Hannah
vit en Israël, elle est Juive et Française. Dans le cadre
de ses études, il lui a été demandé de faire
un mémoire sur Adolf Hitler. Cherchant de l’aide et des
sources, elle est passée sur HistoQuiz et j’ai eu le plaisir
de l’aider du mieux que j’ai pu. Ce fut pour elle une épreuve
pénible que de se pencher sur l’histoire du bourreau de
son peuple. Le résultat de ses travaux vous est livré
ici. Bonne lecture.
Daniel Laurent
PREMIERE PARTIE
I.
Introduction : histoire et historiographie
Par
le terme d’histoire, on comprend généralement le
passé ou une réalité révolue. Le mot histoire
dans son utilisation quotidienne signifie le passé lui-même.
On ne pense pas toujours que « histoire » a un sens supplémentaire
qui est connaissance du passé au travers des témoins oculaires
ou des écrits de leurs mémoires ou encore par le biais
des propos des chercheurs. Ces deux connotations sont comprises dans
le concept « histoire ». Dans le cercle des historiens,
on a l’habitude de distinguer histoire et historiographie : si
histoire sous entend les faits et événements eux-mêmes,
l’historiographie quant à elle se définie plutôt
comme les écrits des événements passés par
le biais de chercheurs.
La distinction entre ces deux éléments revêt une
importance capitale qui nous pousse à l’éclaircir
davantage.
La
signification de cette distinction
Cette
distinction attire notre attention sur le rôle particulier de
l’historien et sur le caractère spécifique des écrits
historiques – historiographiques.
Le passé lui-même est révolu est déjà
plus. L’historien au travers ses écrits ne pourra jamais
le présenter précisément comme il était,
de même que la description d’un paysage aussi fidèle
soit-elle, ne sera jamais le paysage lui-même.
L’historien dans son rôle de « scribe de l’histoire
», va relater le passé, le commenter pour nous mais ne
le refera jamais revivre.
Durant
les dernières générations, l’intérêt
des historiens pour l’historigraphie et les obstacles qu’elle
rencontre a subi une croissance certaine vu leurs répercutions
sur notre époque. De nouveaux chercheurs dans ces domaines naissent
chaque jour. Ceci est la preuve concrète que la vision du 19ème
siècle est enfin révolue, cette vision basée sur
le principe de foi :les historiens sont les détenteurs du passé
et, l’histoire – en tant que passé –, parle
au travers eux.
Cependant,
il est certain que la confusion qui règne entre histoire et historiographie
n’est pas due au hasard. L’expérience de ceux qui
s’intéressent à l’histoire pousse à
cette confusion. En effet, de quel autre moyen dispose-t-on pour connaître
l’histoire que de consulter et de se suffire des écrits,
des récits de chercheurs et d’historiens. Cette restriction
– toute objective soit elle – habitue le lecteur à
penser que la réalité de l’histoire, est celle qui
est relatée dans ces oeuvres, (ce qui n’est évidemment
pas le cas). Aussi fort qu’est notre désir de connaître
le passé, nous serons tout de même confrontés à
ces difficultés insurmontables.
Notre
connaissance reste donc inévitablement indirecte, ce qui est
parfois vrai, même pour notre passé personnel. Nous n’avons
aucun moyen de nous téléporter dans l’histoire,
ou d’en avoir un savoir direct, ce qui nous contraint à
nous fier aux « rapports » des historiens. Ceci, tout en
étant conscient que l’historien lui-même, se base
sur d’autres écrits puisqu’il n’est pas lui-même
témoin oculaire.
Il
y a donc lieu de s’interroger sur l’avantage de l’historien
relativement à un simple consultant d’écrits historiques.
L’historien se base sur des documents et des sources orales ou
écrites ( rescapés, témoignages…) qu’il
va retravailler afin de les organiser pour « faire » l’histoire.
Son oeuvre est donc fondée sur des éléments historiques
fidèles auxquels le simple consultant n’aura pas accès,
mais elle sera empreinte obligatoirement de sa vision, de son étude,
de sa critique et finalement de ses conclusions.
Le
rôle de l’historien consiste donc essentiellement à
:
1.
L’historien ne peut se suffire des témoignages ou preuves
pour prétendre connaître les faits. Au demeurant, quel
que soit le nombre de documents ou témoins que possède
l’historien, ils ne seront jamais assez complets pour satisfaire
ses recherches.
2.
L’historien tente de retrouver les liens de causes à effet
entre les différents événements. Il enquête
donc sur ces relations cachées.
3.
L’historien ne se contente pas de décrire les épisodes
connus. Son « défi » est plutôt de dévoiler
ou découvrir les règles régissant les faits et
attitudes des différents personnages qui ont pris part à
l’histoire, ceci compte tenu du contexte. Il examine les liens
dans un contexte donné entre divers éléments de
l’histoire qui à l’origine ne semblait pas converger
vers un même but.
4.
L’historien porte un regard critique sur la conscience du passé
relativement à lui-même. La justesse de cette conscience
ainsi que la concordance avec la réalité des faits telle
qu’il les interprète sont soumis à la critique de
l’historien.
L’objectif de mon devoir correspond donc au 3ème point
énoncé plus haut. En effet, celui-ci a pour but l’analyse
du personnage d’Hitler et le lien avec ses actes commis pendant
la shoah. Mon objectif est d’analyser le caractère, la
personnalité et la vie d’Hitler et de les relier à
ses actes, sans oublier de prendre en compte la situation socio-économique
à cette époque. Bien entendu, ce devoir sera seulement
hypothétique car je rapporterai des paroles d’historiens,
de psychologues ou autres, pour tenter d’émettre une une
hypothèse; aucune thèse ne sera donc émise de mon
coté.
Je donnerai cependant mon avis personnel sur le sujet à la fin
de ce devoir.
Avant
de s’intéresser directement au personnage d’Hitler,
il me semble important de définir le contexte où il a
trouvé son essor.
II.
LES CAUSES ECONOMIQUES
La
république de Weimar
Le
traité de Versailles (28 juin 1919), les plébiscites de
1920 et 1921 ont enlevé à l’Allemagne la totalité
de son empire colonial. A la suite du plébiscite du 20 mars 1921,
les communes polonaises de haute Silésie ont été
attribuées à la Pologne. Enfin, un plébiscite était
prévu dans le territoire de la Sarre pour 1935. Plus frappant
encore que ces amputations, apparaît la configuration de la nouvelle
Allemagne ou la Prusse-Orientale est séparée du reste
du pays par la ville de Danzing et par le « corridor » polonais.
La
population quant à elle est passée de 57 millions en 1920
à 62,4 en 1925 et à 65 en 1930. Le résultat de
la forte poussée démographique d’avant la guerre
risque de ne pas se maintenir car le taux de natalité ne cesse
de baisser. Une telle régression continue – freinée
en partie par la diminution de la mortalité infantile –
n’est pas sans inquiéter, particulièrement en face
d’une Pologne où le taux des naissances atteint 34%. La
répartition géographique de la population allemande reste
sensiblement la même qu’au temps du IIème Reich,
mais la disproportion entre villes et campagnes s’accroît.
La population allemande est plus homogène en 1921 qu’en
1914 ; les amputations subies par l’Allemagne en ont séparé
les allogènes.
Les
milieux sociaux : La crise de 1930 affectera cette catégorie
de propriétaires. Lorsque fut crée l’Osthilfe (Assistance
de l’Est) pour venir en aide a toute l’Allemagne transelbienne,
les junkers furent accusés d’avoir accaparé la majeure
partie des secours distribués.
La divulgation de ces faits incita Hindenburg à renvoyer Schleicher
le 28 janvier 1933, ouvrant ainsi à Hitler les portes de la chancellerie.
Dans l’histoire de la paysannerie allemande, les années
1918-1933 ne sont pas une période caractéristique. On
a noté l’accentuation de l’exode rural, qui réduit
à un tiers de la population du Reich, celle des campagnes. L’inflation
a moins touché les paysans que les autres milieux sociaux, car
ils sont habitués à vivre en économie fermée
et disposent des ressources alimentaires essentielles. Comme tous les
Allemandes, ils profitent de la prospérité des années
1925-1929. La crise de 1939 les affecte par la baisse des prix agricoles
; cependant, la gêne qu’elle provoque n’est pas comparable
au désarroi que cause la montée continue du chômage.
La situation des paysans allemands n’a pas joué de rôle
déterminant dans l’avènement du national-socialisme.
Il n’en est pas de même de la classe moyenne. L’histoire
de la république de Weimar peut être étudiée
à travers ses velléités, ses réticences
et, finalement, son impuissance à faire vivre un régime
issu de la défaite. En 1922-1923, l’inflation a ruiné
les rentiers et mis en difficulté les petits et les moyens industriels.
Mais le retour au calme et à la prospérité à
partir de 1924 profite à tous, aux industriels et aux commerçants
qui bénéficient de l’essor des affaires comme aux
fonctionnaires et aux membres des professions libérales rassurés
par une monnaie stable. Mais, en 1930, le marasme économique
va avoir sur la majeure partie de la bourgeoisie une influence décisive.
Le trouble et l’incertitude ou se débat l’Allemagne
la poussent vers le national-socialisme, seul capable à ses yeux
de faire sortir l’Allemagne d’une situation désespérée.
La crise de 1929 quant à elle ne tarde pas a se faire sentir
dans le domaine de l’emploi. De 500 000 en 1927, le nombre des
chômeurs passe a 2 300 000 au cours de l’hiver 1929-1930,
4 millions à la fin de 1930 etc…situation qui n’a
certes pas été sans influer sur les progrès du
mouvement nazi de 1930 à 1933.
Une
économie américaine : Pendant les quinze années
qui séparent la disparition du IIème Reich de l’avènement
du IIIème, l’économie allemande voit alterner les
crises et les périodes de prospérité. Crise de
l’après-guerre, que caractérise l’effondrement
du mark, bien plutôt qu’une baisse de la production : si
celle de charbon tombe de 120Mt en 1922 à 62 en 1923 pour remonter
à 120 en 1924, c’est en raison de la grève politique
déclenchée par l’occupation de la Ruhr. Qu’elle
soit due ou non au « fardeau » des réparations, fixées
le 6 mai 1921 à 132 milliards de marks-or, la chute du mark est
vertigineuse. Le dollar qui s’échangeait contre 4 marks
en 1914 en vaut 75 en juillet 1921 et ne fera que croître ensuite.
L’inflation de 1923 a laissé dans la mémoire des
Allemands un souvenir plus terrible que la défaite de 1918. Impuissant
à arrêter cette débâcle, le gouvernement préfère
créer en octobre 1923, une monnaie provisoire, le Rentenmark,
garantie par une hypothèque générale sur l’agriculture,
l’industrie et le commerce allemands. L’adoption en 1924
du plan Dawes – une solution d’attente au problème
des réparations – permet à l’Allemagne de
lancer un emprunt de 800 millions de marks or et de créer une
nouvelle devise, le Reichsmark (RM), sur la base de 4,20 RM pour un
dollar. Annulation des billets de banque antérieurs, échange
des titres d’emprunt dépréciés de 87 à
97 p. 100 : la réforme ruine les rentiers et les épargnants.
Du,moins est elle à l’origine d’une période
de prospérité. Pas immédiatement toutefois ; faillites
et chômage suivent la stabilisation, le point culminant de la
crise se situant aux deux premiers mois de 1926. Mais, des le mois d’août,
le mark est libéré de la subordination au dollar ; l’or
afflue. Les capitaux étrangers investis en Allemagne depuis la
fin de 1924 jusqu’en juin 1927 se montent à 4 milliards
de reichsmark dont 70 p. 100 proviennent des Etats-Unis. Le gouvernement
du Reich emprunte, pendant la même période, quelque 10
milliards de Reichsmark. Les traces de la guerre et de la défaite
paraissent effacées, et on pense avoir retrouvé la prospérité
d’avant 1914. C’est dans cette Allemagne de 1925 à
1929 qu’on peut étudier la structure économique
du régime weimarien.
La production du pays connaît un développement des plus
remarquables durant ses années de reconstruction.
En effet, tant dans le domaine de l’industrie chimique que celui
de la sidérurgie ou même l’exploitation des sous
sols, l’Allemagne entre dans le cadre des puissances industrielles.
Mais encore plus que les niveaux ce sont les méthodes et les
structures de l’économie qui caractérisent l’Allemagne
weimarienne. L’Allemagne s’ « américanisé»,
notent les observateurs : c’est l’ère de la rationalisation
du travail à la chaîne, de la standardisation, de la concentration.
Celle-ci se fait sentir surtout dans les entreprises de navigation et
dans l’industrie chimique : en 1925 est fondée à
Francfort l’I.G. Farben, énorme Konzern réunissant
plusieurs centaines d’entreprises groupées autour de la
Badische Anilin de Ludwigshafen.
L’économie allemande donnait en 1929, une impression de
force retrouvée et semblait appeler à développer
encore sa puissance.
En fait, cette apparente prospérité cachait une situation
assez malsaine : inflation de crédit, surcapitalisation, ampleur
excessive de grands travaux qui déséquilibrent le budget.
Le krach boursier d’octobre 1929, aux Etats-Unis, arrête
les crédits américains qui alimentaient l’industrie
allemande. Les usines ralentissent ou cessent leur production. 1931
et 1932 sont des années de marasme économique marquées
par le ralentissement de la production, l’effondrement des prix,
le chômage. Les conditions économiques et psychologiques
sont réunies pour favoriser la montée du national-socialisme
et son triomphe en 1933.
SOUS
LE SIGNE DE LA DEFAITE
En
dépit des espoirs qu’avaient fait naître dans tous
l’Europe, les années de stabilisation relative (1925-1929),
jamais la république de Weimar n’a été vraiment
acceptée de la majorité du peuple allemand. L’attitude
la plus répandue est celle du refus : refus de la défaite,
refus du régime, refus chez certains, de sa structure capitaliste.
La défaite de 1918 marque non seulement Weimar, mais le IIIème
Reich qui est essentiellement une protestation contre les conditions
imposées par la vainqueurs. S’il y a un sentiment qui puise
faire la quasi-unanimité des Allemands, c’est bien le refus
du Diktat de Versailles, des clauses dures, et surtout inégales,
qu’il a fallu signer sans pouvoir les discuter. Il s’agit
avant tout des nouvelles frontières qui consacrent la mutilation
du territoire : en signant des accords de Locarno (1925), l’Allemagne
a bien reconnu ses frontières occidentales, mais elle s’est
toujours refusée à faire de même pour ses frontières
orientales, et l’hostilité envers la Pologne est une des
constantes de sa politique. Sont également en question les clauses
militaires et les réparations fondées sur le « mensonge
» de la responsabilité allemande.
La « politique d’exécution » d’Erzberger
et de Rathenau en 1921-1922, celle de Gustav Stresemann, à la
Wilhelmstrasse de 1923 à 1929, sont simple expédient,
tactique destinée à inspirer confiance et à obtenir
peu à peu la destruction du traité de Versailles : ce
refus de la défaite et de ses conséquences et d’autant
plus catégorique que la légende du « coup de poignard
dans le dos », est pour la plupart des Allemands, une vérité
: l’armée n’a pas été vaincue, le front
n’a pas cédé ; c’est l'arrière qui
a été miné par les spartakistes et leur propagande
défaitiste. D’où le succès des associations
patriotiques comme le Stahlelm (casque d’acier), d’où
l’espoir d’une revanche qui effacera la honte de la défaite
et du traité qui la sanctionne. Invictis victi victuri : la fière
devise trouvée par Ulrich von Wilamowitz-Moellendorf pour le
monument aux morts de l’Université de Berlin exprime les
sentiments profonds de la majorité du peuple allemand. On ne
saurait exagérer l’importance de ce courant nationaliste,
le plus fort sans doute de ceux qui ont agité l’Allemagne
après 1918.
La république et la démocratie sont filles de la défaite
: aussi sont-elles englobées dans le discrédit qui frappe
tout ce qui touche à cette sombre époque. La fête
nationale du 11 août, anniversaire de la constitution de 1919,
ne donne lieu qu’à des cérémonies officielles
et discrètes, le drapeau noir, rouge et or – celui de 1848
– ne parvient pas à supplanter, dans l’esprit des
Allemands les couleurs impériales noir-blanc-rouge. Est-ce à
dire qu’une restauration de la monarchie menace de supprimer le
république ? Au niveau de l’Empire, il ne le semble pas
: la fuite en Hollande n’a pas rehaussé le prestige de
Guillaume II. et son fils, - l’ex Kronprinz- n'est guère
populaire. La Prusse s’est d’ailleurs donné un gouvernement
socialiste. L’attachement serait plus grand envers les dynasties
saxonne et bavaroise mais dans une aire territoriale limitée.
Tous comptes faits, les chances d’une restauration sont moins
grandes qu’on ne le pensait à l’étranger.
Ce qui domine, c’est une esprit conservateur, et même réactionnaire,
qui s’accommoderait de la république, à condition
qu’elle ne soit pas dirigée par des républicains
: esprit fait d’hostilité à la démocratie,
de mépris du socialisme, de peur du bolchévisme, d’antisémitisme.
Ce qui fait la popularité du maréchal Hindenburg, ce qui
a assuré en 1925 son élection à la présidence
de la République, c’est qu’on a vu en lui, beaucoup
plus que le Monk qu’il n’a sans doute jamais songé
à être, le garant des traditions contre les doctrines néfastes
à la grandeur et à l’existence même de la
patrie.
LES
OPPOSITIONS
La
« révolution » de 1918 n’a pas bouleversé
les structures sociales de l’Allemagne wilhelminienne : la tentative
des spartakistes a échoué, et la république de
Weimar est demeurée un Etat capitaliste. Pourtant, deux mouvements
politiques se proclament anti-capitalistes.
Le Sozial-Demokratie a repris en 1925 au congrès d’Heidelberg,
le programme d’Erfurt de 1891 : mais ce qui était inspiration
marxiste n’est plus que vocabulaire et phraséologie. La
véritable doctrine du Sozial-demokratische Partei Deutschland
est donnée par Hilferding au congrès de Kiel (1927) :
Etat et économie s’interpénètrent ; un Etat
démocratique influencera l’économie dans un sens
démocratique ; or une économie dirigée par un Etat
démocratique, c’est le socialisme. Il n’est plus
question de dictature, de prolétariat. Aussi bien, il social-démocratie
est-elle devenue un parti de gouvernement elle détient le pouvoir
dans les Lander de Bade, de Hesse, de Prusse, à Hambourg et à
Berlin. Sur le plan fédéral, le parti est représenté
au Reichstag par une importante fraction : 163 députés
en 1919, 131 en décembre 1924, 152 en 1928, 143 en 1930. Il participe
aux gouvernements de coalition ou leur accorde son soutien : en 1928,
c’est un socialiste, Hermann Muller, qui devient chancelier du
Reich. Dans le pays, le S.P.D, compte environ un million de membres,
contrôle des syndicats et les coopératives, inspire de
nombreuses associations. Mais il est bien évident que toute volonté
révolutionnaire l’a abandonné.
C’est dans le parti communiste fondé en décembre
1918, qu’il faut chercher cette volonté. Puissant en 1923
grâce, en particulier, à l’entrée d’une
partie des socialistes indépendants, le K.D.P décline
à partir de 1925, sous la direction de Thalmann, étroitement
soumis à l’autorité de Moscou. Les communistes allemands,
intransigeants sur la doctrine, pratiquent la politique du pire, contribuant
à faire élire Hindenburg contre le catholique W. Marx,
dirigeant leurs attaques les plus dires contre les socialistes, se tenant
aux côtés des nazis lors de la grève des transports
berlinois, en novembre 1932.
Disposant de formations de combat, il représentent dans la république
de Weimar finissante, une force qui a contribué à affaiblir
le régime et profite, en définitive, aux nationaux-socialistes.
Hostilité au traité de Versailles, à la république
de Weimar, à la démocratie bourgeoise, au grand capitalisme,
tout cela se retrouve, mêlé, à bien d’autres
tendances dans l’idéologie nationale-socialiste, interdit
après l’échec du putsch de novembre 1923, se reconstruit.
C’est à Munich en février 1925, que se place la
« seconde fondation », du parti, sous la direction de Hitler
récemment libéré. Elle ne va pas sans difficultés,
sans heurts entre Hitler et les frères Strasser qui accentuent
le caractère socialiste et anticapitaliste du mouvement. Pourtant
Hitler réussit à l’emporter ; le Dr Goebbels, qui
le rejoint en 1926, entreprend la conquête de Berlin, dépassant
ainsi le cadre purement bavarois des débuts. Malgré son
échec aux élections de 1928, le parti se développe,
crée des ligues professionnelles et des formations armées.
La propagande des Nationalistes contre le plan Young, qui remplace le
plan Dawes, fait en 1929 connaître à toute l’Allemagne
les idées et la personnalité du Führer.
Les 107 députés élus en septembre 1930 révèlent
l’ampleur du mouvement et le succès d’une propagande
qui va trouver dans la crise économique un appui considérable
et qui conduira au triomphe de 1933.
La
majorité de ceux qui votent en faveur d'Hitler ou du parti nazi
sont donc poussés par des motivations assez peu idéologiques
: soucis d'un gagne-pain, considérations locales, calculs d'intérêts.
Tandis que Hitler lui-même semble avoir des préoccupations
d’ordre avant tout idéologique.
III.
Les causes idéologiques du programme Hitlérien
La
population juive dans les années 30 est l’héritière
du siècle des Lumières, à savoir, le fruit de l’émancipation
qui octroi aux juifs des droits égaux et passent à l’intégration
de ceux-ci dans la « masse » allemande.
Cependant, très vite une classe sociale juive se crée
parmi laquelle certains voient une ascension extraordinaire.
Les placants à des postes dit importants tels que banquiers,
médecins, avocats et chefs d’entreprises, propriétaires
de grands magasins, parfois même politicien…
Ce statut des juifs était fondamentalement contraire aux Nationalisme
allemand duquel Hitler se reconnaît, celui-ci va donc établir
une idéologie et un programme bien précis pour donner
à chacun la place qui selon lui, lui revient.
Ideologie
troisième reich
Une fois que son régime était consolidé, Hitler
a comme soucis premier et unique le devenir de l’Allemagne : que
celle-ci soit « purifiée » et suffisamment forte
pour réaliser son but géopolitique à long terme
c'est-à-dire de créer un empire allemand qui dominerait
Europe de l'ouest et se prolongerait profondément en la Russie.
Ideologie
aryenne
Les nazis utilisèrent le terme d'Aryen pour définir la
race humaine qu'ils considéraient la plus pure, la plus supérieure
et la plus noble, qui était appelée par certains scientifiques
de cette époque race nordique. Les intellectuels nazis prétendaient
que cette théorie aurait été confirmée par
l'Histoire, l'expérience pratique, et les traits uniques de l'Aryen
(notamment les cheveux blonds et les yeux bleus).
La plupart des scientifiques actuels dénoncent cette théorie
raciste. Objectifs
Antisémitisme en Allemagne en 1933.
Sur la pancarte : « Allemands, défendez-vous ! N'achetez
pas chez les Juifs ! » Le nazisme prône la supériorité
de la « race aryenne » sur toutes les autres « races
» humaines.
Ce qu'il nomme « race aryenne » est en fait une notion à
la fois morphologique, culturelle et religieuse. Le « véritable
» aryen est celui qui est physiquement proche du canon germanique.
La croyance commune fait correspondre cette « race aryenne »
à l'image d'un homme pâle, blond aux yeux bleus et de culture
germanique. En réalité, les critères, bien que
restreints, étaient sensiblement plus larges (notamment au niveau
des couleurs des yeux et des cheveux).
D'après Hitler, cette race aryenne est l'unique source de tous
les progrès de l'Humanité. Seuls ceux qui ont une trace
de sang aryen peuvent avoir du génie. Les autres races ne font
qu'imiter voire, comme les Juifs, spolier ou détruire le génie
humain.
A ce titre, la race aryenne doit conserver la pureté de son sang
pour concentrer le génie humain dans une race qui dominera le
monde.
Pour la survie de l'Humanité, les nazis se doivent d'éliminer
les races inférieures qui en polluant la génétique
humaine, l'amènent à sa perte.
La doctrine nazie établit donc une hiérarchie des races
qu'on peut résumer de la sorte :
1. Les Aryens, considérés comme une race supérieure,
doivent dominer les autres races. Il s'agit des peuples germaniques
et scandinaves (voire britanniques).
2. Les peuples libres (races tolérées). Ils sont composés,
d'une part, des autres peuples d'Europe occidentale (les Latins - Français,
Espagnols, Italiens - Britanniques, etc.) et, d'autre part, des Japonais.
Ils restent très haut dans la hiérarchie des races mais
doivent être dominés par les Aryens et sont dits «
race à éduquer »
3. Les races d'esclaves. Il s'agit des Slaves, des Africains et des
Asiatiques autres que les Japonais. Ce sont des êtres humains
mais ils doivent être réduits en esclavage pour servir
les races supérieures.
4. Les Untermenschen, littéralement les sous-hommes. Ce sont
les Juifs et les Tsiganes. Ils sont considérés comme des
races inférieures et nuisibles devant être détruites.
Ils sont classés comme « race à exterminer ».
Puisqu’ils représentent selon le « mythe »
hitlérien, l’antithèse de la race aryenne.
Le mythe hitlérien du juif
De « sang impur », les Juifs représentent aux yeux
de Hitler le symbole même de la souillure et du mal et ils constituent
une « race négative ». Pour lui, en effet, il s’agit
bien d’une race et non pas d’une religion : « La religion
ne Moise n’est rien d’autre qu’une doctrine destinée
à sauvegarder la race juive. »
Dès ses débuts dans la vie politique, il profite de chaque
intervention publique pour évoquer les deux thèmes majeurs
de son antisémitisme – thèmes répandus dans
l’Allemagne des années 20, mais poussés chez lui
à leur paroxysme.
- La volonté des Juifs, pour lesquels l’argent et le pouvoir
représentent les valeurs suprêmes, est de dominer le monde
:
« Quels sont en fait les buts véritables des Juifs ? s’exclama-t-il
le 20 avril 1933.
Etendre constamment l’influence de leur Etat invisible pour parvenir
à une tyrannie suprême sur le monde entier.
Pour réaliser sa domination des peuples, le Juifs doit agir dans
deux directions. Il ne peut contrôler les peuples économiquement
que lorsqu’il les a soumis dans le domaine politique, il propage
les fondements de la démocratie et les théories du marxisme
qui transforment le prolétaire en terroriste dans les affaires
intérieures et en pacifiste dans les affaires externes. Sur le
plan des mœurs, le Juifs détruit les fondements religieux
et moraux. Quiconque veut voir ces choses le peut. « Quant à
celui qui s’y refuse, rien de pourra le sauver. »
Le thème de la conspiration mondiale juive constitue un élément
central de Mein Kampf : « Il (le Juif) travaille systématiquement
à amener une double révolution : économiquement
et politiquement. Il entoure d’un réseau d’ennemis,
grâce aux influences internationales qu’il met en jeu, les
peuples qui opposent une énergie résistance à cette
attaque venue du dedans. Il les pousse à la guerre et finit,
quand il le juge nécessaire, par planter le drapeau de la révolution
sur le champ de bataille. Il ébranle économiquement les
Etats jusqu’à ce que les entreprises sociales, devenues
improductives, soient enlevées à l’Etat et soumises
à son contrôle financier. Au point de vue politique, il
refuse à l’Etat les moyens de subsister, ruine la confiance
que le peuple avait dans le gouvernement, répand l’opprobre
sur l’histoire et sur le passé et jette au ruisseau tout
ce qui est grand.
Maintenant, commence la grande et dernière révolution.
Au moment où le Juif conquiert la puissance politique, il rejette
les derniers voiles qui le cachaient encore. Le Juif démocrate
et ami du peuple donne naissance au Juif sanguinaire et tyran des peuples.
Il cherche, au bout de peu d’années, à exterminer
les représentants de l’intelligence et, en ravissant aux
peuples ceux qui étaient par leur nature leurs guides spirituels,
il les rend mûrs pour le rôle d’esclaves mis pour
toujours sous le joug. »
Hitler s’indigne d’autant plus que cette volonté
de puissance qu’il décèle chez lui Juifs que ces
derniers sont, à ses yeux, menteurs, copieurs et voleurs. Il
est en effet convaincu que leur stérilité intellectuelle
est totale : ‘Le Juif n’a jamais fondé de civilisation,
bien qu’il ait détruit des civilisations par centaines,
déclare-t-il dans l’un de ses discours.
Il ne possède aucune création dont il puisse faire état.
Tout ce qu’il l’a, il l’a volé. Des peuples
étrangers, des travailleurs étrangers ont construit ses
temples, ce sont des étrangers qui travaillent et crée,t
pour lui. Ce sont des étrangers qui versent leur sang pour lui…
Il n’a pas d’art qui lui appartienne : morceau par morceau,
il l’a volé à tous les autres peuples ou bien les
a regardés travailler et les a copiés. Il ne sait même
pas préserver les choses précieuses créées
par les autres : les trésors qui tombent entre ses mains deviennent
de la saleté et du fumier. »
On retrouve là des thèmes largement répandus dans
l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, mais ils sont chez
Hitler amplifiés et accentués – comme l’est
l’autre thème majeur de son antisémitisme.
La contamination microbienne et la souillure sexuelle. Hitler emploie
pour évoquer les Juifs les termes de, « bacilles »,
« parasites », « empoisonneurs du sang des autres
», « empoisonneurs de puits », « propagateurs
d’infection »,
« peste », « ferments de décomposition des
peuples ». Ils sont à ses yeux « le symbole de la
destruction incessante de la vie », coupables de répandre
« la tuberculose raciale ». Les habitants des grandes citées
européennes (dont vienne demeure pour lui l’exemple le
plus négatif), et plus particulièrement la société
allemande, ne peuvent espérer guérir de cette «
contamination » en « assimilant ces bacilles »
: il faut envisager un « traitement » plus draconien. En
conséquence, « ce n’est que lorsque le bacille juif
infectant la vie des peuples aura été éliminé
que l’établissement d’une coopération durable
entre les nations deviendra possible » : l’Allemagne ne
pourra recouvrer la santé qu’en « éliminant
le Juif ». Hitler compare ce combat à celui « livré,
au siècle dernier, par Pasteur et par Koch. »
Mais ce n’est pas tant la tuberculose qui préoccupe Hitler
que la syphilis – propagée, selon lui, par les Juifs. Il
prête à ces derniers une permanente concupiscence à
l’égard des femmes aryennes : « Ce jeune Juif aux
cheveux noirs épie, pendant des heures, le visage illuminé
d’une joie satanique, la jeune fille inconsciente du danger, qu’il
souille de son sang et qu’il ravit ainsi au peuple dont elle est
issue. Par tous les moyens, il cherche à ruiner les bases sur
lesquelles repose la race du peuple qu’il veut subjuguer (…).
Ce furent et ce sont encore les Juifs qui ont amené le même
but évident : détruire, par l’abâtardissement
résultant du métissage, cette race blanche qu’ils
haïssent, la faire choir du haut niveau de civilisation et d’organisation
politique auquel elle s’est élevée et devenir ses
maîtres. Tous les témoignages s’accordent : Hitler
n’exagérait pas ses propos à des fins de propagande,
mais ils correspondaient au contraire à des fantasmes personnels
très profonds.
Dans
le dernier chapitre de Mein Kampf, intitulé « Le droit
de défense urgente », Hitler préconise le gazage
de
« douze ou quinze mille Juifs ». Mais combien de lecteurs
furent-ils attentifs à ce passage ? Et combien d’entre
eux le prirent-ils au sérieux ? Jusqu’aux premiers mois
de la guerre, nombreux sont ceux qui refusent à prendre Hitler
au sérieux, le raillant comme un pantin paranoïaque incapable
de se maintenir longtemps à le tête d’un pays hautement
civilisés comme l’Allemagne. Pourtant, Hitler parvient
légalement au pouvoir et s’y maintient pendant douze ans.
Des foules enthousiastes l’acclament. Cet exposé des racines
et des grands thèmes de l’antisémitisme hitlérien
nous permet d’apporter des éléments de réponse
à la question fondamentale.
Comment l’Allemagne est-elle devenue nazie ?
Même si la représentation hitlérienne du Juif paraît
délirante, elle correspond à certains traits élaborés
dans l’imaginaire populaire allemand des siècles auparavant.
Comme l’écrit Raul Hilberg : « Il est de grande conséquence
qu’au moment où Hitler arriva au pouvoir, l’image
existât déjà, que les traits du modèle fussent
déjà fixés. Quand Hitler parlait des Juifs, il
parlait aux Allemands un langage familier. Quand il couvrait ses victimes
d’injures, il redonnait vie à une attitude médiévale.
Quand il invectivait sauvagement contre les Juifs, c’était
comme s’il avait réveillés ses Allemands d’un
long sommeil pour les rappeler à une hostilité ancienne.
» Les stéréotypes antisémites s’alimentent
à la défaite de l’Allemagne à l’issue
de la Première Guerre mondiale. L’effondrement militaire
et l’humiliation du diktat de Versailles » - la «
paix imposée » - sont ressentis comme de cruelles injustices
imputables, en premier lieu, aux Juifs. L’accélération
du processus d’intégration de ces derniers, leur participation
croissante aux carrières administratives et aux professions libérales
les désignent de plus en plus à la vindicte – en
tant que « profiteurs ».
Tous les arguments sont évoqués. Il y a des Juifs parmi
les révolutionnaires qui tentent de prendre le pouvoir en 1919
(Kurt Eisner, Rosa Luxemburg) ? C’est que la révolution
est Juive. Un Juif. Valter Rathenau, devient ministre de la République
de Weimar ? C’est une « Juden Republik ». La situation
économique confuse de l’immédiat après-guerre
et, surtout, les conséquences du Krach de 1920 sont également
à prendre en compte. L’Allemagne compte trois millions
de chômeurs en 1930, six millions en 1931. Les ouvriers sont sans
travail, les classes moyennes paupérisées, les paysans
ne parviennent pas à écouler leur production. La haine
s’exaspère contre le capitalisme international, identifié
aux Juifs, tenus pour responsables de tous les maux. La dénonciation
de la « responsabilité juive » et de la
« conspiration mondiale des Juifs », l’exaltation
passionnelle de la grandeur allemande et la propagation des thèmes
nationalistes deviennent pour les nazis des objectifs prioritaires.
L’argumentation est simpl(ist)e : les Juifs sont responsables
de tous les maux qui frappent le peuple allemand. Seule leur élimination
- et nous verrons la réalité que recouvre ce terme évoluer
avec le temps – permettra à celui-ci de recouvrer force,
équilibre et bonheur.
Pour mener à bien cette idéologie, nous le verrons par
la suite, les nazis ne lésineront sur aucun moyen tels que la
stérilisation, l’emprisonnèrent et l’extermination
de ceux qu'ils considéraient comme malades, ou ceux qui étaient
considérés comme atteints de maladies héréditaires
(cécité, alcoolisme, schizophrénie, etc.), ou de
maladies mentales, et ceci selon des procédés systématiques
établies dès la conquête du pouvoir absolu.
IV.
La montée au pouvoir d’Hitler
Par
soucis de brièveté et de clarté, nous nous proposons
de présenter la montée d’Adolf Hitler au pouvoir
sous forme de tableau chronologique, divisé par année.
Pour cela, nous commencerons notre étude dès l’an
1919 qui nous semble être l’année de ses «
premiers pas » vers la dictature.
Conquête
progressive du pouvoir
1919 : Hitler adhère au DAP (Parti des ouvriers allemand), groupuscule
ultranationaliste, anticapitaliste et antisémite d'une soixantaine
de membres.
Il s'impose rapidement au sein du parti.
1920 : Le 24 février est fondé au Hofbräuhaus de
Munich le parti national-socialiste ; le DAP devient le NSDAP.
1921 : Hitler devient président du NSDAP avec des pouvoirs illimités.
Le parti s'organise selon le Führerprinzip. Hitler s'entoure d'hommes
qui vont l'aider à conquérir le pouvoir : Rudolf Heß,
Ernst Röhm, plus tard Hermann Göring et Joseph Goebbels. Hitler
noue des relations avec de riches industriels qui financent le parti.
Celui-ci comporte 3 000 membres lors du premier congrès du NSDAP.
1922 : Au deuxième congrès du NSDAP, le parti compte 6
000 membres.
1923 : Au troisième congrès, le parti a 22 000 membres.
Le 9 novembre, la tentative de putsch à Munich se solde par un
échec ; Hitler est emprisonné et rédige "Mein
Kampf" en prison.
1924 : Le 4 mai ont lieu des élections au Reichstag.
C'est un succès pour les communistes (3 700 000 voix) et pour
le NSDAP (1 900 000 voix).
1925 : Hitler sort de prison. Il réorganise le parti qui s'était
disloqué en son absence.
1926 : Hitler convoque un congrès du NSDAP à Bamberg et
reprend les rênes du parti.
1928 : Le 20 mai, aux élections législatives, les communistes
obtiennent 3 200 000 voix, le NSDAP 800 000 voix.
1929 : La crise économique mondiale touche durement les Allemands,
en particulier les classes moyennes.
Cela entraîne un afflux de membres dans le parti.
1930 : La crise profite aux nazis. Lors des élections au Reichstag,
les socialistes obtiennent 143 sièges, les nazis 107 (6 400 000
voix), les communistes 77 (4 500 000 voix). Pour beaucoup d'électeurs,
c'est un vote de protestation contre la République de Weimar,
qu'ils jugent impuissante face à la crise.
1932 : Au premier tour de l'élection présidentielle, Hindenburg
obtient 18 661 000 voix, Hitler 11 338 000 voix et Thälmann (communiste)
4 982 000 voix. Au second tour, Hindenburg l'emporte avec 19 367 000
voix, contre 13 419 000 pour Hitler et
3 706 000 pour Thälmann. En avril, le NSDAP l'emporte lors des
élections régionales en Prusse, Bavière, Wurtemberg
et Hambourg. Le NSDAP obtient 230 sièges au Reichstag (13 732
000 voix) aux élections du 31 juillet. Les socialistes ont 133
sièges, les centristes 97, et les communistes 89 (5 200 000 voix).
Le 12 septembre, une motion de censure est votée contre le gouvernement
von Papen ; le Reichstag est dissous. Le 6 novembre, les nazis obtiennent
196 sièges au Reichstag
(11 750 000 voix). Le 17 novembre, von Papen démissionne. Le
19 novembre, un groupe d'industriels et de financiers demande que Hitler
soit nommé chancelier. Le 24 novembre, Hitler refuse ce poste,
car Hindenburg ne lui accorde pas les pleins pouvoirs. Le 2 décembre,
von Schleicher est nommé chancelier.
1933 : Les intrigues continuent : le 4 janvier, Hitler a une entrevue
avec von Papen, le lendemain avec des industriels qui lui assurent le
soutien des milieux d'affaires.Le 28 janvier, les négociations
et les intrigues aboutissent à la chute du gouvernement von Schleicher.
Le 30 janvier, Hindenburg nomme Hitler chancelier.
CONCLUSION :
L’Allemagne,
étant dans un état d’esprit d’échec,
suite à la crise économique et au sentiment d’humiliation
national, ressent un besoin de « bouleversement» général.
Elle était prédisposée à entendre les discours
d’un « sauveur » à l’idéologie
implacable et qui s’est identifiée l’origine de tous
ses maux. Ce bouillon de culture se trouve donc être le cadre
rêvé pour l’ascension du grand Führer Hitler,
et la mise à exécution de son programme diabolique.
DEUXIEME
PARTIE
I.
Introduction à la shoah
La
Shoah - mot hébreu signifiant "catastrophe" - désigne
spécifiquement l'organisation par l'Etat, par le régime
nazi et ses collaborateurs, de la persécution et de l'extermination
systématique, et bureaucratique, d'environ six millions de Juifs.
"Holocauste", terme d'une acceptation plus large, est aussi
utilisé. D'origine grecque, Holocauste signifia"sacrifice
par le feu". Les nazis, qui arrivèrent au pouvoir en janvier
1933, avaient développé une idéologie raciale qui
voyait dans les Allemands les représentants d'une "race
supérieure" et dans les Juifs, des êtres "inférieurs",
"indignes de vivre". Pendant la Shoah, les nazis s'en prirent
aussi à d'autres groupes parce qu'ils les considéraient
comme étant "racialement inférieurs" : les Tsiganes,
les handicapés et certains peuples slaves (Polonais, Russes,
etc...).
D'autres groupes de personnes, tels que les communistes, les socialistes,
les Témoins de Jéhovah et les homosexuels, étaient
persécutés pour des motifs politiques ou de comportement
social.
En 1933, la population juive d'Europe dépassait les neuf millions
de personnes.
La plupart des Juifs européens vivaient dans des pays que le
Troisième Reich occupa ou contrôla pendant la Seconde Guerre
mondiale. En 1945, près de deux Juifs européens sur trois
avaient été exterminés dans le cadre de la "Solution
finale", la politique nazie d'extermination des Juifs d'Europe.
Bien que les Juifs aient été les principales victimes
du racisme nazi, on compta aussi parmi les autres victimes des centaines
de milliers de Tsiganes. Au moins 200 000 handicapés physiques
et mentaux furent assassinés dans le cadre du programme d'euthanasie.
A mesure que la tyrannie nazie s'étendait en Europe, les nazis
persécutèrent et assassinèrent des millions d'autres
personnes. Plus de trois millions de prisonniers de guerre soviétiques
furent assassinés ou moururent de faim, de maladie, de manque
de soins ou à la suite de mauvais traitements. Les Allemands
firent également de l'intelligentsia polonaise non juive la cible
de leur politique.
Ils déportèrent des millions de citoyens polonais et soviétiques
pour le travail forcé en Allemagne ou en Pologne occupée.
Pendant les premières années du régime nazi, les
homosexuels et d'autres personnes, dont le comportement était
jugé socialement inacceptable, furent également persécutés.
Des milliers d'opposants politiques (dont des communistes, des socialistes
et des syndicalistes) et religieux (tels que les Témoins de Jéhovah)
furent aussi visés. Beaucoup moururent suite à leur incarcération
ou aux mauvais traitements.
Dès
1933, les nazis créèrent des camps de concentration pour
emprisonner les Juifs, les Tsiganes et autres victimes de la haine ethnique
et raciste, ainsi que les opposants politiques. Pendant les années
de guerre, les nazis et leurs collaborateurs créèrent
des ghettos, des camps de transit et des camps de travail forcé.
Après l'invasion de l'Union Soviétique en juin 1941, les
Einsatzgruppen (unités mobiles d'extermination) menèrent
des opérations d'extermination de masse contre des Juifs, des
Tsiganes et des fonctionnaires de l'Etat soviétique et du Parti
communiste. Plus d'un million de Juifs, hommes, femmes et enfants, furent
massacrés par ces unités. Entre 1942 et 1944, l'Allemagne
nazie déporta des millions de Juifs à partir des territoires
occupés vers les camps d'extermination, où ils furent
assassinés dans des installations de tueries spécifiquement
conçues à cet effet.
Pendant les derniers mois de la guerre, les gardiens SS contraignirent
les prisonniers des camps à des marches de la mort, tentant d'empêcher
les Alliés de libérer un trop grand nombre de prisonniers.
Lorsque les forces alliées avancèrent en Europe en lançant
des offensives successives contre l'Allemagne, ils commencèrent
à trouver et à libérer les prisonniers des camps
de concentration, dont bon nombre étaient des survivants des
marches de la mort. La Seconde Guerre mondiale se termina en Europe
par la reddition sans condition des forces armées allemandes
à l'ouest le 7 mai 1945, et à l'est le 9 mai 1945.
II.
LES CONQUETES
1)
L'UNION SOVIETIQUE ET LE FRONT DE L'EST
L'Union des républiques socialistes soviétiques (l'U.R.S.S.)
a été fondée en novembre 1917 par le Parti bolchevique.
Dirigés par Lénine puis, après 1923, par Joseph
Staline, les bolcheviques (qui s'appelèrent communistes plus
tard) établirent un nouveau régime dans l'ancien Empire
russe au terme d'une violente guerre civile en 1921.
L'Union soviétique, comme se dénommait cette nouvelle
entité politique, appelait à la révolution communiste
dans le monde au nom du prolétariat international et préconisait
dans sa propagande la disparition à terme des distinctions nationales,
culturelles, religieuses et économiques. Considérant que
les élites ne renonceraient jamais au pouvoir, les communistes
prévoyaient une révolution violente qui éliminerait
les classes dominantes. En conséquence de cette prédiction,
les sociétés bourgeoises d’Europe et d'Amérique
du Nord allaient percevoir l'Union soviétique comme une menace
culturelle et économique.
Hitler
et les nationaux-socialistes voyaient les territoires de l'Union soviétique
comme la principale zone de peuplement pour l'expansion future de la
race allemande. Ils identifièrent le système soviétique
à la politique d'expansion de la race juive. Dès la naissance
du mouvement nazi en Allemagne, l'Union soviétique fut d?peinte
comme un ennemi contre lequel une épreuve de force était
inévitable.
Pendant les six premières années du régime, la
propagande nazie attaqua durement l'Union soviétique et, en privé,
Hitler évoqua à plusieurs reprises un conflit futur. Toutefois,
en 1939, l'Allemagne nazie accepta une politique stratégique
temporaire de coopération avec l'Union soviétique. Ce
changement provisoire reflétait la décision tactique d'Hitler
de garantir son flanc oriental pendant que l'Allemagne détruisait
la Pologne et combattait la Grande-Bretagne et la France.
LES
RELATIONS GERMANO-SOVIETIQUES ENTRE 1939 ET 1941
Le pacte germano-soviétique, également connu sous le nom
de pacte Ribbentrop Molotov - du nom des deux ministres des Affaires
étrangères qui négocièrent l'accord - comportait
deux parties. Un accord économique, signé le 19 août
1939, stipulait que l'Allemagne échangerait des produits finis
contre des matières premières soviétiques. L'Allemagne
nazie et l'Union soviétique devaient notamment signer un pacte
de non-agression de dix ans le 23 août 1939, pacte en vertu duquel
chaque signataire promettait de ne pas attaquer l'autre.
Le
pacte germano-soviétique permit à l'Allemagne d'attaquer
la Pologne le 1er septembre 1939, sans crainte d'une intervention soviétique.
Le 3 septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France, qui avaient promis,
cinq mois plus tôt, de protéger les frontières de
la Pologne, déclarèrent la guerre à l'Allemagne.
Ces événements marquaient le début de la Seconde
Guerre mondiale.
Le pacte de non-agression du 23 août comprenait un protocole secret
qui prévoyait la division de la Pologne et du reste de l'Europe
de l'Est en sphères d'intérêt soviétiques
et allemandes. Conformément à ce plan, l'armée
soviétique occupa et annexa la Pologne orientale à l’automne
1939. Le 30 novembre 1939, l'Union soviétique attaquait la Finlande,
déclenchant une guerre d'hiver de quatre mois à la suite
de laquelle l'Union soviétique annexa les régions limitrophes
du territoire finlandais, particulièrement près de Leningrad.
Sous l’oeil bienveillant des Allemands, l'Union soviétique
prit des dispositions pour sécuriser sa sphère d'influence
en Europe de l'Est en été 1940. Les soviétiques
occupèrent et annexèrent les pays baltes et s’emparèrent
des provinces roumaines de Bucovine du Nord et de Bessarabie.
Après que les Allemands eurent vaincu la France en juin 1940,
les diplomates du Reich travaillèrent à renforcer les
liens de leur pays en Europe du Sud-Est. La Hongrie, la Roumanie et
la Slovaquie rejoignirent toutes l'Axe en novembre 1940. Au printemps
1941, Hitler informe ses alliés de l'Europe de l'Est de son plan
d’invasion de l'Union soviétique.
L'INVASION
ALLEMANDE DE L'UNION SOVIETIQUE
Hitler avait toujours considère le pacte de non-agression germano-soviétique
comme une manoeuvre tactique, provisoire. Le 18 décembre 1940,
il signait la Directive 21 (Opération au nom de code Barbarossa),
le premier ordre opérationnel relatif à l'invasion de
l'Union soviétique. Dès l’élaboration du
plan opérationnel, les autorités allemandes militaires
et de police avaient eu pour intention de mener une guerre d'annihilation
contre l'Etat communiste aussi bien que contre les Juifs communistes
de l'Union soviétique, qu'ils voyaient comme formant la base
raciale de l'?état soviétique.
Les forces allemandes envahirent l'Union soviétique le 22 juin
1941, moins de deux ans après la signature du pacte germano-soviétique.
L'opération Barbarossa fut la plus grande opération militaire
allemande de la Seconde Guerre mondiale. Trois corps d'armée,
comprenant plus de trois millions de soldats allemands, soutenus par
un demi million de troupes alliées de l'Allemagne (la Finlande,
la Roumanie, la Hongrie, l'Italie, la Slovaquie et la Croatie), attaquèrent
l'Union soviétique sur un très large front, qui s’étendait
de la Mer Baltique au nord à la Mer Noire au sud. Pendant des
mois, Staline avait refusé de tenir compte des avertissements
lancés par les pouvoirs occidentaux quant aux troupes allemandes
rassemblées le long de la frontière. L'Allemagne réalisa
ainsi une surprise tactique presque complète et les armées
soviétiques reculèrent largement devant l'attaque. Des
millions de soldats soviétiques encerclés, coupés
de leurs sources de ravitaillement et de renforts furent faits prisonniers.
Au fur et à mesure que l'armée allemande avançait
plus profondément à l’intérieur du territoire
soviétique, les Einsatzgruppen (unités mobiles d'extermination)
suivaient les troupes et menaient des opérations de meurtre de
masse.
Début septembre 1941, les forces allemandes avaient atteint les
portes de Leningrad au nord. Ils avaient pris Smolensk dans le centre
et Dniepropetrovsk au sud. Des unités allemandes atteignirent
les faubourgs de Moscou au début du mois de décembre.
Or après des mois de campagne, l'armée allemande était
épuisée. S'attendant à une débâcle
soviétique rapide, les stratèges allemands n’avaient
pas su équiper leurs troupes pour la guerre d'hiver.
Qui plus est, la rapidité de l'avance allemande faisait que les
forces avaient dépassé leurs lignes de ravitaillement.
Elles étaient donc vulnérables en raison des grandes distances
impliquées (Moscou est à près de 1 850 km à
l'est de Berlin).
En décembre 1941, l'Union soviétique lança une
contre-attaque majeure, repoussant les Allemands loin de Moscou. Ce
ne fut que des semaines plus tard que les Allemands furent capables
de stabiliser le front à l'est, à Smolensk. En 1942, l'Allemagne
reprit l'offensive massivement au sud et au sud-est en direction de
la ville de Stalingrad (aujourd'hui Volgograd) sur la Volga et vers
les gisements de pétrole du Caucase. Lorsque les Allemands réussirent
à pénétrer dans Stalingrad en septembre 1942, la
domination allemande de l'Europe avait atteint son extension géographique
maximale.
LES
EINSATZGRUPPEN (UNITÉS MOBILES D'EXTERMINATION)
Les Einsatzgruppen étaient des escadrons de SS et de la police
allemande qui suivaient l'avancée de l'armée allemande.
Sous le commandement d'officiers de la Police de sécurité
(Sipo) et du Service de sécurité (SD), ils reçurent
pour mission, entre autres, d'exterminer ceux qui étaient perçus
comme des ennemis politiques ou raciaux trouvés derrière
les lignes de front en Union Soviétique occupée. Parmi
leurs victimes, il y eut des Juifs (hommes, femmes et enfants), des
Tsiganes, et des fonctionnaires de l'Etat soviétique et du Parti
communiste. Les Einsatzgruppen assassinèrent également
des milliers de patients dans des établissements psychiatriques.
De nombreux chercheurs pensent que le massacre systématique des
Juifs d'Union Soviétique occupée par les bataillons des
Einsatzgruppen et la Police de l'ordre (Ordnungspolizei) constitue la
première étape du programme nazi d'extermination de tous
les Juifs européens.
Lors de l'invasion de l'Union soviétique en juin 1941, les Einsatzgruppen
suivirent l'armée allemande et son avance au cœur du territoire
soviétique. Les Einsatzgruppen, s'appuyant souvent d'une aide
locale, conduisirent des opérations d'extermination de masse.
Contrairement à ce qui se passait lors de la déportation
de Juifs des ghettos vers les camps, les Einsatzgruppen allaient directement
dans les communautés de Juifs et les massacraient.
L'armée allemande apportait un soutien logistique aux Einsatzgruppen,
en leur fournissant approvisionnement, transport et logement. Au début,
les Einsatzgruppen abattirent surtout des hommes juifs. Mais très
vite, à partir du mois d'août 1941, leurs membres abattirent
les aussi les femmes et les enfants juifs sans distinction d'âge
ni de sexe, et les enterrèrent dans des fosses communes. A partir
de la fin du mois de juillet 1941, des bataillons de la police d'ordre,
sous le commandement de dirigeants de haut rang des SS et de la police
récemment nommés dans les territoires occupés d'Union
soviétique, lancèrent des opérations d'annihilation
systématique des principales communautés juives.
Les Einsatzgruppen qui suivirent l'armée allemande en Union soviétique
étaient répartis en quatre groupes opérationnels
de la taille d'un bataillon chacun. L'Einsatzgruppe A s'occupait de
la zone allant de la Prusse orientale en direction de Leningrad, et
couvrant la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie et d'autres territoires.
L'Einsatzgruppe A massacra des Juifs à Kovno, Riga et Vilno.
La zone de l'Einsatzgruppe B partant de Varsovie, en Pologne, et s'étendait
en Biélorussie en direction de Smolensk ; cet Einsatzgruppe massacra
des Juifs entre autres à Grodno, Minsk, Brest-Litovsk, Slonim,
Gomel et Mogilev. La zone de l'Einsatzgruppe C débutait à
Cracovie et Rzeszow (en Pologne occupée) et s'étendait
en Ukraine en direction de Kharkov et de Rostov-sur-le-Don. Ses membres
orchestrèrent des massacres à Lvov, Tarnopol, Zolochev,
Kremenets, Kharkov, Kiev et ailleurs. De ces quatre unités, l'Einsatzgruppe
D était celui qui opérait le plus au sud. Ses membres
se livrèrent à des massacres dans le sud de l'Ukraine
et en Crimée, en particulier à Nikolayev, Kherson, Simferopol,
Sébastopol et Feodosiya.
Les Einsatzgruppen reçurent une aide importante des soldats allemands,
hongrois et roumains, de collaborateurs locaux et d'autres unités
SS. Les membres des Einsatzgruppen furent recrutés parmi les
SS, les Waffen-SS (formation militaire des SS), dans le SD, la Sipo,
dans la police d'ordre et dans d'autres unités de police.
Au printemps 1943, les Einsatzgruppen et des bataillons de la police
d'ordre avaient tué plus d'un million de Juifs et des dizaines
de milliers de commissaires politiques et de partisans soviétiques,
de Tsiganes et d'handicapés mentaux. Les méthodes d'extermination
mobiles s'avérèrent inefficaces et psychologiquement difficiles
à supporter pour les assassins. Commenceront alors, comme nous
le verrons, la construction d’installations de gazage spéciales.
2) L’INVASION ALLEMANDE DE L'EUROPE DE L'OUEST, MAI 1940
La
campagne contre les Pays Bas et la France dura moins de six semaines.
L'Allemagne attaqua à l'ouest le 10 mai 1940. A l'origine, les
commandements britanniques et français pensaient que l'armée
allemande attaquerait par le centre de la Belgique comme elle l'avait
fait pendant la Première Guerre mondiale, et placèrent
en urgence des troupes à la frontière entre la Belgique
et la France. Mais la Wehrmacht attaqua par la forêt des Ardennes
au sud-est de la Belgique et au nord du Luxembourg. Les blindes et l'infanterie
allemands perçurent les lignes de défense françaises
puis parvinrent rapidement jusqu'à la côte Atlantique.
La Belgique et les Pays-Bas proclamèrent leur reddition en mai.
Plus de 300 000 soldats français et britanniques furent évacués
par la Manche jusqu'en Grande-Bretagne à partir des plages autour
de Dunkerque. Paris tomba aux mains des Allemands le 14 juin 1940.
Dans le cadre de l'Armistice que la France signa le 22 juin, l'Allemagne
occupa le nord de la France et toute la côte atlantique française
jusqu’à la frontière avec l'Espagne. Un nouveau
gouvernement français fut mis en place dans la ville de Vichy,
qui se trouvait dans la partie méridionale non occupée
de la France. Le gouvernement de Vichy, sous la direction du maréchal
Philippe Pétain, se déclara "neutre" dans la
guerre qui opposait l'Allemagne et la Grande-Bretagne, mais il était
contraint par les dispositions de l'Armistice de coopérer avec
le Reich.
Les Allemands considéraient que la défaite de l'armée
de l'air britannique (la Royal Air Force : RAF) était une condition
préalable à l'invasion des ?les britanniques. En 1940,
l'armée de l'air allemande ne parvenant pas à acquérir
la supériorité aérienne dans le sud-est de l'Angleterre,
Hitler décida de tenter l'invasion au printemps 1941. A la suite
du premier ordre opérationnel d'invasion de l'Union Soviétique
qui fut donné en décembre 1940, l'invasion allemande de
la Grande-Bretagne fut repoussée indéfiniment.
3)
LE FRONT ORIENTAL 1942-1944
Jusqu'à l'automne 1942, l'armée allemande vola de victoire
en victoire. L'Europe était sous sa domination, de la France
à la Volga, du cercle polaire arctique en Norvège aux
rivages de l'Afrique du Nord. La bataille de Stalingrad s’avéra
un tournant psychologique et militaire décisif, car elle mit
un terme à une série de victoires allemandes et amorça
la longue retraite vers l'ouest qui devait finir par la reddition de
l'Allemagne nazie en mai 1945.
A la mi-novembre 1942, l'armée soviétique lança
une contre-offensive massive contre la sixième armée allemande,
environ 250 000 soldats, pour briser l'encerclement de Stalingrad, dans
un terrible combat au corps à corps. Les troupes soviétiques
encerclèrent et prirent au piège les forces allemandes.
Au bout de six semaines de féroces combats au cours desquels
les deux côtés essuyèrent de lourdes pertes, quelques
91 000 soldats allemands qui avaient survécu se rendirent entre
le 31 janvier et le 2 février 1943.
Après sa victoire à Stalingrad, l'armée soviétique
poursuivit l'offensive, libérant la majorité de l'Ukraine
et pratiquement toute la Russie et la Biélorussie orientale au
cours de l’année 1943. En 1943 à Koursk, en Russie,
les Allemands tentèrent bien encore une offensive, mais ils furent
lourdement frappés par l'armée soviétique. En 1944,
les soviétiques lancèrent une nouvelle offensive majeure,
qui libéra le reste de la Biélorussie et de l'Ukraine,
les pays baltes et la Pologne orientale, de la domination nazie. En
août 1944, les troupes soviétiques traversaient la frontière
allemande en direction de la Prusse Orientale. En janvier 1945, une
nouvelle offensive amena les forces soviétiques sur l’Oder,
en Allemagne même, à environ 185 km de Berlin.
A la mi-avril 1945, l'armée rouge lança l'assaut final
contre le Troisième Reich, s’emparant de Vienne le 13 avril
et encerclant Berlin le 21 avril. Le 25 avril, les patrouilles de l'avant-garde
soviétiques rencontraient les troupes américaines à
Torgau sur l'Elbe, en Allemagne centrale, coupant de fait le pays en
deux. Après plus d'une semaine de lourds combats dans les rues
de Berlin, les unités soviétiques s’approchèrent
du bunker du commandement central de Hitler. Le 30 avril 1945, Hitler
se suicida. Berlin se rendit aux forces soviétiques le 2 mai
1945. Les forces armées allemandes capitulèrent sans condition
à l'ouest le 7 mai et à l'est le 9 mai 1945. Le 9 mai,
l'armée soviétique entra à Prague, la dernière
ville importante encore occupée par les troupes allemandes. Les
Alliés occidentaux proclamèrent le 8 mai 1945, jour de
la Victoire en Europe (le VE Day).
Apres
avoir suivi le parcours des unités nazies à l’extérieur
de l’Allemagne, nous allons nous intéresser au sort des
citoyens sur son territoire, et sur les terres conquises durant ces
années. Comme nous l’avons montré dans la première
partie, bien que la doctrine nazie s’en est pris aussi aux Tsiganes,
aux handicapés et autres citoyens indésirables, le principal
ennemi reste les Juifs.
III.
Le sort des juifs
1)
LA POPULATION JUIVE ALLEMANDE EN 1933
Selon
le recensement du 16 juin 1933, la population juive d'Allemagne, y compris
celle de la région de la Sarre (qui, à cette époque,
était encore sous l'administration de la Société
des Nations) comptait approximativement 505 000 personnes, sur 67 millions
d'habitants, soit un peu moins de 0,75% de la population. Ce nombre
montrait une diminution par rapport aux 523 000 Juifs qui vivaient en
Allemagne en janvier 1933. Cette baisse était due en partie à
l'émigration qui suivit la prise du pouvoir parles nazis en janvier.
(On estime que 37 000 Juifs émigrèrent d'Allemagne en
1933.)
Quelque 80% des Juifs d'Allemagne (environ 400 000) avaient la nationalité
allemande. Les autres étaient principalement des Juifs polonais.
La plupart d'entre eux étaient nés en Allemagne et avaient
le statut de résidents permanents.
Environ
70% des Juifs d'Allemagne vivaient en zone urbaine, et près de
50% dans l'une des dix plus grandes villes allemandes. Le centre le
plus important de population juive était Berlin (environ 160
000 Juifs en 1925).
Cette communauté représentait moins de quatre pour cent
de la population totale de la ville. Parmi les autres centres importants
de la communauté juive, on trouvait Francfort-sur-le-Main (environ
26 000 membres de la communauté juive), Breslau (environ 20 000
membres), Hambourg (environ 17 000), Cologne (environ 15 000), Hannovre
(environ 13 000) et Leipzig (environ 12 000). Néanmoins, en 1933,
un Juif allemand sur cinq vivait dans une petite ville.
2) LES PREMIERES MESURES ANTISEMITES
Une
fois obtenus les pleins pouvoirs, Hitler se retire à Berchtesgaden
et convoque Goebbels, devenu entre-temps ministre de l’information
et de la propagande, afin de lui donner ses directives sur la politique
à mener à l’égard des Juifs.
Il s’affirme indigné par les critiques exprimées
à l’étranger à l’encontre de son gouvernement,
et dont il rend les Juifs responsables. Il faut faire cesser au plus
vite, affirme-t-il, la propagation de cette « propagande anti-allemande
», Goebbels rapporte cette conversation dans son journal, en ces
termes « nous ne pourrons combattre les mensonges à l’étranger
que si nous atteignons ceux qui les répandent ou ces Juifs qui
vivent en Allemagne et que, jusqu’à maintenant, on a laissés
en paix. Nous devons donc entreprendre sur une vaste échelle
le boycott de tout le commerce juif en Allemagne. Peut-être les
juifs étrangers y regarderont-ils à deux fois quand leurs
camarades de race auront commencé à trinquer. »
Dans les heures qui suivent l’entrevue entre Hitler et Coebbels,
la direction du parti nazi adresse une lettre à ses différentes
sections pour faire pratiquer un boycott systématique des commerces
tenus par des Juifs. A partir du 1er avril 1933 et pendant quatre jours,
des membres de la SA se tiennent devant ces magasins et empêchent
quiconque d’y entrer. Le NSDAP a conseillé d’éviter
la violence, mais demande à la police de ne pas intervenir. Des
actes de brutalité se déchaînent à travers
toute l’Allemagne.
Le 4 avril 1933, Goebbels décrète la fin du boycott, qu’il
considère comme un succès puisque « à quelques
exceptions près…, l’abominable propagande étrangère
dirigée contre nous s’est arrêtée ».
Par ailleurs, le gouvernement nazi a recours à un argument qu’il
ne va plus cesser d’utiliser : la « profondeur » et
la « spontanéité » des manifestations d’antisémitisme
populaire.
C’est également cet argument qui est invoqué pour
promulguer la législation qui élimine les Juifs de l’administration
et de la vie publique – inaugurant ainsi la série de 400
lois et décrets antijuifs édictés par le Troisième
Reich.
·
Le premier décret, intitulé « Loi pour la restauration
de la fonction publique », stipule que ‘les fonctionnaires
d’origine non aryenne doivent se retirer » - à l’exception
de ceux qui étaient en poste avant 1914 et de ceux qui ont combattu
pour l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale.
· Une loi annexe interdit aux hommes de loi « non aryens
» d’accéder au barreau. Ceux qui en font déjà
partie se voient privés de la possibilité d’exercer
leur métier. Quelques jours plus tard, paraissent des lois excluant
des Juifs des postes d’assesseurs, de jurés et de juges
des tribunaux de commerce (7 avril) et d’avoués (22 avril).
· A partir du 22 avril également, les Juifs ne peuvent
plus être médecins dans les services d’assurances
sociales de l’Etat. Le 2 juin marque la date de leur éviction
des professions de dentistes et de mécaniciens-dentistes
· Le 25 avril, est promulguée la loi qui limite le nombre
de jeunes Allemands « non aryens » dans les écoles
et dans les établissements d’enseignement supérieur.
Leur proportion ne doit pas dépasser 5°/° du nombre total
d’élèves et d’étudiants.
· Le 6 mai, la loi pour la restauration de la fonction publique
est étendue aux professeurs honoraires, aux chargés de
cours des universités et aux notaires.
· La loi du 28 septembre 1933 interdit aux autorités gouvernementales
d’employer des « non aryens » ou leurs conjoints.
· Le lendemain, est constituée une Chambre de la Culture
de Reich, qui prévoit l’exclusion des Juifs des activités
culturelles et des loisirs.
· La loi sur la presse nationale, promulguée le 4 octobre
1933, place les journaux politiques sous la surveillance de l’Etat.
De nouvelles mesures se succèdent de mois en mois, s’appliquant
à tous les domaines de l’activité professionnelle
ou privée. « Les Juifs sont exclus du bénéfice
des lois sociales et de l’allocation de chômage, soumis
à des taxes et des impôts spéciaux : l’ingéniosité
des nazis ne connaissent pas de limites, allant jusqu’à
assimiler des filles mères juives à des personnes habitant
seules, afin de pouvoir leur appliquer l’impôt sur les célibataires.
Soumis à un boycott tenace, leurs commerces périclitaient
de plus en plus ; ils vivaient de leurs économies ou du maigre
pourcentage qui leur était alloué sur e produit des ventes
de leurs commerces. Une proportion de plus en plus grande en était
réduite à vivre des subsides que leur allouaient des œuvres
philanthropiques juives. »
Les mesures législatives antijuives adoptées par le gouvernement
nazi s’accompagnent en outre d’actions spectaculaires. Ainsi,
le 10 mai 1933, le recteur de l’université de Francfort
brûle, en un gigantesque autodafé, des milliers de livres
rédigés par des Juifs.
Les juifs d’Allemagne se trouvent ainsi marginalisés par
rapport au reste de la population, mis à l’index, exclus
de leur milieu professionnel, souvent ruinés. Pour eux, qui considéraient
leur intégration au sein de la société allemande
de comme un fait acquis, malgré les fréquentes manifestations
d’antisémitisme, la désillusion est cruelle. Fritz
Rosenfelder, dirigeant d’un club sportif dans une petite ville
du Wurtemberg se suicide en août 1933 en laissant pour ses proches
le message suivant :
«
Mes amis, c’est mon dernier adieu !
Un Juif allemand ne pouvait accepter de vivre sachant que le mouvement
dont l’Allemagne nationale attend son salut le tenait pour un
traître ! Je m’en vais sans haine ! Je n’ai qu’un
désir ardent : que la raison fasse son retour !
Ne pouvant exercer aucune activité qui me convienne, j’essaie
par mon suicide de secouer mes amis chrétiens. Que cela vous
fasse voir ce qu’éprouvent les Juifs allemands. Combien
j’aurais préféré donner ma vie à ma
patrie ! Ne me pleurez pas : essayez plutôt de faire comprendre
et d’aider la vérité à vaincre. C’est
ainsi que vous me ferez honneur.
Votre Fritz. »
Le journal local annonce ce suicide et le commente en ces termes : «
Fritz Rosenfelder est raisonnable et se pend ! Nous en sommes heureux
et ne voyons aucun inconvénient à ce que ses congénères
nous disent adieu de la même manière. »
Qui
sont donc ses congénères ? Un décret, publié
le 11 avril, définit le « non aryen » : « C’était
celui qui descendait de parents ou grands parents non aryens, juifs
en particulier. Il en était ainsi même si un seul des parents
ou grands-parents était non aryen. Disposition valable spécialement
dans le cas où un parent ou un grand parent a appartenu à
la confession juive. Ainsi, dans les cas s’ambiguïté
« raciale », l’affiliation religieuse devenait déterminante.
Tout fonctionnaire, pour prouver qu’il était d’ascendance
aryenne, devait fournir des pièces à conviction telles
que les certificats de naissance des parents et leur certificat de mariage.
A l’occasion, il fallait répondre à des questionnaires
généalogiques très complets. Pour régler
finalement des cas ambigus ou exceptionnels, ce décret prévoyait
que si l’ascendance aryenne était douteuse, on pouvait
consulter un expert en recherches raciales attaché auprès
du ministre de l’Intérieur du Reich. »
Sous la pression du NSDAP, les représentants des autorités
locales prennent peu à peu l’initiative de s’immiscer
dans la vie privée de leurs concitoyens. Ainsi, dès octobre
1933, le maire de Mayence enjoint au bureau d’état civil
de sa ville de lui soumettre les bans de tout mariage prévu entre
« une personne d’origine allemande et une personne juive
par sa race » ; il transmet ensuite l’information au bureau
local du parti nazi, qui se met en devoir de dissuader le fiancé
allemand de contracter cette union. De tels cas ne constituent pas une
exception. Le 27 juillet 1935, alors ministre de l’Intérieur,
adresse un mémorandum à tous les Etats allemands pour
les informer de la prochaine réglementation des mariages entre
Aryens et non Aryens, et leur demande de suspendre de telles unions
jusqu’à nouvel avis.
Sept ans plus tard, les lois raciales de Nuremberg sont promulguées.
Hitler
à Nuremberg
LES
LOIS DE NUREMBERG
Le
préambule des Lois de Nuremberg, votées le 15 septembre
1935 déclare : « Pénétré du sentiment
que le pureté du sang allemand est une condition nécessaire
de la continuité de l’existence du peuple allemand, inspiré
par la volonté inflexible d’assurer à jamais l’existence
de la nation allemande, le Reichstag a adopté à l’unanimité
la loi qui suit et qui se trouve donc par la même promulguée.
»
La loi sur la citoyenneté allemande frappe les Juifs d’un
statut inférieur.
En effet, seuls sont citoyens du Reich (Reichsbùrger) les «
habitants du Reich de sang allemand », qui jouissent de la protection
du Reich et de la plénitude des droits politiques. Les juifs,
quant à eux, ne peuvent être que sujets.
La loi pour la protection du sang allemand et de l’honneur allemand
interdit tout mariage mixte, mais aussi toute relation sexuelle entre
Juifs et non Juifs, et même tout contact physique « générateur
de souillure ».
1. Les mariages entre Juifs et sujets de sang allemand ou assimilé
sont interdits.
2. Le rapport extra marital entre Juifs et sujets de sang allemand ou
assimilé est interdit.
3. Les Juifs ne peuvent utiliser au service de leurs ménages
des femmes de sang allemand ou assimilé âgées de
moins de 45 ans.
4. Il est interdit aux Juifs de pavoiser aux couleurs allemandes nationales.
Par contre, ils peuvent pavoiser aux couleurs juives : l’exercice
de ce droit est protégé par l’Etat.
5. Les infractions à l’article 1 seront sanctionnées
par une peine de prison ou une peine de réclusion.
Tous les historiens s’accordent à souligner l’extrême
importance des lois de Nuremberg. Léon Poliakov les qualifie
de
« sacrales », par opposition aux premières mesures
antisémites de la période 1933-1935, qu’il considère
comme
« profanes ». En effet, un saut qualificateur est franchi
? Les lois de Nuremberg marquent à la fois définitivement
le
Juif comme réprouvé, pour des raisons « biologiques,
et ouvrent la porte à la surenchère des pouvoirs locaux
ou même
Des particuliers face à la législation d’Etat.
Le juif souille par son contact : des rues, des cafés, des lieux
publics, voire des bancs lui sont désormais interdits.
Tout ce qui lui appartient est considéré comme impur.
La ségrégation s’installe dans le quotidien. Orchestrée
par une énorme campagne de presse, elle débouche sur une
horreur et une exécration du Juif sans précédent.
Pour de très nombreux juifs d’Allemagne, les conséquences
des lois de Nuremberg sont dramatiques. Toute vie sociale leur est interdite,
des couples se séparent, des familles se dissolvent.
Le 14 novembre 1935, un arrêté officiel précise
en ces termes la définition formelle du Juif : « Est juif
celui qui est issu d’au moins trois grands-parents juifs. Est
juif celui qui appartient à la communauté religieuse juive.
» Ceux qui entrent dans le cadre de cette définition sont
totalement exclus de la communauté nationale allemande.
Nombre d’entre eux commencent à envisager de s’expatrier.
Mais les difficultés sont nombreuses : les autorités nazies
ne s’opposent pas a l’émigration des Juifs jusqu’au
début de la guerre, mais à condition que ces derniers
abandonnent quasiment leurs biens ; en outre, les éventuels pays
d’accueil ferment leurs portes aux candidats à l’immigration.
Entre 1935 et 1937, 100 000 Juifs parviennent à quitter l’Allemagne
– 40°/° d’entre eux se dirigent vers la Palestine.
350 000 restent, de plus en plus isolés, de plus en plus angoissés.
A la fin de l’année 1936, le gouvernement nazi crée
le service des Questions juives bientôt confié à
un jeune Adjudant-chef, protégé de Heydrich : Adolf Eichmann.
Celui-ci nous le verrons, va se consacrer à sa tache avec passion
et ténacité. Les juifs se trouvent peu à peu pris
dans les mailles d’un immense filet qui ne cesse de se resserrer
autour d’eux. L’année 1938 va marquer une nouvelle
aggravation de leur sort, qui aboutira à une cruelle politique
concentrationnaire.
III.
LA POLITIQUE CONCENTRATIONNAIRE
1)
LES GHETTOS
Le
terme de "ghetto" tire son origine du nom du quartier juif
de Venise, créé en 1516. Pendant la Seconde Guerre mondiale,
les ghettos étaient des quartiers isolés du reste du tissu
urbain par des barbelés ou un mur, dans lesquels les Allemands
forcèrent la population juive à vivre dans des conditions
misérables. Les ghettos isolaient les Juifs en les séparant
de la population non juive et des communautés juives voisines.
Les nazis créèrent plus de 400 ghettos.
Les Allemands présentèrent la création des ghettos
comme une mesure provisoire de contrôle et de ségrégation
des Juifs. La plupart des ghettos (situés uniquement en Europe
orientale sous occupation allemande) étaient fermés par
des murs, des clôtures de fil de fer barbelé ou des portes.
Les ghettos étaient surpeuplés et insalubres. La faim,
les pénuries chroniques, la rigueur hivernale et l'absence de
services urbains furent la cause d'épidémies à
répétition et d'un taux de mortalité élevé.
Le plus grand ghetto fut celui de Varsovie, dans lequel environ 450
000 Juifs étaient entassés sur une zone de 2000 mètres
carrés environ. Les autres principaux ghettos furent ceux de
Lodz, Cracovie, Bialystok, Lvov, Lublin, Vilno, Kovno, Czestochowa et
Minsk.
Les nazis donnèrent l'ordre aux Juifs des ghettos de porter des
écussons ou des brassards permettant de les identifier et leur
imposèrent le travail forcé au profit du Reich allemand.
La vie quotidienne dans les ghettos était gérée
par des Conseils juifs (Judenräte) et une police juive, nommés
par les nazis. Celle-ci était chargée du maintien de l'ordre
et participa aux déportations vers les camps d'extermination
Des activités illégales telles que l'approvisionnement
en contrebande de nourriture ou d'armes, la participation à des
mouvements de jeunesse ou à des activités culturelles,
eurent souvent lieu sans l'accord des Conseils juifs (même si
les ces derniers organisèrent en fait les activités culturelles
officielles).
Dans certains ghettos, les membres de la résistance juive organisèrent
des soulèvements armés. Le plus important fut le soulèvement
du ghetto de Varsovie en 1943. Il y eut aussi des révoltes à
Vilno, Bialystok, Czestochowa, et dans plusieurs autres ghettos plus
petits. En août 1944, les nazis achevèrent la destruction
du dernier grand ghetto, celui de Lodz.
En Hongrie, l'enfermement dans les ghettos ne commença qu'au
printemps 1944, après l'invasion et l'occupation du pays par
les Allemands. En moins de trois mois, la police hongroise, en coordination
avec les Allemands, déporta près de 440 000 Juifs. La
plupart d'entre eux fut envoyée à Auschwitz-Birkenau.
A Budapest, les Juifs furent confinés dans des maisons identifiées
(les maisons dites Etoile de David). En novembre, après un coup
d'Etat soutenu par l'Allemagne, le parti hongrois des Croix Fléchées
créa un ghetto à Budapest. Environ 63 000 Juifs y furent
confinés dans une zone de 160 mètres carrés. Les
25 000 Juifs qui s'étaient vu accorder des passeports de protection
(au nom de pays neutres) furent placés dans un "ghetto international",
dans un autre quartier de la ville. L'Armée rouge libéra
Budapest en janvier 1945, mettant ainsi fin à la ghettoïsation
des Juifs hongrois survivants.
Parfois,
les ghettos existèrent durant peu de temps. Avec la mise en oeuvre
de la Solution finale en 1942, les Allemands détruisirent systématiquement
les ghettos et déportèrent les Juifs vers les camps d'extermination
pour les y assassiner. Un petit nombre de Juifs fut déporté
des ghettos vers les camps de travail forcé et les camps de concentration.
2) LES CAMPS
NAZIS
Les Allemands créèrent de nombreux sites de détention
pour emprisonner et éliminer les "ennemis de l'Etat",
dont les plus terribles, les camps de concentration. La plupart des
prisonniers des premiers camps de concentration furent des Communistes,
des Socialistes, des Démocrates sociaux, des Tsiganes, des Témoins
de Jéhovah, des homosexuels allemands, et d'autres personnes
accusées d'avoir un comportement "asocial" ou socialement
déviant.
Après l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en mars 1938,
les Nazis arrêtèrent des Juifs allemands et autrichiens
et les emprisonnèrent à Dachau, à Buchenwald et
à Sachsenhausen, camps de concentration situés en Allemagne.
Après les pogroms de la Nuit de cristal, en novembre 1938, les
Nazis arrêtèrent 30 000 hommes juifs et les incarcérèrent
dans des camps pendant de courtes périodes.
Les unités "Tête de mort" de la SS, qui avaient
la tâche de garder les camps, rivalisèrent de cruauté.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les médecins nazis se livrèrent,
dans certains camps, à des expériences médicales
sur les prisonniers. Avec la guerre, le système des camps nazi
prit rapidement de l'ampleur. Après l'invasion de la Pologne
par l'Allemagne en septembre 1939, les Nazis ouvrirent des camps de
travail dans lesquels des milliers de prisonniers moururent d'épuisement
et de faim.
A la suite de l'invasion allemande de l'Union soviétique en juin
1941, les Nazis augmentèrent le nombre des camps de prisonniers
de guerre. Certains camps furent construits comme extensions de camps
de concentration existants, comme à Auschwitz, en Pologne occupée.
Le camp de Lublin, connu plus tard sous le nom de Maïdanek, fut
créé à l'automne 1941 comme camp de prisonniers
de guerre, avant de devenir un camp de concentration en 1943. Des milliers
de prisonniers de guerre soviétiques y furent abattus ou gazés.
Pour faciliter la "Solution finale" (le génocide des
Juifs), les Nazis ouvrirent des camps d'extermination en Pologne. Chelmno,
le premier camp d'extermination, fut ouvert en décembre 1941.
Là, des Juifs et des Tsiganes furent gazés dans des camions
à gaz. En 1942, les Nazis ouvrirent Belzec, Sobibor et Treblinka,
trois camps d'extermination, afin d'y assassiner systématiquement
les Juifs du Gouvernement Général (le territoire de la
Pologne occupée, non annexé au Reich).
Les Nazis construisirent des chambres à gaz pour améliorer
l'efficacité des procédures d'extermination et pour rendre
le processus plus impersonnel pour ceux qui l'accomplissaient. A Auschwitz
II-Birkenau, il y eut quatre chambres à gaz. Au moment de l'apogée
des déportations, on y gaza jusqu'à 8 000 Juifs par jour.
Les Juifs vivant dans les territoires de l'Ouest de l'Europe occupés
par les Nazis étaient d'abord déportés dans des
camps de transit, comme par exemple Westerbork aux Pays-Bas ou Drancy
en France. Les camps de transit étaient habituellement la dernière
étape avant l'arrivée dans un camp d'extermination.
Les SS tuèrent plus de trois millions de Juifs dans les camps
d'extermination de Pologne occupée.
LE
TRAVAIL FORCÉ (STO)
L'idéologie
nazie considérait le travail manuel forcé comme le moyen
de prédilection non seulement pour punir les opposants intellectuels,
mais aussi pour "éduquer" les Allemands afin qu'ils
acquièrent une "conscience de race" et soutiennent
les objectifs raciaux du national-socialisme. Dès l'hiver 1933,
avec la création des premiers camps de concentration et des sites
de détention, le travail forcé --souvent vide de sens
et humiliant, et imposé sans que ne soient fournis l'équipement,
l'habillement, la nourriture ou le repos adéquats-- constitua
un élément central du régime concentrationnaire.
A partir de 1938, les nazis exploitèrent de plus en plus le travail
forcé des "ennemis de l'Etat" pour en tirer un profit
économique, mais aussi comme solution à la grave pénurie
désespérée de main-d'œuvre. Cette politique
prit un nouvel essor au printemps 1942, à la suite de changements
dans l'administration des camps de concentration. Par exemple, dans
le camp d'Auschwitz-Monowitz, situé en Pologne, des dizaines
de milliers de prisonniers juifs furent employés au travail forcé
dans l'usine de caoutchouc synthétique de Buna, propriété
du conglomérat de la chimie I.G. Farben.
Les
nazis imposèrent le travail forcé aux civils juifs à
la fois dans et hors des camps de concentration, et ce, dès avant
la guerre. A la fin de 1938, la plupart des hommes juifs résidant
en Allemagne étaient contraints au travail forcé par diverses
autorités du Reich. En Pologne occupée, les autorités
allemandes organisèrent le travail forcé pour les Juifs
dans le voisinage des ghettos, que ces ghettos aient été
fermés ou non, et dans des camps de concentration spéciaux
pour les Juifs sous juridiction SS, civile allemande ou militaire allemande.
Par exemple, dans le ghetto de Lodz, les nazis installèrent 96
usines et ateliers qui produisaient des marchandises pour contribuer
à l'effort de guerre allemand. En Union Soviétique occupée,
et ailleurs, après le début de l'extermination systématique,
le travail forcé des Juifs fut exploité presque exclusivement
dans les camps de concentration.
Lorsque les nazis commencèrent à mettre en oeuvre la "solution
finale", la capacité à travailler devint souvent
une chance de survie. Les Juifs qui étaient jugés inaptes
au travail étaient les premiers à être abattus ou
déportés
Dès
la création du Gouvernement général de Pologne,
en octobre 1939, tous les hommes juifs et de nombreux polonais furent
contraints d'accomplir un travail forcé sans salaire au profit
des autorités d'occupation allemandes. A partir de 1940, les
autorités allemandes raflèrent des civils polonais, hommes
et femmes, et les déportèrent vers le Reich pour le travail
forcé dans les usines et les fermes allemandes.
Par
ailleurs, les nazis mirent soigneusement en application une politique
"d'annihilation par le travail", dans le cadre de laquelle
certaines catégories de prisonniers étaient condamnés
à mort par épuisement ; en d'autres termes, ils furent
placés dans des conditions qui conduisaient directement et délibérément
à la maladie, aux blessures et à la mort. Par exemple,
au camp de concentration de Mauthausen, les prisonniers étaient
contraints de monter en courant les 186 marches à la sortie de
la carrière de pierres en portant de lourds fardeaux.
Après l'invasion allemande de l'Union Soviétique en juin
1941, les Allemands laissèrent mourir les prisonniers de guerre
soviétiques par manque de soins (nourriture, habillement, abri
ou soins médicaux insuffisants). Cependant, au printemps 1942,
les autorités allemandes commencèrent à employer
les survivants dans différentes usines importantes à l'effort
de guerre. Des centaines de milliers de civils soviétiques furent
aussi déportés de force en Allemagne, en Autriche et en
Bohême-Moravie, la plupart incarcérés dans ce que
l'on appelait alors des camps de résidence. Ils y furent soumis
au travail forcé.
A la fin de la guerre, des millions de personnes déplacées
non allemandes restaient encore en Allemagne, victimes de la politique
nazie de déportation et de travail forcé dans le Reich.
3)
LES CAMPS D'EXTERMINATION
Les
camps d'extermination nazis furent construits dans l'unique but de perpétrer
des meurtres de masse. A l'inverse des camps de concentration, qui faisaient
surtout office de centres de détention et de travail, les camps
d'extermination étaient presque uniquement des "usines de
mort". Plus de trois millions de Juifs furent exterminés
dans les camps d'extermination, soit gazés, soit abattus.
Le premier camp d'extermination fut celui de Chelmno, qui ouvrit dans
le Warthegau (la partie de la Pologne annexée à l'Allemagne)
en décembre 1941. Là, des Juifs, mais aussi des Tsiganes,
furent assassinés dans des camions à gaz mobiles. En 1942,
dans le Gouvernement Général de Pologne, les nazis ouvrirent
les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka (dans le cadre de l'Action
Reinhardt) pour assassiner systématiquement les Juifs de Pologne.
En octobre 1943, plus d'1,7 million de Juifs avaient été
gazés (dans des chambres à gaz fonctionnant au monoxyde
de carbone) dans les camps de l'Action Reinhardt. Il y eut environ 120
survivants.
La plupart des autres déportés qui arrivaient dans les
camps étaient immédiatement envoyés dans les chambres
à gaz (à l'exception d'un petit nombre d'entre eux qui
étaient choisis pour constituer des équipes de travail
spéciales connues sous le nom de Sonderkommandos). Le plus grand
camp d'extermination fut celui d'Auschwitz-Birkenau, où, au printemps
1943, fonctionnaient quatre chambres à gaz (qui utilisaient le
gaz Zyklon B). A l'apogée des déportations, on gaza jusqu'à
8 000 Juifs par jour à Auschwitz-Birkenau. En novembre 1944,
plus d'un million de Juifs et des dizaines de milliers de Tsiganes,
de Polonais et de prisonniers de guerre soviétiques y avaient
été gazés.
Un autre camp situé en Pologne, celui de Maïdanek, à
l'origine camp de prisonniers de guerre puis camp de concentration,
fut également un site d'exécutions massives. Environ 170
000 prisonniers furent tués à Maïdanek ; il s'agit
presque exclusivement de Juifs, de civils, de soldats soviétiques
et de civils polonais. La documentation disponible ne permet pas de
déterminer exactement le nombre de personnes exterminées
dans les chambres à gaz ou par d'autres moyens (abattues, pendues
ou battues à mort). Les derniers des 18 000 prisonniers juifs
du camp furent abattus dans des fosses le 3 novembre 1943, lors de l'Action
Erntefest (opération "Fête de la moisson"), tandis
que de puissants haut-parleurs diffusaient de la musique pour couvrir
le bruit et les cris.
Les
SS considéraient les camps d'extermination comme un secret d'Etat.
Pour faire disparaître les traces des gazages, des unités
spéciales de prisonniers (les Sonderkommandos) étaient
obligées d'enlever les corps des chambres à gaz et de
les incinérer. Les SS firent ensuite disparaître les traces
de leurs crimes.
4)
LES MARCHES DE LA MORT
En
janvier 1945, le Troisième Reich voyait s'approcher la défaite
militaire. Les forces soviétiques avançaient en Europe
orientale, prêtes à repousser l'armée allemande
vers l'intérieur du Reich. Après l'échec de l'offensive
surprise allemande vers l'ouest à travers les Ardennes en décembre
1944, les forces alliées de l'ouest étaient prêtes
à entrer en Allemagne. L'armée soviétique avait
rendu publiques les atrocités nazies à Maïdanek,
que ses troupes avaient libéré en juillet 1944. Le chef
de la SS, Heinrich Himmler, donna alors l'ordre aux commandants des
camps de concentration d'évacuer les prisonniers. Ce plan avait
pour but d'éviter que les prisonniers ne tombent entre les mains
des Alliés et ne fournissent des preuves supplémentaires
des assassinats de masse des nazis. L'évacuation de tous les
camps de concentration se fit souvent par des marches forcées.
Le terme marche de la mort fut probablement inventé par les prisonniers
des camps de concentration. Il fait référence aux marches
forcées de prisonniers sur de longues distances et sous stricte
surveillance, dans des conditions hivernales extrêmement dures.
Pendant ces marches de la mort, les gardes SS maltraitèrent brutalement
les prisonniers. Obéissant aux ordres explicites qui étaient
d'abattre les prisonniers qui ne pouvaient plus marcher, les gardes
SS abattirent en route des centaines de prisonniers. Des milliers de
prisonniers moururent également de froid, de faim et d'épuisement.
Les marches de la mort furent particulièrement nombreuses fin
1944 et en 1945, alors que les nazis tentaient de transférer
les prisonniers vers l'intérieur de l'Allemagne. Les marches
de la mort les plus importantes commencèrent à Auschwitz
et à Stutthof, peu avant que les forces soviétiques ne
libèrent ces camps.
Néanmoins, à mesure que les forces alliées avançaient
au cœur de l'Allemagne, elles libéraient des centaines de
milliers de prisonniers des camps de concentration. Le 25 avril 1945,
l'armée soviétique fit sa liaison avec l'armée
américaine à Torgau, sur l'Elbe, en Allemagne centrale.
L'armée allemande se rendit sans condition sur le front de l'ouest
le 7 mai, et sur celui de l'est le 9 mai 1945. Le 8 mai 1945 fut proclamé
jour de la Victoire en Europe. Pratiquement jusqu'au dernier jour de
la guerre, les autorités allemandes firent marcher les prisonniers
dans divers lieux du Reich.
5)
LA LIBÉRATION DES CAMPS
Lors
de leurs offensives contre l’Allemagne, les troupes alliées
commencèrent à libérer des camps de concentration.
Il y restait des survivants ; beaucoup d’entre eux avaient survécu
à des marches de la mort.
Le premier grand camp nazi à être libéré
fut Majdanek, près de Lublin, en Pologne, en juillet 1944. Surpris
par la rapidité de l’avance soviétique, les Allemands
tentèrent de dissimuler les preuves du meurtre de masse, en démolissant
les infrastructures d'assassinat.
Ils mirent le feu au four crématoire principal mais, dans la
hâte de l’évacuation, ils n’eurent pas le temps
de détruire les chambres à gaz. Durant l’été
1944, les Soviétiques parvinrent également sur les sites
des camps d’extermination de Belzec, Sobibor et Treblinka. Les
Allemands avaient démantelé ces camps en 1943, après
y avoir exterminé une grande partie des Juifs de Pologne.
L'Armée rouge libéra Auschwitz, le plus grand camp d’extermination
et de concentration, le 26 janvier 1945. Les Nazis avaient emmené
la majorité des détenus dans des marches de la mort, et,
quand ils pénétrèrent dans le camp, les soldats
soviétiques ne trouvèrent que quelques milliers de prisonniers.
De nombreuses preuves du meurtre de masse existaient encore à
Auschwitz. Avant de fuir, les Allemands avaient détruit la plupart
des entrepôts du camp, mais dans ceux qui restaient les Soviétiques
trouvèrent les effets personnels des victimes. Ils découvrirent,
par exemple, des centaines de milliers de costumes d’homme, plus
de 800 000 vêtements de femme, et plus de 7 000 kg de cheveux
humains. Mais les Nazis avaient fait sauter les fours crématoires
Dans les mois qui suivirent, les Soviétiques libérèrent
d’autres camps dans les pays baltes et en Pologne. Peu avant la
capitulation allemande, les troupes soviétiques libérèrent
les camps principaux de Stutthof, de Sachsenhausen et de Ravensbrück.
Le
11 avril 1945, Les troupes américaines libérèrent
le camp de concentration de Buchenwald, situé près de
Weimar, en Allemagne, quelques jours après qu'il ait été
évacué par les Allemands. Le jour de la libération,
une organisation de résistance clandestine de prisonniers prit
le contrôle de Buchenwald pour empêcher les gardes du camp
de commettre des atrocités.
Les troupes américaines libérèrent plus de 20 000
prisonniers à Buchenwald. Elles libérèrent également
les camps principaux de Dora-Mittelbau, de Flossenbürg, de Dachau
et de Mauthausen.
Les
troupes britanniques libérèrent des camps en Allemagne
du Nord, parmi lesquels ceux de Neuengamme et de Bergen-Belsen. Elles
pénétrèrent dans le camp de concentration de Bergen-Belsen,
près de Celle, à la mi-avril 1945. Quelque 60 000 détenus,
la plupart dans des conditions critiques à cause d’une
épidémie de typhus qui y sévissait, y furent découverts
vivants. Plus de 10 000 moururent des effets de la malnutrition et de
maladies dans les semaines qui suivirent leur libération.
Les libérateurs découvrirent dans les camps, des cadavres
qui s’amoncelaient en plein air. Ce n’est qu’après
la libération des camps nazis que l’étendue des
horreurs nazies apparut pleinement. Les détenus qui avaient survécu,
exténués par le travail forcé et le manque de nourriture,
avaient l’aspect de squelettes. Nombre d’entre eux étaient
si affaiblis qu’ils pouvaient à peine bouger. Le danger
de maladies était partout présent et de nombreuses baraques
durent être brûlés pour prévenir la diffusion
d’épidémies.
Après
avoir conquis le pouvoir absolu, les nazis éliminèrent
selon des procédés systématiques et par cercles
concentriques entre 5 et 6 millions de Juifs, notamment, mais pas uniquement,
à l'aide de chambres à gaz, (certaines maladies tel que
le Typhus furent extrêmement meurtrières) ainsi que de
nombreux Tsiganes, entre 500 000 et 1 million dont 23 000 ont été
recensés dans le seul camp d'Auschwitz.
Pour les survivants le retour à la normalité s’annonçait
long et difficile, si ce n’est impossible.
Ce sont ces constats d’horreurs qui nous poussent à nous
interroger sur le personnage qui en est essentiellement à l’origine
: Hitler.
TROISIEME
PARTIE : HITLER
I.
SON VECU
1)
APERCU BIOGRAPHIQUE
Adolf Hitler nait le 20 avril 1889 à Braunau sur l’Inn,
petite ville autrichienne à la frontière allemande, il
est le quatrième enfant d’une famille comportant cinq enfants
(Alois Jr, Angela, Edmund, Paula). L’enfance d’Hitler fut
marquée par une série de déménagements :
son père fut muté du côté allemand de la
frontière. En 1895, Alois prit sa retraite et acheta une petite
ferme près de Lambach en Haute-Autriche. Il était autoritaire
avec son fils ; peut être alcoolique.
Plus tard, il saluera dans cette circonstance « un arrêt
bienheureux du destin », et la modeste ville frontière
de sa naissance lui apparaîtra comme le symbole d’une «
grande mission » : réunir l’Autriche allemande à
la grande mère patrie allemande. Mission dévolue à
sa génération : œuvre à accomplir par elle
par tous les moyens : « Car les hommes d’un même sang
doivent appartenir au même Reich » (Mein Kampf).
En 1898, la famille déménagea de nouveau dans le village
de Leonding, près de Linz. Après cinq ans d’école
primaire dans le village, Hitler se retrouva au lycée technique
de Linz. Les conflits avec le père se cristallisèrent
à cette époque au sujet de la carrière future du
jeune Hitler : fonctionnaire ou artiste peintre, et de ses idées
politiques : soutien aux Habsbourgs du père et soutien aux mouvements
de 1848 pour le fils. En 1903, son père Alois (né le 7
juin 1837) devenu douanier en fin de carrière, est foudroyé
par une crise cardiaque dans une taverne à l’âge
de cinquante-huit ans. A seize ans, en septembre 1907, il a interrompu
ses études, par suite d’une maladie survenue en 1905 ;
il n’a pas obtenu l’Abitur (baccalauréat), mais il
nourrit ses rêves d’artiste et part pour Vienne se présenter
au concours d’entrée de l’Académie des beaux-arts,
section de peinture ; il échoue. Il est plus doué pour
l’architecture mais, faute de l’Abitur, il ne peut être
admis à l’enseignement correspondant.
Déception décisive. Un cancer de la poitrine emporta sa
mère en 1907. Adolf revient d’urgence à Linz pour
soutenir sa mère.
Le médecin juif de la famille n’avait rien pu faire pour
la sauver et Hitler lui fut cependant reconnaissant d’avoir essayé.
Klara meurt le 21 décembre 1921. Le docteur Bloch décrivit
ensuite la douleur intense du fils par ces mots :
« jamais je n’ai vu quiconque aussi terrassé par
le chagrin qu’Adolf Hitler ».
Il entame alors une existence oisive, fréquentant des théâtres,
découvrant la musique wagnérienne et consacrant de nombreuses
heures à l’élaboration de nombreux projets architecturaux
plus ou moins fantaisistes. Il est aussi grand amateur de littérature
de tout genre, particulièrement des ouvrages de fond, historiques,
philosophiques…
De la peinture, en tout cas, il peut tirer quelque argent en amateur
par la vente de ses tableaux, des vues bancales de Vienne, aux tonalités
ternes et criardes, aux perspectives de cauchemar, qu’un comparse
écoule auprès de commerçants souvent juifs, et
se trouve impliqué dans de minables embrouilles. Il lui faut
donc se fixer à Vienne.
De février 1908 à mai 1913, il y passe donc cinq années
: vie dépeinte trop souvent, et par lui-même, de façon
extravagante. En 1913, il reçut sa part de l’héritage
paternel ce qui lui permit de se rendre à Munich et de se faire
oublier des autorités militaires autrichiennes qui voulaient
de lui pour le service militaire. Hitler fut finalement exempté
en raison de ses faiblesses physiques. Il avait été considéré
par les autorités autrichiennes comme « trop faible : inapte
». Il quitte la capitale autrichienne pour Munich où après
quatorze mois de séjour, la déclaration de guerre de l’Allemagne
à la Russie, le 1er août 1914, le transporte de joie. Il
se porte immédiatement volontaire dans l’armée bavaroise.
Le caporal Adolf Hitler, deux fois blessé, décoré
de la Croix de fer de première classe, sort de l’hôpital
de Pasewalk en Poméranie à la fin de novembre 1918 pour
regagner Munich. Il fit une rechute lorsqu’il apprit la défaite
allemande, l’armistice, la proclamation de la république
et eut la «vision » qui le convainquit que la «Providence
» lui avait confie la mission de «sauver l'Allemagne »).
Il
trouve à Munich le régime « rouge » de Kurt
Eisner, qui sera assassiné en février 1919, mais la révolution
bavaroise n’est jugulée qu’en mai. La Reichswehr,
qui a repris en main la situation, attache la plus grands importance
à un redressement anticommuniste et «national » des
esprits, notamment chez les démobilisés. Hitler, qui va
rester militaire jusqu’en mars 1920, a attiré l’attention
d’officiers qui font de lui un «homme de confiance »
chargé d’éducation, de propagande et d’information.
Et c’est là, sans conteste, la chance de sa vie.
Le 12 septembre 1919, sur l’ordre de ses supérieurs, il
prend contact dans une brasserie de Munich avec un assez dérisoire
Parti ouvrier allemand, comptant quelques douzaines de membres (DAP,
Deutsche Arbeiter Partei).
Il devient le tribun, le propagandiste, le réorganisateur et
le chef autocrate, le Führer de ce qui, à partir de février
1920, s’appelle le Parti national-socialiste des travailleurs
allemands (NSDAP, National Socialistiche Deutsche Arebeiter Parei) et
compte près de cinquante-six mille membres à la veille
des graves évènements de novembre 1923.
A Munich, une tentative de putsch, mal conçue, mal exécutée
(8 et 9 novembre 1923), se termine par une fusillade devant le Feldrenhalle,
avec des morts et des blesses dont Hermann Goering, et aboutit à
l’interdiction du parti et à l’arrestation de son
Führer, condamné à cinq ans de prison (dont il n’accomplit
que treize mois) dans la forteresse de Landsberg. Cette captivité,
très confortable, vient à point pour lui permettre d’écrire
enfin ce qu’il avait dans la tête ; le premier tome de Mein
Kampf parait en 1925, le second fin 1926. De plus, la leçon du
Putsch manqué a porté : le chemin du pouvoir, pour le
parti qu’il s’agit de reconstruire, comme pour son Führer,
n’est pas dans l’insurrection mais dans la conquête
du suffrage universel (107 sièges aux élections de 1930,
230 à celles de juillet 1932), en même temps que dans l’habileté
manœuvrière d’un lecteur très doué du
Prince de Machiavel.
Le 30 janvier 1933, le maréchal Hindenburg, président
du Reich, appelle au poste de chancelier celui qu’il avait un
jour traité avec mépris de «caporal bohémien
». Ce n’est qu’un début avant deux mois, Hitler
se fera accorder par le Reichstag les pleins pouvoirs pour quatre ans.
Ceci, suite à une manipulation habile qui consistait à
faire porter la responsabilité de l’incendie du Reichstag
aux communistes, alors que les nazies en étaient à l’origine.
En conséquence, les députés communistes et nombre
de socialistes, furent évincés, permettant à Hitler
d’avoir la majorité illégale, donc les pleins pouvoirs.
A la mort de Hindenburg, le 2 août 1934, Hitler se proclame chef
de l’Etat en même temps que chancelier ; le jour même,
officiers et soldats prêtent serment «d’obéissance
inconditionnelle au Führer du Reich et du peuple allemand, Adolf
Hitler, chef suprême des forces armées », en attendant
la consécration d’un plébiscite avec un oui massif.
2)
Sa personnalité
Introduction
:
Pareil
à tout être humain, sa personnalité peut être
étudiée sous les différentes facettes qu’il
a montrées durant son vécu. En effet, il se présente
tout d’abord comme un caporal de l’armée bavaroise,
puis meneur et antisémite pour ensuite faire preuve de démagogie
tout en étant politicien et chef de guerre.
A.
Le caporal
Désireux
d’échapper au service militaire dans l’armée
austro-hongroise, Hitler s’installe à Munich en 1913. Lorsque
éclate la première guerre mondiale, il s’engage
dans l’armée bavaroise. Sous le casque à pointe
de l’armée allemande, Hitler fera la guerre comme estafette,
sera blessé à deux reprises, gazé à Ypres
et finira décoré de la croix de fer de première
classe avec le grade de caporal. Pourtant, ce soldat bien noté
ne deviendra pas officier, tout simplement, comme l’estime Lionel
Richard «parce qu’il aurait du changer de poste pour un
sort plus incertain, plus dangereux. Estafette, il avait le privilège,
ce qui lui sera très utile un peu plus tard, de se mouvoir dans
l’ombre des officiers ».
Puis, traumatisé par la défaite, il rejoint le dépôt
de son régiment alors aux mains d’un conseil de soldat
(novembre 1918), il assiste a Munich à la proclamation de la
république des conseils de Bavière puis à son impitoyable
répression du 1er au 10 mai. Il est ensuite désigné
pour enquêter au sein d’une commission militaire, sur les
événements révolutionnaires. En septembre 1919
il adhère au petit parti ouvrier allemand (DAP) – il en
est le septième adhérent -, rebaptisé en septembre
1920 parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).
B.
Le meneur - antisémite
Hitler
s'imposa rapidement par son esprit d'initiative aux autres membres de
son parti, qui, en 1919, pratiquaient plus une "cuisine de club",
selon ses propres mots, qu'une activité politique conséquente.
Hitler se fait remarquer par ses qualités d'orateur – sa
voix magnétique et gutturale fascine l'assistance –, et
s'impose à la présidence du parti en juillet 1921. À
cette date, le NSDAP compte déjà plus de 3 000 militants,
des troupes paramilitaires, les sections d'assaut (SA), et dispose d'un
journal, le Völkischer Beobachter. Deux années plus tard,
le NSDAP domine tous les autres groupuscules extrémistes de droite,
rassemblant 55 000 militants. Aux côtés du général
Ludendorff, l'ancien caporal est devenu l'une des deux grandes figures
de l'extrême droite munichoise, et sa réputation commence
à s'étendre hors de Bavière.
Le 8 novembre 1923, alors que l'Allemagne connaît une situation
économique et politique dramatique (les troupes françaises
occupent la Ruhr (Allemagne) et l'inflation s'accroît d'heure
en heure), Hitler tente un coup de force, mais le putsch, mal organisé,
échoue lamentablement: seize nazis sont tués par la police
munichoise, et Hitler lui-même est arrêté. Lors du
procès qui s'ensuit, le chef du parti nazi n'en réussit
pas moins à se présenter comme un patriote révolté
par les agissements d'une république indigne, ce qui lui vaut
la sympathie de toute l'Allemagne nationaliste. Condamné en février
1924 à cinq ans d'emprisonnement, Hitler est libéré
dès le mois de décembre. Il a consacré ces quelques
mois passés dans la forteresse de Landsberg (Allemagne) à
rédiger Mein Kampf (Mon combat), exposé confus de ses
idées et de son programme, qui paraît en 1925, et va être
baptisé par certains historiens bible du racisme. C’est
dans cet ouvrage qu’il n’hésite pas à appeler
le peuple à se lever pour un combat des plus virulents dans son
racisme qu’il tonnera avec des grandes phrases du type : «
Un Etat, qui à une époque de contamination des races veille
jalousement à la conservation des meilleurs éléments
de la sienne doit devenir un jour le maître de la terre ».
Il donnera une formulation plus structurée de son propos, dans
ce que l'on appelle le "Deuxième Livre", rédigé
en 1928, mais jamais publié de son vivant.
C.
Le démagogue
Hitler
fut selon Alan Bullock, le plus grand démagogue de l’histoire.
Ce n’est pas par un hasard si les pages de Mein Kampf sur la conquête
des masses à l’idée nationale sont parmi les meilleures.
Ainsi, lisons-nous, le plus puissant levier des révolutions a
toujours été « un fanatisme » qui fouette
l’âme de la foule et la pousse en avant, fut-ce avec une
violence hystérique, non la connaissance objective de vérités
scientifiques. Les clefs qui ouvrent la porte de son cœur sont
la volonté et la force, il faut s’adresser non à
son cerveau mais à ses sentiments, lesquels sont simples : elle
est pour ou elle est contre, elle ne connaît pas de milieu ; il
faut s’en tenir à un petit nombre d’objets, toujours
les mêmes, et constamment répéter la même
chose par des formules stéréotypées ; plus la masse
des gens a atteindre est grande, plus le niveau de la propagande doit
être placé bas. La mise en application de ces règles
(devenues lieux communs) du viol efficace des foules suppose les talents
de l’opérateur de masses, doué d’un sens quasi
animal de leurs besoins profonds. Hitler possédait ces qualités
à un degré extraordinaire.
Selon le témoignage d’Otto Strasser, qui le haïssait,
il répondait aux vibrations les plus secrètes du cœur
de ses auditeurs avec « la sensibilité d’un sismographe
ou peut-être d’un poste récepteur de radio ».
Il se laissait porter par son public pour trouver d’instinct les
mots qu’il fallait ; c’est de lui qu’il recevait,
tout en parlant les rectifications nécessaires. Il exerçait
sur lui une irrésistible attraction magnétique, selon
ses propres expressions. Il la devait avant tout à sa voix :
cette voix ; dont la Providence, qu’il invoquait souvent, une
Providence à son service personnel, l’avait doté
pour le malheur de son peuple et du monde ; une voix qui, par sa seule
puissance brutale, par sa seule sonorité, par son timbre un peu
rauque et étrange, ébranlait l’auditoire, pénétrait
au tréfonds de chacun, faisant de lui une proie toute offerte
aux mots qu’elle prononçait ainsi qu’aux émotions,
aux passions que ces mots suscitaient ; une voix qui inspirait aussi
bien le délire de l’extase que celui de la fureur et de
la vengeance. H. Rauschning dit qu’elle incarnait le tourment
contemporain et qu’elle resterait longtemps le symbole d’une
« époque de folie ».
Elle était accompagnée (et portait d’autant plus)
aux moments propices, d’une mimique de possédé.
Possédé au Sens complet du mot : possédé
par les passions mêmes qu’il inoculait, sûr d’un
terrain favorable, au cœur des ces auditoires où se mêlaient,
dans l’attente du courant magnétique, hommes du type allemand
« moyen », en majorité petits bourgeois, femmes de
tout rang et souvent du très haut, par Hitler mises en transe,
jeunes gens fanatisés, fin pourvus d’une certitude, de
quoi vivre et même –ou surtout- mourir.
Entrait aussi en ligne de compte son regard tantôt fuyant, tantôt
étrangement fixe (on a souvent parlé de ses yeux de médium),
capable de fasciner comme de mettre mal à l’aise, de faire
peur. Autant d’éléments qui composaient le charisme
particulier d’un « Fûhrer de masses », d’un
démagogue d’une prodigieuse dimension contrastant avec
la médiocrité : la vulgarité extérieure
du personnage.
D.
Le politique
Si
les talents, le génie même de Hitler démagogue,
ne sont guère contestés, il n’en va pas toujours
de même de Hitler politique. Ici le contraste est encore plus
grand, l’image classique du grand politique (Richelieu, Napoléon,
Bismarck) est inséparable d’une certaine allure ou distinction
de l’esprit. Or, cette image, Hitler la dément violemment.
Son esprit incurablement grossier (Principalement envers les Juifs et
autres «inférieurs ») et cruel et brutal déconcerte
et rebute. Il n’en faut pas moins convenir, avec H. R. Trevor-Roper,
que la puissance mentale de cet homme funeste était hors du commun,
qu’il l’appliqua soit à apprécier les situations,
le jeu des forces, les chances et les risques, soit à élaborer
des plans hallucinants. Elle traduisait, aux moments décisifs,
par une triple faculté : de simplification, de persuasion et
d’agression. Ecartant toutes les broussailles, bousculant tous
les obstacles non sans avoir d’abord émoussé, anesthésié
ou détourné les vouloirs adverses, ce parfait carnassier
de la jungle politique forçait l’issue et fonçait
sur son gibier. Une vision cynique de la nature humaine, dont il faisait
honneur à Machiavel, qui disait-il, lui avait nettoyé
l’esprit, venait étayer son action : on tenait les hommes,
on les manoeuvrait en utilisant leurs faiblesses de tous ordres ; sur
celles-ci, le politique n’était jamais informé avec
assez de précision. Le maître de l’Allemagne entendait
donc accumuler tous renseignements possibles sur tous ceux qui, tant
à l’étranger que dans le Reich même, pouvaient
éventuellement servir ses fins. Toutefois, en ce qui le concernait
personnellement, jamais il ne laissait « échapper une parole
inconsidérée, jamais il ne disait ce qu’il n’avait
pas l’intention de dire, jamais il ne révélait un
secret » (Dr Schacht).
Que ce soit dans le cadre du parti, dans celui de la nation allemande,
ou en matière de politique extérieure, Hitler applique
avec la même sûreté, la même implacabilité
les mêmes règles d’or ou d’airain de la réussite.
Le parti est déchiré par de violentes rivalités
de personnes : son Fûhrer les utilise, et à l’occasion
des encourage, afin de renforcer par son arbitrage sa position de chef.
Ainsi, vers 1925, les frères Otto et Gregor Strasser se trouvent
menacer cette position ; au cours d’un congrès, le jeune
Goebbels, qui leur est tout acquis, va jusqu’à demander
qu’on expulse du parti « le petit bourgeois Adolf Hitler
». Faut-il dire que ce « petit bourgeois » stigmatisé
de la sorte est venu à bout des Strasser, après s’être
attaché à vie ce jeune Goebbels, virtuose de la propagande
?
Quand en janvier 1933, il devient chancelier du Reich, à la suite
d’une médiocre intrigue de palais ou « combinaison
» imaginée par le rusé von Papen qui a l’oreille
du vieil Hindenburg (et nullement grâce à un raz de marée
du suffrage universel : le parti a perdu des sièges aux élections
de novembre 1932), Adolf Hitler n’a pas encore gagné la
partie, il s’en faut. Les « importants » de la vieille
Allemagne se flattent de lui reprendre rapidement un pouvoir de pacotille
où, croient-ils, ses fautes grossières le perdront. Mais
c’est lui qui les met au plus vite « dans sa poche »,
selon sa propre expression.
Cependant, pour s’assurer la succession du maréchal Hindenburg
à la tête de l’Etat, il a besoin de l’armée.
Il se résout à lui sacrifier ses Chemises brunes : les
sections d’assaut, ou S.A., dont le chef d’état-major
est le fameux Ernst Rohm, reître taré mais l’ami
de la première heure, auquel le fûhrer doit infiniment.
C’est un sacrifice dans l’acception la plus sanglante du
mot : dans la nuit du 30 juin 1934 dite « les long couteaux »,
Rohm et plusieurs de ses lieutenants sont assassinés, ainsi que
quelques autres qui nuisent à la tranquillité du régime.
Si l’opinion mondiale est saisie d’horreur en apprenant
cette « purge » affreuse aux détails ignobles, l’armée
par contre est satisfaite. Elle l’est moins lorsque le Fûhrer
annonce le 4 février 1938, sa décision d’exercer
personnellement à l’avenir le commandement direct de l’ensemble
des forces armées.
Nuit des longs couteaux :
En assassinant Roehm et quelques autres cadres de la SA, Hitler rassure
l’armée et s'engage, apparemment, a lui laisser l’exclusivité
des armes. Les officiers jubilent. Ils jubilent tant qu'ils font semblant
de ne pas remarquer que les généraux von Schleicher et
von Bredow, qui avaient eu le malheur de s'opposer à Hitler avant
la prise du pouvoir, sont également assassines ainsi que des
collaborateur civils de von Papen. Personne ne proteste au sujet de
ces meurtres de collègues. Le petit doigt est dans l'engrenage
nazi. L’armée pense avoir ainsi renforce son indépendance
et son exclusivité des armes alors qu'en fait elle vient de se
compromettre en acceptant que soient assassines des Allemands, dont
des militaires, sans aucun jugement et ce pour des raisons uniquement
politiques.
Toujours
ou presque, c’est en matière politique extérieure
qu’un homme d’Etat donne sa mesure. Hitler, par étapes,
méthodiquement, utilisant sans gratitude le terrain préparé
habilement par la modération de G. Stresemann, se met en devoir
de briser les chaînes de Versailles.
Ce sont les dirigeants des démocraties occidentales que, cette
fois, il met « dans sa poche », en jouant sur leur crainte
légitime de la guerre, en leur tenant avec une émotion
de grand comédien le langage de la paix, celui de la Société
des Nations de Genève, toujours prêt qu’il est à
prodiguer les paroles d’honneur les plus solennelles.
En contrepartie, il est suggestif d’entendre de la propre bouche,
dans la liberté de propos ultérieurs l’aveu satisfait
du coup de bluff décisif que fut, le 7 mars 1936, la remilitarisation
de la Rhénanie : »J’étais, dira-t-il obligé
de mentir et je fus sauvé par mon inébranlable obstination
et un aplomb surprenant. J’ai menacé, si une détente
n’intervenait pas immédiatement, d’envoyer six autres
divisons en Rhénanie. En vérité, je n’avais
plus que quatre brigades. » Il y allait, la suite l’a prouvé,
de tout le système de Versailles.
E.
Le chef de guerre
Avec
la Seconde Guerre mondiale, que son chantage à la paix a rendue
inévitable Hitler doit doubler ses directives politiques de directives
stratégiques. Celles-ci trouvent plus d’une fois les généraux
rétifs ; et, plus d’une fois, la victoire démontre
que le Fûhrer avait raison contre eux (ainsi quand il décida
l’utilisation « jusqu’à l’extrême
», des divisons blindées sur le front de l’Ouest).
Et le fait d’avoir eu raison justifie et renforce chez lui sa
vieille hostilité aux experts et techniciens, tous férus
de leur prétendue science, tant les militaires que les financiers
ou les économistes, tous esclaves des idées reçues
qu’ignore l’autodidacte.
Mais le sentiment de sa propre infaillibilité s’en accentue
démesurément, premier piège où sa lucidité
va commencer de trébucher. Le second, pire sans doute, réside
dans le mythe même avec lequel il a fini par s’identifier,
celui de la race supérieure maintenue pure à tout prix,
qui doit trouver à l’Est son espace vital. D’où
cette obstination à jouer toutes ses cartes sur la Russie, cette
fureur a y traduire en actes son idéologie meurtrière.
Cette erreur stratégique doublée d’une sous-estimation,
certainement par racisme est sûrement à l’origine
de sa déchéance. En effet, selon sa théorie, il
sous-évaluait la capacité du peuple Slave, en tant que
« sous-hommes » destinés à l’esclavage,
à s’opposer au Werhmacht, « race des seigneurs ».
L’effondrement de sa santé entrant en ligne de compte,
il prend inéluctablement, malgré ses généraux
qui désormais ont raison dans l’ensemble, le chemin de
la catastrophe – la plus grande, la plus tragique de l’histoire
allemande.
Au cours des dernières semaines, en mars avril 1945, le chef
de guerre traqué qui se tuera d’une balle dans la bouche
(ou dans la tempe) alors que les Russes conquièrent Berlin en
ruine, s’est laissé aller à livrer le fond de sa
pensée : si l’Allemagne s’avérait la plus
faible, la destruction totale vaudrait mieux qu’une survie «
primitive » ; ce serait alors au seul peuple de l’Est s’étant
montré le plus fort que l’avenir appartiendrait.
Dans ces propos, qu’on jugerait à tort ceux d’un
dément, perce en réalité l’atroce déception
qui ravagerait Adolf Hitler. Son peuple n’avait pas su le porter
sur le pavois des vainqueurs ; il avait été indigne de
son Führer, misérablement au-dessous de la grandeur unique
de son Führer. Malheur aux faibles, mort aux vaincus. La Nature
est cruelle.
Une semaine après le suicide historique (et historiquement établi,
à grand soin depuis), l’Allemagne capitulait, le 8 mai
1945. Tout était fini. Hitler mort, le national-socialisme et
le IIIème Reich avaient vécu. Il n’en restait rien
que malheur et ruine.
III.
Influence de son vécu sur sa personnalité
Il
va de soi qu’une telle étude réalisée par
des « novices de l’histoire » tels que nous nous présentons
aujourd’hui, et malgré tout l’intérêt
et l’investissement que l’on peut porter au sujet traité,
cette étude restera purement hypothétique, sans prétention
aucune de pouvoir égaler historiens ou psychanalystes. Elle n’est
que tentative de rapprochements - parfois même simplistes - entre
des évènements vécus qui on l’air marquant,
voire influant pour un être humain et la résultante de
ce vécu, à savoir sa personnalité.
A
ce titre, nous allons tenter de répertorier les événements
principaux qui semblent revêtir une importance.
·
Adolf est un enfant de santé fragile, seul survivant garçon
d’une famille de cinq enfants, par conséquent, exagérément
couvé par sa mère.
·
Il assiste à la mort de ses frères et sœurs qui décèdent
dans leur jeune âge.
·
Il est violemment battu par son père, ce qui semble-t-il développe
en lui un complexe d’infériorité face à un
père tyran, voire une haine profonde.
·
Il est fortement attaché à sa mère qui selon certain
était battue par son mari.
·
Il a honte de ses origines qui - aux dires de certains auteurs - ne
sont pas très dignes puisque ses parents ont du obtenir une dispense
de Rome (Son ascendance est marquée de relations incestueuses).
·
Au domicile parental, vit sa tante Johanna, décrite comme «bossue
» et « simple d’esprit », qui parait avoir marqué
son enfance par la peur de la dégénérescence, et
la « phobie » des handicapés mentaux.
·
Elève classique du primaire, il va cependant être admiratif
d’un de ses professeurs d’histoire aux discours fortement
pangermaniste et anti-Habsbourg.
·
A l’âge de 16 ans, il est contraint de quitter les bancs
de l’école pour échec scolaire puisque ses résultats
depuis son entrée au lycée chutent en s’aggravant.
·
Il est confronté à l’opposition de son père
quant à sa «carrière » artistique ; il va
donc feindre l’acceptation et s’empressera de s’inscrire
à l’école des Beaux-Arts dès la mort de son
père.
·
Il subit par deux fois le refus à l’école des Beaux-Arts,
accompagné des remarques humiliantes contredisant ses prétentions
artistiques.
·
Il ne peut s’orienter vers une carrière d’architecte,
qui lui convenait peut être davantage, puisqu’il n’est
pas bachelier.
·
Il se trouve précipité dans la misère, sans le
sou, et devient un moindre vagabond sans abris, en marge de la société.
(Quelques mois seulement)
·
Sa normalité sexuelle est remise en question puisqu’il
ne semble jamais avoir eu de relations réelles avec des femmes,
peut être à cause de son défaut physique, ou à
cause d’un oedipe non résolu, ou comme d’autres l’affirment,
à cause de son attirance homosexuelle (qu’il a toujours
refoulé). (Certains en revanche, affirment que les anormalités
sexuelles d’Hitler sont des légendes, qu’il n’était
pas homosexuel mais avait une vie sexuelle extrêmement discrète,
voire secondaire dans la mesure ou selon lui, il avait épousé
l’Allemagne).
·
Il est refusé par l’armée, le catégorisant
« trop faible »
·
En 1919, il rencontre un capitaine, Karl Mayr qui va l’encourager
à s’investir dans la propagande, qui lui montre une admiration
pour ses dons d’orateur l’incitant ainsi à faire
ses premiers pas dans le monde politique.
·
En 1923, suite à l’échec d’un putsch, il est
fait prisonnier, il se trouve à nouveau mêlé aux
classes sociales les plus basses.
Aux vues des événements cités précédemment,
il semble qu’Adolf Hitler ait subit une vie fortement et tristement
mouvementée, or, aux dires de nombreux auteurs, tel Norman Mailer,
celle-ci n’a rien de plus terrible que celle du commun des enfants
allemands de cette époque, qu’il qualifie de « terne
et sans relief ». Nous serons malgré tout tentés
de puiser dans ces événements les causes de certains traits
de caractère nés en Adolf et développés
en Führer.
II.
ETUDE DES ECRITS
1)
La personnalité au travers des écrits d’auteurs
de psychologues et d’historiens
Il
est difficile de classifier les avis des différents auteurs psychologues
et historiens. Selon l’opinion de François Delpla, les
historiens et chroniqueurs du nazisme peuvent se ranger en cinq catégories
principales :
- Ceux qui pensent que Hitler est maître du jeu, et agit sous
l’inspiration d’une « mission » rendant compte
de la plupart de ses actes, soit directement, soit directement, soit,
au cas où les actes paraissent inférieurs ou infidèles
à la mission, par une lenteur ou des détours tactiques
(Trevor-Roper,Hillgruber,Jackel, Reichel )
- Ceux qui pensent qu’ils pensent que Hitler est maître
du jeu, mais n’est qu’un opportuniste sans principes (Heiden,
Meinecke, Wheeler-Bennett, Bulock – celui de 1953
- Ceux qui pensent qu’il n’y a pas de maître du jeu,
et que Hitler pare au plus pressé pour canaliser des forces qui
lui échappent (Neumann, Broszat, Mommsen, Frei, Herbst et dans
une mesure décroissante mais encore large, Kershaw ou Burrin)
- Ceux qui pensent avant tout que Hitler n’est pas maître
de lui, soit la plupart des psychiatres ou psycho-historiens (Binion,
Langer, Waite ou encore le Friedlander d’avant 1982)
- Enfin les adeptes de la « fascination de la destruction »
(Rauschning, Bullck et Friedlander dernière manière, Pauwels
et les
« ésotéistes », Lukacs, J.P. Stern, Lucy Dawidiwicz,
Rosenbaum) qui lui reconnaissent une certaine liberté dans sa
manière de s’astreindre à faire le mal.
-
Dans un souci de clarté, nous proposons une classification beaucoup
plus large, divisant les opinions en deux grands groupes ; ceux percevant
Hitler comme un être banal, et ceux qui le voient plutôt
doté de diabolisme.
I.
Hitler, être banal
a)
banal mais malchanceux
De
nombreux auteurs se sont efforcés de prouver que Hitler n’était
que le fruit de la détraction d’un simple enfant par les
souffrances subies en tant que tel. Ainsi Alice Miller affirme-t-elle
dans C’est pour ton bien :
« Les préceptes d’éducation de l’époque
étaient construits sur l’idée que l’enfant
naît mauvais et que donc, pour les parents, il faut par tous les
moyens –punitions physiques et psychiques, pièges, mensonges,
ruses et préceptes moraux – dompter la méchanceté
de l’enfant (…) Peut être serions nous plus vigilants,
si nous arrivions enfin à percevoir le « fil rouge »
qui relie étroitement le refoulement des humiliations et des
souffrances subies dans la petite enfance, à l’acte sauvage
d’un tortionnaire ainsi qu’à la violence subite incontrôlable
et « inexplicable » de l’assassin ».
Ce
qui l’amène à considérer sa tache comme le
devoir :
« De sensibiliser l’opinion publique aux souffrances de
la petite enfance, et c’est ce que je tente de faire à
deux niveaux différents, m’efforçant à ces
deux niveaux d’atteindre, chez le lecteur adulte, l’enfant
qu’il a été ».
Quant
au sociologue Pierre-Yves Gaudard, dans un essai, diagnostique un lien
de causalité certain, entre l’enfance d’Hitler et
ses agissements, il se rapproche ainsi de la théorie d’Alice
Miller (citée précédemment).
Bien d’autres auteurs psychanalystes se sont orientés vers
une explication semblable, retrouvant des rapprochements entre des événements
vécus et ses attitudes, liant par exemple, la phobie hitlérienne
des handicapés à son enfance aux côtés de
sa tante Johanna handicapée, et surnommée « cinglée
de bossue » ; ou encore, son antitabagisme aux pipes du père
restées bien en vue après son décès, et
servant à invoquer le défunt.
D’autres
analyses ont été établies, en se basant davantage
sur le profil médical d’Adolf Hitler, et qui tentent ainsi
d’expliquer ses comportements anormaux, par les résultats
de ses dernières.
Ainsi, le professeur Max de Crinis (spécialiste en neurologie),
a établi son diagnostique dès 1945 prouvant avec certitude
que Hitler était atteint de la maladie de Parkison. Le traitement
prescrit n’a jamais pu être pris par le malade :
« Deux traits de caractère différents ont été
analysés dans la personnalité d’Hitler. D’une
part les disfonctionnements typiques de sa personnalité, tels
que sa rigidité mentale, son extrême inflexibilité,
ainsi que son insupportable pédanterie, d’autre part, son
asociabilité en désaccord avec des valeurs sociales et
éthiques, son incontournable tendance à trahir les autres,
son insatisfaction constante, et ses réactions émotionnelles
incontrôlables (…).
Cette analyse neuropsychiatrique peut nous orienter vers une explication
plus fiable des traits de caractère pathologiques du Führer.
»
Par
la suite, un tableau récapitulatif a été dressé
en mettant en relief tous les symptômes de la maladie de Parkinson,
retrouvés dans la personnalité d’Hitler :
«
- Pédant
- Compulsif / obsédant
- introverti
- Appréhensif
- Indécis, hésitant, lunatique
- Autocritique
- Sceptique
- Tendu, agité
- Totalitaire
- Non-fumeur
- Aucune dépendance
- Bourreau de travail
- Relations difficiles avec les femmes
- Accro des procédures, des rituels lors des rassemblements politiques
- Obsédé par l’idée que son élection
est due à sa destinée de sauveur de l’Allemagne
et de l’Europe »
Certains
rajoutent :
·
Comédien et menteur, se faisant souvent passer pour beaucoup
plus bête, ou agite, etc. qu’il ne l’était
pour endormir les méfiances
· Excellent psychologue des caractères de ses ennemis
et de ses collaborateurs et, de la, grand manipulateur des caractères
en question
b)
banal par refus de lui accorder une supériorité quelconque
Lionel
Richard semble s’inscrire, par ses affirmations, dans la catégorie
des auteurs voyant en Hitler un être banal qui n’a pu monter
au pouvoir que par concours de circonstances, et non par une capacité
quelconque. Ainsi, il déclare :
« L’enfance d’Hitler ne se distingue pas de celle
de la plupart des enfants d’Autriche-Hongrie à la même
époque.
Son expérience de la vie familiale est banale, même dans
ces côtés difficiles : un père autoritaire, une
mère effacée, les bagarres à l’école…(…)
La plupart des témoignages montre qu’il n’avait pas
d’opinion politique, au moins jusqu’à son séjour
à Vienne.
Et
encore :
« A Vienne, il y a parmi ses camarades un Juif.(…) Expliquer
par la psychologie n’est pas suffisant, car elle change en fonction
des évolutions du milieu social. Si Hitler n’avait pas
fait la guerre, si il ne s’était pas trouvé mêlé
au milieu de l’armée et de la propagande anti-républicaine,
il est douteux qu’il soit devenu ce qu’il est devenu. A
l’inverse si il avait été d’emblée
un génie du mal, il se serait manifesté plus tôt,
comme chef de clan nationaliste. Il ne s’agit pas de nier chez
lui certaines capacités, mais il est d’abord un catalyseur
de sentiments diffus ».
Dans
son journal publié en annexe de son livre La part de l’autre.,
Eric-Emmanuel Schmitt, quant à lui, pousse cette théorie
encore plus loin, en affirmant :
« L’erreur que l’on commet avec Hitler, vient de ce
qu’on le prend pour un individu exceptionnel, un monstre hors
normes, un barbare sans équivalent. Or, c’est un être
banal. Banal comme le mal. Banal comme toi et moi ? Ce pourrait être
toi, ce pourrait être moi ? Qui sait d’ailleurs si, demain
ce ne sera pas toi ou moi ? A l’abri d’un raisonnement faux,
du simplisme, de l’entêtement ou du mal infligé au
nom de ce qu’on croit le bien ?
Aujourd’hui, les hommes caricaturent Hitler pour se disculper
eux-mêmes. La charge est inversement proportionnelle à
la décharge.
Tous leurs discours reviennent à crier « ce n’est
pas moi, il est fou, il a le génie du mal, il est pervers, bref
il n’a aucun
rapport avec moi ». Dangereuse naïveté. Angélisme
suspect. Tel est le piège définitif des bonnes intentions.
Bien sûr, Hitler s’est conduit comme un salaud et a autorisé
des millions de gens à se comporter en salauds, bien sûr
il demeure un criminel impardonnable, bien sûr je le hais, je
le vomis, je l’exècre, mais je ne peux pas l’expulser
de l’humanité.
Si c’est un homme, c’est mon prochain, pas mon lointain
».
A
ceux-ci, nous pouvons ajouter les dires de professionnels tel que son
médecin personnel Theodor Morell, qui dans son compte rendu sur
le parcours d’Adolf Hitler, va jusqu’à dire :
«
Hitler qui doit rester la personnification du mal dans l'histoire, était
un homme remarquablement creux. Obsédé par les théories
raciales, qu'il a justifiées avec un darwinisme brut, car Hitler
était un individu extrêmement peu profond, opaque et en
grande partie insondable. Ses rapports sociaux ont été
décrits comme mornes. Il n'a eu aucun ami, maintenant les rapports
superficiels avec son chauffeur, le photographe et les secrétaires.
Sans surprise, l'homme décrit tel un monstre a eu des rapports
pathologiques avec des femmes. Des quelques femmes qu'il a connues,
trois ont tenté de se suicider, deux avec succès. Une
des études d’Hitler a servie à montrer son affection
envers Geli Raubal, sa nièce, et blondi, son chien. En tant que
chef, Hitler a maintenu ses habitudes de bohème, se levant tard,
négligeant ses taches administratives, et restant éveillé
jusqu’aux heures tardives de la nuit. Il ne faisait pas de sport,
hormis la promenade quotidienne avec Blondi. Pour des questions de santé,
il a refusé de laisser fumer en sa présence et a rarement
bu d'alcool. Constamment en conférence avec ses acolytes sur
l'iniquité du massacre des animaux (une ironie sinistre, venant
du plus grand meurtrier de masse du siècle). Hitler, était
atteint d’une maladie phobique, il était extrêmement
préoccupé, convaincu qu’il mourrait avant l’heure
».
II.
Hitler, sur / sous homme ?
a)
Etre à fort potentiel
Selon
le portrait dressé et publié par Albert Zoller (cité
dans Hitler de François Delpla édité en 1999 chez
Grasset), résistant français et officier des forces qui
envahissent le Reich en 1945, Hitler apparaît comme un être
doté de grandes capacités, qui l’ont aidées
à devenir ce qu’il est devenu :
« Que fut donc Hitler ?
Il fut avant tout un monstre de volonté (…)
Mais, pour conquérir un pays, la volonté seule ne suffit
pas. (…)
Ce fils de petit fonctionnaire était un prodige de mémoire.
Il avait un pouvoir extraordinaire de s’assimiler les connaissances
les plus diverses et les plus étendues à la condition
que le sujet l’intéressât. (…) Hitler, aussi
paradoxal que cela paraisse, était aussi un comédien de
génie. Roublardise et opportunisme sont peut être les qualificatifs
qui expliquent le mieux le secret de la réussite. Cet homme qu’aucun
obstacle n’effrayait savait très bien la contourner pour
éviter un échec. Hitler s’adaptait aux circonstances
avec un art consommé. Il usait de tous les registres du mensonge,
du bluff, de l’hypocrisie pour arriver à son but. Il jouait
ses rôles devant son peuple, ses conseillers, les hommes d’Etat
étrangers, sur la scène mondiale, avec une facilité
et un bonheur qui trompaient les plus avertis. Longtemps, il fut le
« tireur de ficelles » exclusif de toute ce qui se passait
dans le Reich. En lui, tout n’était que calcul et ruse.
Jusque dans sa mort, il a tenu compte de la mise en scène.
Hitler, enfin était doté d’un rayonnement magnétique
étrange, d’un sixième sens de primitif, d’une
intuition de devin qui furent souvent déterminants. (…)
».
Quant
aux « méthodes » utilisées par Hitler, certains
affirment qu’il possédait incontestablement des dons de
manipulateur, ainsi Ian Kershaw(Hitler de Ian Kershaw édité
en 1999 chez Flammarion), dans son livre intitulé Hitler, écrit
:
« Hitler avait toujours eu un talent particulier, proche du génie
de la démagogie, pour faire appel aux émotions, espérances
et blessures nationales et populistes d'un nombre croissant d'allemands
ordinaires, notamment en exploitant la profonde rancoeur qu'éveillait
chez eux le seul nom de « Versailles » ».
Puis,
l’auteur ajoute en citant Eva Braun (Eva Braun, épouse
d’Hitler, citée dans l’émission « Hitler,
la folie d’un homme »), son épouse :
« Hitler fut non seulement un orateur extrêmement brillant,
mais surtout un génie de la propagande. Affirmer une chose tout
en faisant systématiquement son contraire était chez lui
une habitude, voire une manière de vivre.
Sa compagne Eva Braun relève dans son journal ce trait de psychologie
caractéristique de Hitler (citée dans l’émission
« Hitler, la folie d’un homme ») : « Quand il
dit qu’il m’aime, cela signifie seulement qu'il m’aime
au moment où il le dit. C’est comme toutes ces promesses
qu’il ne tient jamais. » Cette psychologie le rendait complètement
imprévisible - sauf bien sûr pour ceux qui comme Trotsky
et quelques autres avaient compris qu'il était fou, et que le
délire invraisemblable de Mein Kampf était en fait la
seule chose à prendre au pied de la lettre ».
D’autres
auteurs voient en Hitler un double personnage ayant forces et faiblesses
expliquant son triomphe temporaire voué à l’échec.
Ainsi, François Delpla, après une étude des écrits
de Haffner (François Delpla cite Haffner dans son livre Hitler
- voir références plus haut) tente de cerner son opinion
en affirmant :
« Haffner s’étend à peu près autant
sur les côtés positifs et négatifs du personnage,
tout en concluant à la domination et triomphe des seconds. Son
Hitler est un génie politique et militaire, qui a de ses mains
gâché son œuvre. Mais si sa vie est divisée
en quatre parties fondamentalement distinctes – trente ans d’obscure
médiocrité, dix de ratages, dix de réussites éclatantes,
cinq de gâchis et de Destruction - , l’unité du personnage
est aussi nettement affirmé que sa dualité. Le fin mot
de l’aventure est la médiocrité de son héros.
Ses succès ne sont obtenus que sur des moribonds – Weimar,
la SDN, la France. C’est donc un charognard : si ses victoires
s’expliquent par un sûr instinct politique, c’est
celui « non de l’aigle, mais du vautour ».
S’ajoute
à ces derniers l’œuvre du psychanalyste Walter Langer
(François Delpla cite Walter Langer dans son livre Hitler), qui
se veut être chronologiquement pionnière (puisqu’elle
date de 1943 sous les ordres de l’Etat major américain),
et qui abonde dans le même sens, mettant en relief les différentes
facettes du personnage. Ainsi François Delpla résume sa
pensée :
Il (Langer) rend largement justice à son intelligence manœuvrière
– sans pourtant nommer aucun de ses lieutenants…
la diabolisation
Selon ces dernières phrases, Langer pourrait aussi bien être
« classé » parmi les auteurs qui tentent de définir
Hitler comme un être diabolique.
b)
Diabolique
Norman
Mailer (Un château en Foret de Norman Mailer, édité
chez Plon et publié en 2007.
Citation de Jetzinger dans le livre Hitler de François Delpla)
auteur de « Un château en forêt », dans lequel
il retrace très négativement l’enfance d’Hitler
déclare :
« Je voulais dire qu'Hitler n'était pas un être humain
ordinaire, qu'il était habité par le diable. Joseph Staline
était un homme horrible, cruel, dangereux, mais tout ce qu'il
a fait reste néanmoins dans les
limites de l'entendement humain. Le massacre ne le faisait pas ciller.
Mais on peut concevoir comment un homme tel que lui a pu être
enfanté par son époque, par certaines circonstances historiques
intenses et exigeantes. On est dans le pire, mais on reste dans la sphère
de la nature humaine. Par contre, on ne peut pas comprendre Hitler.
Hitler est une métaphore. Il tuait comme un poète, au
travers de métaphores. Il a décidé que les Juifs
étaient un virus, et qu'il fallait les éliminer pour sauver
la civilisation. Staline, lui, tuait avec ses tripes : ce type est mon
ennemi, il faut l'éliminer. Hitler, lui, croyait jusqu'au bout
à ses métaphores. Il a utilisé les trains dont
il avait besoin pour le front pour acheminer les Juifs jusqu'aux camps
de concentration. Pour lui, tuer les Juifs était plus important
que de gagner la guerre. Il était habité par le Démon,
et on ne peut pas expliquer ça autrement. »
Avec
autant de virulence que ce dernier, Jetzinger s’attelera à
et à démonter les propos de Kubizek et à démontrer
leurs faussetés, parce qu’ils poussent à la réhabilitation
et à la réhumanisation du « monstre », ainsi
François Delpla explique :
« Cet adepte de l’hyper-criticisme ne cache pas ses
motivations : puisque Hitler était un monstre, tout ce qui tend
à l’humaniser doit être combattu avec la dernière
énergie ».
Stern, quant à lui, en tant que professeur de littérature
va s’attacher avant tout aux effets du verbe hitlérien.
Ainsi, il découvre les structures de manipulation utilisées
et perçoit donc Hitler comme un être animé d’une
pure
« passion destructrice », il s’en serait donné
à cœur joie lorsqu’il serait au fait de sa puissance
militaire, et se flattait au récit de l’extermination des
juifs.
Cependant,
peu à peu, la théorie du diabolicisme hitlérien,
va être délaissée, poussant ainsi des auteurs tels
que Saul Friedlander (Saul Friedlander, essai publié en 1982
intitulé « reflet du nazisme », éditions du
Seuil) a constaté après s’être attaché
aux œuvres littéraires et cinématographiques :
« Hitler n’est plus le mal absolu dont on ne parle que
pour le dénoncer, et le nazisme devient un sujet de fiction très
à la mode »
Ceci l’inquiète sans l’indigner, voyant là
une pente fatale sur laquelle, il entend poser des gardes fous.
Cette
même constatation va amener des anciens déportés,
tels que Jean Améry (Lettre ouverte de l’ancien déporté
parue en 1978 dans Merkur) à déclarer sans ambages :
« Je pense que votre objectivité vient trop tôt.
(…), aussi longtemps que le temps n’a pas mené à
bien son travail niveleur d’entropie historique, Hitler doit demeurer
l’incarnation mythique du mal ».
2)
SA PERSONNALITE AU TRAVERS DE SES DISCOURS
Discours
numéro 1 :
En
ce qui concerne la question juive, je dois dire la chose suivante: c'est
un spectacle honteux que de voir la façon dont le monde démocratique
dans son ensemble suinte de sympathie pour le pauvre peuple juif souffrant,
mais demeure sans cœur et inflexible lorsqu'il s'agit de les aider
- ce qui est certainement, d'après son point de vue un devoir
patent. Les prétextes avancés pour ne pas les aider parlent
en fait en notre faveur à nous Allemands et Italiens, car voici
ce qu’ils disent :
1.
« Nous », les démocraties, "ne sommes pas
en situation d'accueillir les Juifs". Pourtant, dans ces empires,
il n'y a même pas 10 habitants au kilomètre carré.
Alors que l'Allemagne, avec ses 135 habitants par kilomètre carrée,
est censée avoir de la place pour eux !
2. Ils nous affirment : Nous ne pouvons les prendre à moins que
l’Allemagne soit prête à autoriser les immigrants
à emporter un certain capital.
Depuis
des centaines d'années, l'Allemagne a été assez
bonne pour recevoir ces éléments, bien qu'ils ne possèdent
rien d'autre que des maladies infectieuses politiques et physiques.
Ce qu'ils possèdent aujourd'hui, ils l'ont dans une très
large mesure, gagné aux dépens de la nation allemande
moins rusée et par les nombreuses manœuvres le plus condamnables.
Aujourd'hui nous payons tout simplement ce peuple comme il le mérite.
Lorsque la nation allemande fut, grâce à l'inflation, provoquée
et menée par les Juifs, dépouillée de toutes les
économies qu'elle avait amassées pendant des années
de travail honnête, lorsque le reste du monde retirait de la nation
allemande les investissements étrangers, lorsque nous avons été
dépouillés de l'ensemble de nos possessions coloniales,
ces considérations philanthropiques pesaient évidemment
bien peu pour les hommes d'Etat des démocraties.
Aujourd'hui, je peux seulement assurer ces Messieurs que, grâce
à l'éducation brutale que les démocraties nous
ont prodiguée pendant quinze ans, nous sommes totalement à
l'abri de toute agression de sensiblerie. Après que plus de huit
cent mille enfants de la nation soient morts de faim et de sous-alimentation
à la fin de la guerre, nous avons été témoins
du fait que près d'un million de têtes de vaches laitières
nous ont été enlevées en vertu des cruels paragraphes
d'un diktat que les apôtres de l'humanité et de la démocratie
dans le monde nous ont imposé en guise de traité de paix.
Nous avons vu comme plus d'un million de prisonniers de guerre allemands
ont été détenus en prison sans aucune raison, une
année entière après la fin de la guerre. Nous avons
vu comment plus d'un million et demi d'Allemands ont été
dépouillés de ce qu'ils possédaient dans les territoires
s'étendant à nos frontières, et comment ils ont
été jetés dehors avec seulement ce qu'ils portaient
sur le dos. Nous avons dû supporter que des millions de nos compatriotes
nous soient arrachés contre leur gré, et sans qu'on leur
offre la moindre possibilité d'existence.
Je pourrai ajouter à ces exemples des douzaines d'autres encore
plus cruels. Pour cette raison, nous demandons qu'on nous épargne
toute discussion sentimentale. La nation allemande ne souhaite pas que
ses intérêts soient déterminés et contrôlés
par une quelconque puissance étrangère. La France aux
Français, l'Angleterre aux Anglais, l'Amérique aux Américains,
et l'Allemagne aux Allemands. Nous sommes résolus à empêcher
l'installation dans notre pays d'un peuple étranger qui a été
capable de s'emparer pour lui-même de toutes les positions dominantes
du pays et de le déposséder. Car c'est notre volonté
d'éduquer notre nation pour ces positions dominantes
Nous
avons des centaines de milliers d'enfants de paysans et des classes
laborieuses très intelligents. Nous devons les éduquer
- en fait nous avons déjà commencé - et nous souhaitons
qu'un jour, eux et non les représentants d'une race étrangère,
puisse occuper les positions dominantes de l'Etat en même temps
que nos classes éduquées.
Et surtout, la culture allemande, comme en témoigne son nom seul,
est allemande et non juive, et c'est pourquoi sa direction et sa gestion
seront confiées à des membres de notre nation. Si le reste
du monde crie d'un air hypocrite contre cette expulsion barbare d'Allemagne
d'un élément irremplaçable et de haute valeur culturelle,
nous pouvons seulement nous étonner des conclusions qu'ils ont
tirées de cette situation. Car ils devraient être ô
combien reconnaissants que nous ayons libéré ces précieux
apôtres de la culture, et les ayons mis à la disposition
du reste du monde. Selon leurs propres déclarations, ils ne pourraient
trouver la moindre raison, la moindre excuse pour refuser d'accueillir
dans leur pays cette race de haute valeur. Je ne vois pas non plus de
raison pour que les membres de cette race soient imposés à
la nation allemande, alors qu'aux Etats-Unis, qui sont si enthousiasmés
par ces " gens merveilleux ", on leur refuserait soudain de
s'installer sous quelqu'excuse imaginable. Je pense que, plus tôt
ce problème sera résolu et mieux cela vaudra: car l'Europe
ne peut se stabiliser tant que la question juive n'est pas résolue.
Il est tout à fait possible que à plus ou moins longue
échéance, on arrive à un accord sur le problème
en Europe, même entre ces nations - qui autrement, ne se seraient
pas entendues si facilement.
Le
monde a suffisamment d'espace pour des implantations, mais nous devons
nous débarrasser une fois pour toutes de l'opinion que la race
juive n'a été créée par Dieu que pour qu'un
certain pourcentage vive en parasite sur le corps et sur le travail
productif d'autres nations. La race juive devra s'adapter pour fonder
une activité constructive comme les autres nations ou tôt
ou tard, elle succombera à une crise d'une ampleur inimaginable.
Il
y a encore une chose que j'aimerais dire en ce jour, qui peut-être
sera un jour mémorable pour tous et pas seulement pour nous Allemands:
dans ma vie, j'ai souvent été prophète et on s'est
moqué de moi pour cela.
A l'époque de ma lutte pour le pouvoir , c'était d'abord
la race juive qui accueillait mes prophéties par des rires, quand
je disais qu'un jour je prendrai la direction de l'Etat et celle de
toute la nation, et qu'entre autres, je réglerai le problème
juif. Leur rire était tonitruant, mais je pense que depuis quelque
temps, leur rire s'étrangle dans leur gorge. Aujourd'hui, je
serai encore une fois prophète: si les financiers juifs internationaux
en Europe et au dehors réussissent une fois de plus à
plonger les nations dans une guerre mondiale, alors, il en résultera,
non pas une bolchevisation du globe, et donc la victoire de la Juiverie,
mais l'annihilation de la race juive en Europe !
…Les
nations ne veulent plus mourir sur le champ de bataille pour que cette
race internationale instable profite d'une guerre ou accomplisse la
vengeance de son Ancien Testament. Le mot d'ordre juif " Prolétaires
de tous les pays, unissez vous » sera vaincu par une réalisation
plus haute, c'est-à-dire « Travailleurs de toutes les classes
et de toutes les nations, reconnaissez votre ennemi commun ! ».
Discours
numéro 2 :
Discours
prononcé par Adolf Hitler pour l'ouverture du Secours d'hiver
de guerre Berlin, 3 octobre 1941 à l'occasion de l'ouverture
du secours d'hiver de guerre, le Führer a prononcé le discours
suivant :
Les remerciements du Führer au front et au pays :
«
Allemands et Allemandes, mes compatriotes !
Si
je m'adresse à vous de nouveau aujourd'hui, après de longs
mois de silence, ce n'est pas afin de répondre à l'un
de ces hommes d'Etat qui se demandaient
récemment avec surprise pourquoi je me taisais depuis si longtemps.
Un jour la postérité pourra juger en toute connaissance
de cause et décider ce qui a eu le
plus de poids durant ces trois mois et demi: les discours tenus par
Churchill ou mes actes.
Je suis venu ici aujourd'hui pour prononcer comme de coutume quelques
mots d'introduction à la campagne du Secours d'hiver. Il m'a,
du reste, été très difficile de venir, cette fois,
parce qu'à l'heure où je vous parle s'achève une
nouvelle opération entamée sur notre front de l'Est et
qui doit constituer un événement formidable.
Depuis
48 heures cette action a pris des proportions gigantesques. Elle contribuera
à écraser l'adversaire à l'Est.
Je vous parle maintenant au nom de ces millions d'hommes qui combattent
en ce moment, afin de vous demander à vous, au pays allemand,
de consentir cette année encore, en plus de tous les autres sacrifices,
à ceux qu'impose l’œuvre du secours d'hiver.
Depuis le 22 juin une lutte est déchaînée, qui est
vraiment d'une importance décisive pour le monde entier. Seule
la postérité pourra discerner nettement quels furent l'ampleur
et les effets de cet événement. Elle constatera aussi
qu'il est la base d'une ère nouvelle.
Mais cette lutte non plus, je ne l'ai pas voulue.
Depuis
janvier 1933, date où la Providence m'a confié la conduite
et la direction du Reich, j'envisageais un but défini dans ses
grandes lignes par le programme du Parti national-socialiste. Je n'ai
jamais été infidèle à ce but, jamais je
n'ai abandonné mon programme. Je me suis alors efforcé
d'opérer le dressement intérieur d'un peuple qui, après
une guerre perdue par sa propre faute, avait subi la chute la plus profonde
de toute son histoire. C'était déjà, en soi, une
tâche gigantesque. J'ai commencé à réaliser
cette, tâche à un moment où les autres y avaient
échoué ou ne croyaient plus à la possibilité
de réaliser
un tel programme. Ce que nous avons accompli pendant ces années
de pacifique redressement, reste unique dans les annales de l'histoire.
Aussi est-il vraiment offensant, souvent, pour mes collaborateurs et
pour moi de devoir nous occuper de ces nullités démocratiques
qui ne sauraient se référer dans tout leur passé
à une seule oeuvre vraiment grande et qui fasse date dans leur
vie. Mes collaborateurs et moi nous n'aurions pas eu besoin de cette
guerre pour immortaliser notre nom. Les œuvres accomplies en temps
de paix y auraient suffi - et même amplement. Du reste nous n'avions
pas encore achevé notre œuvre créatrice dans maint
domaine nous ne faisions mime que commencer.
Ainsi
l'assainissement intérieur du Reich avait donc dans les conditions
les plus difficiles. En effet, il faut en Allemagne nourrir 140 personnes
par kilomètre' carré. La tâche est plus facile pour
le reste du monde. Et cependant nous avons pu résoudre nos problèmes,
alors qu'en grande partie le monde démocratique n'a réussi
à le faire.
Les
buts que nous poursuivions étaient les suivants : premièrement,
consolider intérieurement la nation allemande; deuxièmement,
obtenir à l'extérieur l'égalité des droits;
troisièmement, unir le peuple allemand et rétablir ainsi
une situation naturelle, artificiellement interrompue pendant des siècles.
Ainsi,
mes compatriotes, notre programme extérieur lui-même se
trouvait donc fixé dès le principe, les mesures nécessaires
pour sa réalisation étaient préalablement définies.
Cela n'impliquait nullement que nous eussions jamais l'idée de
faire la guerre. Mais une chose était certaine, c'est que nous
ne renoncions en aucun cas ni au rétablissement de la liberté
allemande, ni, par
suite, aux conditions d'où sortirait le nouvel essor du pays.
En poursuivant la réalisation de ces idées J'ai soumis
au monde un très grand nombre de suggestions. Inutile de les
répéter ici, mes collaborateurs les mentionnent chaque
jour dans leur activité de publicistes. Si nombreuses qu'aient
été ces offres de paix, propositions de désarmement,
propositions en vue d'amener par une vole pacifique un nouvel ordre
économique national etc., toutes ces propositions ont été
rejetées par ceux auxquels je les avais faites et notamment par
ceux qui, manifestement, ne croyaient pas pouvoir accomplir leurs propres
tâches en poursuivant une œuvre pacifique - ou, plus exactement,
qui ne croyaient pouvoir ainsi maintenir leur régime au pouvoir.
Néanmoins nous avons réussi peu à peu, au cours
de longues années de travail pacifique, non seulement à
réaliser la grande œuvre de réforme intérieure,
mais encore à organiser l'union de la nation allemande, à.
créer le Reich grand allemand, à ramener des millions
de concitoyens allemands au sein de leur vraie patrie et, par suite,
à offrir au peuple allemand le poids de leur nombre comme facteur
de puissance politique.
Durant
ce temps j'ai réussi à acquérir un certain nombre
d'alliés, en première ligne l'Italie ; une étroite
et profonde amitié m'unit personnellement à l'homme d’état
qui la dirige.
Avec
le japon également nos relations n'ont cessé de s'améliorer.
En outre, nous avions en Europe une série de peuples et d'Etats
qui nous avaient toujours conservé une inaltérable et
bienveillante sympathie, notamment la Hongrie et quelques Etats nordiques.
A ces peuples d'autres se sont joints, mais malheureusement, point ce
peuple que j'ai le plus sollicité durant ma vie: le peuple anglais.
Non que ce soit le peuple anglais lui-même dans son ensemble qui
porte à lui seul la responsabilité de cette situation.
Non, ce ne sont que quelques personnes qui, dans leur haine aveugle,
dans leur folie obstinée, ont saboté toute tentative d'entente,
secondées en cela par cet ennemi international du monde entier,
que nous connaissons tous, la juiverie internationale.
Nous
n'avions donc malheureusement pas réussi à amener la Grande-Bretagne,
et surtout le peuple anglais, à ces relations avec l'Allemagne
que j'avais toujours espérées. C'est pourquoi, exactement
comme cela s'est passé en 1914, le jour arriva où il fallut
prendre une dure décision. Je n'ai certes pas hésité
à la prendre, car je voyais clairement que si je ne pouvais réussir
à obtenir l'amitié, anglaise, il valait mieux que l'hostilité
de l'Angleterre atteignît l'Allemagne à un moment où
je me trouvais encore à la tête du Reich. En effet, si
cette amitié n'avait pu être obtenue par mes mesures, par
mes avances, c'était donc qu'elle était à jamais
perdue ; il ne restait donc plus qu'à combattre, et suis reconnaissant
au Destin du fait que cette lutte ait pu être dirigée par
moi. Je suis donc également convaincu qu'il n'y a réellement
aucune entente à espérer avec ces gens-là. Ce sont
des fous délirants, des gens qui depuis dix ans déjà
n'ont qu'un seul mot à la bouche : Nous voulons de nouveau une
guerre contre l’Allemagne ! »
ETUDE
:
L’une
des possibilités de mettre en relief les différentes facettes
de la personnalité d’un homme est l’étude
de ses propos. C’est pourquoi nous nous proposons d’analyser
deux des discours d’Hitler.
Avant cela, il nous semble juste de rappeler que l’art de la manipulation
est composé de divers éléments s’associant
pour assurer une plus grande efficacité. Parmi eux, nous retrouvons
tout d’abord la mise en scène, les mimiques et la gestuelle,
qui sont tous trois présents dans le savoir faire théâtral.
Puis, s’ajoute à ceux-ci, pour maintenir le public en haleine,
l’art de la parole, les jeux de tons et de mots, et enfin la connaissance
de l’état psychologique de ses proies complète ces
atouts, permettant de servir le dessein de l’orateur.
Hitler quant à lui, avait toutes ces cordes à son arc.
En effet, l’art du théâtre, duquel il était
grand amateur pendant sa jeunesse, n’avait pas de secret pour
lui puisque la fréquentation des théâtre était
l’essentiel de son occupation plusieurs années durant.
Palallèlement à cela, grand lecteur qu’il était,
nous le savons passioné par Nietsche, en particulier par son
ouvrage traitant de l’art de la manipulation.
Faisant abstraction de l’impact qu’avait son charisme sur
scène, nous tenterons de retrouver au travers ses discours, la
façon dont il parvenait à créer chez son auditorat
l’impression que la raison était avec lui.
I.
MISE EN RELIEF DU « MOI »
Un
des points importants qui apparaît de nombreuses fois dans ses
discours, est la volonté de légitimiser sa position de
meneur, en faisant la démonstration de sa supériorité
absolue. Ceci en se placant tantôt comme le sauveur ou le héros
de la nation, tantôt comme un homme de paix bienfaiteur, et parfois
même comme un prophète, ou encore l’élu de
D.
1)
Le héros, le sauveur
·
Disours numéro 2 : lignes 12 – 14 « Je suis venu
ici aujourd’hui pour prononcer comme de coutume…Il m’a
du reste été très difficile de venir cette fois…
».
Il prouve remplir ses devoirs envers le peuple fidèlement, tout
en montrant le peu de temps dont il dispose, vu ses
« nombreuses » responsabilités.
·
Discours numéro 2 : lignes 8 – 10 « Qui a eu
le plus de poids…les discours tenus par Churchill ou mes actes
», et ligne 44 « Mes collaborateurs et moi n’aurions
pas eu besoin de cette guerre pour immortaliser notre nom », ou
encore ligne 74 – 79 « Néanmoins nous avons réussi…non
seulement à réaliser la grande œuvre de réforme
intrérieure, mais encore à organiser l’union de
la nation alllemande, à créer le Reich grand allemand…à
offrir au peuple allemand le poids de leur nombre comme facteur de puissance
politique ». Il se présente alors comme un héros
aux grands œuvres, et soutient ceci par l’usage d’adjectifs
créant une impression de dimensions « événement
formidable, l’œuvre du secours d’hiver, tâche
gigantesque, l’ampleur et les faits de ces événements,
œuvre vraiment grande, œuvre créatrice ».
·
Discours numéro 2 : ligne 32 – 40 « Je me suis
alors efforcé d’opérer le redressement intérieur…
tache gigantesque…J’ai commencé à réaliser
cette tâche à un moment ou les autres y avaient échoué
ou ne croyaient plus à la possibilité de réaliser
un tel programme… ce que nous avons accompli…reste unique
dans les annales de l’histoire ». Ici encore, le grand
héros agit et se met en relief par un « Je » répétitif
que l’on retrouve souvent (ex : lignes 96 – 100)
2)
Bienfaiteur et homme de paix
·
Discours numéro 2 : ligne 65 – 70 « J’ai
soumis au monde un très grand nombre de suggestions…si
nombreuses qu’aient été ces offres de paix, propositions
de désarmement…en vu d’amener par une voie pacifique…toutes
ces propositions ont été rejetées ».
Puis ligne 83 « Nos relations n’ont cessé de
s’améliorer…malheureusement pas réussi à
amener la grande bretagne à ses relations avec l’Allemagne
que j’avais toujours espérées ».
·
Discours numéro 2 : lignes 12 – 13 « Je suis
venu ici…introduction à la campagne d’hiver »,
« Je vous parle maintenant au nom de ces milliers d’hommes
qui combattent en ce moment ».
·
Discours numéro 2 : ligne 28 « Je me suis alors efforcé
d’opérer le redressement interieur d’un peuple…qui
avait subi la chute la plus profonde de son histoire ».
3)
Le prophète, l’élu de D.
·
Discours numéro 2 : ligne 8 « La postérité
pourra juger en toute connaissance, et décider qui a eu le plus
de poids pendant ces trois mois et demi… ».
·
Discours numéro 2 : ligne 25 « Seule la postérité
pourra discerner nettement quels furent l’ampleur et l’effet
de cet événement…elle constatera aussi qu’il
est la base d’une ère nouvelle ».
·
Discours numéro 1 : ligne 57 – 64 « J’ai
souvent été prophète et on s’est moqué
de moi…qui accueillait mes prophéties par des rires…leur
rire s’étrangle dans leur gorge…je serai encore une
fois prophète… ».
·
Discours numéro 2 : ligne 28 « Depuis janvier 1933,
date ou la Providence m’a confié la conduite et la direction
du Reich », ou encore ligne 104 « Je suis reconnaissant
au Destin du fait que cette lutte ait pu être dirigée par
moi ».
Il fait ainsi appel et se joue au sentiment religieux du peuple.
II.
PLACE l’ARYEN SUR UN PIED D’ESTALE
Hilter
exploite parfaitement son don incontestable de démagogue, entre
autres afin de placer le peuple allemand - la race ayenne - au dessus
de tout autre.
Ainsi, ayant détecté très judicieusement les attentes
du peuple, il y répond. Il se montre valoriser, compatir, comprendre,
s’identifier au peuple allemand, ayant ainsi un impact fort sur
le peuple, puisque celui-ci se sent important.
·
Discours numéro 2 : ligne 5 « Allemands, Allemandes,
mes compatriotes ». Il s’unit au peuple par ces termes.
·
Discours numéro 2 : ligne 19 « Je vous parle maintenant
au nom de ces millions d’hommes qui combattent en ce moment afin
de vous demander à vous, au pays Allemand de consentir cette
année encore, en plus de tous les autres sacrifices… ».
Ici, il identifie son auditoire au peuple allemand, et leur prouve leur
droit de décision en attendant leur consentement, montre reconnaître
que ce peuple a été capable de faire des sacrifices pour
ses frères et sont donc humains.
·
Discours numéro 2 : ligne 54 « Les buts que nous poursuivons…consolider
la nation allemande…obtenir à l’extérieur
l’égalité des droits…unir le peuple allemand
». Une fois avoir exposé clairement ses buts montrant
que son seul intérêt est le peuple allemand, Hitler élève
alors ce peuple au dessus de tout, en affirmant « rétablir
ainsi une situation naturelle, artificiellement interrompue ».
·
Discours numéro 1 : ligne 15 « Lorsque la nation Allemande
fut…dépouillée de toutes les économies…le
reste du monde retiré de la nation Allemande et des investissements
étrangers…nous avons été dépouillés
de nos possessions coloniales, ces considérations philanthropiques
pesaient évidemment bien peu pour les hommes d’Etat des
démocraties ». L’agression mondiale démontre
le peu de considération à l’égard de l’Allemagne,
c’est pourquoi Hitler se fait un devoir de la replacer à
sa position de « dominante ». « La nation Allemande
ne souhaite pas que ses intérêts soient déterminés
et contrôlés par une quelconque puissance étrangère...
car c’est notre volonté d’éduquer notre nation
pour ces positions dominantes ». « Nous avons des
centaines de milliers d’enfants…très intelligents
». L’Allemagne n’a donc besoin de personne, elle peut
s’autogérer puisqu’elle est constituée de
personnes dotées de grande sagesse.
·
Discours numéro 2 : ligne 81 « J’ai réussi
à acquérir un certain nombre d’alliés, en
première ligne l’Allemagne…avec le Japon également,
nos relations n’ont cessés de s’améliorer.
En outre, nous avions en Europe une série de peuples et d’Etats
qui nous avaient toujours réservés une inaltérable
et bienveillante sympathie… ». Le monde environnant
reconnaît aux Allemands ce droit de dominer excepté ceux
qui sont animés d’une « haine aveugle »
et d’une « folie obstinée ».
III.
L’ ACREDITEMENT PAR DISCREDITEMENT
C’est
autour du politique de monter sur scène, lorsqu’il s’agit
de justifier ses actes et décisions. Pour cela, Hitler n’hésite
pas un seul instant à jeter la disgrâce sur l’Autre
qui est toujours le coupable, et celui qui est à l’origine
des conflits, voire des guerres. Il met en œuvre le diction bien
connu : « La meilleure défense, c’est l’attaque
».
·
Discours numéro 2 : ligne 10 « Un jour la postérité
pourra juger…qui a eu le plus de poids, les discours tenus par
Churchill ou mes actes ». Hitler se rit ainsi de l’Autre,
en l’enfermant dans l’esprit du peuple, dans une image de
beau parleur, incapable d’agir.
·
Discours numéro 2 : ligne 28 « Mais cette lutte non
plus je ne l’ai pas voulu ». Après avoir fait
mention du conflit avec la Russie, Hitler explique n’avoir pas
désiré cette guerre mais y avoir été contraint
par l’Autre, lui faisant porter la culpabilité des souffrances
du peuple et de l’armée allemande.
·
Discours numéro 2 : ligne 40 « Il est vraiment offensant…de
devoir nous occuper de ses nullités démocratiques qui
ne sauraient se référer dans leur passé à
une seule œuvre vraiment grande », ou encore ligne 51
« Nous avons pu résoudre nos problèmes alors
qu’en grande partie, le monde démocratique n’a réussi
à le faire ». Les régimes démocrates
étant nulles et dépourvus de toute capacité, il
apparaît évident que le seul régime du Reich est
un sens réel.
·
Discours numéro 2 : ligne 67 « Si nombreuses qu’aient
été ces offres de paix…ont été rejetées,
par ceux…qui manifestement ne croyaient pas pouvoir accomplir
leur propre tâches, en poursuivant une œuvre pacifique –
ou, plus exactement qui ne croyaient pouvoir ainsi maintenir leur régime
au pouvoir ». Les puissances manquent de « puissance
réelle ».
·
Discours numéro 2 : ligne 96 « En effet, si cette amitié
n’avait pu être obtenue par mes mesures, par mes avances,
c’est donc qu’elle était à jamais perdue ;
il ne restait donc plus qu’à combattre », puis
« Il n’y a aucune entente à espérer avec
ces gens-là…fous délirants…qui n’ont
qu’un seul mot à la bouche : « Nous voulons de nouveau
une guerre contre l’Allemagne ! ».
·
Discours numéro 1 : ligne 1 « En ce qui concerne la
question juive…C’est un spectacle honteux que de voir la
façon dont le monde démocratique dans son ensemble suinte
de sympathie pour le pauvre peuple juif souffrant mais demeure sans
cœur et inflexible lorsqu’il s’agit de les aider…les
prétextes… ». Voulant expliquer ses agissements
inhumains envers le peuple juif, Hitler commence en s’apitoyant
ironiquement sur celui-ci, à reporter la critique sur les démocraties.
·
Discours numéro 1 : ligne 41 « Si le reste du monde
crie d’un air hypocrite contre cette expulsion barbare d’Allemagne…nous
pouvons seulement nous étonner des conclusions qu’ils ont
tirées, ils devraient être ô combien reconnaissant
que nous ayons libérés ces précieux apôtres
de la culture…selon leur propre déclaration ils ne pourraient
trouver la moindre raison…pour refuser d’accueillir dans
leur pays cette race de haute valeur. Je ne vois pas non plus de raison…qu’on
leur refuserait soudain de s’installer sous quelque excuse inimaginable
». Les démocraties, une fois de plus, prônent pour
des théories de grande valeur, mais se montrent absents lorsqu’il
faut les mettre en pratique.
IV.
LA RAISON DE TOUS LES MAUX : LES JUIFS
Quant
à sa facette d’antisémite patent, Hitler la dévoile
délibérément puisqu’il est légitime
de désirer soigner tout corps malade. La juiverie est donc l’ennemi
à éliminer pour assénir l’humanité.
Ainsi, Hitler se présente comme bienfaiteur, se devant, sous
des couverts humanitaires d’agir avec cruauté.
·
Discours numéro 2 : ligne 90 « Non ce ne sont que quelques
personnes qui dans leur haine aveugle…ont saboté toute
tentative d’entente…secondée en cela par cet ennemi
international du monde entier que nous connaissons tous : la juiverie
internationale ». Hitler explique le refus de soutien de
l’Angleterre par, comme d’accoutumée, une manipulation
malveillante des juifs, « ennemis de la paix ».
·
Discours numéro 1 : ligne 11 « Depuis des centaines
d’années, l’Allemagne a été assez bonne
pour recevoir ces éléments, bien qu’ils ne possèdent
rien d’autre que des maladies infectieuses, politiques et physiques.
Ce qu’ils possèdent, gagnés au dépend de
la nation allemande moins rusée et par les nombreuses manœuvres
les plus condamnables ». Il fait usage des stéréotypes
habituels véhiculés très largement par la presse
« Juifs = malades, Juifs = voleurs ».
·
Discours numéro 1 : ligne 15 « Aujourd’hui nous
payons simplement ce peuple comme il le mérite. Lorsque la nation
allemande fut, grâce à l’inflation provoquée
et menée par les Juifs, dépouillée…
». Le Juif est responsable de la crise économique qu’il
a fait subir volontairement à l’Allemagne.
·
Discours numéro 1 : ligne 53 « Nous devons nous débarrasser…de
l’opinion que la race juive n’a été crée
que par D. que pour…vivre en parasite sur le corps et sur le travail
productif d’autre nations ». Le Juif est un parasite
universel, par conséquent « La race juive devra s’adapter…ou
elle succomberaà une crise d’une ampleur inimaginable
».
La bienveillance exige qu’on les exclus de la société
pour leur propre « survie ».
CONCLUSION
:
Il
est clair que cette étude se trouve être restreinte puisqu’elle
se base uniquement sur deux discours, et sur quelques grandes lignes
choisies à l’intérieur de ceux-ci.
Un élément ressort cependant de cette étude, à
savoir la redondance voulue des thèmes, et des statuts. Selon
ses propres dires, la façon la plus efficace de faire passer
un message à une large masse populaire est la répétition
incessante des mêmes idées en différents thermes,
et de la façon la plus accessible à tous.
III.
COMPARAISONS
1)
LA DICTATURE
ADOLF
HITLER ET JOSEPH STALINE
INTRODUCTION
:
Afin de tenter une mise en relief de la relation sous-jacente entre
personnalité et agissements, une comparaison avec d’autres
dictateurs semble appropriée.
Pour cela, c’est le personnage de Staline que nous avons choisis
de mettre en parallèle.
Après une bref définition du qualificatif qui leur est
communément associé.
DICTATURE :
La dictature est un régime politique arbitraire et coercitif
dans lequel tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains
d'un seul homme, le dictateur, ou d'un groupe d'hommes (ex : junte militaire).
Le pouvoir n'étant ni partagé (pas de séparation
des pouvoirs), ni contrôlé (absence d'élections
libres, de constitution), les libertés individuelles n'étant
pas garanties, la dictature s'oppose à la démocratie.
Elle doit donc s'imposer et se maintenir par la force en s'appuyant
sur l'armée, sur une milice, sur un parti, sur une caste, sur
un groupe religieux ou social.
TOTALITARISME :
Le totalitarisme désigne un mode de gouvernement, un régime
politique dans lequel un parti unique détient la totalité
des pouvoirs et ne tolère aucune opposition (monopartisme), exigeant
le rassemblement de tous les citoyens en un bloc unique derrière
l'Etat.
Le totalitarisme est un mode de fonctionnement de l'Etat dans lequel
celui-ci prétend gérer, outre la vie publique, la vie
privée des individus (régime policier, encadrement de
la jeunesse et des relations professionnelles...).
Le totalitarisme est une des formes de despotisme, apparue au XXe siècle.
Dans "l'Etat total", l'individu n'existe que par rapport au
collectif, peuple ou nation. L'Etat devient un absolu, objet d'un véritable
culte. Il est militarisé pour assurer la terreur et asseoir sa
domination sur les individus.
I.
LES POINTS COMMUNS
Outre
l’adéquation totale entre ces deux personnages et les définitions
citées précédemment, à la lecture de la
biographie de Staline , certains autres points communs avec Hitler nous
paraissent évidents.
Tout d’abord, Staline est lui aussi issu d’un milieu social
qu’il considère trop bas (son père était
cordonnier) et qui lui garantit un avenir qu’il ne veut pas.
Plus tard, il sera exclu du séminaire dans lequel sa mère
l’avait inscrit. Ses activités d’agitateurs commencent
pour lui, dès lors.
Il est également arrêté et emprisonné. Purgeant
sa peine, il publie un article sur la question nationale.
Joseph Staline s’est mariée deux fois ; sa première
épouse est morte, et la seconde s’est suicidée.
Il aime les protocoles lui donnant des honneurs comme ses dires le prouvent
: « Un grand homme est supposé arriver en retard à
la réunion de façon que le public impatient fasse silence
au milieu des chuchotements : attention taisez-vous il arrive »
Pour s’imposer , il ne peut compter ni sur ses exploits, ni sur
ses relations, il ne lui reste pour ça qu’une volonté
concentrée, le calcul, la patience et la ruse.
La montée au pouvoir, pour lui aussi, passe par des postes intermédiaires
de dirigeant de mouvements politiques, cependant, relativement à
Hitler, ses postes sont plus officiels.
C’est après la mort de Lénine qu’il commence
sa marche au pouvoir, comme Hitler après celle d’Hindenburg.
Ses traits de caractère sont aussi volonté, défiance,
rudesse, misanthropie, cruauté, mais ils ne sont pas toujours
visibles.
Il est implacable avec ceux qu’il dirige, et est connu pour mêler
aisément le faux et le vrai. Il distingue l’algèbre
(le langage) de l’arithmétique (la réalité)
dissimulant l’une derrière l’autre et se dérobant
ainsi à toute prise.
Il n’était obnubilé que par le succès, cela
signifiait ne lésiner ni sur la violence, ni sur les décrets
d’extermination morales et physiques.
II.
LES DIFFERENCES
Staline
a donné naissance à une progéniture : une fille
Svetlana (nationalisée américaine) et un fils Vassili
mort en 1962.
Il est arrêté, mis en prison mais s’évade
; il organise au Caucase en 1907 des « expropriations »
(hold up) pour le bénéfice du parti.
Dès 1917, il se range derrière Lénine - le «
grand homme » -, qu’il va servir, non sans arrière
pensées. Il va ainsi garantir son ascension, en se voyant décerner
des postes à responsabilités croissantes. Devenu en 1922
secrétaire général du Comité central, poste
considéré alors comme administratif, il est le maitre
de la politique des cadres. Il se fait craindre ainsi de ses subordonnés,
mais aussi de ses rivaux.
Il pourra alors user de méthodes cruelles, pas toujours appréciées
par Lénine, qui déclarera dans la lettre, appelée
testament que Staline est trop « grossier » pour être
maintenu au secrétariat général du parti.
Staline a écrit, en se basant sur les dires et les écrits
politiques de politiciens, tandis que Hitler semble s’inspirer
davantage d’écrits d’historiens, de philosophes,
et de sociologues.
Certains traits positifs apparaissent chez Staline, tels qu’un
certain humour, une dignité paysanne, héritée sans
doute de sa mère, la capacité de se taire, le sens du
concret.
CONCLUSION
:
Au-delà,
de toutes les similitudes relevées entre ces deux personnages,
il est un élément remarquable commun au deux, à
savoir les questions qu’ils suscitent chez tout un chacun : «
Qui sont-ils : génies ou montres ? disciples ou usurpateurs ?
» Et « A quel moment de leur existence, s’est révélée
la rudesse de leur caractère ? ».
Questions qui ont générées de nombreux écrits,
et qui resteront éternellement irrésolues.
2) DEMOCRATIE
ADOLF
HITLER ET CHARLES DE GAULLE
Comme
précédemment, avant la comparaison entre les deux personnages,
nous allons définir ce qu’est démocratie, sachant
qu’elle caractérise précisément De Gaulle,
tout en étant le point élémentaire qui les dissocie.
DEMOCRATIE
:
La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir
est détenu ou contrôlé par le peuple (principe de
souveraineté), sans qu'il y ait de distinctions dues la naissance,
la richesse, la compétence... (Principe d'égalité).
En règle générale, les démocraties sont
indirectes ou représentatives, le pouvoir s'exerçant par
l'intermédiaire de représentants désignés
lors d'élections au suffrage universel.
Les
autres principes et fondements de la démocratie :
· la liberté des individus ;
· la règle de la majorité ;
· l'existence d'une "constitution" et d'une juridiction
associée (le Conseil constitutionnel en France) ;
· la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif
et judiciaire) ;
· la consultation régulière du peuple (élection
et référendum) ;
· la pluralité des partis politiques ;
· l'indépendance de la justice.
·
LES DIFFERENCES :
Tout
d’abord, sur le plan familial, la mère de Charles de Gaulle
était « une Romaine de Provence intraitable sur les chapitres
de la religion et des moeurs », elle apparaît donc comme
une femme de caractère.
Son père était professeur dans le privé, donc aussi
fonctionnaire, mais avec une attache à la culture plus développé.
Il suit une scolarité réussie, et va même être
reçu au concours d’admission de l’école de
Saint-Cyr où il deviendra plus tard professeur d’histoire
militaire.
Il rentre à l’école de guerre et en ressort deux
ans plus tard avec la mention « bien ». Ainsi, son entrée
dans le monde politique et militaire suit le protocole le plus honorable.
Sur le terrain, Charles de Gaulle va mettre en pratique toutes les règles
de la démocratie, rendant la parole au peuple avant de faire
des réformes importantes. Ses règles lui sont tellement
chères, qu’il va jusqu’à démissionner
de ses fonctions lorsque le 20 janvier 1946, le « régime
exclusif des partis a reparu » puisqu’il ne veut pas d’une
dictature. Par la suite, ayant été reconduit dans ses
fonctions, il n’hésitera pas à nouveau, à
se retirer lorsqu’il constatera que le peuple ne le suit plus.
Il se définit donc bien comme l’homme au service du peuple.
Charles de Gaulle a lui aussi été à l’origine
d’ouvrages, mais en nombre beaucoup plus conséquent, et
qui ont été rédigés à différents
moments de sa vie. (Avant, pendant et après l’élection).
Un autre élément les distingue, à savoir leur politique,
symétriquement opposée, puisque Hitler n’a de but
que l’occupation des territoires extérieurs, alors que
De Gaulle met en place la décolonisation progressive.
La mort de De Gaulle apparaît comme paisible dans sa maison de
campagne où il s’est retiré, ce qui dénote
bien du suicide par abandon du navire en naufrage.
(Le suicide d’Hitler n’est pas, dans son esprit, un abandon,
mais un sacrifice pour permettre a ses plus proches complices, Himmler
et Goering, de tenter de sauver quelques meubles nazis via paix séparée
avec les occidentaux et, peut-être, mise a leur disposition de
la SS et des restes de la Wehrmacht pour un combat commun contre Staline)
LES
POINTS COMMUNS :
Charles
de Gaulle est lui aussi issu d’un niveau social assez bas ; comme
il le dit « ma famille et moi, nous avons toujours été
pauvres (…), bourgeois, je ne l’ai jamais été
». (Certes, mais petite noblesse de campagne et le concept Gaullien
de la pauvreté recouvre davantage la modestie que la misère)
Il est lui aussi fait prisonnier, mais par les forces ennemies et va
tenter de s’évader à trois reprises, cinq selon
d’autres.
Son attitude de « roi en exil », lui est reprochée
par ses supérieurs
Il publie des ouvrages tels que : «Le fil de l’épée
», et « La France et son armée », puis un troisième
:
« Vers l’armée de métier »
Il est nommé général de brigade à titre
temporaire, puis appelé au gouvernement le 6 juin par Paul Reynaud
comme sous secrétaire d’Etat à la guerre.
Il met en œuvres les réformes les plus profondes que le
pays ait connues depuis longtemps.
Il a échappé à l’attentat du Petit-Clamart.
CONCLUSION
:
Si
droit nous est donné de mettre en parallèle ces personnages
si antagonistes, force est de remarquer malgré les éléments
qui les rapprochent, que tant leur parcours que leurs ambitions, diffèrent
en tout point.
Si Hitler a souillé l’image de la grande Allemagne, Charles
de Gaulle lui, « a sauvé l’honneur de la nation française
» (Jean Lacouture).
Hitler et de Gaulle étaient nés avec l’envergure
nécessaire pour devenir des dirigeants de haut vol et des rassembleurs.
Ils s’étaient tous deux fixe une mission : Assurer la grandeur
de leurs patries respectives, lui rendre un «service signale »
par amour pour elle et par foi en la capacité de leurs peuples.
Ils firent preuve d’inflexibilité, d’acharnement
dans l’accomplissement de cette mission. Ils surent, au premier
coup d’œil, détecter ceux qui étaient les plus
qualifies pour les suivre et bien servir leurs causes.
Mais les causes finales n’étaient pas les mêmes…
Au niveau méthode, et mis à part la criminalité
hitlérienne, la grande différence est l’usage systématique
par Hitler du mensonge.