1)
Les origines du conflit russo-japonais.
Les
racines de la campagne de Nomonhan remontent en 1931, alors que l'armée
japonaise du Kwantung provoqua un incident en Mandchourie et occupa
la totalité du Nord de la Chine. L'objectif de l'armée
nippone qui, d'ailleurs, avait agi de son propre chef, le coup de force
étant, par la suite approuvé par le gouvernement japonais,
était de protéger les intérêts économiques
du Japon et notamment les voies de communications. L'affaire avait été
labellisée "révolution nationale" devant lutter
contre la corruption de la dynastie Mandchou en place à Beijing
(Pékin).
Les japonais créerent l'Etat fantoche du Mandchoukouo, en 1932,
totalement inféodé à Tokyo.
En juillet1936, les nippons exploitèrent l'incident du pont Marco
Polo, à Pékin, pour déclarer la guerre à
la Chine. (*une colonisation par contiguïté !).
L'invasion de la Mandchourie avait créée, de fait, un
frontière de 4 700 miles avec l'URSS et la Mongolie, république
dépendante de Moscou. Seulement 3 000 miles de frontières
était à peu près définis et des incidents
locaux éclatèrent immédiatement entre les deux
pays.
L'armée du Kwantung accusa alors l'URSS d'intervenir dans le
conflit sino-japonais.
Il est vrai que l'URSS avait signé un pacte de non-agression
avec la Chine, et que les soviétiques renforçaient considérablement
leur frontière orientale. De plus, la Chine reçut une
aide substantielle de l'URSS et en matériels militaires. Un crédit
de 100 millions de $ fut alloué par la Russie au gouvernement
chinois, en 1938, et de 150 millions de $ en 1939.
Mais il est aussi juste de souligner que dès le début,
l'armée du Kwantung avait des vues sur le Mengkukuo (Mongolie),
avec le plein accord de l'Etat-major de l'armée, à Tokyo.
Un plan opérationnel nommé Hachi-Go était élaboré
en 1938 et 1939 qui prévoyait une offensive avec 40 divisions
d'infanterie et 5 divisions mécanisées, prévue
en 1943, pour éliminer la présence soviétique en
Mongolie.
Les
japonais n'avaient pas une haute opinion de l'armée rouge, et
celà pour deux raisons :
- les nippons avaient aisément vaincu les russes lors de la guerre
russo-japonaise de 1904-1905. Détruisant l'escadre russe de Port-Arthur
et investissant la ville par une offensive terrestre.
- la purge massive qui toucha l'armée rouge, à partir
de 1935, avait affaibli considérablement l'armée soviétique,
d'après les japonais.
Toutefois, durant les nombreux accrochages frontaliers entre les deux
puissances, depuis 1931, les japonais n'avaient jamais pris vraiment
la mesure de l'armée rouge, perdant même, une demi-division
lors de l'incident de Changkufeng Hill, à l'est du Mandchoukouo,
en 1938.
Profitant d'une accalmie sur le front chinois, les japonais décidèrent,
en 1939, d'appliquer plus tôt le plan Hachi-Go Le site choisi
pour l'offensive nippone, se situait près de la rivière
Halha, à l'est de la République Populaire de Mongolie.
Les japonais réclamaient depuis longtemps que la rivière
Halhaface office de frontière entre les deux pays. Or, l'URSS
et son satellite, avaient placé la frontière au-delà
du cours d'eau, près du village de Nonmonhan.
Le terrain, vallonné, était entrecoupé de collines
basses et de marais. Au confluent de la rivière Holsten, une
chaîne de collines plus hautes dominait le paysage, à l'ouest
de la rivière Halha, position idéale pour surveiller le
côté japonais, et pour placer l'artillerie.
Les japonais avaient effectué des travaux pour relier la région
au reste de la Chine. La voie ferrée arrivait désormais
à 100 miles de la région et des routes avaient été
construites pour relier le chemin de fer à Nomonhan.
Les soviétiques avaient eux, reliés la région au
Transibérien, à Borzya.
Les japonais avaient calculé que le ravitaillement des forces
soviétiques, à Nomonhan serait un casse-tête sans
nom et que devant une attaque, les soviétiques devraient attendre
plusieurs mois avant d'envoyer des armées capables d'affronter
l'armée nippone.(*mauvaise appréciation, lourde de conséquence
!)
L'incident
qui provoque le conflit fut la violation de la frontière par
700 cavaliers mongols. Les japonais avaient envoyé une division
de qualité moyenne, qui n'était même pas à
plein effectif, la 23 eme, commandée par le lieutenant-général
Michitaro Komatsubara qui était stationnée à Hailar,
à 100 miles de la frontière. Celà démontrait,
d'ailleurs, le peu de considération que les militaires nippons
avaient pour leur homologue soviétique.
La 23 eme division d'infanterie était composée de 3 régiments,
le 64e, 71e et 72e. Il y avait, en plus, un régiment de reconnaissance
( cavalerie et une compagnie d'engins blindés.), d'artillerie
et de logistique ce qui faisait environ 13 000 hommes qui manquaient
singulièrement d'expérience. Mais le problème majeur
était la faiblesse de la capacité antichars ! Normalement,
la dotation type d'une division d'infanterie japonaise en matériels
antitanks était de :
- 12 canons 37 mm.
- 12 canons de 75 mm d'artillerie de montagne.
- 36 canons de 75 mm "field guns".
Pour
supporter la 23e division, il y avait 2e groupe aérien.
2)
Le début des opérations.
Pour
repousser, les fameux 700 cavaliers mongols qui avaient violé
la frontière, Komatsubara envoya, sous le commandement du Lt.
Colonel Yaozo Azuma, une petite force composée du régiment
de reconnaissance complété par deux compagnies d'infanterie.
Après avoir repoussé "l'invasion mongole", Azuma
revint en triomphe à Hailar. Immédiatement, les soviétiques
détachèrent un Bataillon mécanisée (Mechanized
batalion and armor) de la 11e Brigade blindée (Armored Brigade),
pour renforcer les deux régiments de cavalerie mongole. Un détachement
d'artillerie, avec des 122 mm et des 76 mm fut aussi envoyé.
Lorsqu'il devint clair que les soviétiques revenaient avec du
renfort, Komatsubara forma une seconde "task force", autour
du 64e régiment, commandée par le Colonel Takemitsu Yamagata.
Une compagnie d'artillerie de montagne est ajoutée au détachement
militaire.
L'accrochage qui eut lieu, le 28 mai, au confluent des rivières
Halha et Holsten se termina par un match nul, avec des pertes égales
des deux côtés. La force japonaise avait échoué
car elle n'avait pas bénéficié d'un support d'artillerie
suffisant et qu'elle avait eu des difficultés contre les blindés
légers soviétiques sans armes antichars.
Malgré l'égalité des pertes, les soviétiques
avaient réussi à construire une tête de pont sur
la rive est de la rivièreHalha.
3)
L'engrenage.
Le
premier incident sérieux était un test grandeur nature.Dès
le 2 juin, Staline qui prend cette affaire au sérieux, nomme
le général [bJoukov[/b] pour assumer le commandement du
57e Corps en Mongolie et arrêter l'invasion japonaise. Après
une première inspection, le général soviétique
demanda immédiatement des renforts. Il voulait une Brigade de
Tanks, 3 divisions d'infanterie, de l'artillerie lourde et un appui
aérien conséquent. Staline approuva sans barguigner.
Les japonais ne restèrent pas les bras croisés. Initialement
prévu comme renfort, la 7e division, supportée par deux
Brigades de Tanks avec des moyens antichars, va devenir le fer de lance
de l'offensive.
Les japonais vont totaliser 20 000 hommes, 70 tanks (3e et 4e "Tanks
Brigades") et 112 canons. 400 camions s'occuperaient du ravitaillement
et le 2e groupe aérien, avec ses 180 avions était prévu
pour le soutien des troupes d'infanterie.
a)
Affrontement aérien.
La
premier accrochage sévère eut lieu dans les cieux ce qui
provoqua un sérieux différent entre l'état-major
de l'armée du Kwantung et l'Etat-major général,
à Tokyo. Dans un premier temps, le Kwantung ordonna un raid aérien
sur la base soviétique de Tamsag. Apprenant le plan, l'Etat-major
général essaya d'annuler l'opération. (*Apparemment,
l'armée du Kwantung rendait peu de compte à Tokyo et bénéficiait
d'une quasi indépendance de ses gestes ! On peut se rappeler
que l'invasion de la Mandchourie fut une initiative de l'armée,
approuvée par la suite, par le gouvernement civil !).
L'attaque
eut lieu le 26 juin, et selon les japonais, 124 avions soviétiques
furent détruits, avec une perte de seulement 4 de leurs avions
! (*les chiffres m'ont l'air, évidemment, un peu fantaisistes
!)
L'Etat-major général, en fureur, craignait que ce raid
aérien provoque une escalade entraînant une guerre généralisée
! Tokyo n'avait pas les moyens de mener une guerre sur deux fronts !
b)
Première bataille.
Le
plan japonais, complexe, reposait sur une manoeuvre d'encerclement.
Komatsubara planifiait de traverser la rivière Hahla dans la
nuit du 2 juillet, près de Fui Heights, avec deux régiments
de la 23e division d'infanterie, le 71e et le 72e. Le 26e régiment
motorisé (de la 7e division) devait exploiter l'avance de l'infanterie.
Ce détachement était désigné comme la "Task
force Kobayashi", du nom de son commandant, devait donc prendre
à revers les forces soviétiques tenant le pont.
La deuxième force, surnomée "Task Force Yasuoko",
constituée de 3 bataillons d'infanterie, et deux Brigades de
Tanks devait tenir la position en face les russes.
Le point faible de ce plan était le ravitaillement bien insuffisant
qui tablait sur une victoire rapide des forces japonaises !
Les 2 brigades de Tanks, la 3e, avec 30 chars moyens et 11 chars légers,
et la 4e avec 35 chars légers et 8 chars moyens étaient
censées créer la panique chez les ennemis. Il est vrai
que les chars moyens japonais, avec leur canon de 57 mm devaient surclasser
leurs homologues soviétiques et leurs canons de 47 mm. Mais le
modèle soviétique, plus véloce, avait un pouvoir
de pénétration beaucoup plus important que le japonais.
Pendant que les japonais fourbissaient leurs armes, les soviétiques
renforcèrent la tête de pont avec le 149e régiment
et la 9e Brigade Mécanisée. A l'ouest de la rivière,
Joukov massa la 11e Brigade Blindée, avec des BT-5, BT-7 et des
T-26, la 7e Brigade Mécaniséeet le 24e Régiment
d'Infanterie. Cette force mobile était destinée à
contrer toute percée japonaise.
Komatsubara
frappa le premier, comme il était initialement prévu,
dans la nuit du 2 juillet 1939. Le 71e et 72e Régiments traversèrent
le fleuve suivi par le 26e régiment motorisé. Le retard
pris lors de la traversée ne permit pas au régiment motorisé
d'exploiter la situation favorable. Joukov laissa les japonais avancer
dans la plaine puis attaqua avec ses 300 blindés. Si les capacités
antichars du groupe Kobayashi étaient limitées, les mines
anti-chars, les cocktails Molotov, et les assauts humains (certains
tanks furent attaqués à la baïonnette !!), pouvaient
faire certains dégâts, les chars soviétiques ayant
une fâcheuse tendance à s'enflammer rapidement ! Mais la
contre-attaque soviétique mit tout de suite les trois régiments
japonais sur la défensive, et leur ravitaillement, insuffisant
faisait craindre le pire.
Le 4 juillet, il est clair que le groupe Kobayashi avait échoué
dans sa mission, même si les soviétiques n'avaient pu détruire
le pont qui reliait les japonais à la rive nippone ! Mais dans
l'après-midi, Komatsubara ordonna au groupe de retraverser le
Halha, les arrières couverts par le 26e régiment motorisé
qui perdra 1/3 de ses effectifs dans cette action.
Finalement, le 5 juillet, à 18 heures, le pont de fortune japonais
construit par le génie fut détruit.
L'assaut frontal par la Yasuko Force connut une meilleure fortune au
début, mais se termina mal. Le manque de coordination et l'action
de l'artillerie soviétique avait rapidement disloqué la
cohésion de la troupe nippone. De plus, l'attaque s'était
déroulée sous un orage diluvien ! Malgré ces conditions
difficiles, les troupes nippones réussirent à percer les
défenses russes, occasionnant des pertes soviétiques conséquentes
: 400 tués, 66 chars détruits, 17 pièces d'artilleries
mises hors combat ! Mais les japonais ne purent profiter de leur succès
! Les chars exploitèrent la percée bien trop tardivement,
sans véritable appui de l'infanterie, se résumant dans
une charge suicide en terrain ennemi, et perdant la moitié de
leurs effectifs !
Durant les trois jours suivants, Komatsubara envoya ses troupes d'infanterie
à l'assaut de la position soviétique, sur la rivière
Halha, de nuit comme de jour, jusqu'a que l'armée du Kwantung
ordonna le retrait des deux Brigades de Tanks, le 10 juillet. Les 3e
et 4e BT étant les seules disponibles dans tout le Mandchoukuo
(*preuve que l'armée de terre japonais était peu motorisée
!).
Juste avant la confrontation décisive, le potentiel blindé
des nippons fut donc réduit de moitié !
Cette première bataille coûta 2000 tués et blessés
aux forces nippones.
Les japonais étaient peu économes de leurs forces !
Les raisons de cet échec étaient multiples. Une coordination
inter-arme faible, un support d'artillerie quasi inexistant, la faiblesse
des moyens antichars et des moyens blindés et enfin le peu de
flexibilité du commandement japonais, qui envoyait des vagues
humaines sur les défenses soviétiques sans aucune préparation
d'artillerie!
Du côté soviétique, les brigades mécanisés
avec leur 25 BT et leur 37 "armored cars". Chaque bataillon
d'infanterie de 900 hommes avaient une centaine de camions à
leur disposition et des moyens antichars et de l'artillerie. En résumé,
les troupes soviétiques étaient plus mobiles que leurs
homologues japonais ! Un régiment japonais n'avait pas de moyens
blindés et très peu d'artillerie lourde. Le 26e régiment
d'élite avait 78 camions par bataillon, 6 mitrailleuses lourdes,
6 canons de campagne, et deux mortiers. Cette organisation relevait
plus de la Grande Guerre que d'un conflit moderne !
Cette
première campagne aurait pu être encore plus catastrophique
pour les japonais si les soviétiques avaient concentré
leur force qui auraient pu détruire les 3 régiments qui
ont pu retraiter en repassant le Halha.
4)
Le coup de maître de Joukov.
Après
le retrait des deux régiments de Tanks, les japonais se renforcèrent
en artillerie, en recevant des pièces de 100 et de 150 mm (ce
que les soviétiques avaient en abondance.). Le nouveau plan s'inspirait
fortement des stratégies de la 1ere guerre mondiale. Une forte
préparation d'artillerie pour désorganiser les défenses
adverses et une attaque frontale d'infanterie ...(*le manque en moyens
modernes obligeait les japonais à des stratégies vraiment
primitives !).
L'attaque, qui commença le 23 juillet, fut un échec pour
les nippons. Les soviétiques envoyèrent trois fois plus
d'obus que les japonais, malgré le soi-disant avantage logistique
des japonais ! Aussi, les homme du solei levant commencèrent
à s'enterrer.
Une 6e armée fut alors créee comprenant la 23e division,
recapitalisée en hommes et la 7e division. La nouvelle stratégie
était d'aménager une position fortifiée qui serait
capable de briser toute attaque soviétique. (*les nippons passaient
donc d'une posture offensive à la défensive, reconnaissance
implicite de l'échec du plan initial!).
Le renforcement du potentiel aérien soviétique était
évident, permettant des missions sur le territoire du Mandchukuo.
Encore sous la restriction de Tokyo, qui avait interdit aux avions du
2e groupe aérien d'attaquer des objectifs en territoire soviétique.
Les
soviétiques profitèrent de cette pause pour accumuler
des stocks en vue de leur prochaine offensive. 18 000 tonnes d'obus,
6 500 tonnes de bombes, 15 000 tonnes de pétrole, 4 000 tonnes
de nourriture ravitailleront 35 bataillons d'infanterie et 500 tanks.
Joukov savait que les japonais étaient en train de s'enterrer
et qu'ils étaient à court de réserves mobiles.
Le général soviétique vit tout de suite l'avantage
qu'il pouvait tirer de la défense statique des nippons, prévoyant
un enveloppement par ses forces blindées de l'ennemi statique,
stratégie qui n'avait jamais été essayée
jusqu'alors !
Joukov divisa ses troupes en 3 groupes :
- Le groupe Nord était composé de la 7e Brigade Blindée,
de 2 bataillons de la 11e BB et du 601e Régiment de la 82 ID.
Sa mission était de traverser le Halha et d'attaquer à
Fui Heights où les japonais n'avaient mis qu'un régiment
de reconnaissance. Une fois la position enlevée, le groupe Nord
devait envelopper l'ennemi en rejoignant le groupe Sud.
- le groupe Sudétait constitué de la 8e BB, de la 6e Tank,
et de la 11e BB (moins deux bataillons.) et de la 57e "Rifle Division".
Son objectif était d'attaquer au sud de la rivière Holsten,
et de tourner la position centrale ennemie pour rejoindre le groupe
Nord.
- le groupe Central, qui faisait face au gros des forces japonaises
était composé des 82e et 36e ID, complété
par la 5e Brigade de mitrailleuses.
500 pièces d'artillerie devaient supporter les 3 groupes.
En réserve, Joukov disposait de la 9e BB, d'un bataillon de la
6e Tank, et la 212e Brigade Parachutiste.
Le
20 août 1939, à 5 h 45, les forces soviétiques passent
à l'offensive après un bombardement massif, prenant les
japonais par surprise. Les soviétiques avaient aussi une suprématie
aérienne totale.
Le groupe Nord écrasa aisément le régiment de reconnaissance
Ioki, qui tenait la position de Fui Heights. La 9e BB exploita rapidement
cette victoire pour contourner la position centrale ennemie.
Au sud, des éléments de la 8e BB, contournant la position
japonaise, rejoignirent des détachements du groupe Nord. Devant
la menace d'encerclement, le Kwantung autorisa l'intervention du reliquat
de la 7e division.
L'Etat-major nippon, inconscient de la réalité du terrain
commença à échafauder des plans de contre-attaque
avec des unités qui étaient déjà soumises
à rude épreuve, sur le terrain ! Malgré tout, 5
bataillons (2 de la 72e, 2 autres de la 28e et le 6e Border garrison)
furent réunis pour une contre-attaque qui commença par
une matinée brumeuse du 24 août, sans aucune préparation
d'artillerie. La surprise passée, la contre-attaque des engins
blindés soviétiques fut rapide et ce fut un véritable
carnage !
De plus en plus déconnecté de la réalité,
le Kwantung ordonna une autre offensive pour le 27 août, sans
tenir compte que la 28e division n'était plus qu'à 20%
de ses effectifs. Encore une fois, les blindés soviétiques
vinrent à bout aisément de ces offensives pas du tout
préparées ! Au soir du 27, les forces japonaises étaient
encerclées. Komatsubara annonça alors qu'il allait guider,
à la tête de 1 200 de ses hommes, une charge suicide. Le
staff de la 6e armée autorisa l'attaque mais ordonna au général
de rester sur les arrières. Encore un nouveau désastre
!
Alors
que le Kwantung préparait de nouveaux renforts, le Pacte germano-soviétique
fut signé, avec la perspective de voir des troupes soviétiques
de l'ouest être engagées à l'est. L'Etat-Major général
japonais chercha alors une solution diplomatique de peur de perdre le
Mandchoukuo. De leur côté, les soviétiques étaient
occupés à l'Ouest à préparer l'invasion
de la Pologne orientale.
En septembre 39, un cessez-le feu était signé. L'Etat-Major
général, à Tokyo, agit sans en informer le Kwantung
(*encore un bel exemple d'absence de collaboration, comme si Tokyo était
déconnecté de l'armée japonaise en Chine !). L'incident
de Nomonhan//Khakin Gol était désormais clos pour les
deux camps.
5)
Conclusion.
L'aventure
de l'armée du Kwantung en Mongolie fut extrêmement coûteuse
en hommes. Des 16 000 hommes de la 23e division, sous le commandement
de Komatsubara, près de 68 % furent mis hors combat. La 7e division
d'élite perdit un tiers de ses effectifs. En tout, les japonais
perdirent près de 18 000 hommes durant la campagne.
Les soviétiques admirent avoir perdu 9 000 hommes, et affirmèrent
avoir mis hors combat 50 000 japonais. Les pertes soviétiques
furent certainement proches de 12 à 14 000 hommes.
Mais la leçon principale fut la stratégie d'enveloppement
de Joukov, par ses forces blindés, des troupes japonaises, inaugurant
une "Blitzkrieg" à la soviétique !
Du côté japonais, le manque de moyens blindés et
l'inflexibilité, suicidaire, du haut commandement nippon, scella
la défaite japonaise.
Le
désastre de Nomonhan mit fin aux vellétités japonaises
vers la Mongolie et la Sibérie et décida Tokyo à
choisir l'option maritime, au sud.