La reprise de Kiska
Une
force combinée alliée encore plus importante est rassemblée
pour reprendre Kiska. Elle compte près de 30 000 soldats américains
dont la 7ème Division américaine et 5 300 soldats canadiens
appartenant à la 13e Brigade d’infanterie canadienne et
à la 1ère Force d’opérations spéciales.
Les Canadiens comptent dans leurs rangs de nombreux conscrits, qui sont
à l’époque tenus de servir n’importe où
en Amérique du Nord en vertu de la Loi sur la mobilisation des
ressources nationales de 1940. Après l'expérience éprouvante
des combats sur Attu, la tension nerveuse chez les Alliés est
à son paroxisme. L'Etat major sait Kiska très défendu
et s'attend à des pertes pouvant atteindre 90% de l'effectif
terrestre engagé. Les Américains débarquent sur
la côte Est de l'île le 15 août, suivis par les canadiens,
le 16. Lorsque les débarquements commencent le 13 août
1943, après trois semaines de bombardements navals et aériens,
les troupes découvrent que les Japonais profitant du couvert
du brouilard, se sont retirés. Le seul être vivant que
les Alliés découvriront sur l'île sera un chien.
La reconquête de Kiska, pour autant, ne se déroule pas
sans pertes pour les Alliés. Elle durera deux jours pendant lesquels
20 soldats américains seront tués et cinquante autres
blessés par des tirs amis dans la brume ou en sautant sur des
mines ou des pièges laissés par les Japonais. Parmi les
unités canadiennes de la 13ème brigade ayant pris part
à la reconquête de Kiska, il est à noter la présence
d’une unité de canadien-français : le régiment
de Hull, parti de l’île de Vancouver et qui restera en occupation
aux Aléoutiennes jusqu’en janvier 1944. Jusqu'à
la fin de la guerre, les deux îles resteront occupées par
les Alliés et serviront de bases arériennes avancées.
Unités
canadiennes prenant part au débarquement sur Kiska et petite
Kiska.
13ème
brigade de la 6ème division d'infanterie
The
Canadian Fusiliers (City of London Regiment)
The Winnipeg Grenadiers
The Rocky Mountain Rangers
Le Régiment de Hull
24th
Field Regiment, Royal Canadian Artillery
46th Light AA Battery, Royal Canadian Artillery
24th Field Company, Royal Canadian Engineer
1 Company, St. John Fusiliers (Machine gun)
9th
Light Anti-Aircraft Regiment
19th Field Artillery Regiment
20th Field Artillery Regiment (une partie reste avec la 7th Canadian
Infantry Division)
21st Field Artillery Regiment
24th Field Artillery Regiment (une partie reste avec la 7th Canadian
Infantry Division)
25th Field Artillery Regiment
1st
Special Service Force (Devil's Brigade)
700
hommes, détachés pour l'opération à compter
du 23 juillet 1943 (première mission opérationelle)
Présence sur Kiska (15 août), île volcanique de Segula
(17 août) et petite Kiska (19 août)
Réembarquement le 22 août et arrivée à Fort
Ethan ALLEN (Vermont, USA), le 09 septembre 1943.
Aucune perte.
Conclusion
Les forces impériales japonaises occupèrent les Aléoutiennes
dans l'intention d'élargir leur périmètre stratégique
et de prévenir toute offensive américaine par le nord
(sans parler même de l'impact psychologique sur les populations
japonaises de l'annonce d'une occupation, il est vrai même partielle,
du territoire des Etats-Unis...) les îles Aléoutiennes
de Kiska et d'Attu. Mais, le ravitaillement logistique de ces ''postes
avancés'' japonais dans l'hémisphère nord-américain
était devenu singulièrement difficile.
Opération de faible envergure, l'attaque japonaise des Aléoutiennes
obtint un retentissement majeur car ce fut là le seul débarquement
nippon jamais effectué dans l'hémisphère Ouest.
La bataille navale des iles Komandorski (26 mars 1943)
La
bataille des îles Komandorski entre dans le cadre de la campagne
des Aléoutiennes. Depuis l'invasion de ces îles par les
japonais, les Etats-Unis ont mis en place un important blocus maritime
dans le Pacifique Nord. En prévision du débarquement au
printemps 1943 sur Attu, l'US navy veut absolument empêcher que
les troupes japonaises soient renforcées ou approvisionnées.
Des convois japonais composés de navire de guerre et de transports
de troupe rapides profitent des fréquents bancs de brouillard
pour aller ravitailler les îles. Des rapports avancent aussi que
les japonais ont établi une base de sous marins de poche sur
Kiska. Sur mer, une flotte composée de 1 croiseur lourd, 1 croiseur
léger et de 4 destroyers, sous le commandement du Contre-Amiral
Charles "Soc" McMORRIS, se charge d'interrompre le ravitaillement
par convois maritimes, des îles occupées. La bataille des
îles Komandorski, au large de la péninsule de Kamchatka
a lieu le 26 mars 1943, par une météo excellente malgré
un froid glacial. La Task force de McMORRIS est en patrouille dans le
secteur au sud-Ouest de l'île Kiska. Elle a été
ravitaillée en carburant sur Adak, le 16 mars et mènze
des exrecices de drill au combat sous-marin et anti-aérien. Le
21 mars, un hydravion provenant du convoi japonais en approche détecte
la présence du groupe de la Navy, sous 51° Nord de latitude
et 176° Est de longitude. Le convoi nippon manoeuvre cependant pour
éviter d'être décelé. Cependant, tôt
le 26 mars, les radars de la Navy detectent les echos d'au moins cinq
navire ennemis et foncent dans leur direction. Les américains
interceptent un convoi japonais de 3 transports rapides escortés
par 2 croiseurs lourds, 2 croiseurs légers et 4 destroyers et
commandés par le vice-amiral Boshiro HOSOGAYA. L'engagement qui
va se dérouler est un des seuls combats de la seconde guerre
où il n'y aura aucune assistance aérienne et sous-marine.
Les duels se dérouleront uniquement au canon entre navires de
surface. Malgré leur infériorité numérique,
les américains accrochent sévèrement les japonais
dans un combat qui va durer 4 heures. Finalement, à court de
fuel et de munitions, craignant une intervention de l'aviation alliée
et ignorant les dégâts infligés au SALT LAKE CITY,
l'escorte japonaise rejoint le convoi et rebrousse chemin. Suite à
ce revers, le vice-amiral Boshiro HOSOGAYA tomba en disgrâce pour
avoir fuit devant une force numériquement inférieure.
Accusé de lâcheté, il fût relevé de
son commandement et mis en retraite dans la même année.
Quant à l'amiral McMORRIS, décoré pour son brillant
fait d'armes, il fut appelé à devenir chef d'Etat-Major
de l'Amiral NIMITZ.
Les
navires participant à l'engagement :
Côté
américain:
Task
Force 16
Contre-amiral Thomas C. KINKAID
Task
Group 16.6 (appelé aussi Task Group mike)
Contre-Amiral Charles "Soc" McMORRIS
Division
de croiseurs n°1
Officier commandant : Contre-Amiral Charles "Soc" McMORRIS
croiseur
lourd SALT LAKE CITY CA 25 (classe Pensacola), endommagé sérieusement
par 4 coups directs
Officier commandant : Capt Bertram J RODGERS
croiseur léger RICHMOND CL 9, (Omaha class) navire amiral
Officier commandant : Capt Théodore WALDSCHMIDT
Escadre de destroyers n°14
Officier commandant : Captain Ralph RIGGS
destroyer
BAILEY DD 492 (classe Benson), légèrement endommagé
par deux obus
Officier commandant : Lt Cmder John ATKESON
destroyer
COGHLAN DD 606 (classe Benson), légèrement avarié
Officier commandant : Cmder Benjamin TOPKINS
destroyer DALE DD 353 (classe Farragut)
Officier commandant : Cmder Anthony RORSCHACH
destroyer MONAGHAN DD 354 (classe Farragut)
Officier commandant : Lt Cmder Peter HORN
Côté
japonais :
5ème
Flotte du Nord
Vice Amiral Boshiro HOSOGAYA, commandant la 5ème flotte
1ère
division de croiseurs :
croiseur
NACHI (Classe Myoko), navire amiral, endommagé par 5 obus, 14
tués, 27 blessés
Officier commandant : Capt Akira SONE
croiseur lourd MAYA (Classe Takao amélioré), détaché
de la 4ème division de Croiseurs, légèrement endommagé
Officier commandant : Capt Takeji MATSUMATO
croiseur léger TAMA (Classe
Kuma)
Officier commandant : Capt Zensuke KANOME
21ème division de destroyers :
destroyer
HATSUSHIMO (classe Hatsuharu)
Officier commandant : Cmder Iritomo ATSUO
destroyer WAKABA (classe Hatsuharu), endommagé suite collision
avec le IKAZUCHI le 30 mars, pendant le repli
Officier commandant : Lt Cmder Kuroki MASAKICHI
Convoi D
contre amiral Tomoichi MORI, commandant la 1ère division de destroyers
(présent sur l'ABUKAMA)
croiseur
léger ABUKUMA (classe Nagara)
Officier commandant : Capt Shiro SHIBUYA
6ème division de destroyers :
destroyer
IKAZUCHI (classe Akatsuki), dommages modérés suite colision
avec le WAKABA
Officier commandant : Lt Cmder Maeda Saneho
destroyer INAZUMA (classe Akatsuki)
Officier commandant : Lt Cmder Terauchi Masamichi
Transports rapides :
ASAKA MARU
SAKITO MARU
2ème
force d'escorte :
destroyer
USUGUMO (classe Fubuki)
Officier commandant : Lt Cmder Ikeda Shunsaku
Attaché directement à la 5ème Flotte :
transport
lourd limité à dix noeuds,
SANKU MARU (transportant vivres, munitions, matériaux de construction
Les
trois transports et l'USUGUMO fuient et ne prennent pas part à
la bataille.
Détail du combat :
07h00:
les radars américains de l'US navy détectent le convoi
ennemi
8h40
: les américains sont en formation de combat. Une seule colonne
route au nord emmenée par le Bailey suivi du Coghlan, du Richmond,
du Salt Lake City, du Dale et enfin du Monoghan quand le Maya et le
Nachi ouvrent le feu à environ 22.000 mètres.
Le Maya entoure le Richmond avec sa deuxième salve mais les deux
croiseurs lourds concentrent leur feu sur le Salt Lake City qui réplique
deux minutes plus tard. Les américains pensent avoir obtenu un
rapide coup au bur sur le Nachi avec les troisième et quatrième
salves du Salt Lake City
8h44
: Alors que la cible se rapproche de plus en plus, le Nachi lance 8
torpilles. Elles auraient pu faire de sérieux dégâts
mais manquèrent leur but, les vigies du Richmond les voyant passer
sur tribord.
8h45
: McMorris change sa course et monte la vitesse à 28 noeuds.
Comme les américains prenaient une direction sud-ouest, le Salt
Lake City continue à faire feu avec ses tourelles arrière.
8h50
: Une salve du Salt Lake City atteint le Nachi distant d'environ 16.000
mètres. Un obus de 200mm atteint la partie avant du pont de navigation,
endommageant le circuit électrique de contrôle des tourelles.
Quelques minutes plus tard, deux nouveaux obus atteignent le croiseur
à l'avant, au niveau de la chambre des torpilles. Les tourelles
bloquées, le Nachi se retrouve hors de combat pour une demi-heure.
Pendant
que le Nachi répare ses dommages, Hosogaya fait prendre une route
sud-ouest à sa formation pour poursuivre les américains.
Il est maintenant placé entre McMorris et sa base mais ses navires
ne peuvent faire feu que de leurs pièces avant.
Pour profiter de son avantage numérique, Hosogaya doit manoeuvrer
pour que tous ses bâtiments aient une puissance de feu maximale,
ce qui lui fait perdre du temps dans la poursuite bien qu'il soit plus
rapide.
Comme
les japonais changent de route, la totalité de leurs pièces
devient opérationnelle. Le Maya concentre son feu sur le Salt
Lake City mais son capitaine évite les salves jusqu'à
9h10.
9h10
: Un obus de 200mm du Maya atteint la catapulte tribord du Salt Lake
City mais l'incendie qui en résulte est rapidement maîtrisé.
9h20
: Un nouveau coup au but du Maya atteint le Salt Lake City mais sans
pour autant diminuer sa force de frappe. Les américains infléchissent
leur course à l'ouest puis au nord-ouest.
9h30
: le Nachi ouvre à nouveau le feu alors que les américains
font maintenant route à l'ouest.
9h45
: Le Tama s'approche à moins de 18.000 mètres du Salt
Lake City. Quelques salves du croiseur américain suffisent à
lui faire faire demi-tour. Pendant ce temps, l'Abukuma et les trois
destroyers se maintiennent hors de portée des Américains
tout en leur coupant la retraite.
9h52
: Le Salt Lake City rencontre des problèmes de contrôle
de tir, dus aux nombreuses salves tirées. Tout finit par rentrer
dans l'ordre mais ce n'est que provisoire.
9h53
: L'Abukuma s'approche à portée de tir du Richmond et
ouvre le feu mais fait rapidement route au nord, ayant pour consigne
de protéger les transports.
10h02
: Les contrôles du Salt Lake City tombent à nouveau en
panne mais de façon définitive, ne lui laissant que 10°
de manoeuvre et limitant terriblement l'efficacité de ses salves.
10h10
: Le Salt Lake City est atteint par un obus. Celui-ci n'explose heureusement
pas, traverse le pont principal et la coque sous la ligne de flottaison,
causant des dommages dans la salle des machines.
10h18
: McMorris dont le navire fait eau et manoeuvre difficilement, demande
aux destroyers de lui procurer un écran de fumée.
10h28
: Le Salt Lake City fait route au 240, suivi à 3.000 mètres
pa rle Richmond alors que les destroyers continuent de le protéger
en dégageant un rideau de fumée. La colonne américaine
file 30 noeuds, poursuivie par les japonais. Hosogaya qui a un avantage
encore plus conséquent n'a plus qu'à achever les navires
américains. Au lieu de cela, il tergiverse en zigzaguant, permettant
ainsi à McMorris de sortir ses navires du piège.
11h03
: L'Abukuma atteint le Salt Lake City et cause des dommages dans la
salle des machines.
11h05
-> 11h15 : Le Nachi, le Maya et l'Abukuma lancent un total de 16
torpilles qui manquent toutes leur but.
11h25
: La vitesse du Salt Lake City tombe à 20 noeuds. McMorris demande
à ses destroyers de préparer une attaque à la torpille
11h38
: McMorris annule son ordre, son navire pouvant maintenir sa vitesse.
Hosogaya, qui s'était rapproché à 3.000 mètres,
manoeuvre pour éviter une attaque à la torpille qui ne
vint jamais.
11h48
: Le Nachi est atteint par un obus qui bloque sa première tourelle
avant.
11h50
: Les destroyers japonais lancent 11 torpilles. Dans le même temps,
sur le Salt Lake City, les mécanos réparant les avaries
laisse passer de l'eau dans le fuel et les chaudières s'éteignent.
11h54
: Le Salt Lake City est immobile, cible facile pour les croiseurs lourds
de Hosogaya, à moins de 19.000 mètres.
11h59
: McMorris ordonne une nouvelle fois d'attaquer à la torpille.
Le Bailey, le Coghlan et le Monaghan se déroutent pour attaquer
les croiseurs maintenant à 17.000 mètres. Le Richmond
s'approche du Salt Lake City pour évacuer l'équipage si
le besoin s'en fait sentir.
12h00
: Les efforts pour remettre les machines en route portent leur fruit
et le Salt Lake City peut filer 8 noeuds. Pendant ce temps le Coghlan
engage au canon le Nachi et le Maya. Hosogaya réplique rapidement
et, en deux minutes, le Bailey est atteint dans la chaudière
avant alors que le Coghlan perdait son radar. Devant un tel tir, les
deux autres destroyers font demi-tour sans même avoir lancé.
12h12
: fin du combat naval
Conclusion
: La bataille des Komandorski mit un terme définitif au ravitaillement
japonais des îles aléoutiennes, par transports de surface.
Certes, il n'y eut pas de navires coulés et les japonais infligèrent
aux américains plus de dégâts qu'il n'en reçurent.
Les pertes humaines furent assez faibles (7 tués chez les américains,
14 côté japonais). Malgré une infériorité
numérique importante, la capacité de feu des navires américains
permit pourtant de tenir tête au japonais puis de mettre en déroute
leurs navires, opérant loin de leurs bases et ne bénéficiant
de cet appui aérien qui leur avait, jusque là, aidé
à emporter bien des victoires navales. Dès la fin du combat,
le Salt Lake City, le Coghlan, et le Monaghan rejoignent directement
Dutch Harbor afin d'y être réparés. Ils y parviennent
le 29. Le Richmond, le Bailey et le Dale, renforcés depuis le
27, par les destroyers Dewey (DD-349) et Caldwell (DD-605), mettent
le cap sur Adak et arrivent à Kuluk Bay, à 02h00, le 28
mars.
Opération Landcrab : la
reprise d'Attu par les Américains
(établi
sur la base sur d' "After actions reports" de la 7th US Infantry
Division et les communiqués du Navy department traitant de la
coûteuse reprise de l'île d'Attu du 11 au 29 mai 1943).
Suite
à la prise d'Attu et de Kiska par le 303rd Independent Infantry
Battalion japonais, Les américains projettent une opération
visant à reprendre le contrôle des Aléoutiennes
mais sont bloqués par une météo exécrable.
les plans originaux de l’état-major américain sont
de reprendre d’abord l’île de Kiska, au début
de 1943. Kiska est choisie car elle offre un port plus approprié
pour les navires et des sites pouvant accueillir l’aviation après
transformation. A l’Etat-major américain, le Lieutenant
General De WITT est chargé de superviser l’Opération.
Il prévoit une Task Force de 25000 hommes, soit une division
renforcée (la 35th « Santa Fe » Inf Div). Ceci, en
dépit des recommandations de l’Amiral Nimitz qui estime
les forces japonaises sur Kiska supérieures à 10000 hommes
et préconise l’envoi d’au moins deux divisions. Le
War Department avalise la proposition de De WITT mais propose l’emploi
de la 7th US Infantry Division, jugée de meilleure qualité
et mieux entraînée. Choisie finalement pour cette mission,
cette unité surnommée depuis la Première Guerre
« Bayonet Division », reçoit un entraînement
poussé pour mener un assaut amphibie, placée sous la responsabilité
d’un officier de l’USMC, le Major Genénéral
Holland M. "Howling Mad" SMITH. Elle sera renforcée
par le 184th US Infantry Regiment, du 8th Coast Artillery (antiaérien)
moins 1 Bataillon, et le 2nd Bataillon, 501st Coast Artillery (antiaérien).
La 11th Air Force doit multiplier ses sorties au dessus de Kiska et
Attu dès que le temps le permet. Mais l’aviation est clouée
au sol une grande partie du mois de décembre et de janvier à
cause de conditions météorologiques exécrables.
Quelques raids de B24 Libérator ont lieu mais n’obtiennent
pas les résultats escomptés. Seulement dix tonnes de bombes
seront larguées pour 10 appareils perdus dont aucun du fait de
l’ennemi. Les pertes seront principalement dûes aux accidents
à cause du brouillard permanent et aux erreurs des chasseurs
P38 et P40 de la base avancée d’Amchitka. En février,
la météo s’améliore un peu et permet d’effectuer
24 sorties de bombardement en neuf jours et de mener 20 sorties de reconnaissance.
150 tonnes de bombes sont utilisées sur cette période.
Mais il apparaît que la puissance navale disponible pour supporter
un assaut de cette envergure reste insuffisance (la bataille de Guadalcanal
vient juste de s’achever). Les japonais de leur côté
s’attendent à une attaque sur Kiska et ont très
bien préparé leurs défenses sur l’île.
Le Contre-Amiral KINKAID propose alors un nouveau plan, au début
de mars 1943. Il est décidé de reprendre en premier Attu,
la plus grande des îles qui apparaît moins défendue.
Kiska une fois isolée et les renforts promis par les Canadiens
arrivés, les Alliés attendront une météo
propice pour lancer leur assaut final.
L’élaboration
du débarquement
Des
estimations basées sur les photographies aériennes de
février laissent à penser que la garnison japonaise d’Attu
ne serait défendue que par environ 500 hommes, avec au moins
trois compagnies d’infanterie, une compagnie de travaux et de
l’artillerie antiaérienne. Des informations transmises
à la Navy mettent en évidence l’existence d’un
aérodrome japonais à Attu et soulignent l’urgence
de mettre le plan d’invasion à exécution. A partir
du 22 mars, le plan d’action est revu. Il prévoit plus
de moyens maritimes et terrestres. En avril des rapports apportent la
preuve au Général BROWN que la garnison ennemie serait
de 1600 à 1800 hommes et non 500 comme avancé initialement.
Les photographies aériennes montrent aussi des positions japonaises
existantes dans les parties basses de Massacre Valley, pouvant tenir
sous le feu la baie et ses plages. Mais l’état-major, n’ayant
pas la preuve qu’elles sont occupées considère qu’elle
ont été construites en 1942 et probablement abandonnées
depuis. Le général Brown inquiet, obtient le renfort d’un
bataillon d’infanterie supplémentaire. Pour l’attaque
initiale il est donc prévu un Regimental Combat Team composé
du 17th Régiment d’Infanterie avec un Field Artillery Bataillon,
d’un Bataillon du 32nd Infantry Regiment, avec une batterie de
Field artillery, les scouts de la 7th Division Reconnaissance Troop,
un Bataillon d’Antiaircraft Artillery et un Bataillon de Combat
Engineers. Le reste du 32nd Infantry Regiment, complété
par des unités du 117th Infantry combat team sont placé
en renfort sur Adak et doit être en mesure d’intervenir
sur Attu à D+1. Une seconde vague de renfort composée
du 4th Infantry Regiment et d’un Engineer Regiment doit occuper
l’île Shemya, dès la reprise d’Attu pour y
construire un aérodrome.
L’assaut initial est prévu pour le 7 mai 1943. Cinq plans
d’attaque différents ont été étudiés.
La Task Force avec ses 11000 hommes, enfin prête, quitte San Francisco
le 24 avril. Les forces américaines sont placées sous
le commandement du Contre-Amiral Thomas C. KINKAID, Force du Nord-Pacifique.
C’est le Contre-Amiral Francis W. ROCKWELL qui sera responsable
de la phase amphibie de l’opération et le Major General
Albert E. BROWN commandant de la 7th Infantry Division, qui assumera
le commandement des troupes débarquées sur les plages.
Les cuirassés Pennsylvania (BB-38), Idaho (BB-42) et Nevada (BB-36)
seront chargés de l’appui. Mais le débarquement
est repoussé au 11 mai à cause du mauvais temps. L’île
est continuellement entourée de brouillard et son relief très
difficile (montagnes, glaciers, failles et crevasses) ne permet d’envisager
un débarquement et une opération terrestre dans de bonnes
conditions qu’à partir de la plages situées à
son Est. La zone de débarquement est donc fixée dans le
secteur où la côte est entrecoupée par quatre baies.
Au vu des derniers rapports, c’est finalement le 5ème plan
d’attaque, le plan « E » qui est adopté. Il
prévoit un débarquement principal à Massacre Bay,
une remontée rapide de Massacre Valley puis la prise des hauteurs
commandant Holtz et Sarana Bays. Enfin il prévoit une jonction
avec l’autre force débarquée au Nord sur Holtz Bay.
Ceci permettant à la force principale flangardée par les
troupes sur Holtz de prendre à revers les unités sur Chicago
Harbor, d’encercler puis d’anéantir les japonais.
Les prévisions sont optimistes, le commandement parie sur trois
jours de combat au plus. Pendant les dix derniers jours qui vont précéder
le débarquement, les chasseurs bombardiers basés sur Amchitka
vont encore larguer 95 tonnes de bombes sur Attu.
Mais les japonais ont eu le temps d’être renforcés
sur Attu par plusieurs convois avant de subir leur revers naval aux
îles Komandorski. Ils ont eu de nombreuses semaines pour se préparer.
Leur effectif est maintenant d’environ 2400 hommes, incluant un
bataillon et demi d’infanterie, 3 batteries antiaériennes
de 75 mm, divers mortiers, canons légers et 2 pelotons d’une
batterie d’artillerie de montagne, armés de 75mm Pack Howitzer.
Ils ont également reçu une unité médicale,
divers détachement de service et plusieurs unités de génie,
dont la mission essentielle est de construire un aérodrome dans
le bras Est de Holtz Bay. Débarqué par sous-marin début
mars, le colonel Yasuyo Yamazaki a pris le commandement sur l’île
avec consigne de combattre jusqu’à la mort sans espoir
de renfort. Il installe son quartier général à
Chicago Harbor, une toute petite baie coincée entre Holtz Bay
et Sarana Bay. L’essentiel de la garnison japonaise est concentré
dans le secteur de Holtz Bay et autour de Chicago Harbor, où
les défenses les plus puissantes ont été installées.
Une batterie de quatre canons antiaériens interdit l’accès
au bras Ouest de Holtz Bay, une autre est placée afin d’interdire
l’accès au bras Est et le dernière est incluse dans
les défenses de Chicago Harbor. L’artillerie de montagne
a été placée sur les hauteurs entre Holtz et Massacre
Bays. Chacun de deux pelotons peut prendre en enfilade sous ses feux
le secteur de Massacre Valley, point de sortie des plages Sud. Toutes
les collines dominant Massacre Valley et Sarana Bay sont truffées
de positions de mortiers et de mitrailleuses Nambu. Les plans américains
échaffaudés en Californie tiennent compte du fait que
Chicago Harbor et Holtz Bay seraient les secteurs les plus défendus
car les plus propices à un débarquement mais pensent que
rien de sérieux ne les attend à massacre bay. Des reconnaissances
aériennes ont pourtant bien décelé une présence
ennemie dans Massacre valley et dans le secteur de Temnac Cove, à
Sarana Bay. Mais il leur a été impossible de dénombrer
avec précision le nombre de positions de défenses installées
sur les collines.
L’opération amphibie
Le
premier acte de cette opération a lieu le 11, quand vers 02H00,
les appareils du porte- avions Nassau (CVE-16) attaquent Chicago Harbor.
Ils mènent une action combinée de bombardement, de mitraillage
et de lâché de tracts, invitant les japonais à se
rendre.
Le commando du 7th Scout Company est le premier à atteindre Attu.
Il fait partie d’un Bataillon Provisoire commandé par le
capitaine William H. WILLOUGHBY, avec le 7th Division Reconnaissance
Troop (moins un peloton). Précédant l’assaut amphibie,
il est déposé dans la nuit par sous-marin, sur une petite
plage baptisée Beach Scarlet. Il doit être suivi immédiatement
par le débarquement du Reconnaissance Troop, en attente sur le
destroyer Kane (DD-235). Ensembles, ils doivent remonter une étroite
vallée menant plein sud et contrôler une passe qui domine
les sorties de Holtz Bay. A partir de là, ils peuvent empêcher
un repli japonais ou les prendre à revers. Mais un banc de brouillard
retarde le débarquement du Reconnaissance Troop qui n’a
lieu qu’aux premières heures de l’aube.
Sur la plage de Holtz Bay (Beach Red), exactement à Goltsov point,
ce sont les Alaskan Scouts et la Company A du 17th Infantry Regiment
qui débarquent en premier. Ils peinent à trouver leur
route dans le brouillard. Leur mission est de vérifier la faisabilité
du débarquement de la totalité de la Force du nord sur
la plage (le BCT 17-1, créé autour du 1st Bataillon du
17th Infantry).
Le Beachmaster de la Navy et le colonel Frank L. CULLIN, commandant
le 32nd Infantry Regiment ont accompagné les éclaireurs.
Ils rendent compte que malgré quelques difficultés dues
au relief, le débarquement peu avoir lieu. Côté
japonais, à 10H00, le colonel Yamazaki est informé que
des bateaux américains ont débarqué sur Attu et
il ordonne au 303ème Bataillon de rejoindre ses positions de
combat. Peu après les cuirassés Pennsylvania et Idaho
engagent un bombardement guidé par radar sur la zone de Chicago.
L’ennemi répond en renforçant ses positions défensives
qui gardent les passes contrôlant Massacre Valley.
A 12H30 le lieutenant colonel Albert E. HARTL, commandant le BCT 17-1,
demande l’autorisation au Général Brown de débarquer
le reste de ses troupes. Celles-ci, masquées par les nappes de
brouillard sont embarquées sur les barges depuis 8H00. BROWN
décide alors que le débarquement au Sud sur Massacre Bay
commencera à 15H30, et autorise HARTL à débarquer
dès qu’il sera prêt.
A 16H15, la Company B du 17th Infantry Regiment prend pied sur Beach
Red. Quelques minutes plus tard, des éléments du 2nd et
3rd Bataillons du 17th Infantry Regiment débarquent sur Beach
Blue et Beach Yellow, à Massacre Bay. Aucune opposition ennemie
n’est rencontrée sur les plages.
Vers 21H30, cinq heures après que le débarquement principal
ait commencé, un total de 3500 hommes a pris pied sur Attu. 400
à Beach Scarlet, 1100 à Beach Red, et 2,000 sur les deux
plages de Massacre Bay. Au Nord, le premier contact avec l’ennemi
se fait vers 18H00, 1600 mètres au Sud-Ouest de Goltsov Point.
Deux japonais sont tués, les autres s’enfuient. Mais la
patrouille venue de la plage est tout de suite prise sous le feu de
canons doubles antiaérien et sa progression est sérieusement
ralentie. Le BCT 17-1 pense être devant son objectif principal:
Hill X, une positon haute de 240m et située à 3500m de
Beach Red. Les hommes stoppent leur progression durant la nuit et creusent
des fox holes. La 7th Scout Company, après avoir progressé
toute la journée, a atteint une élévation d’une
altitude de 750m au sommet de la passe. Mais la nuit est tombée
et il est difficile de faire un point topographique avec précision.
Le capitaine WILLOUGHBY ordonne alors à se hommes de bivouaquer
pour la nuit.
La force de débarquement Sud prend contact avec l’ennemi
après 18H00. Le BCT 17-2, après avoir progressé
de 2500m, est ralenti fortement par des tirs violents provenant d’une
position japonaise sur les hauteurs à l’Est de Massacre
Valley. Celle-ci va prendre le nom de Gilbert Ridge. Totalement bloqué
500m plus loin par des tirs de mitrailleuses et de mortier, et incapable
de se redéployer, le BCT 17-2 doit s’enterrer sur place
vers 21H00. Sur le flanc gauche, le BCT 17-3, venant de Beach Yellow,
a réalisé sensiblement la même progression. Les
deux bataillons sont maintenant bloqués par les tirs venant des
positions ennemies qui gardent les passes de Holtz Bay et Sarana Bay
et des collines de chaque côté de la vallée. A la
demande du BCT 17-3, les howitzer de 105mm débarqué sur
la plage délivrent un feu concentré sur les hauteurs surplombant
la vallée. Mais dès la fin du tir d’artillerie,
le harcèlement japonais reprend, rendant toute progression impossible.
Le Bataillon se trouve juste devant le BCT 17-2, de l’autre côté
du versant.
Deux petits détachements ont été envoyés
sur chaque flanc pour sécuiriser les colinnes Gilbert Ridge,
à droite et Henderson Ridge à gauche. Un de ces détachements,
un peloton du 7th Reconnaissance Troop, a été débarqué
à Alexai Point, 6 kilomètres à l’Est de Massacre
Bay et se trouve à mi-chemin de Chirikof Point. Il a reçu
comme mission d’établir une ligne d’avant-poste sur
la péninsule entre Alexai point et Sarana Bay et de reconnaître
à l’Ouest pour inclure la zone entre Lake Nikolas et Massacre
Bay. En mesure de reconnaître ensuite la péninsule vers
l’Est dans la direction de Chirikof Point. Il doit prendre contact
et coordonner son action avec un peloton du 17th Infantry posté
dans la passe entre Sarana Bay et Massacre Bay. Mais après son
débarquement à Alexai Point, le peloton du 7th Reconnaissance
Troop se trouve coupé de tout contact avec la force principale
pendant deux jours. Pendant ce laps de temps, il ne va pas rencontrer
d’ennemi et ne prendra pas part à la bataille. Cette section
aurait plus tenir un rôle plus actif si les japonais avaient essayé
de s’infiltrer à travers Gilbert Ridge, même si sa
position se situait loin à l’Est de tous point probable
de contre-attaque ennemie. L’autre peloton était la F Company
du 17th Infantry. Renforcée d’un groupe de mortier de 60mm
et d’une section de mitrailleuses légères, cette
section fait mouvement à l’Est, le long de la plage de
Massacre Bay et doit emprunter un raidillon qui mène au sommet
de Gilbert Ridge, puis redescend sur Sarana Beach. Il doit s’emparer
de Gilbert Ridge et la nettoyer de l’ennemi puis établir
une position défensive, au bout de la passe de Sarana. Le peloton
a grimpé toute la nuit et la matinée du 12 pour atteindre
son objectif, mais sur les hauteurs, il est découvert par les
japonais. Pendant deux jours, ses hommes vont combattre contre de fortes
patrouilles ennemies le long de Gilbert Ridge. Ils arrivent finalement
à rejoindre le secteur où s’est retranché
le BCT 17-2 dans la nuit du D-Day.
L’infanterie ne progresse pas
Pendant
ce temps, les détachements qui avaient été envoyés
sur le flanc gauche de la Force du Sud pour protéger l'Arête
Henderson et son secteur, se sont également heurtés à
des difficultés. Une section de la I Company, 17th Infantry,
dépêchée de Massacre Beach pour protéger
le côté de la vallée, a dû gravir des pentes
abruptes. Le brouillard et l'obscurité arrêtent finalement
la section qui a atteint un point environ 700 mètres un peu avant
la position où le BCT 17-3 s'est établi dans la vallée.
Une semaine plus tard, le 18 mai, la section se trouve seulement environ
500 mètres au-delà de ses positions originales.
Sur le flanc gauche, derrière l'Arête Henderson, la F Company,
32nd Infantry Infanterie s’est heurté à plusieurs
impasses infranchissables après avoir atteint son premier objectif
:Temnac Cove. Bien que retardé pour avoir débarqué
plus loin à l'est que prévu, la F Company atteint Temnac
Cove au crépuscule de D-Day. Elle y découvre et détruit
par surprise un poste avancé ennemi. Elle entame sa seconde mission
le lendemain matin et se déplace au Nord-Est vers Holtz Bay,
conformément aux ordres reçus de nettoyer toutes les installations
ennemies situées sur le flanc de la Force Principale, progressant
vers la sortie de Massacre. Mais le relief est infranchissable et la
compagnie ne fait aucun progrès. Partout où elle se dirige,
elle se retrouve comme dans un cul de sac et finalement le général
BROWN lui ordonne de revenir sur ses pas et de retourner à Massacre
Beach. Le BCT 32-2, mis à part sa F Company, n'a pas encore été
engagé et les deux autres bataillons du 32nd Infantry ne doivent
arriver d'Adak qu’au cours des vingt-quatre prochaines heures.
Des renforts supplémentaires sont nécessaires. Le général
BUCKNER est disposé à détourner le 4th Infantry
regiment prévu pour occuper l’île de Shemya, le 31
mai. Les choses ne se déroulent pas comme le plan l’avait
prévu. Les combats se durcissent toute la journée du 12
mai. Henderson et Gibert Ridge ne sont toujours pas nettoyées
et les bataillons sont pris sous les feux croisés venant de chaque
flanc.
La mort du colonel EARLE
Le
BCT 17-2, qui a pour ordre de consolider et de tenir sa position en
bloquant les accès de la passe Sarana-Massacre, se trouve obligé
d'avancer sur le terrain très difficile sous un feu nourri. Le
colonel Edward P. EARLE, chef de corps du 17th Infantry, est tué
par une rafale de mitrailleuse alors qu’il rejoint une position
avancée. Sa mort est un coup sévère pour l’unité.
Il est remplacé par le colonel Wayne L. ZIMMERMANN, précieux
chef d’Etat-major du général BROWN. Le 12 au soir,
le Régiment a réussit à verrouiller l’accès
à la passe mais les défenses japonaises sont quasiment
intactes. Le BCT 17-3 a réussi à se hisser jusqu’à
Jarmin Pass, mais il est durement accroché. Pendant deux jours,
toutes ses attaquent frontales contre la passe vont échouer,
bien qu’il soit épaulé maintenant par le BCT 32-2.
Le 14 mai, l’attaque contre Massacre vallée semble enfin
terminée. Au Nord, le BCT 17-1 progresse maintenant correctement
depuis Holtz bay. Les hauteurs atteintes par le Bataillon, la nuit du
D-Day, se trouvait en fait 900 mètres avant Hill X et les japonais
ont profité de la nuit pour s’emparer du sommet. Après
d’âpres combats qui vont durer toute la journée du
12, le BCT 17-1 s’empare enfin de son objectif initial, dans la
soirée. Mais pendant les deux jours qui vont suivre, les japonais
vont opposer une farouche résistance et s’accrocher désespérément
au versant opposé de la colline. Le 14, le bataillon est rejoint
par le BCT 32-3. Le Bataillon Temporaire, parti de Beach Scarlet se
trouve toujours dans le ravin sur l'arrière des positions Holtz
Bay. Il est fixé depuis trois jours sur la même position
et se situe encore à environ 1500m de son objectif.
Le général BROWN dira de ces combats :
-«
L'expérience de ces quatre jours de lutte montre que la tactique
japonaise est au point. Elle utilise des barrages de mitrailleuses,
des tireurs embusqués dissimulés qui se terrent dans les
trous ou les tranchées de chaque côté des hauteurs,
le long des passes étroites menant aux montagnes. Leurs positions
sont difficiles à repérer et presque impossibles à
neutraliser avec l'artillerie. Ils créent de nombreuses pertes
dans nos rangs. Le nombre de positions de mitrailleuses est très
important en regard de l’effectif de la force ennemie. De plus,
de petits groupes d'infanterie sont enterrés au sommet des hauteurs
parallèles à l'axe d'approche des passes. Etant donné
les caractéristiques du terrain, il est presque impossible de
s'approcher de ses positions, en raison des pentes escarpées
plus ou moins couvertes de neige et extrêmement glissantes. A
moins que nous n'ayons beaucoup de chance, les progrès dans les
passes, seront lents et coûteux et exigeront des effectifs supérieurs
à ceux actuellement disponibles sous mon commandement. »
Le général BROWN est relevé
Suite
aux demandes répétées du Général
BROWN, les deux bataillons du 32nd Infantry (BCT 32-3 et BCT 32-1) qui
constituent la réserve de force, arrivent enfin sur Attu le 13
mai. Mais ceux-ci s’avèrent insuffisants. BROWN réclame
toutes les unités disponibles (même celles allouées
aux services et à la défense antiaérienne) pour
combattre. Le 15 mai, l’Amiral ROCKWELL accorde les renforts demandés.
Ses cuirassés ont tirés la majorité de leurs projectiles
et le PENNSYLVANIA a fait l’objet d’une attaque à
la torpille manquée d’un sous-marin japonais. Les navires
sont restés trop longtemps dans ces eaux dangereuses et doivent
se retirer des côtes. Les maigres progrès de l’assaut
et les demandes incessantes en hommes et en matériels du général
BROWN, finissent par irriter l’amiral KINKAID. Il décide
de le relever et confie le commandement des opérations sur Attu
au général LANDRUM. Celui-ci prend ses fonctions le 16
mai à 17H00, juste au moment où les combats pour Holtz
Bay entament leur dernière phase. La relève du général
BROWN coïncide avec l’avance de la force du Nord qui parvient
enfin à briser le « verrou de la mort ». Les intenses
bombardements tant navals qu’aériens ont eu raison de la
résistance acharnée des japonais qui se replient enfin
du bras Ouest de Holtz Bay, le 14 mai. Les deux jours suivants, la Force
du Nord, après avoir fait sa jonction avec le Bataillon Provisoire
se rend maître du bras Ouest et après de sévères
combats, des hauteurs qui séparent le deux bras de la baie. Ils
s’emparent de la crête elle-même dans la nuit du 16
mai. Cela permet à la force du Nord (BCT 17-1 et BCT 32-3) de
se retourner sur les arrières des forces japonaises défendant
la passe de Massacre Valley. Le 17 mai, les japonais sont forcés
de se retirer vers Chicago Harbor.
Le sacrifice des Japonais sur Attu
Dans
les premières heures du 18 mai, les forces du Nord et les forces
du Sud opèrent enfin leur jonction. La K Company du BCT 17-3
rencontre la 7th Reconnaissance Company sur le versant Ouest de la Passe
Holtz Bay-Massacre. C’est le tournant de la bataille. Les combats
seront encore durs et coûteux en vies humaines et dureront presque
deux semaines encore pour atteindre tous les objectifs assignés.
Il faudra réduire au silence un à un, les nids de mitrailleuses
et les mortier juchés sur les hauteurs. Mais finalement la force
combinée américaine, renforcée par un Bataillon
du 4th Infantry, réussira à encercler Chicago Harbor.
L'organisation défensive japonaise sera finalement brisée,
la nuit du 29. Dans une charge suicide fanatique, menée par le
colonel Yasuyo Yamazaki, sabre à la main, les quelques mille
japonais survivants, attaquent les lignes américaines, après
avoir achevé leurs blessés. Tous trouveront la mort exceptés
4 d’entre-eux, qui seront faits prisonniers. Le 30 mai, L’Etat
Major Impérial annonce la perte d’Attu.
Voici un passage d’un journal trouvé sur le corps de l'officier
japonais Nebu TATSUGURI, du service médical nippon sur Attu.
Celui-ci évoque parfaitement l’état d’esprit
du soldat japonais lors de ces terribles combats.
-« 28 mai 1943.
Il ne nous reste plus que deux jours de vivres. Notre artillerie a été
détruite. On entend le son des mortiers et des canons anti-aérien.
Les compagnies qui tenaient le sommet du volcan d’Attu ont été
anéanties, excepté une. Je me demande si le commandant
Yenegawa et quelques-uns de ses hommes sont encore vivants. Le 303ème
bataillon est vaincu, la plupart des compagnies ont été
annihilées. Le bataillon Yenegawa tient encore sur Umanose. Il
y a de nombreux cas de suicide. La moitié du secteur où
se trouve l’Etat-Major a été emporté par
l’ennemi. J’ai entendu dire qu’ils ont distribués
400 doses de morphines pour aider les blessés à se suicider.
J’ai mangé du chardon à demi-séché.
C’est le seul aliment frais que j’ai pu consommer depuis
des mois, c’est un régal. l’Etat major a ordonné
que nous implantions l’hôpitâl plus loin dans l’île,
mais cet ordre a été annulé.
29
mai 1943.
Aujourd’hui, il est 20H00 nous sommes rassemblés à
l’Etat-major, les personnels de l’hôpital vont combattre
aussi. C’est notre ultime assaut. Tous les blessés se sont
suicidés. De l’hôpital, nous ne sommes plus que 33
encore en vie et je dois mourir. Je n’ai pas de regrets. Banzaï
pour l’Empereur ! Je suis heureux car j’ai gardé
la paix dans mon âme. J’ai pris sur moi de m’occuper
de mes derniers patients avec des grenades. Au revoir Taeki, mon épouse
adorée qui m’a aimé jusqu’à mon dernier
souffle. Jusqu’à notre prochaine rencontre, accorde toi
la grâce de dieu. La faute commise il y a quatre ans me sera pardonnée.
Je suis désolé pour toi Takiko, né en février
de cette année et parti sans avoir pu connaître ton père.
Au revoir Mattué, frère Hokkey Sukechan, Masachm, et Mitichan,
au revoir. Nous sommes un peu moins de mille hommes pour cette dernière
charge. Nous allons tenter de prendre les positions d’artillerie
ennemies. Il semble que l’ennemi prépare un assaut général
demain… »
Drapeau japonais saisi sur Attu en mai 1943. Emmené aux Aléoutiennes
par le soldat Tadashi KIKUCHI, ce drapeau, récupéré
après la mort du soldat fut gardé pendant 60 ans par le
soldat californien Edwin TREBIAN. En 2001, le vétéran
américain a souhaité que ce drapeau soit remis à
la fille de KIKUCHI, au Japon.
Le
nettoyage des dernières poches de résistance sur Attu.
Bien que les Américains annoncent la prise de l’ïle
d’Attu le 29 mai 1943 et que l’Etat-major impérial
japonais reconnaisse la perte de l’île dès le 30
; il serait une erreur de croire que les combats sur l’île
se sont terminés à cette date. L’étude des
communiqués du Navy Department montre qu’il n’en
est rien et que des poches de résistances japonaises vont encore
poser des problèmes durant de nombreux jours aux forces américaines.
N. D. COMMUNIQUÉ NO. 399, JUNE 2, 1943
Le 31 mai, sur Attu, les opérations de neutralisation de groupes
de japonais isolés continuent. Les estimations fournies le 30
à minuit concernant les pertes japonaises sur Attu sont les suivantes
: Tués 1500, prisonniers 4.
N.
D. COMMUNIQUÉ NO. 400, JUNE 3, 1943
Le 1er juin sur Attu, divers secteurs ont été ratissés
par les troupes américaines qui, vers midi, ont rencontré
et éliminé quelques petits groupes de soldats japonais.
Un rapport complémentaire confirme 1791 tués japonais
sur Attu. Ce chiffre ne tient pas compte du nombre inconnu de japonais
disparus lors des destructions occasionnées par les tirs d’artillerie
navale et les bombardements aériens. Un certain nombre de corps
ont été également incinérés ou enterrés
par les japonais.
N. D. COMMUNIQUÉ NO. 401, JUNE 4, 1943
Au 1er juin, sur Attu, il subsiste de petits groupes de japonais qui
tiennent certains secteurs de l’île, mais l’ennemi
n’est plus en état d’opposer une résistance.
Les pertes américaines sur Attu au 1e juin à minuit sont
de 342 tués, 1135 blessés et 58 disparus.
Aux 1791 tués japonais mentionnés dans le communiqué
du Navy Department, il convient d’ajouter 11 prisonniers faits
par les troupes américaines.
N. D. COMMUNIQUÉ NO. 404, JUNE 8, 1943
Au 7 juin, 8 japonais ont encore été tués sur Attu.
11 autres, encerclés dans Chicago Valley, ont préféré
se faire sauter avec des grenades plutôt que de se rendre. Le
total des tués ennemis connu à ce jour est de 1826.
N.
D. COMMUNIQUÉ NO. 405, JUNE 10, 1943
Durant la journée du 9 juin, 19 japonais ont été
tués sur Attu et 5 autres ont été capturés.
N.
D. COMMUNIQUÉ NO. 407, JUNE 12, 1943
Pendant la nuit du 8 au 9 juin, des patrouilles de l’US army sur
Attu ont combattu dans le secteur entre Sarana Bay et Cape Khlebnikof.
66 japonais ont été tués et un seul a été
fait prisonnier. Il n’y a pas eu d’activité ennemie
signalée dans les autres secteurs de l’île.
N.
D. COMMUNIQUÉ NO. 416, JUNE 18, 1943
Au 16 juin, trois prisonniers japonais supplémentaires ont été
faits sur Attu, dans le secteur de Khlebnikof. Un total de 24 soldats
japonais a té capturé sur Attu.
N.
D. COMMUNIQUÉ NO. 423, JUNE 26, 1943
Des patrouilles américaines ont tués 15 japonais sur l’île
Attu.
N.
D. COMMUNIQUÉ NO. 439, JULY 12, 1943
Le 4 juillet, 4 japonais ont éét capturés sur l’île
d’Attu.
Ces
rapports montrent bien que des combats sporadiques ont lieu sur Attu
pendant de nombreux jours. Attu ne sera définitivement nettoyée
de toute présence japonaise que le 4 juillet 1943, soit 36 jours
après l’annonce de la prise de l’île par les
troupes américaines. Les derniers japonais ont bien souvent préféré
combattre jusqu’à la mort ou se suicider plutôt que
de subir le déshonneur de se rendre. L’un d’entre-eux
dira qu’il a été fait prisonnier parce trahi par
la grenade qu’il pressait contre son ventre. Celle-ci n’avait
pas explosé. Les communiqués concernant Attu permettent
aussi de vérifier que le nombre de prisonniers avancé
généralement est bien exact, mais au 12 juillet et non
au 29 mai, après la charge suicide, comme il est avancé
parfois.
De durs combats pour les américains
Les conditions climatiques extrême sur Attu, le relief très
accidenté et l'opiniâtreté des japonais à
défendre leurs positions surprirent les soldats américains
qui souffrirent beaucoup durant cette campagne. Les combats furent couteux
et toutes les unités (y compris celles de soutien) furent requises
pour nettoyer l'île de toute présence ennemie. Un jeune
marin, Clair McLeod fut surnommé le "Kid d'Attu". Alors
qu'il ne devait pas participer aux combats sur l'île, Il désobéit
aux ordres et montra une conduite héroîque en detruisant
un nid de mitrailleuse japonais mais fut abattu par un sniper japonais.
Il fut hautement décoré à titre posthume.
Après la bataille
Attu sera une base logistique non négligeable pour l'assaut sur
Kiska. L'aérodrome y fut reconstruit et occupé par la
chasse américaine jusqu'à la fin de la guerre.
Les américains créèrent deux cimetières
militaires sur l'île pour leurs soldats et un pour les japonais.
Celui de Little Falls se trouvait au pied de Gilbert Ridge of Gilbert
Ridge, au Nord-Ouest de l'ancienne base de la Navy. Le cimetière
de Holtz Bay quant à lui se trouvait sur les lieux mêmes
ou avait débarqué la Force du Nord. En 1946, les corps
des soldats américains furent exhumés et ensevelis à
Fort Richardson, près d'Anchorage, en Alaska ou dans d'autres
lieux choisis par les familles. Depuis, l'emplacement du cimetière
de Little Falls a été repris par la toundra, il n'en reste
plus de traces visibles aujourd'hui.
Les Aléoutiennes, opérations sur Kiska
L’invasion
japonaise sur Kiska
5
juin 1942, l’opération « AL », l’invasion
des aléoutiennes va commencer. 20 navires japonais de la 5ème
flotte, sous le commandement du vice-amiral Boshiro Hosogaya se dirigent
vers les aléoutiennes. En chemin, HOSOGAYA a reçu l’ordre
d’abandonner le projet d’invasion d’une troisième
île, celle d’Adack, erreur stratégique dont profiteront
les américains. La flotte, puissante se compose notamment des
croiseurs légers Kiso et Tama, de 3 destroyers et 4 transports
de troupes.
L’invasion japonaise de Kiska est menée par le Capitaine
Takeji Ono et 500 fusiliers marins. Elle débute le 06 juin 1942,
à 15 heures, par un débarquement à Reynard Cove.
Vers 01 heure du matin, le 07 juin, la totalité de Kiska et petite
Kiska passe sous contrôle japonais. L’île a été
évacuée de sa population civile et la seule présence
militaire américaine réside en une station météorologique.
Les japonais l’attaque aussitôt, tuant deux officiers de
l’US Navy et en capturant huit autres. Dans les jours qui suivent,
2000 soldats supplémentaires débarquent et le contre-Amiral
Monzo Akiyama prend le commandement de l’ensemble des troupes
sur l’île. Les prisonniers américains sont embarqués
par voie maritime et expédiés au Japon où ils resteront
détenus jusqu’à la fin de la guerre. Dès
le 11 juin, les américains tentent une riposte aérienne
au-dessus de Kiska. La 11ème Air Force envoie 5 bombardiers B-24
Libérator et 5 B-17 Flying Fortress qui décollent de Cold
Bay frappent l’île pour la première fois dans le
secteur des installations portuaires où sont amarrés les
bateaux japonais. La défense anti-aérienne ennemie parvient
à abattre un Liberator. Le 12, un second raid est lancé
avec six B-17 et un seul B-24. Ceux-ci parviennent à incendier
un navire dans le port mais la mission est vite interrompue car le temps
se dégrade.
Réaction tardive de l’Amirauté américaine
Afin
de ralentir l’arrivée de renforts sur les aléoutiennes,
l’US Navy prend la décision d’envoyer des sous-marins
envoie des sous-marins rôder autour des aléoutiennes. Mais
ceux –ci ne peuvent travailler qu’en submersion du fait
de conditions météo exécrables et d’une visibilité
presque nulle qui augmente le risque d’accident. Ainsi, 18 juin
1942, le sous-marin S27 (SS-132), alors en surface, heurte des récifs
et commence à faire naufrage. Pendant deux jours il est secouru
par l’USAAF et des navires déroutés vers le secteur.
L’équipage sera sauf mais le sous-marin trop endommagé
sera sabordé et son armement neutralisé.
Création d’une base de sous-marins de poches sur Kiska
Le
28 Juin 1942, un convoi commandé par le capitaine Harada Haku
quitte Yokosuka, à bord du transporteur d’hydravions et
de sous-marins de poche Chiyoda. Il est accompagné par les transports
Argentina Maru, (futur Kaiyo) et protégé par la 18ème
division de destroyers (Arare, Kasumi et Shiranuhi). Le Chiyoda emporte
à son bord 6 sous-marins de Type A (HA-28, HA-29, HA-31, HA-32,
HA-33 et HA-34), avec leurs 150 membres d’équipage, 6 chasseurs-hydravions
Nakajima A6M2 “Rufe” et biplaces de reconnaissance 95 Kawanishi
E8N “Dave”. Il emporte également à destination
de Kiska, le 12ème bataillon de construction du génie
et 200 tonnes de ciment. Ces troupes avec leur matériel seront
à pied d’œuvre sur Kiska dès le 5 juillet 1942.
Les sous-marins de poche formeront l’unité spéciale
de la 5ème unité de Garde. Le commandement de ce détachement
n°1 de sous-marins de poche de Kiska est confié au Lieutenant
Otozaka Shoichi qui a déjà combattu avec ce type de sous-marin
autour de l’île Kure (Midway). Le détachement du
12ème bataillon du génie reçoit pour mission d’ériger
un atelier de maintenance pour les submersibles et quatre ensembles
des rails de lancement, dans la partie ouest du Port de Kiska. Mais
l’arrivée du convoi a été détecté
par un sous-marin américain : l’USS Growler (SS-215). Son
commandant, Lt Cmder Howard W. Gilmore, profite de l’effet de
surprise et passe à l’attaque. Il engage les trois destoyers
japonais à l’encre, endommage le Kasumi et le Shirabuhi
et coule le Arare. Le SS-215 alerte alors la 11ème Air Force.
Bientôt unraid de B-24 prend pour cible le Chiyoda mais ne l’atteint
pas. Profitant de plusieurs jours de mauvais temps, le Chiyoda quittera
Kiska le 12 juillet pour rejoindre Hashirajima.
Les sous-marins de la Navy veillent dans le Pacifique Nord.
Le
15 juillet, le sous-marin USS Grunion (SS-216), repère à
l’ouest de Srebni Point, au large de Kiska, trois navires qu’il
identifie comme des destroyers. Ce sont en fait des navires de lutte
anti sous-marine japonais. Le commandant de bord, le Lt Cmder Mannert
L. ABELE les attaque à la torpille, endommage le CH-26 et coule
le CH-25 et le CH-27.
L’Amirauté américaine prend très au sérieux
la menace navale japonaise. Le 7 août 1942, elle envoie le Task
group 8.6 du contre-Amiral William W. Smith bombarder les installations
portuaires sur Kiska. Les infrastructures prévues pour accueillir
les sous-marins de poche, encore incomplètes sont sérieusement
endommagées notamment par les salves du croiseur léger
USS Nashville (CL-43) et un hydravion A6M2-N est détruit. Mais
quatre sous-marins ancrés dans le port (RO-61, RO-64, RO-68 et
le I-6) plongent afin d’échapper au raid. Ils tentent ensuite
d’intercepter le Task Group mais n’y parviennent pas. Après
cette attaque, les japonais prennent la décision d’amarrer
en permanence trois sous-marins de poche à une bouée portuaire,
paré à riposter.
Des fusils contre un destroyer.
Le
17 aôut le sous-marin RO-61 revient à Kiska. Commandé
par le Lt Cmder Tokutomi Toshisada, il a maintenant pour mission d’alimenter
les sous-marins en électricité et permettre ainsi de continuer
les exercices de plongée. Mais il continue aussi de patrouiller
afin d’intercepter les raids navals américains sur les
aléoutiennes. Ie 28 août, il effectue une sortie d’urgence,
accompagné par le RO-64 et le RO-62. Un hydravion de Kiska a
repérer une force US à Nazan Bay sur l’île
Atka. Le pilote annonce avoir localisé un destroyer et un croiseur
léger. En fait, il s’agit du porte-hydravions de la classe
Barnegat , Casco (AVP-12). Les submersibles japonais arrivent dans le
secteur de la baie le 29 et attendent l’ordre d’attaquer
les navires à l’ancre. Le 30, le RO-61 torpille par trois
fois le Casco, pensant avoir affaire à un croiseur lourd de la
classe Northampton. Une seule torpille atteint son but mais l’explosion
tue 5 marins américains et en blesse 20 autres. Le Casco parvient
pourtant à s’échouer sur la plage et après
de sérieuses réparations pourra reprendre la mer le 12
septembre. Il sera le premier navire US touché par un sous-marin
de la classe moyenne RO.
Cette attaque surprise des japonais provoque une réaction immédiate
américaine. Des PBY-5A Catalina patrouillent aussitôt sur
toute la zone. Le 31 août, un de ces appareils piloté par
le lieutenant S. E. Coleman, repère malgré le brouillard
un sous-marin nippon en surface qui semble recharger ses batteries.
Il le mitraille et large deux charges de profondeurs qui endommagent
sérieusement le submersible. Un second Catalina, celui du Lt
Carl H. Amme, l’engage également et une de ses charges
touche le RO. Une tâche d’huile importante apparaît
immédiatement à la surface. Alerté l’USS
Reid (DD-369) se rend sur les lieux et lancent treize charges de profondeur
sur le secteur. C’est alors, que le RO-61, touché mortellement
parvient à faire surface. Mais au lieu de se rendre. Les Japonais
sur le pont font feu sur Le Reid avec leur canon de pont et des fusils
Arisaka. Ils sont aussitôt fauchés par les canons de 20mm
du destroyer. Le Lt Cmder Mc Illeny achève alors le RO-61 avec
ses canons de 5 inchs. Le sous-marin sombre emportant avec lui le le
Lt Cmder Tokutomi Toshisada et 59 hommes. Seulement 5 matelots japonais
seront récupérés par le Reid.
Reprise des raids aériens contre le port de Kiska.
Le
14 septembre, la 11ème Air Force prend pour une nouvelel fois
pour cible le port de Kiska. Des B-17 et B-24, escorté par des
P38 Lightning et des P39 Airacobra s’attaquent ausx infrastructures
et aux trois sous-marins miniatures ancré à la bouée.
Les dégâts sont mineurs et aucun submersible « Midget
» n’est touché. Malgré les moyens déployés
par les américains, la base de sous-marins devient tout de même
opérationnelle en octobre 1942 avec trois sous-marins de poche
à l’ancre et trois autres parés à être
lancé. Un autre raid de B-24 le 04 novembre obtiendra plus de
résultats. L’explosion d’une bombe tuera 9 soldats
du 12ème bataillon du génie. Lors de l’attaque,
le RO-65 se met en plongée rapide. Mais dans la panique toutes
les vannes et écoutilles n’ont pas été fermées
et il semble au pilote US que le sous-marin ait été touché.
Le RO-65 prend l’eau rapidement et coule, emportant avec lui 17
marins et 2 machinistes. Son capitaine, le LtCdr Egi et 45 matelots
parviennent à être secourus.
Des problèmes d’approvisionnement et de maintenance.
En
décembre 1942, une violente tempête souffle sur les Aléoutiennes
et provoque de sérieux dégâts. Amarré à
la bouée, le sous-marin de Poche HA-28, prend l’eau par
son kiosque et fini par couler. Le ravitaillement devient plus difficile
pour les japonais en cette fin 1942. L’US Navy est partout présente.
Le manque de pièces commence à se faire sentir et la maintenance
devient délicate. Le HA-31 et le HA-33 ont un grave problème
d’étanchéité de leur coque. Ils sont déclarés
inopérationnels jusqu’à la fin d l’année
et ne pourront être réparés qu’en début
1943.
A partir du mois de décembre 1942, l’ennemi se renforce
encore sur Kiska. De nombreuses pièces d’artillerie anti-aérienne
sont mises en place et des unités du génie, chargées
de construire défenses et fortifications arrivent sur l’île.
Les préparatifs pour rendre les base de sous-marins de Kiska
opérationnelle se poursuivent. Le 15 février 1943, le
sous-marin I-169 quitte le port de Kure. Il emporte un chargement de
torpilles spéciales pour les sous-marins de poche et des personnels
de relève prévus pour l'unité de sous-mariniers.
Ceux-ci sont commandés par l'Enseigne Majima. Le submersible
est bientôt suivi par le I-171 qui transporte le reste du détachement.
Ils atteignent Kiska, le 25 et le 26 février 1943. Le 1er avril,
le I-169, embarque les pilotes du premier détachement destination
Yokosuka alors que le commandement de l’île est confié
au Lieutenant Général Kiichiro HIGUCHI.
Intensification des sorties de la 11ème Air Force.
Parallèlement
en ce début de 1943, les américains resserrent leur étau
autour des îles envahies par les japonais. Le 11 janvier 1943,
ils débarquent à Constantine Harbor et s’installent
sur l’île inoccupée d’Amchitka. Dès
le 12, le génie débute la construction rapide une base
aérienne qui doit permettre d’opérer contre les
îles en bénéficiant d’une autonomie accrue.
Kiska se trouve à moins de 70 miles d’Amchitka. Jusqu’à
présent les bases aériennes étaient très
éloignées des objectifs et les bombardiers quadrimoteurs
rentraient avec à peine 150 litres de carburant restant !
Le 1er avril 1943, on présente un nouveau plan de reprise des
îles au Chef d’Etat-Major américain. Tenant compte
des nombreux renseignements photographiques fournis par l’USAAF,
celui-ci préconise l’abandon provisoire d’un débarquement
sur Kiska, jugé trop risqué, au profit d’une opération
amphibie contre l’île d’Attu, considére comme
plus faiblement défendue. Le ratissage d’Attu est encore
en cours quand les préparatifs pour la reprise de Kiska sont
lançés. Les américains ont tenu compte des pertes
élevées subies, du temps glacial régnant sur les
Aléoutiennes et des difficultés rencontrées sur
un terrain au relief particulièrement difficile et peu propice
aux engagements. Les préparatifs à l’assaut seront
donc plus longs que pour Attu et devront bénéficier d’une
météo plus clémente. Dès le 30 juin, le
quartier général de la 11ème Air Force, situé
sur la Base d’Elmendorf Field, près d'Anchorage, en Alaska,
reçoit le feu vert pour la reprise des raids de bombardement
contre les défenses de Kiska. Il met en alerte aussitôt
ses unités (le 28th Bombardment Group, sur les bases d’Elmendorf,
d’Adak et de Shemya et le 343rd Fighter Group basé à
Elmendorf, Ft Glenn, Adak, Shemya et bientôt Alexai Point sur
Attu).
Dans un premier temps, des bombardiers quadrimoteurs B-24 Libérator
du 404th Bomber squadron, des North American B-25, escortés de
chasseurs Curtiss P40 incendient le camp japonais installé dans
la zone de Gertrude Cove, attaquent des navires à l’ancre
et l’aérodrome pendant que les chasseurs mitraillent le
secteur des plages. Le 31, l’attaque est renouvelée sur
les mêmes objectifs ainsi que sur North Head, mais les résultats
sont mitigés. Les Alliés profitent d’une accalmie
de la météo et d’une visibilité accrue pour
généraliser leur action. La nette augmentation des sorties
de bombardements coïncide avec la modification de l’organisation
du commandement des opérations militaire. Le contre-amiral Thomas
Cassin KINKAID, de U.S. Navy, opère maintenant directement sous
les ordres de l’Amiral Chester W. NIMITZ, Commandant en chef de
la flotte du Pacifique. Il est partisan d’une intensification
des frappes navales effectuées bien avant le déclenchement
d’une opération Amphibie sur Kiska et combinées
avec l’action de l’aviation. Le 1er juin, c’est un
raid américano-canadien qui frappe Kiska.
La formation comprend des bombardiers B-25, 40 appareils Ventura (Vega
B-34) partis de la base de Mitchell Field sur l’île d’Adack,
escortés par des chasseurs US Lockheed P38 Lightning et des P40
kittyhawk canadiens. Des coups au but sont observés sur le camp
principal japonais, sur l’axe de l’aérodrome et sur
des emplacements d’artillerie. Le 4 et 5 juin, les cibles attaquées
le 1er juin sont de nouveau bombardées. Mais le temps est de
encore brumeux et couvert. En dehors de quelques constructions et emplacement
d’artillerie touchés, aucun résultat tangible ne
peut être observé. L’activité aérienne
va être interrompue et il faudra attendre le 10 juin pour voir
une reprise des frappes. Les mêmes objectifs sont visés
durant quatre raids qui vont se dérouler l’après-midi.
Les bombes larguées par les B-24 et les B-25 tombent le long
de l’aérodrome pendant que les chasseurs P40 s’attaquent
à des barges près des plages. Pendant ce temps le génie
américain a travaillé d'arrache pied et a achevé
la construction d’une nouvelle piste d’atterrissage à
Alexai Point, sur Attu. Le premier appareil qui se pose sur l‘île,
le 7 juin, est un C47 Dakota hôpital.
5 nouvelles missions sont menées le 11 juin sur le camp principal
et les objectifs de la veille. Les opérations sont encore interrompues
par le mauvais temps pendant quatre jours et reprennent le 15, par un
raid de Vega B-34 contre l’aérodrome et les batteries antiaériennes
le protégeant. Mais les résultats obtenus sont médiocres.
L’attaque est renouvelée le 20 juin sans plus de résultat.
Il est à noter que durant ces dernières sorties, aucun
appareil allié ne fut abattu par les japonais. Le plafond va
être de nouveau très bas et les raids lancés le
24 ne donneront rien. Par contre les six sorties menées le 26
juin permettront d’observer des coups directs sur le camp principal
et des batteries anti-aériennes.
Jusqu’au sept juillet, les sorties vont encore se succéder
sur Kiska et petite Kiska et auront pour objectif, le camp, l’aérodrome,
North Head et Gertrude Cove, malgré le brouillard. Elles ne permettront
pas d’observer les dégâts infligés à
l’ennemi sauf le 26 juin ou 8 bombes tombent en plein sur la zone
du camp.
Le bilan des opérations aériennes
Malgré
un nombre impressionnant de sorties, la 11ème Air Force, fréquemment
gênée par une mauvaise météo, n’arrive
pas à détruire ou endommager suffisamment les solides
défenses japonaises sur l’île. Les chiffres sont
pourtant parlants : Elle effectue 297 sorties (y compris contre les
bases japonaises des Kouriles), largue 3662 tonnes de bombes sur les
défenses d’Attu et de Kiska durant les opérations.
114 aviateurs sont morts au combat, 42 portés disparus et 46
sont tués accidentellement. Le communiqué du l’USAAF
du 21 août 1943 fait état des pertes s approximatives suivantes
pour la 11ème Air Force: 29 appareils perdus pour 69 ennemis
abattus. Mais en fait, c’est un total de 35 appareils qui est
perdu au combat et il y a eu aussi quelques 150 accidents opérationnels.
La proportion des pertes consécutives aux accidents comparée
aux pertes subies au combat sera la plus élevée que connaîtra
l’USAAF pendant toute la seconde guerre mondiale. La cause principale
de cet important taux de perte est bien sûr dûe aux conditions
climatiques très difficiles sur la zone d’action. Pendant
cette période, la 11ème Air Force a été
créditée exactement de 60 appareils japonais abattus ainsi
qu’un sous-marin, un destroyer et sept navires de transport détruits.
Unités de la 11th Air Force aux aléoutiennes
Le bombardement
Unités
du 28th (composite) Bombardment Group :
H.Q.
Elmendorf Field (Anchorage), Adak à/c 14/03/43
73rd
Medium Bomb Squadron (B-25 Mitchell), Elmendorf, Umnak à/c 01/04/43,
Amchitka à/c 06/43, retour aux USA à/c 30/08/43
77th
Medium Bomb. Squadron (B-25 Mitchell, B-26) Elmendorf, Adak à/c
10/42, Umnak jusqu’à 12/42, Adak, Attu à/c 22/07/43,
Adak, Amchitka a/c 11/09/43.
404th
Heavy Bomb. Squadron (B-24 Liberator) à/c 07/42, Umnak, Elmendorf,
Adak à/c 22/03/43, Amchitka à/c 04/06/43
36th
Heavy Bomb. Squadron (B-17, Flying Fortress, B-24 Liberator) Kodiak
(Fort Greeley), Amchitka à/c 04/05/43, Adak à/c 01/06/43,
Amchitka à/c 04/08/43 jusqu'au 26/08/43, retour à McChord
Field (Washington) à/c 13/09/43
Renforts
détachés du 30th Bombardment Group :
21st
Heavy Bomb. Squadron (B-24 Liberator), Umnak à/c 09/42, Adak,
fin 09/42, Umnak 11/42, Amchitka à/c 18/02/43, Umnak, Shemya
à/c 27/07/43, Unmak à/c 26/08/43, Shemya, retour à
Smoky Hill (Kansas) à/c 19/09/43
Renforts
détachés du 41st Bombardment Group :
406th Medium Bomb. Squadron (A-29 Hudson, B-18 Bolo puis B-25) Elmendorf
à/c 11/42, Adak à/c 25/07/43, Elmendorf à/c 13/08/43,
retour aux USA à/c 18/10/43 (puis conversion sur B-24 Liberator).
Renforts
du 407th Dive Bombardment Group :
(devient 407th Fighter-Bomber Group le 13/08/43)
632nd
Dive Bombardment Squadron (North American A-36 Apache), Amchitka à/c
01/07/43 (renommé 515th Fighter-Bomber Squadron le 10/08/1943),
quitte Amchitka pour Drew Field, Floride le 13/08/43
633rd
Dive Bombardment Squadron (Douglas A-24 Banshee, North American A-36
Apache), Amchitka à/c 01/07/43. (renommé 516th Fighter-Bomber
Squadron le 10/08/1943), quitte Amchitka pour Drew Field, Floride le
13/08/43
634th
Dive Bombardment Squadron (Douglas A-24 Banshee), Amchitka à/c
19/07/43. (renommé 517th Fighter-Bomber Squadron le 10/08/1943),
quitte Amchitka pour Drew Field, Floride le 13/08/43
635th
Dive Bombardment Squadron (Douglas A-24 Banshee), Amchitka à/c
19/07/43. (Dissous sur l’île Amchitka, le 15/08/43, ses
A-24 sont reversés à d’autres unités)
La Chasse
Unités
du 343rd Fighter Group :
H.Q.
Elmendorf puis Umnak à/c 08/42, Elmendorf à/c 09/42, Adak
à/c 07/03/43, Amchitka à/c 25/07/43
54th
Fighter Squadron (P-39 Airacobra, puis P-38 Lightning) Elmendorf, Adak,
Amchitka à/c 12/03/43
11th
Fighter Squadron (P-40 Warhwak) Elmendorf, Cold Bay (jusqu’à
sept 42) Umnak, Adak à/c 20/02/43, Amchitka à/c 11/03/43,
Adak à/c 17/05/43
18th
Fighter Squadron (P-40 Warhwak) Adak à/c 12/42, Amchitka à/c
15/02/43
344th
Fighter Squadron (P-40 Warhwak), Elmendorf à/c 10/42, Cold Bay
à/c 11/42, Fort Randall, Fort Glenn (Alaska) à/c 08/03/43,
Shemya à/c 23/05/43, Attu à/c 03/06/43
Renforts
détachés du 54th Fighter Group :
42nd
Fighter Squadron (P-39 Airacobra) Kodiak à/c 20/06/42, Adak,
retour à Harding Field, Louisiane à/c 12/12/42
57th
Fighter Squadron (P-39 Airacobra) Elmendorf, Kodiak (Fin 09/42)
56th
Fighter Squadron (P-39 Airacobra) Nome à/c 20/06/42, Elmendorf
à/c fin 10/42, retour à Harding Field, Louisiane, à/c
21/12/42
Unités canadiennes rattachées
14th
Fighter Squadron RCAF (P-40 Kittyhawk), Umnack à/c 18/03/43,
retour en British Columbia le 09/04/43
111th
Fighter Squadron RCAF (P-40 Kittyhawk), Kodiak à/c 10/42
115th
Fighter Squadron RCAF, Annette à/c 05/05/42
118th
Fighter Squadron RCAF, Annette à/c 05/42
8th
Recon & Bombardment Squadron RCAF (Blenheim IV Bollingbroke), Elmendorf
à/c 06/42, retour au Canada 02/43
L’US Navy pilonne Kiska.
Le
commandement s'inquiéte rapidement de l’efficacité
insuffisante des frappes aériennes. Il autorise à compter
du 7 juillet, de petites formations navales à bombarder l’île.
Pendant plusieurs heures, des bâtiments de surface vont pilonner
Gertrude Cove, le 9 juillet, ils essuieront une riposte de l’artillerie
côtière japonaise sans toutefois subir de pertes ou de
dégâts. Le 11 juillet le bombardement est renouvelé
sans réplique japonaise, cette fois. Un autre raid aérien
le 12 s’avère inefficace. Aussi, dès le 14, les
attaques navales reprennent sur Gertrude Cove, sans subir de tirs de
contre-batterie ennemis. Les attaques aériennes et navales vont
se succéder sur Kiska jusqu’à l’attaque amphibie.
Mais Les batteries japonaises ne répondent pratiquement plus
aux raids américains.
Le commandement constate rapidement l’efficacité insuffisante
des frappes aériennes et autorise à compter du 7 juillet,
de petites formations navales à bombarder l’île.
Pendant plusieurs heures, des bâtiments de surface vont pilonner
Gertrude Cove, le 9 juillet, ils essuieront une riposte de l’artillerie
côtière japonaise sans toutefois subir de pertes ou de
dégâts. Le 11 juillet le bombardement est renouvelé
sans réplique japonaise, cette fois. Un autre raid aérien
le 12 s’avère inefficace. Aussi, dès le 14, les
attaques navales reprennent sur Gertrude Cove, sans subir de tirs de
contre-batterie ennemis. Les attaques aériennes et navales vont
se succéder sur Kiska jusqu’à l’attaque amphibie.
Mais Les batteries japonaises ne répondent pratiquement plus
aux raids américains.
Le 10 juillet 1943, 6 B-25 de la 11ème Air Force mènent
un raid éloigné contre l’île japonaise de
Paramushiru, dans l’archipel des Kouriles, d’où partent
les renforts japonais. Il s’agit de la première attaque
directe contre le territoire japonais depuis le fameux raid de Doolittle
en avril 1942.
Pendant toute la campagne des aléoutiennes, les sous-marins US
ont également continué de rôder dans le secteur
avec des résultats plus ou moins positifs. Ils subissent quelques
pertes. Ainsi après l’accident du SS-132, le Grunion (SS-216)
qui avait coulé deux navires japonais le 15 juillet 1942 est
lui même coulé en renouvellant une attaque le 31 juillet
contre un transport de troupes. Pensant l’avoir touché,
il fait surface pour l’achever au canon, mais le Kano Maru riposte
et un obus détruit le submersible en le touchant en plein kiosque.
L’abandon de la base de sous-marins japonaise
A
partir du printemps 1943, l’avenir de la base de sous-marins de
poche semble compromis sur l’île de Kiska. Après
la bataille navale des Komandorski, la marine japonaise renonce à
risquer des convois pour ravitailler les Aléoutiennes. Le matériel
de maintenance n’arrivera donc plus sur l’île. Le
3 avril, une violente tempête arrache les amarres des submersibles
attachés à la bouée du port et fait échouer
le HA-31 et le HA-33 sur les plages. Les deux "Midgets", ensablés
sont très endommagés. Les pièces manquent pour
les remettre en état. Le HA-33 est déclaré irréparable
et salvagé pour tenter de réparer le HA-31. Le 14 avril,
des P40 de la 11ème Air Force décollent d’Amchitka
et attaquent la base. Les HA-29 et HA-34 reçoivent de sérieux
dommages. Ils seront « canibalisés » les jours suivants
pour la maintenance du HA-32. Mais les réparations de celui-ci
ne pourront être achevées. Finalement le 07 mai 1943, Le
nouveau commandnat de la 5ème Flotte Japonaise, le Vice Amiral
Kawase Shiro, donne ordre d’évacuer de Kiska les derniers
sous-marins de poches en état, afin de les protéger des
raids aériens. Grâce aux actions de l’USAAF, les
sous-marins de poche n’auront jamais été en mesure
d’inquiéter les américains.
Préparatifs terrestres
L’opération
amphibie contre Kiska se prépare. L’île ne présente
pas d’intérêt stratégique particulier. Elle
présente une surface enneigée et glacée qui s’étend
sur 35 kilomètres et ne mesure qu’à peine 8 kilomètres
de profondeur. Constamment enveloppée de brume, elle est dominée
par une montagne volcanique d’une altitude de 1200 mètres.
Il y règne en permanence un exécrable climat (à
peine 8 jours d’ensoleillement contre 250 jours de pluie, neige,
brouillard et vent, en 1943). Le terrain volcanique n’est recouvert
que d’une végétation rachitique (toundra), il n’y
a quasiment pas d’arbres. Pour autant, il est nécessaire
d’ôter cette « épine » japonaise des
reins des USA. Il faut absolument dégager les routes maritimes
vers le japon et l’URSS et mettre le pays à l’abri
de toute possibilité d’attaque japonaise afin de rassurer
la population américaine.
Côté canadien
Les
canadiens, cette fois-ci, vont participer également à
l’assaut. Depuis mai 1942, des escadrilles du RCAF et quelques
unités navales opèrent avec les forces américaines.
L’intégrité du territoire canadien ne semble alors
pas menacée. Mais le 20 juin 1942, un sous-marin japonais errant
dans les eaux territoriales des îles Vancouver, engage au canon
des habitations et une station météo à Estevan
Point. C’est la seule attaque dont sera victime le Canada durant
toute la guerre mais elle provoque une certaine panique dans l’opinion
publique. De ce fait, 34 000 soldats canadiens sont détachés
en Colombie britannique afin d’assurer la défenses des
côtes. De nombreuses batteries anti-aériennes sont installées
à Prince Ruppert et un train blindé est même chargé
de patrouiller sur la ligne ferrovière entre Prince Ruppert et
Terrasse.
Après les durs combats pour la reprise d’Attu, les américains
sollicitent l’aide canadienne dans le cadre des accords de défense
liant les deux pays. Le gouvernement canadien accepte de fournir un
effectif d’environ 5000 hommes. La majorité sont des conscrits
qui ne peuvent en principe servir en dehors du territoire national que
sur la base du volontariat. Ils vont suivre un entraînement pendant
un mois sur l’île d’Adak conjointement avec les troupes
américaines.
Le 12 juillet 1943, quatre transports maritimes embarquent les troupes
canadiennes dans les ports de Nanaimo et de Chemainus. Leur destination
est encore secrète. Dans les rangs de la 13ème brigade
d’infanterie canadienne, la rumeur court bientôt que la
destination probable des transports sera l’île de Kiska
où au moins 10000 soldats japonais d’élite assoiffés
de sang, attendent l’invasion alliée ! Un certains nombre
des soldats canadiens, appelés malgré eux et absolument
pas volontaires pour un service extérieur, se retrouvent pris
par les textes de lois régissant le Canadian Home défense,
entre-temps révisé afin de pouvoir engager des appelés
outre-mer. Ils vont donc contre toute attente se trouver bientôt
au coeur de l’action dans un environnement des plus hostiles.
Les plans sont bientôt dévoilés, les canadiens qui
doivent débarquer à J + 1 sur Kiska apprennent que les
pertes prévisibles sont de 1800 hommes. Quand les navires quittent
leurs ports avec pour destination les Aléoutiennes, 165 soldats
canadiens manquent à l’appel...
Côté américain
Parallèlement,
aux Etas Unis, 30000 hommes ont été embarqués par
une puissante flotte dans les ports de Californie.
Le commandement a voulu garder l’effet de surprise. Pour les Gi’s
également, la destination demeure un temps secrète.
Ils s’attendent à être dirigés plutôt
sur la Birmanie ou l’île d’Hokkaido mais ils n’excluent
pas non plus une participation dans la reprise des Aléoutiennes.
Ils n’auront la certitude de leur destination que lorsque les
navires obliqueront brusquement plein Nord. C’est une nouvelle
fois la 7ème division d’infanterie américaine qui
est désignée pour mener l’assaut. Bien qu’éprouvée
sur Attu, elle s’est bien comportée au feu et dispose maintenant
de l’expérience du terrain et du climat. Ayant laissé
son 159th Infantry Regt en occupation sur Attu, elle se voit renforcée
du 184th US Infantry Regt (40th Inf. Div.) et du 87th Moutain Infantry
Regiment avec lequels elle formera l’Amphibious Force 9. Les troupes
cette fois-ci ont reçu les équipement les meilleurs et
les plus adaptés au climat spécifique régnant sur
l’Alaska.
Composition de l’Amphibious Force 9
17th
Infantry Regt
32nd Infantry Regt
53rd Infantry Regt
184th Us Infantry Regt (National Guard, détaché)
87th Mountain Infantry Regt (10th Mountain Div, détaché)
31st, 48th, 49th and 57th Field Artillery Battalions
601st et 602th Field Artillery Bataillons (Pack Howitzer) support de
la 1st SSF
13th Engineer Battalion
7th Signal Company,
707th Ordnance Company
7th Quartermaster Company
7th Reconnaissance Troop
7th Medical Battalion
7th Counter Intelligence Detachment
La bataille navale des « Pips »
Le
22 juillet un raid massif aérien est lancé contre Kiska,
relayé par un important bombardement naval. Il en résulte
beaucoup de dégât mais l'attaque alerte aussi les japonais
sur l’imminence d’une action alliée contre l’île.
La Navy silonne toujours le secteur à la recherche de convois
japonais. Le 27 juillet 1943 aura lieu une surprenante bataille ou plutôt
un incident singulier. Le Task Group 16.22, commandé par le contre-amiral
GRIFFIN patrouille à 80 miles nautiques de Kiska. Cette force
navale est composée des cuirassés USS Mississippi (BB-41)
et USS Idaho (BB-42). Soudain les radars détectent une série
d’échos inconnus. Croyant avoir contact avec un convoi
japonais, GRIFFIN donne l’alerte et ordonne l’ouverture
du feu. Les cuirassés vont tirer sans discontinuer un total de
518 obus, mais aucun n’atteindra son but. En fait, les navires
ont engagé des cibles fantômes qui n’ont jamais existé.
Aucun navire japonais n’est présent dans la zone à
moins de 200 miles. A cette époque, les radars sont encore de
conception récente, les conditions atmosphériques autour
des Aléoutiennes sont particulièrement mauvaises et la
visibilité sur mer est très faible. Les « pips »
émis par les radars furent trompeurs. A cette époque,
avec la fonte des neiges, beaucoup de masses flottent à la surface
de l’Océan (troncs d’arbres, glaces, branchages)
et de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs parcourent
le secteur et s’y posent fréquemment en juillet, chaque
année. La combinaison de tous ces facteurs aura trompé
l'identification des opérateurs radars de l’US navy.
L’opération Cottage
Les débarquements intiaux doivent avoir lieu dans le Nord de
la partie centrale de l’île. Ils seront précédés
par un raid nocturne mené par les commandos américano-canadiens
de la 1st Special Service Force qui doivent s’emparer directement
des hauteurs situées au Sud des plages. Pour J+1, les nouvelles
têtes de pont doivent être sécurisées dans
les parties Nord et Ouest de Kiska. Ensuite, un second débarquement
aura lieu plus au Sud de l'île pour prendre à revers les
défenses japonaises.
Tôt dans la matinée du 15 août, les démineurs
ont dégagé le chenal au Nord-Ouest de l’île
afin que les transports puissent s’approcher des côtes.
Les croiseurs et les destroyers entament leur couverture et bombardent
les cibles de Gertrude Cove, Little Kiska, North Head, du camp principal
et de la base sous-marine. Cinq transports se mettent en place précédés
à 07H50 par une reconnaissance menée par 5 vedettes lance
torpilles.
Les commandos débarqués à 06h21 rendent compte
qu’ils ne rencontrent aucune opposition. L’ordre est donné
alors de foncer et de s’emparer de l’île.
A midi 3000 hommes ont débarqué et à 16H00, ce
sont 6500 hommes qui sont à pied d’oeuvre sur Kiska.
Ils ne trouveront pour tout ennemi, qu’un chien abandonné
et découvriront en guise d'accueil, des insultes peintes sur
les murs des habitations. Mais le commandement allié se méfie.
Il craint que comme sur Attu, les japonais ne se soient repliés
à l’intérieur des terres sur des positions défensives
préparées à l’avance.
Le 16 août, le second débarquement a lieu au Sud de Kiska,
toujours précédé par les commandos du 1st SSF.
A 09 heures, toutes les vagues d’assaut sont débarquées
soit environ 3100 hommes. Ranger Hill est occuppée et les américains
y trouvent des éléments attestant d’un retrait de
l’île des japonais.
Operation
Ke-Go, le retrait japonais des Aléoutiennes
Bien
que peu nombreux, il y avait des indices réels d’un possible
retrait des japonais sur Kiska. Par exemple dans les jours précédant
l’invasion, plus aucune batterie anti-aérienne ne répondait
aux attaques de l’aviation alliée. Des hydravions Catalina
avaient aussi rendu compte de contacts avec des convois ennemis se dirigeant
vers Kiska. Mais le commandement resta des plus prudent.
Des documents saisis sur l’île après le débarquement
indiquent que les opérations d’évacuation de Kiska
étaient planifiées pour le 8 juin, sous le nom d’Opération
Ke-Go. Après la chute de l’île d’Attu, il semble
que le commandement japonais ait compris qu’il était vain
et inutile de s’acharner à défendre les Aléoutiennes.
Il ordonna alors secrétement le retrait de son dispositif et
l’abandon de Kiska. Mais le temps trop clément et une bonne
visibilité firent craindre le pire au commandement nippon qui
reporta l’opération au mois de juillet. Les navires de
la 5ème flotte japonaise basés à Paramushiru effectueront
de nombreuses sorties de reconnaissance avant d’entamer le rapatriement
de la force d’invasion. Finalement le 28 juillet, profitant du
couvert protecteur d’épais bancs de brouillard, des destroyers
entrent dans le port de Kiska et réembarquent en deux heures
les 5000 hommes des troupes présents sur l’île. Le
31 août, la force saine et sauve est débarquée à
Paramushiru.
Poursuite des opérations
Le 16 août à 09h00, les troupes canadiennes de la 13ème
brigade d’infanterie débarquent sur les plages sécurisées
au Nord de Kiska. L’artillerie se met aussi en batterie. Le mauvais
temps empêchent les reconnaissance aériennes et l’incertitude
demeure.
Le lendemain, d’autres compte rendus attestent de l’abandon
de l’île depuis au moins dix jours. Little Kiska semble
également avoir été abandonnée. Le commandant
de la Force d’attaque, l’Amiral Rockwell, prend alors la
décison de décongestionner les têtes de pont, jugées
étroites. Il fait réembarquer le matériel lourd
sur les transports et les fait se mettre à l’ancre au niveau
de Gertrude Cove et de Kiska Harbor. Il renvoie également l’USS
Idaho et l’Uss Tennessee sur Adak.
Des pertes sur Kiska
Dans
la nuit du 17 août, le destroyer Abner Read (DD-526) patrouille
au large de Kiska, lorsqu’il est secoué par une forte explosion
à 01h50. Sa coque est éventrée par un énorme
trou et l'onde de choc a fait éclater ses réservoirs à
fumée. La secousse a déchiré un énorme trou
dans la coque. Très vite, il s’ensuit un mouvement de panique.
Les hommes dormant dans les compartiments arrières sont intoxiqués
par l'inhalation de fumée. D’autres tombent dans les trous
provoqués sur le pont et se noient dans les réserves de
carburant. A 03h55, le USS Hute (ATF-76) se porte à sa hauteur
et prend le Abner Read en remorque jusqu’à l’île
d’Adak, afin qu’il recoive au plus vite des réparations
de fortune. L’Abner Read a en fait heurté une mine de fond
japonaise qui l’a gravement endommagé. Le bilan est lourd
: 70 marins sont tués et portés disparus et 47 sont blessés.
Le 18 au matin, 27 000 hommes ont pris pied sur Kiska. Les progressions
se poursuivent dans l’île sans rencontrer d’opposition.
Mais dans le brouillard épais, des erreurs d’identification
entre les unités ont lieu et des tirs fratricides s’ensuivent,
causant 26 pertes. Des navires reçoivent l’ordre de retourner
à leur port d’attache. Le 22 août à 11h50,
le Commandant de la Force du Nord Pacifique, l’Amiral Kinkaid,
annonce que les opérations amphibies sont terminées. Il
rembarque à 14h00 sur l’USS Pennsylvania et retourne sur
Adak. Dans les jours qui vont suivrent, les mines et pièges laissés
par les japonais feront encore un certain nombre de victimes dans les
rangs alliés. Au total, la force du Sud subira les pertes suivantes
: 17 tués et 45 blessés. La Force du Nord perdra 4 hommes
(tous canadiens) et déplorera 76 blessés. Il y aura également
pour les deux forces un total de 133 évacuations pour pieds gelés.
Le 87th d’infanterie de montagne, indépendant, perdra à
lui seul 23 hommes et aura 55 blessés.
Conclusion
La
reprise de Kiska signe la fin de toute présence japonaise en
Alaska. Les américains et les canadiens maintiendront une présence
militaire (environ 144000 hommes) dans le Pacifique Nord jusqu’à
la capitulation japonaise en août 1945. Surpris par l'initiative
japonaise, les américains auront sû réagir malgré
leur engagement dans le Pacifique Sud et assurer en permanence la défense
de l'Alaska, futur 49ème Etat américain.
Cependant l’aviation japonaise tentera encore des raids contre
les aérodromes d’Attu et sur Massacre Bay, à partir
de ses bases sur les îles Kouriles, le 09 et le 13 octobre, mais
sans aucun succès.
Sources
Livres :
Seventh
Infantry Division: 1917 1992 World War I, World War Ii, Korea de Bruce
Gardner et Barbara Stahura10th Mountain Division édité
par Randy W. Baumgardner
Sites :
http://www.combinedfleet.com/Kiska.htm
http://www.junobeach.org/f/4/can-tac-air-hwe-kis-f.htm
http://www.militarymuseum.org/184th.html
http://www.ibiblio.org/pha/comms/1943-05.html
http://ww2db.com
http://www.eubank-web.com/Donald/Aleutian/kiska.htm
http://www.olive-drab.com/images/aleutians
http://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Cottage
http://en.wikipedia.org/wiki/Eleventh_Air_Force
http://vilda.alaska.edu
http://www.ibiblio.org/hyperwar/USN/USN-CN-Aleutians
http://www.mpierrela.files.wordpress.com