de Russie et commandé
par le capitaine Ernst Scherzer, qui va prendre en compte le secteur
d’opérations. Il effectue son premier raid dans la nuit
le 31 janvier au 1er février 1916. Il arrive par la mer, au sud
et trouve la ville entièrement illuminée ! Il bombarde
alors la préfecture, le port, ses navires et ses installations
dont des soutes à munitions, puis les casernes au nord-ouest.
Cinq bombes tombent dans l’eau, mais il y a de nombreuses victimes
civiles et militaires grecques dans les rues. A la suite de son exploit,
le LZ-85 sera sinistrement surnommé « Le Zeppelin tueur
de Salonique ».
Une seconde tentative d’attaque avorte dans la nuit du 8 au 9
février. Un vent furieux se lève et contraint le LZ-85
à un atterrissage forcé, au cours duquel une des nacelles
est endommagée. Les avaries subies rendront le dirigeable indisponible
pendant trois semaines. Le 17 mars 1916, le LZ-85 décolle pour
un nouveau raid sur le port. En raison des conditions météorologiques,
il est contraint à voler à basse altitude ce qui le met
à portée des batteries antiaériennes. Pourchassé
par l’aviation et touché, le dirigeable rebrousse chemin
sans pouvoir atteindre son objectif.
Il lance quelques bombes qui tombent en pleins champs, près des
villages de Vatiluk, Bunardje et Hares.
Elles ne causent pas de dégât. Plusieurs autres tentatives
échoueront en raison des mauvaises conditions climatiques. Son
dernier raid a lieu le 5 mai 1916. En passant au-dessus de la rade de
Salonique, le Zeppelin est atteint par un premier tir provenant du pont
avant du H.M.S. Agamemnon, puis par le "Torpedo boat" TB18
et enfin par les projectiles de la 23ème section d'autos-canons.
Le dirigeable s'écrase dans les marécages de Koulakia,
à l'Ouest de la ville. L'équipage, avant d’être
fait prisonnier par la cavalerie Française, a le temps d’y
mettre le feu afin qu'il ne tombe pas entier dans les mains de l'ennemi.
Le grand Raid
sur Paris.
Dans
la soirée du 29 janvier 1916, deux zeppelins, les LZ-77 (LZ-47)
et LZ-79 (LZ-49) prennent leur envol pour mener un raid sur Paris. Le
LZ-77 (LZ-47) survole Charleroi puis Maubeuge mais fait demi-tour en
raison de problèmes mécaniques.
Le LZ-79 (LZ-49), du commandant Geissert, poursuit sa mission et largue
18 bombes sur la capitale. On dénombre 26 morts et 32 blessés.
Les victimes auront droit à des funérailles nationales.
Les bombes sont surtout tombées dans le 20ème arrondissement,
dans le secteur des quartiers de Belleville et de Ménilmontant.
Une station de métro est également touchée. Lors
du trajet retour, le LZ-79, s’abat en Belgique. Le 30 janvier
1916, le LZ-77 est réparé.
Il retourne sur Paris avec d'autres dirigeables et revient sans problème
à son port d'attache près de Namur, ayant causé
peu de dégâts à la capitale. Un des dirigeable (LZ-49),
néanmoins touché très sérieusement, sera
classé irréparable. Ce sera le dernier raid de zeppelins
contre la capitale française. Mais les bombardements continueront
d’abord avec le fameux canon « Grosse Bertha », puis
avec les incursions des bombardiers géants Gotha.
L’utilisation de ces deux dernières armes se révélera
plus efficace, plus meurtrière et bien moins coûteuse que
celle de dirigeables rigides.
Les Zeppelins
dans le secteur de Verdun.
En
janvier 1916, les allemands projettent d’envoyer leurs zeppelins
bombarder Le Creusot pour détruire les installations minières
et métallurgiques du groupe Schneider (concurrente de l'Allemand
Krupp). Le raid n’aura finalement pas lieu en raison de mauvaises
conditions météorologiques. L’ Etat-Major impérial
à pourtant d’autres projets ambitieux pour ses dirigeables.
Pour préparer son offensive décisive contre le saillant
de Verdun, il compte pilonner les voies de communications françaises
menant à la place forte. Le LZ-77 envoyé en mission dans
ce but, fin janvier, parvient à détruire l'important échangeur
ferroviaire d'Epernay. Alors que la terrible bataille de Verdun débute,
les allemands tentent de couper par bombardement le réseau ferroviaire
et d’isoler la Ville. Le 21 février, à la nuit tombée,
les zeppelins LZ-77 (LZ-47), LZ-95 (LZ-65), LZ-88 (LZ-58) et le Schütte-Lanz
SL-2 font leur apparition dans le ciel de Verdun. Ils prennent le relai
de l’aviation qui a attaqué plusieurs fois le secteur au
cours de la journée.
A Revigny sur Ornain, les bombardements font trois victimes civiles.
Mais la 17ème Section d'auto-canons est en position depuis 18
heures, à 500 m du passage à niveau de Vautrombois. Vers
20h30, elle détecte, grâce aux faisceaux de cinq projecteurs,
le LZ-77. Celui-ci longe la voie de chemin de fer Vouziers – Bar
le Duc avec pour objectif la gare de triage de Revigny. Une pièce
le prend pour cible et lui expédie 6 obus incendiaires alors
qu’il se trouve à une altitude de 2500m. Le dernier coupe
en deux le dirigeable qui commence à flamber. Touché à
mort, le LZ-77 lâche ses bombes sans chercher à atteindre
d’objectif et prend la fuite en direction de Brabant le Roi. Il
s’écrase quelques instants plus tard, dans un champ à
1,5 km au nord de ce village, à 100 mètres de la voie
ferrée principale. Les autres Zeppelins abandonnent leur mission
et retournent vers leurs bases. Au-dessus de Vitry le François,
le LZ-95 (LZ-65), entré en service 20 jours auparavant, est abattu
par la DCA française. D’autres attaques auront encore lieu
contre le territoire français, notamment à Etaples mais
aussi à Dunkerque, dans la nuit du 02 au 03 avril 1916. 9 bombes
sont larguées pour un bilan de 2 tués et 4 blessés.
La Grande-Bretagne
sous le Blitz.
La
nuit du 31 mars au 1er avril 1916, a lieu un nouveau raid des Zeppelins,
mais cette fois toutes les machines disponibles sont engagées,
ce qui ne s’est encore jamais produit. Deux escadrilles de six
Zeppelins bombardent les comtés de l’Est tandis qu’un
treizième Zeppelin, isolé, se dirige sur la côte
Nord-Est. Il s’agit du LZ-48 qui sera abattu par des tirs anti-aériens.
Le bilan de ce grand raid est lourd : 43 morts et 66 blessés.
Dans la nuit du 2 au 3 avril 1916, le Zeppelin LZ-46 (L-14) commandé
par le Kapitänleutnant der Reserve Aloys Böcker, bombarde
Edinbourg. Le quartier de Leith est principalement touché entre
23h30 et 00h15, avec 24 bombes qui pulvérisent notamment le célèbre
négoce de Whisky Innes and Grieves. L’attaque fait 11 tués
et 24 blessés. Trois hôtels sont endommagés ainsi
que la gare de Princes Street. Les Zeppelins cessent leurs bombardements
à 00h55 et s’éloignent sans rencontrer d’autre
opposition que quelques tirs de mitrailleuses désordonnés,
provenant des collines au Sud de la Ville. Au cours du raid, un autre
dirigeable le LZ-64 (L-22), commandé par le Kapitänleutnant
Martin Dietrich, bombarde également la ville sans défense,
vers 23h50. Les dommages sont faibles : quelques fenêtres soufflées
et des carreaux brisés.
Un troisième aérostat le LZ-59 (L-20), se trouve rapidement
à court de fuel lors du trajet retour. Il dérive et s’échoue
près de Stavenger (Norvège). Le Kapitänleutnant Stabbert
fait détruire le dirigeable. L’officier commandant et 15
hommes d’équipage seront faits prisonniers.
A
la fin de mai 1916, on dénombre environ 550 victimes civiles
britanniques tuées ou blessées lors des incursions de
Zeppelins. Progressivement la riposte britannique s’organise et
de nombreuses batteries antiaériennes sont déployées
pour protéger les grands centres urbains. Des escadrilles du
Royal Flying Corps sont également entrainées pour lutter
contre le fléau Zeppelin et des filets anti-bombardement sont
tendus un peu partout. L’aviation s’améliore et l’apparition
de chasseurs modernes comme le célèbre Spad VII et le
Sopwith Pup vont changer la donne.
La Navy se trouve en pleine mutation et songe à l’utilisation
de chasseurs embarqués pour remplacer ses vieux hydravions poussifs.
Elle a enfin localisé avec précision la base secrète
de Zeppelins de Tondern et prenant le risque de sortir la marine impériale
de sa torpeur, mène un coup de force avec quelques croiseurs,
le 04 mai 1916. Celui-ci sera payant : les tirs des croiseurs légers
HMS Phaeton et HMS Galatea atteignent le Zeppelin de la Marine LZ-32
(L-7) et l’incendient, alors qu’il quitte son hangar. Le
dirigeable est obligé de se poser en catastrophe sur l’eau
où il est achevé par le sous-marin britannique E.31.
Malgré tout, Londres est de nouveau frappée en mai 1916
(accidentellement) et l’Angleterre va connaître encore 23
autres raids. En juillet le Kaiser autorise les frappes aveugles sur
les centres urbains…
Des dirigeables
de plus en plus gigantesques.
A
partir de la fin du mois de mai 1916, on voit apparaître un nouveau
type de Zeppelin encore plus imposant que les précédents.
Il s’agit de dirigeables géants de type « R »,
long de 198 mètres et d’un diamètre avoisinant les
24 mètres ! Le premier déclaré opérationnel
sera le LZ-62 codifié L-30 par la Marine. 15 Zeppelins de ce
type sont produits entre 1916 et 1917. Leurs enveloppes rigides, cloisonnées
en 19 sacs, contiennent 55000 m3 d’hydrogène. Ils sont
dotés de 6 moteurs Maybach de 240 chevaux et leur vitesse de
croisière atteint 103 km/h. Ce modèle dispose également
d’un poste de mitrailleur, placé en toiture, vers le nez,
afin de lutter contre les attaques aériennes venant par dessus.
Le L-32 effectue en août sa première sortie en mer du Nord
et le 24 du même mois, il opère son premier raid sur l’Angleterre.
Un vent violent se lève et s’avère gênant.
L’opération devient périlleuse et le Zeppelin géant
ne peut atteindre Londres. Il se contente de larguer ses bombes sans
dommage sur des navires au large de Douvres et rentre indemne à
sa base d’attache. D’autres dirigeables fabriqués
avant guerre sont à cette époque, jugés obsolètes
et déclassés au cours de l’été puis
à l’automne comme le LZ-13 « Hansa » (ex DELAG),
le LZ-16 puis le LZ-17 « Sachsen » (ex DELAG). Le LZ-41
(L-11), conçu en 1915 est déclassé également.
La meute de Zeppelins,
une aubaine pour la chasse britannique.
L’Etat-major
allemand a conscience des pertes élevées subies par ses
aérostiers. Elle décide vers la fin 1916, de changer de
tactique. Désormais les Zeppelins n’agiront plus en isolés
ou en binôme. Pour chaque bombardement, une meute de 7 à
10 Zeppelins sera utilisée afin de mener à bien la mission
et d’obtenir des résultats tangibles.
Mais l’emploi de la meute se révèle un cuisant échec
avec d’emblée de nombreuses pertes pour lez Zeppelins.
L’aviation alliée s’affirme et revendique bientôt
plusieurs dirigeables à son tableau de chasse. Le ciel de Londres
devient un enfer pour les aérostiers. Le 2 septembre 1916, le
dirigeable Schutte-Lanz SL-11 est détruit dans le Nord de Londres
par le lieutenant W. Leefe-Robinson. Pour son exploit, le pilote obtient
la Victoria Cross. Le 24 septembre, c’est au tour du Zeppelin
LZ-74, au sein d’une meute de quatre dirigeables : LZ-72 (L-31),
LZ-74 (L-32), LZ-76 (L-33) et LZ-78 (L-34), d’être abattus
dans le même secteur. Le L-32, pourchassé, sera la victime
du Second Lieutenant Frederick Sowrey (HDS N° 39, R.F.C), aux commandes
d’un BE-2C. Il s’abat en flamme à Great Burstead,
dans l’Essex. Le L-33, touché par la DCA et traqué
par les appareils du Home Defense Squadron N° 39, n’aura guère
plus de chance : il tente de s’alléger au maximum mais
son commandant prend la décision de tenter un atterrissage d’urgence
près de Little Wigborough (Essex), plutôt que de tenter
de refranchir les côtes britanniques. L’équipage
ne parvient que partiellement à détruire le Zeppelin.
Le Génie en étudiant la carcasse détiendra bientôt
les bases qui lui permettront de mettre au point les dirigeables britanniques
de type R33 et R34.
Le
commandement allemand ne démord pas, il croit détenir
la bonne tactique d’emploi des dirigeables et renouvelle ses missions
suicides. L’après-midi du 27 novembre, dix Zeppelins appartenant
à la Marine (L-13, L-14, L-16, L-21, L-22, L-24, L-30, L-34,
L-35 et L-36), quittent leur base de Nordholz pour un raid d’envergure
sur l’Angleterre. L’objectif est les centres industriels
des Midlands. A peine décollé, le L-30, commandé
par le Kapitänleutnant Freiherr Treusch von Buttlar, subit une
avarie. Son moteur tribord arrière s’échauffe et
commence à brûler, le forçant à faire demi-tour.
En vue des côtes britanniques, la meute se scinde en deux. Le
premier groupe de 5 zeppelins atteint la côte entre Scarborough
et la rivière Humber, tandis que les 4 derniers zeppelins, montent
plus au Nord, en direction de la Tyne où ils sont bientôt
dispersés par les faisceaux des projecteurs qui les ont repérés.
Le L-34, rescapé de l’attaque du 24 septembre, lâche
13 bombes au-dessus de Black Halls Rocks, à 23h30. Son tir encadre
les projecteurs de recherche mais ne les détruit pas. Il atteint
ensuite West Hartlepool et largue 16 autres bombes qui endommagent quelques
habitations, tuent 4 personnes et en blessent 11 autres. Mais sur la
base de Seaton Carew, l’escadrille n° 36 du Royal Flying Corps
est en alerte. Le Zeppelin à 2800 mètres d’altitude
a été repéré par les projecteurs. Un BE-2C,
piloté par le Lieutenant Ian Vernon Pyott monte bientôt
à sa rencontre. L’appareil est à son altitude maximum
et Pyott ne peut que tirer vers la queue du dirigeable qui tente de
prendre plus de hauteur et l’accueille avec toutes ses mitrailleuses.
Alors que le pilote croit que le Zeppelin va s’échapper,
celui-ci rougeoie, s’enflamme et explose en une boule de feu.
Le L-34 tombe à la mer, à l’embouchure de la rivière
Tees. Après la perte du dirigeable, les trois autres zeppelins,
font immédiatement demi-tour, sans bombarder.
Le
second groupe d'attaque ne parvient guère mieux à effectuer
sa mission de bombardement. Le L-14, commandé par le Hauptmann
Kuno Manger, arrose Mappleton de ses 44 bombes mais ne touche quasiment
rien. Le L-22 endommagé par l’explosion de shrapnells,
tiré par la DCA du secteur de Howden, subit une perte de pression
de son enveloppe.
Son commandant, le Kapitänleutnant Heinrich Hollender, comprend
qu’il ne pourra revenir à Nordholz. Il se dirige vers une
base plus proche et subit des dommages alors qu’il atterrit d’urgence
à Hage. Le L-13 largue 24 bombes dans les champs aux alentours
Barmby Moor. Près de York, il est pris dans un barrage dense
de DCA. Il se débarrasse prestement de ses deux dernières
bombes explosives et de 21 incendiaires sur les sorties Est de la ville.
Il y a deux blessés et quelques maisons sont soufflées.
Le L-16 qui doit bombarder le secteur entre Barnsley et Wakefield attaque
en fait au hasard les Comtés de l’East Riding et du West
Riding sans faire de dommages ou de victimes. Allégé de
ses 39 bombes, il repasse la côte au niveau de Scarborough, poursuivi
par la DCA. Enfin, Le L-21 se trouve rapidement en difficulté.
Repoussé vers le Nord, par les tirs antiaériens, au-dessus
d’Atwick, il largue finalement une bombe sur Kidsgrove, trois
sur Goldenhill et trois autres sur Tunstall. Il est bientôt décelé
par des chasseurs du RNAS. Trois BE-2C le prennent à partie et
parviennent à l’abattre, alors qu’il vient de repasser
la côte à Lowestoft. Pour leur action, le Flight–Lieutenant
Egbert Cadbury et le Flight Sub–Lieutenant Gerard William Reginald
Fane se verront remettre la Distinguished Flying Cross. Le Flight Sub–Lieutenant
Edward Laston Pulling sera décoré de la Distinguished
Service Order. Le L-31, dernier rescapé de l’attaque du
24 septembre est détruit dans les mêmes conditions au Nord
de Londres, par le Lt V. Tempest. Heinrich Mathy, le premier capitaine
de dirigeable allemand périt avec la totalité de son équipage,
lors de ce combat.
Des
pertes colossales de dirigeables pour l’année 1916.
LZ-79
(LZ-49) : Touché lors d’un raid sur Paris, se crashe à
Ath (Hainaut belge), lors de son atterrissage d’urgence, le 30
janvier 1916. Classé irréparable.
LZ-47
(LZ-77) : Abattu par la DCA française à Revigny, le 21
février 1916.
LZ-55
(LZ-85) : Touché par l’artillerie de l’HMS Agamemnon,
le 05 mai 1916, il s’échoue dans les marais de Warder (Hollande
septentrionnale).
SL-10
: Basé à Yambol (Bulgarie), disparait lors de l’attaque
de Sebastopol (Ukraine), le 28 juillet 1916, peut-être victime
d’une tempête.
SL-11
: Détruit en combat aérien, au Nord de Londres, le 2 septembre
1916.
LZ-56
(LZ-86) : Opère sur le front Est. Crashé le 03 septembre
1916, à l’issue d’un raid, après que ses deux
nacelles contenant l’équipage se soient détachées
de l’enveloppe du dirigeable.
LZ-51
(LZ-81) : Capturé près de Turnovo, en Bulgarie, le 27
septembre 1916.
LZ-39
: Détruit lors d'un atterrissage forcé, le 14 octobre
1916.
LZ-60
(LZ-90) : Se perd dans une tempête et disparaît en mer du
Nord, le 07 novembre 1916.
Pertes
de la Marine pour 1916 :
LZ-54
(L-19) : touché par un avion britannique au-dessus de la Mer
du Nord, le 2 février 1916. Avec trois de ses moteurs hors d’usage,
il est achevé près des côtes par l’artillerie
hollandaise. L’équipage entier meurt noyé suite
au refus d’assistance du chalutier britannique King Stephen.
LZ-48
(L-15) : Endommagé par tirs antiaériens au dessus de Dartford,
fait naufrage dans l’estuaire de la Tamise à Kentish Knock,
le 1er avril 1916. Les 18 membres d’équipage sont faits
prisonniers.
SL-3
: Endommagé par des conditions climatiques extrêmes, restera
au sol puis sera démantelé à Riga, le 1er mai 1916.
LZ-32
(L-7) : Détruit par les tirs du Galatea et du Phaeton, lors du
raid de la Navy contre Tondern, le 4 mai 1916.
LZ-78
(L-34) : Commandé par le Kapitänleutnant Max Konrad Johannes
Dietrich. Abattu à Hartlepool au Royaume-Uni, le 27 novembre
1916, en soirée.
LZ-61
(L-21) : Commandé par l’Oberleutnant zur See Kurt Frankenberg,
est abattu en mer par trois chasseurs BE.2C du RNAS, équipés
de balles incendiaires, le 28 novembre 1916. Son point de chute est
estimé à 12 kilomètres à l’Est de
Lowestoft, au Royaume-Uni.
LZ-31
(L-6) : Prend feu lors du rechargement de son enveloppe alors qu’il
se trouve dans son hangar, à Fuhlsbuttel, le 16 septembre 1916.
LZ-36
(L-9) : Détruit dans son hangar par propagation du feu ravageant
le LZ-31, le 16 septembre 1916.
LZ-72
(L-31) : Abattu en combat aérien le 23 septembre 1916, à
Potters Bar, au Nord de Londres.
LZ-74
(L-32) : Abattu en combat aérien le 24 septembre 1916, près
de Great Burstead, Essex.
LZ-76
(L-33) : Endommagé en combat aérien le 24 septembre 1916.
Capturé (partiellement détruit) près de Little
Wigborough dans l’Essex après son atterrissage forcé.
LZ-53
(L-17) : Détruit dans l'incendie de son hangar à Tondern,
le 28 décembre 1916.
LZ-69
(L-24) : Détruit dans l'incendie son hangar à Tondern,
le 28 décembre 1916.
SL-12
(E-5) : Détruit accidentellement le 28 décembre 191, après
avoir heurté un gazomètre.
LZ-84
(L-38) : Sérieusement endommagé, opère un atterrissage
forcé en Russie, le 29 décembre 1916.
Ce
qu'il faut retenir de 1916.
Le
changement de doctrine d’emploi des zeppelins en 1916 s’avère
une catastrophe. Les alliés lassés de compter les victimes
civiles innocentes, réagissent maintenant avec vigueur et parviennent
sur terre, sur mer et même dans les airs à contrer le fléau
Zeppelin. La mise en service des bombardiers géants de type Gothas
(le Kampfgeschwader I est équipé de Gotha IV, en janvier
1916) va bientôt démontrer par ses résultats et
son moindre coût que l’ère Zeppelin, du moins dans
le domaine militaire, est révolue. 24 dirigeables en été
perdus durant l’année (7 pour l’Armée et 13
pour la Marine, 4 Schütte-Lanz pour les deux Services). Les pertes
en aérostiers qualifiés sont très importantes et
le coût des machines perdues atteint un montant exorbitant. Vers
la fin de 1916, les équipages de dirigeables allemands voient
leur moral s'effondrer. Le 28 novembre, afin de redynamiser sa flotte
de dirigeables agonisante, le Kaiser nomme par décret impérial,
Peter Strasser : "Führer der Luftschiffe" ou Commandant
en chef de la force de dirigeables. Strasser, alors âgé
de 60 ans, vient d’être décoré le 20 août,
de la prestigieuse « Blue Max », la croix « pour le
Mérite ». Issu de la Marine-Luftschiff-Abteilung (Département
naval des dirigeables), c’est un fervent défenseur du Zeppelin.
Il a été le premier à commander un dirigeable lors
des manœuvres navales de 1914 (à bord du L-3). Strasser,
soucieux de redorer le blason terni des marins-aérostiers, va
opter pour une nouvelle stratégie qu’il tentera de développer
courant 1917. Mais pour cela il lui faudra un nouveau type de dirigeable,
plus gros encore que ses prédécesseurs et pouvant voler
toujours plus haut…
Sources :
Livres :
Les premiers avions de combat, hachette collection
Images de la première guerre mondiale, Ross Burns
La première guerre mondiale, Verdun, de Bernard Crochet et Gerard
Piouffre.
Sites :
http://84eri.canalblog.com/archives/2007/11/23/6989822.html
http://www.gutenberg.org/files/29340/29340-h/29340-h.htm
http://www.hervedavid.fr/francais/14-18/Pillorget%20aviation%20article.htm
http://cdg.pagesperso-orange.fr/CDG151203.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dirigeable_Type_33
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/premiere-guerre-mondiale/sort-civils.shtml
http://www.zeppelin-museum.dk/D/german/historie/zeppelin/zeppelin.html
http://www.cyanopale.org/ch/chronique16.htm
http://jmpicquart.pagesperso-orange.fr/dirigeableZ%20VIII.htm
http://www.aviation-history.com/articles/zeppelin.htm
http://www.ecole-alsacienne.org/spip/IMG/pdf/ZEPPELIN_PARIS.pdf
http://query.nytimes.com/gst/abstract.html
http://www.pilotundluftschiff.de/typenlz25.htm
http://glostransporthistory.visit-gloucestershire.co.uk/kaiserZepp.htm
http://www.pugetairship.org/zeppelins/list_1.html
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_Sch%C3%BCtte-Lanz_airships
http://www.aeroweb-fr.net/histoire/1914
http://www.aeroweb-fr.net/histoire/1915
http://www.aeroweb-fr.net/histoire/1916
http://hydrogencommerce.com/zepplins/zeppelin5.htm
http://www.pionnair-ge.com/spip1/spip.php?article131
http://www.zeppelinfan.de/html-seiten/englisch/luftschiff_zeppelin.htm
http://themasq49.free.fr/index_fichiers/1418/Revigny/Zeppelin.htm
http://14-18.lecrivainpublic.net/scripts/travail.php?doc=490