I.
Les raisons d’un débarquement britannique sur Madagascar.
Depuis
plusieurs mois, la principale route maritime utilisée par les
britanniques pour rejoindre l’Inde passe par le Cap. L’accès
au canal de Suez est peu sûr, étant donné la forte
activité aérienne au-dessus de la méditerranée
et la présence accrue des U-boats allemands. Mais c’est
surtout la nécessité absolue d’arrêter l’expansion
japonaise qui vise maintenant Madagascar, qui prime aux yeux du commandement
suprême britannique. En effet entre le 31 mars et le 10 avril
1942, les Japonais ont mené une série de raids dévastateurs
sur les ports britanniques de l'Océan Indien, en particulier
sur Colombo, Trincomalee et Batticaloa, situés sur l'île
de Ceylan. La Navy, en tentant de s’interposer perd le croiseur
HMS Hector (F-45), le destroyer HMS Tenedos (H-04), le porte-avions
HMS Hermès (95), le destroyer HMAS Vampire (D-11) et la corvette
HMS Hollyhock (K-64). Ces attaques humiliantes ont conduit la Navy à
déménager dans une nouvelle base, plus lointaine: Kilindini,
proche de Mombasa, au Kenya.
Les britanniques comprennent vite le danger potentiel d'une présence
japonaise dans cette zone. S'ils utilisent les bases de Madagascar et
notamment Diego Suarez (actuellement Antsiranana), le troisième
plus grand port naturel du monde, les forces navales nippones menaceront
les lignes de communication alliées dans une région qui
s'étend du Pacifique à la France, au Moyen-Orient et à
l'Atlantique sud. Cela affectera également le ravitaillement
de la 8e armée et de la flotte britannique de l'Est, dans les
océans Indien et Pacifique. En outre, une invasion de l’île
mettrait également ceux-ci directement à portée
de l’Afrique du Sud. Churchill est inquiet et il télégraphie
à Roosevelt :
-«
Une base aérienne, navale ou sous-marine japonaise serait en
mesure de paralyser la totalité de nos routes maritimes à
destination du Moyen Orient comme de l’extrême Orient ».
Le
Field Marshal et premier ministre Sud-africain Jan Christian Smuts,
envoie également un câble à Churchill où
il fait part de ses préoccupations concernant Madagascar et où
il affirme:
On
craint que les Japonais puissent utiliser des bases sur l'île,
dans leur avance vers le continent africain, de la même manière
qu'ils ont récemment créé des bases en Indochine
pour soutenir leur avance vers la Birmanie, la Malaisie, Singapour,
Bornéo et les comptoirs hollandais de l’Est de l’Inde.
Côté français libres, Le général de
Gaulle aimerait entreprendre une expédition française
pour rallier Madagascar.
Mais suite à son échec devant Dakar, il n’obtient
aucun soutien du côté des britanniques pour la réalisation
de cette opération. En fait, les plans d’invasion anglais
ont déjà été réalisés et il
a été tout simplement décidé que les français
libres seraient laissés de côté. Ceux-ci ressentiront
Cette opération comme un second Mers-el-Kebir…
Pendant ce temps, des négociations entre les forces de l’axe
ont eu lieu entre décembre 1941 et janvier 1942.
Ceci afin de permettre de placer une limite à leurs champs d’action
maritime respectifs sur les océans. La frontière entre
les zones opérationnelles allemandes et japonaises dans l’Océan
Indien est fixée à 70° Est de longitude. Toutefois
des exceptions peuvent être permises si la situation le justifie.
Le 14 mars 1942, l'Amiral Raeder informe Hitler que le Japon a projeté
d'occuper Ceylan et d’établir ensuite des bases sur Madagascar.
Pour cette dernière, les Japonais ont besoin de l'approbation
de leur allié car Madagascar se trouve du côté allemand
de la ligne de délimitation. Il faut aussi que le gouvernement
de Vichy qui contrôle et défend la colonie donne son accord.
Le 27 mars, la Kriegsmarine autorise le franchissement de la limite
navale et demande à l’amirauté japonaise de lancer
des opérations contre les convois Alliés dans l'Océan
Indien. Le 8 avril, le Japon accepte officiellement et dépêche
des sous-marins sur la côte est de l'Afrique. La menace japonaise
se précise alors fortement…
II. Madagascar
en 1942.
Après
l’agression britannique contre la flotte française à
Mers El Kebir, le 03 juillet 1940, le gouvernement de Vichy souhaite
vivement renforcer sa présence Outre-mer afin d’organiser
la défense des ports présentant un intérêt
stratégique.
Dans ce but, il soumet une demande de renforts aériens et maritimes
auprès de la commission d’armistice, mais n'obtiendra que
quelques avions supplémentaires et quelques sous-marins. Dès
l'été 1940, le Gouverneur Général Marcel
de Coppet est limogé par Vichy pour avoir tenté de maintenir
la grande île dans la guerre au coté des Britanniques.
En effet, au cours du mois de juin 1940, suite au message de Lord Halifax
qui demande aux autorités civiles et militaires de tous les territoires
français d’Outre-mer de se battre au côté
des alliés jusqu’à la victoire, Marcel de Coppet
signale à son homologue de la Réunion, le Gouverneur Aubert,
que sa colonie est décidée à résister.
Mais cette position anglophile irrite au plus haut point Vichy. Marcel
de Coppet est remplacé par Léon Cayla, aux idées
politiquement plus correctes. Celui-ci a déjà administré
Madagascar entre 1930 et 1939. Le 11 décembre 1940, le Gouverneur
Général Armand Léon Annet est désigné
pour administrer Madagascar, en remplacement de Léon Cayla. Annet
ne prend réellement ses fonctions d’administrateur colonial
sur l'île que le 11 avril 1941, et prend la place de Victor Marius
Bech, gouverneur général par intérim. Il est favorable
à une administration coloniale française on ne peut plus
loyale au régime du Maréchal Pétain. Il règne
bientôt sur l’île une atmosphère de délation
et d'anglophobie ambiante, une police politique faisant grand usage
d'espions, une cour martiale fraîchement formée pour faire
la chasse aux Gaullistes, bref, un territoire sujet à un régime
arbitraire et autoritaire. Avec les militaires, Annet perpétue
également les traditions coloniales et les troupes, sous le commandement
du général Guillemet, mènent une vie morne de garnison.
Au niveau économique, exportations et importations ont cessé,
le riz indochinois n'arrive plus, il faut produire sur place et vivre
presque en autarcie. Globalement, au début de 1942, l’île
de Madagascar vit encore en marge de la guerre. Toutefois l’administration
en place est plus que jamais fidèle au ministre des Colonies
Jules Brevié.
Celui–ci a d’ailleurs donné à Annet l’ordre
suivant :
-
"Si des sous-marins japonais viennent, ne les traitez pas en agresseurs,
même s'ils restent plus longtemps que ce que la loi permet."
Les
craintes de Londres au sujet d’une occupation japonaise de l’île
Rouge sont donc plus que jamais fondées.
Le
régime de Vichy sait que Madagascar présente un intérêt
stratégique non négligeable. A l’Ouest de l’île,
se trouve la Baie du Courrier, située à l’Est de
toute une série de baies qui se rassemblent dans ce qu’on
appelle la Baie de Diego Suarez et où on peut relever en particulier
la Baie des Français et la Baie des Cailloux Blancs qui sont
parmi les plus importantes.
La Baie du Courrier est largement ouverte vers l’Océan
et vers le Canal du Mozambique mais ce n’est qu’apparent
car cette baie est d’accès extrêmement difficile
car pleine de récifs. La vaste baie de Diego Suarez assure un
mouillage qui en fait le meilleur port de l'océan indien. On
peut y loger toute une escadre.
Elle est quasiment fermée et ne communique avec la mer qu’à
l’Est, par un étroit goulet appelé la passe d’Orangea.
Celle-ci étroite mais profonde présente donc un accès
maritime plus facile et permet aussi de bonnes possibilités de
défense. La France, dès 1895, a reconnu la valeur de l'endroit
et elle y a édifié des installations portuaires et maritimes.
Un arsenal vient d’y être achevé récemment.
Plus au Sud de la Baie de Diego Suarez, se trouve également la
baie de Rigny qui aura son importance dans la bataille.
L’organisation de la défense de toute cette zone a été
conçue et réalisée presque un demi-siècle
auparavant.
En
1897 ce sont le Maréchal Lyautey et le futur Maréchal
Joffre, artilleur qui ont mis en place l’essentiel de la défense
de la région de Diego Suarez, en s’appuyant sur quelques
points de défense conçus pour protéger des secteurs
d’approche jugés essentiels : Antsiran, la presqu’île
d’Orangea, et la presqu’île de Diego Suarez, juste
au Nord d’Antsiran. En 1942, les défenses de l’époque
sont toujours pratiquement en l’état et n’ont été
ajoutées comme défenses fixes qu’une batterie d’artillerie
de 138mm vers la Baie du Courrier, et une batterie d’artillerie
de 164mm dans la presqu’île d’Orangea, face à
l’Est, pour protéger l’entrée de la Baie de
Diego Suarez. Ces défenses sont des plus modestes car elles sont
conçues à partir de fortins tout à fait élémentaires
avec des lignes de tranchées ou de fossés anti-chars très
nettement insuffisants.
Pour
l’armée de terre, la garnison, sous le commandement du
général Guillemet et du capitaine de vaisseau Maerten,
est forte d'environ 4 000 hommes, dont 800 européens, mais elle
est hétéroclite. L’infanterie comprend principalement
deux Régiments Mixte Malgaches et un Bataillon de Tirailleurs
Malgaches. Ils sont composés de quelques cadres français,
d’un nombre relativement important de tirailleurs sénégalais
et pour le reste de tirailleurs malgaches dont la valeur militaire est,
pour le moins, contestable. Ces régiments ne comportent véritablement
que trois bataillons à trois compagnies de combat, d’une
importance modeste et dont la dotation en armement est assez faible.
Par compagnie, on trouve en armement lourd, 4 ou 5 mitrailleuses et
7 ou 8 fusils-mitrailleurs.
L’armement standard du fantassin malgache reste encore le vieux
Lebel.
L’armée de l’air dispose près d’Antsiran,
de quelques avions obsolètes sur le terrain d’aviation
de Diego Arrachart,
Ce sont principalement des Morane et des Potez, qui ne peuvent guère
être utilisés que pour la reconnaissance et avec lesquels
les aviateurs ont peu l’occasion de s’entraîner, faute
d’essence. Une autre base, plus éloignée, avec 11
MS 406 opérationnels, se trouve à Tannanarive-Ivato.
La principale force de défense de Madagascar reste la Marine
Nationale. A Diego Suarez, le 5 mai 1942, on trouve le croiseur auxiliaire
"Bougainville", un bananier armé en guerre qui a servi
à diverses missions dans l’Océan Indien et au ravitaillement
de Djibouti; l’aviso colonial "d’Entrecasteaux",
(participe à la bataille de Dakar en Septembre 1940) et quelques
sous-marins dont le "Béveziers", en arrêt technique
dans l’arsenal d’ Antsiran. En mer, le sous-marin "Héros"
est en route vers Djibouti au moment de l’attaque et le "Monge",
autre submersible de 1500t, se trouve à la Réunion.
III. L’opération IRONCLAD, 5 au 7 mai 1942.
Pour
l’Amirauté britannique, détenir Madagascar permet
d’avoir une base prête à soutenir la 8ème
Armée dans le Nord de l’Afrique comme d’avoir un
tremplin pour renforcer la 14ème Armée en Birmanie. L’île
Rouge et son administration favorable à Vichy est donc considérée
comme tenue par l’ennemi et une opération amphibie est
décidée pour s’en emparer.
Les Sud-africains promettent leur concours, quant aux américains,
ils refusent de s'associer à cette attaque. Roosevelt espère
encore une attitude conciliatrice de Vichy avec laquelle il préfère
traiter plutôt qu’avec « le dérangeant »
De Gaulle. Il a envoyé l'amiral Leahy comme ambassadeur extraordinaire
auprès du Maréchal Pétain. Pendant ce temps, à
Alger, le consul Murphy s'active car l’Opération Torch
ne tardera plus à se déclencher. Les sud-africains se
préparent également à accueillir et à ravitailler
le futur convoi d'invasion. Ils mettent leurs forces aériennes
à disposition des britanniques pour mener notamment des missions
de reconnaissance. Le 22 avril 1941, l'Afrique du Sud rompt officiellement
ses relations diplomatiques avec le gouvernement de Vichy.
Pour mener à bien l’expédition, Un convoi naval
de plus de 50 navires de la Royal Navy a été prévu.
C’est le plus puissant rassemblé par les alliés
depuis le début de la guerre. Les bâtiments proviennent
de la Force H, de la British Home Fleet et de la flotte britannique
de l'Est, commandée par l'Amiral Edward Neville Syfret. Ce convoi,
une fois rassemblé à Durban, sur la côte Est de
l’Afrique du Sud, comptera notamment 2 navires de guerre de type
cuirassés, 2 porte-avions, 2 croiseurs, 13 destroyers, 8 corvettes
et 4 dragueurs de mines. Le 29 avril, après avoir été
ravitaillé, il traverse l’Océan Indien, emportant
une force d’invasion composite qui inclue la 29th Indépendent
Brigade, la 13th Brigade britannique et une partie de la 17th Brigade.
Son objectif est de débarquer plus de 15000 hommes en deux jours.
IV.
Composition de la force d’invasion.
Forces
navales (Force 121).
Cuirassés
:
HMS
Ramillies (07), Classe Royal Sovereign
HMS Malaya (01), Classe Queen Elizabeth, retour à Freetown 18/04/42,
détaché Force H, à Gibraltar
Porte-avions
:
HMS
Illustrious (87), Classe Illustrious
HMS Indomitable (92), Classe Illustrious
Croiseur
lourd:
HMS
Devonshire (39), Classe London
Croiseur
léger :
HMS
Hermione (74), Classe Dido
Destroyers
:
HMS
Active (H-14), Classe A (coule le sous-marin Monge, le 08/05/42)
HMS Anthony (H-40), Classe A
HMS Duncan (D-99), Classe D
HMS Inconstant (H-49), Classe I
HMS Javelin (F-61), Classe J
HMS Laforey (G-99), Classe L
HMS Lightning (G-55), Classe L
HMS Lookout (G-32), Classe L
HMAS Nizam (G-38), Classe N, bâtiment australien
HMAS Norman (G-49), Classe N, bâtiment australien
HMS Pakenham (G-06),Classe P
HMS Paladin (G-69), Classe P
HMS Panther (G-41), Classe P, (Coule le sous-marin Monge, le 08/05/42)
Corvettes
:
HMS
Freesia (K-43), Classe Flower
HMS Auricula (K-12), Classe Flower (coulé le 06/05/42)
HMS Nigella (K-19), Classe Flower
HMS Fritillary (K-199), Classe Flower
HMS Genista (K-200), Classe Flower
HMS Cyclamen (K-83), Classe Flower
HMS Thyme (K-210), Classe Flower
HMS Jasmine (K-23), Classe Flower
Dragueur
de mines :
HMS
Cromer (J-128), Classe Bangor
HMS Poole (J-147), Classe Bangor
HMS Romney (J-77), Classe Bangor
HMS Cromarty (J-09), Classe Bangor
Transports
d’assaut :
SS
Winchester Castle (Landing Ship Infantry)
SS Royal Ulsterman (LSI)
HMS Keren (LSI), (transporte notamment le 2nd Bn. Royal Scots Fusiliers)
SS Karanja (LSI)
MS Sobieski, navire Polonais Libre (LSI)
Transports
de troupes civils mobilisés :
SS
Oronsay, paquebot, (transporte notamment le 1st Bn. Royal Scots Fusiliers)
SS Duchess of Atholl, paquebot canadien
SS Franconia, paquebot
SS Llandaff Castle, paquebot
"Special"
ships :
HMS
Derwentdale (Landing Ship Tank), transport engins amphibie motorisé
et chars
HMS Bachaquero (LST), transport et débarquement de chars, ex-cargo
vénézuélien de Maracaibo
Transports
logistiques de ravitaillement et médicaux :
HMS
Empire Kingsley, cargo
HMS Thalatta, cargo
HMS Mahout, cargo
HMS City of Hong Kong, cargo
HMS Mairnbank, cargo
HMS Martand , cargo
HMS Atlantis,navire hôpital n°33 (où seront soignés
les blessés du Béveziers. Chargera aussi les blessés
de l’Auricula, transbordés du SS Batori)
HMS British Loyalty (pétrolier), coulé le 30/05/42 par
le sous-marin de poche japonais, M-20b.
MS Batori (transatlantique polonais, reconverti en navire hôpital,
accueille les blessés du HMS Auricula)
Le
débarquement aura lieu en trois vagues d’assaut successives
et le commandement britannique espère ne rencontrer qu’une
faible opposition Vichyste.
Forces
terrestres.
1ère
vague d’assaut:
Commando
No. 5
29th
Infantry Brigade (Brigadier General Festing)
- 2nd South Lancashire Regiment
- 2nd East Lancashire Regiment
- 1st Royal Scots Fusiliers, (Lieutenant-Colonel J. F. Armstrong)
- 2nd Royal Welch Fusiliers
- 455th Independent Light Battery (Royal Artillery)
- 145th Light Anti-Aircraft Troop
- 236th Field Company, Royal Engineers
- 1 compagnie MG (mitrailleuses)
- unités sanitaires et de transmissions
2ème
vague d’assaut:
17th
Infantry Brigade Group, 5th Division (Brigadier general Tarleton)
- 2nd Royal Scots Fusiliers, (Lieutenant-Colonel I. D. Maclnnes)
- 2nd Northamptonshire Regiment
- 6th Seaforth Highlanders
- « B » Special Service Squadron, R.A.C, (4 Troops équipées
chacunes de 2 chars légers Tetrach et un char moyens Valentine)
- 9th Field Regiment (Royal Artillery) ou 91st?
- 38th Field Company Royal Engineers
- 141st Field Hospital Royal Army Medical Corps
- unités sanitaires et de transmissions
3ème
vague d'assaut (débarque près de Diego Suarez, le 06/05/42):
13th
Infantry Brigade (5th Division)
- 2nd Cameronians
- 2nd Royal Inniskilling Fusiliers
- 2nd Wiltshire Regiment
Royal
Air force.
Embarqué
sur le porte-avions Illustrious :
-881st
Squadron : 12 Grumman martlet II (Lieutenant Col J.C Cockburn)
-882nd Squadron : 8 Grumman martlet I, 1 Fairey Fulmar NFI (Lieutenant
Col. H.J.F Lane)
-810th Squadron : 10 Fairey Swordfish II (Lieutenant Col. R.N Everett)
-829th Squadron : 10 Fairey Swordfish II ASV (Lieutenant Col. F.M Griffiths)
Embarqué
sur le porte-avions Indomitable :
-800th
Squadron : 8 Fairey Fulmar II (Lieutenant Col. J.M Bruen)
-806th Squadron : 4 Fairey Fulmar II (Lieutenant Col. J.N Garnett)
-880th Squadron : 6 Hawker Sea hurricane IB (Lieutenant Col. F.E.C Judd)
-827th Squadron : 12 Fairey Albacore I (Lieutenant Col. D.K Buchanon-Dunlop)
-831st Squadron : 12 Fairey Albacore I (Lieutenant Col. P.L Mortimer)
Forces
aériennes sud-africaines (S.A.A.F):
20th
South African Air Force Squadron (colonel SA Melville), opérant
à partir de Lindi (Tanganyika), en Afrique du Sud. Se pose sur
Arrachart le 13 mai. 1ère sortie opérationnelle le 15
mai.
-Flight
32 : 5 Glen Martin Maryland (Major D. Meaker)
-Flight 36 : 6 Bristol Beaufort (Major J. Clayton)
-Flight 37 : 1 Glen martin Maryland et 5 Bristol Beaufort (Major K.
Jones)
-12 Lockheed Lodestar de transport, 6 JU 52 (Lt Colonel Durrant)
- 6 Lysander (433rd Army Co-peration Flight)
V.
Les troupes fidèles à Vichy sur Madagascar.
Marine
Nationale
Aviso
colonial:
D’Entrecasteaux
( PG-79), coulé le 06/05/42
D'Iberville (PG-82), Cdt CF Mas de St Maurice, stationné à
Androka, le 05/05/42
Croiseur
Auxiliaire:
Bougainville
(ex Victor Schoelcher), coulé le 05/05/42
Sous-marins:
Le
Béveziers (Q-179), (Lieutenant de Vaisseau B. Richard)
Sous-marin de première classe de grande patrouille, type 1500t,
Classe Pascal, coulé le 05/05/42
Le Héros (Q-170), (Lieutenant de Vaisseau Lemaire)
Sous-marin de première classe de grande patrouille, type 1500t,
Classe Pascal, coulé le 07/05/42
Le Monge (Q-144), (Lieutenant de Vaisseau Marcel Delort)
Sous-marin de première classe de grande patrouille, type 1500t,
Classe Pascal, coulé le 08/05/42
Le Glorieux (Q-168), Lieutenant de Vaisseau Bazoche, stationné
à Majunga, le 05/05/42
Sous-marin de première classe de grande patrouille, type 1500t,
Classe Pascal
*
Plus quelques autres batîments légers qui ne prendront
pas part à la bataille.
Les
Forces Terrestres.
Pointe
Nord et côte Ouest de l’île:
2ème
Régiment Mixte Malgache (Colonel Rouves)
- 1er Bataillon du 2ème Régiment Mixte Malgache (Antsirane)
- 2ème Bataillon du 2ème R.M.M (Camp d’Ambre, Diego
Suarez)
- 3ème Bataillon du 2ème R.M.M (1ère Cie à
cap Diego, 2ème Cie à la batterie d’orangea, 3ème
Cie à la batterie de la Baie du courrier, à l’observatoire
de Windsor Castel et à la Baie d’Ampasindava (Ambanja).
2
sections de réservistes et de volontaires à Nossi-Bé
1 Bataillon du 1er RMM à Majunga dont 1 compagnie à Maevatanana
Côte
Est:
1
Bataillon du 1er RMM à Tamatave dont 1 compagnie à Brickaville
1 Section d'artillerie (75mm) à Tamatave
Centre
de l'île:
1
Bataillon du 1er RMM à Tananarive
1 Détachement Motorisé de Reconnaissance à Tananarive
(2ème R.M.M)
Batterie d'Artillerie Coloniale de l'Emyrne à Tananarive (B.A.C.E)
1 Section d'artillerie (75mm) à Tananarive
1 Compagnie du génie à Tananarive
1 Compagnie du Bataillon de Tirailleurs Malgache à Fianarantsoa
Sud
de l'île:
1
compagnie du Bataillon de Tirailleurs Malgache à Fort dauphin
1 compagnie du Bataillon de Tirailleurs Malgache à Tuléar
*
un Bataillon de Légion Etrangère est par deux fois mentionné
dans les comptes-rendus de la 29th independent Brigade et du N°
5 Commando. Auquel cas, ce pourrait être le B.L.E.M (Bataillon
de Légion Etrangère de Madagascar). Mais aucun document
en ma possession n’a pu en attester. En outre une confusion britannique
est possible.
Les
Forces Aériennes.
Escadrille
de chasse 565 et Escadrille de renseignement 555, amalgamées
en Groupement Aérien Mixte (Capitaine Léonetti)
Base
aérienne 181 (BA 181), à Ivato:
EC
565 : 17 Morane Saulnier MS 406, dont 11 en état de vol (Capitaine
Bachet)
ER 555 : 6 Potez 63.11 (Lieutenant Le Boedec)
Détachement
G.A.M à Diego Arrachart:
6
Potez 63.11 (Lieutenant Rossigneux)
5 MS 406
2 biplans Potez 25 TOA (évacuation sanitaire)
quelques Potez 29 (évacuation sanitaire)
VI. Combats sur
mer et dans le ciel à Diego Suarez.
Il
est 5h10 du matin. L’aurore point à peine, lorsque les
britanniques débutent leurs opérations aériennes.
Des reconnaissances aériennes discrètes ont déjà
été menées les jours précédents par
la South African Air Force. L'affrontement débute vers quatre
heures quand des Martlet abattent le lieutenant Rossigneux à
bord de son Potez 63.11. La Navy entame ensuite un bombardement sur
la péninsule d’Orangea.
Les marins à Diego Suarez sont réveillés brutalement
par des explosions de bombes et de torpilles.
Des avions torpilleurs Swordfish et Fairey Albacore lancent une attaque
contre les bâtiments dans la rade. Simultanément les Sea
Hurricane IB du 880th Squadron ont décollé du pont du
porte-avions Indomitable. Avec comme Leader, le Lieutenant R.J. Cork,
ils mènent un raid contre le camp d’aviation Arachart,
au Sud d’Antsiran. A six heures, tous les avions de la base sont
hors de combat (2 Potez 63.11 détruits au sol, 5 MS 406 perdus
lors de la destruction de leur hangar, 3 Potez 63.11 détruits
en combat aérien par le 881st Squadron, 2 MS 406 endommagés
au sol) et les installations sont sérieusement touchées.
Certains avions lâchent des tracts réclamant la reddition
immédiate et inconditionnelle de l'île, pendant que d’autres,
pour ajouter à la confusion, larguent de faux parachutistes.
Les
pertes sont également importantes pour la marine. Le "Bougainville",
mouillé en baie de la Nièvre, est touché vers 05h10
par une torpille à l'arrière lors d’une attaque
lancée par 5 à 6 avions Swordfish. Une seconde torpille
le touche à l'avant quelques minutes plus tard. Il prend feu
et s'enfonçe par l'arrière tandis que sa DCA continue
de tirer.
Son équipage qui compte un tué et une cinquantaine de
blessés, est recueilli par les embarcations et les remorqueurs
de l'arsenal. La plupart de ces marins participeront ensuite à
la défense terrestre. Le commandant du Bougainville, le Capitaine
de Frégate Fontaine sera tué au combat le lendemain. L’aviso
colonial "d’Entrecasteaux", échappe à
la destruction car son faible tirant d’eau lui permet de voir
miraculeusement les torpilles lui passer dessous. Le "Bézéviers"
se fait « cueillir » par le bombardement alors qu’il
appareille avec à peine 2/3 de son équipage, pour tenter
de sortir de la grande rade, vers 6 h00. La faible profondeur de la
darse ne le met pas à l'abri des avions torpilleurs. Trois Swordfish
le grenadent, il est alors touché et commence à dériver.
Il subit deux nouvelles attaques qui atteignent sa coque.
A 6h 10, le sous-marin commence à couler. Le commandant fait
faire surface et tout l'équipage évacue le sous-marin
qui sombre. C’est alors qu’un des trois Swordfish vire,
revient sur le lieu de l’attaque et mitraille les naufragés,
faisant cinq tués et de nombreux blessés parmi les marins
du Béveziers.
Dès le début de la matinée du 5 Mai, la Marine
française, entièrement surprise, a donc perdu la quasi
totalité de ses moyens. Pour les défenseurs de Madagascar,
il ne peut plus y avoir de combat que pour l’honneur. La RAF ne
déplore que la perte de cinq appareils, des Swordfish appartenant
tous au 829th Squadron.
Toutefois, le sous-marin « Le Glorieux » s’en tire
plutôt bien. Au mouillage à Majunga depuis le 2 mai pour
réparer ses deux moteurs diesels, il a déjà appareillé
pour la Baie du courrier, lorsque l’attaque britannique se déclenche.
Il tente sans succès de torpiller l’Illustrious, puis il
rejoint le "D'Iberville" à Androka, au Sud-Ouest de
l'île.
Le 16 mai, ils mettent ensembles le cap sur Dakar, toutes liaisons radios
coupées avec Diégo Suarez.
Le "D'Iberville" ravitaille en pétrole "Le Glorieux"
et les vivres et l'eau douce sont rationnées. Le 20 juin, le
croiseur auxiliaire "Quercy" vient à la rencontre du
convoi qui se traîne péniblement sur un moteur Diesel pour
économie de carburant et les ravitaille en pétrole, eau
et vivres frais. Finalement, Le convoi arrive à Dakar le 22 juin
et débarque ses équipages éprouvés et fatigués,
d’avoir passé 47 jours de mer dans des conditions particulièrement
pénibles.
Le commandement à Diego Suarez est désemparé, mal
informé et les communications sont très difficilement
établies.
Il n’a pas encore d’idée précise des objectifs
de l’invasion britannique. En fait, à cet instant, il ignore
que le débarquement en Baie du Courrier est en cours, et pensent
que les Anglais tentent de débarquer en Baie de Rigny.
En outre, il ignore que la batterie de 138mm de la Baie du Courrier
a été neutralisée par un commando anglais, pratiquement
sans effusion de sang, et que les transmissions ont été
sabotées. La perte de la batterie de la Baie du Courrier et le
débarquement anglais ne seront véritablement connus à
Diego Suarez que vers onze heures du matin, quant un marathonien ayant
couvert la distance à pied entre cette Baie et Antsiran apporte
ces tristes informations. On doit ces troubles dans les communications
à l’action du Mauricien Percy Mayer qui vivait sur Madagascar
et était chef de mission du SOE. Agissant sous les ordres du
Lieutenant Colonel Todd, il relevait depuis des mois, des informations
sur les ports, les mouvements maritimes, les ponts et les communications.
Son épouse les transmettait ensuite en Afrique du Sud. La veille
du débarquement, il se rendit lui-même sur le terrain pour
saboter les fils téléphoniques entre Diego Suarez et la
Baie du Courrier.
VII. L’action
du commando n°5.
A
L’aube du 5 mai, le convoi britannique 121 se positionne à
hauteur des Baies du Courrier et d’Ambarata, sur la côte
Nord-Ouest de Madagascar. Il se situe alors à environ 11 miles
de Diego Suarez. Les dragueurs de mines et les plongeurs dégagent
un chenal à travers les mines nautiques. Ils ne rencontrent pas
d’opposition. Malgré toutes ces précautions, la
Navy perdra pourtant la corvette Auricula qui sautera dans la journée
sur une mine au large, à 13H15. Ce navire sombrera le lendemain
vers 10h00.
Le commandement français ne s’attend pas à une attaque
de ce côté de l’île. Il juge que cette partie
du littoral est impénétrable à une force navale
à cause des nombreux récifs coralliens. Mais la Navy a
depuis longtemps étudié les fonds marins à cet
endroit et n’a pas tardé à découvrir un passage
par lequel la force de débarquement s’est infiltrée.
Les
forces de la première vague sont prêtes pour partir à
l’assaut des cinq secteurs désignés :
Red
beach :
- Commando n°5
- 2nd East Lancashire Regiment ( Cie B )
White
Beach :
- 2nd Royal Welsh Fusiliers( Cies A et B )
- 2nd South Lancashire Regiment
- QG de la 29e Brigade
Blue
Beach :
- 2nd East Lancashire Regiment ( Cies A et C )
- 2nd Royal Welsh Fusiliers( Cie C)
Green
Beach :
- 1st Royal Scots Fusiliers
Les premiers combattants à débarquer appartiennent au
commando britannique N°5 (dépendant de la 3rd Commando Brigade).
Commandés par le Lieutenant Colonel W. Sanguinetti, ils ont embarqué
à Glasgow le 23 mars 1942, à bord du Winchester Castle
qui s’est joint au rassemblement des convois. Le commando s’est
aguerri au combat lors des opérations Acid drop en juillet 1941
contre Hardelot et Merlimont puis lors de l’opération Chariot
à St Nazaire, en mars 1942. Il représente un effectif
de 365 hommes parfaitement entraînés et expérimentés.
Les barges s’approchent à 04h30 de la plage. Au dessus
d’elle s’élève une petite falaise haute d’une
quinzaine de mètres et nommée Windsor Castle. Elle sert
d’observatoire à la fameuse batterie d’artillerie
côtière de 138mm qui est l’objectif à réduire
au silence, avant le débarquement. Bénéficiant
de l‘effet de surprise, les commandos entament silencieusement
l’escalade de la paroi et surprennent totalement les artilleurs,
pour la plupart endormis. Ils s’emparent d’un bond de la
position et capturent quelques officiers et sous-officiers français
ainsi que des soldats malgaches et sénégalais. La position
est fermement tenue et permet ainsi aux troupes du Général
Sturges d’entamer leur débarquement dans de bonnes conditions.
A 04h45, les Royal Scots Fusiliers et Welsh Fusiliers débarquent
à leur tour. Ils ne rencontrent pas de résistance terrestre
mais son pris à parti par un avion qui les mitraille au sol.
(Lt Rossigneux ?)
Tôt dans la matinée, une contre-attaque vichyste est lancée
contre la batterie occupée. La charge et menée par deux
sous-officiers français, à la tête d’une section
regroupant environ 40 soldats coloniaux.
Les commandos repoussent leurs assaillants à la baïonnette
et les deux cadres français sont tués. Les hommes restants
alors sans chef, jettent leurs armes et se constituent prisonniers.
Les pertes britanniques sont légères : quelques commandos
et le Captain « Chips » Heron ont été blessé
dans un traquenard. L’officier s’est avancé avec
ses hommes pour accepter la reddition d’un groupe d’observateurs
d’artillerie levant le bras en haut de la colline. Mais par dessus
les rangs français quelques grenades sont lancées et éclatent
parmi le groupe de commandos. Les britanniques ripostent immédiatement
et les abattent.
VIII. Le baroud
d’honneur du PG-79 d’Entrecasteaux.
Sur
les plages, le débarquement se poursuit mais il est sérieusement
ralenti par l’action de l’aviso D’"Entrecasteaux".
Celui-ci a réussi à l’aube, à échapper
aux torpilles britanniques et à sortir de la rade. Pendant toute
la journée du 5 mai, il va combattre à l’intérieur
de la Baie de Diego Suarez, évitant les torpilles et les bombes,
manoeuvrant dans tous les sens, mais sans être touché trop
sérieusement. Le général Sturges, commandant les
troupes de débarquement, demande au HMS Ramillies d'éliminer
le d'Entrecasteaux dont le tir précis empêche le progression
à terre. Mais malgré tous ses efforts, il ne parvient
pas à couler l’Aviso. Néanmoins, le D’Entrecasteaux
reçoit des éclats qui lui font des voies d’eau.
En fin de journée il vient se mettre à l’abri dans
la Baie des Cailloux Blancs et s’y échoue par des petits
fonds, de façon à pouvoir continuer sa mission. Avec son
artillerie de 138, il continue à prendre le convoi sous ses feux
et arrête notamment la progression d’une batterie d’artillerie
qui tente de rallier le Cap Diego. Le 6 mai, la Royal Navy parvient
enfin à repérer et à endommager le bâtiment
français qui les harcèle et les exaspère depuis
36 heures. Les explosions à bord tuent un officier et quinze
officiers mariniers et matelots, l’aviso coule partiellement.
Il sera renfloué en 1943 et reprendra du service en 1944.
IX.
Un assaut amphibie réussi.
La
29ème Brigade Indépendante a achevé son débarquement
sur deux plages dans la Baie d'Ambararata et s’avance maintenant
dans la mangrove entre les palétuviers sur l'isthme d’Antsirane.
De la plage, L’amiral Syfret décide d’envoyer un
message radio à destination du commandant français. Dans
celui-ci, il déclare que l'occupation britannique de l'île
est dans l'intérêt commun de la France et des alliés
et lui assurance son amitié et son respect.
Il souhaite avant tout éviter un bain de sang inutile. Au 1er
Bn. Royal Scots fusiliers, le colonel Armstrong a attendu que sa compagnie
“D” rejoigne le reste du Bataillon. Un groupe de reconnaissance
a déjà poussé à l'intérieur des terres.
Le bataillon le suit à dix minutes d’intervalle et progresse
alors à cadence forcée. Aucun véhicule n’a
encore été débarqué et il faut porter à
dos d’hommes munitions, mitrailleuses, mortiers de 3 pouces et
vivres pour 48 heures.
Les hommes souffrent de la chaleur et fatiguent vite mais il n'y a pas
de pause, la vitesse est essentielle pour garantir la surprise dans
l'attaque. Une course s’engage pour traverser l’isthme entre
le 1er Bn. Royal Scots Fusiliers, parti de Green beach et le 2nd Bn.
Royal Welch Fusiliers du Colonel Stockwell, parti de White beach, sur
une piste de fortune courant entre Ambararata et Mangoky. Le bataillon
qui atteindra le premier la sortie de l’isthme se verra confier
la mission de marcher directement sur le port d’Antsirane pendant
que l'autre aura la tâche secondaire de s’emparer et de
tenir l'aérodrome d'Arrachart, à 8 kilomètres au
Sud de la ville. Ce sont finalement les fusiliers gallois qui gagnent
de justesse cette course. A la tombé de la nuit les deux unités
font leur jonction puis sont engagées dans de durs combats devant
Antsirane.
Après les combats autour de la batterie de 138mm (No.7 Coast
Defence Battery), les marines du Commando N° 5 ont été
rejoints par le 2nd Bn. Lancashire Regiment. Ils se réapprovisionnent
lourdement en munitions et en grenades puis entreprennent de remonter
pendant 29 kilomètres l’isthme du Cap d’Ambre jusqu’à
Cap Diego. Ils s’avancent sous un vent chaud et une chaleur étouffante.
Un sévère accrochage a lieu contre une unité de
la Légion étrangère. Finalement les légionnaires
se rendent et font soigner leurs 50 blessés par les britanniques.
Le commando numéro 5 participe à la réduction de
poches de résistances locales tenues par des coloniaux (notamment
au fort de Bellevue) et à 11h00, s’empare de la ville d’Ambilobe.
X. Coup d’arrêt
au Col de Bonne Nouvelle.
Diego
Suarez est toujours aux mains des troupes vichystes. Le reste de la
29th Independant brigade reçoit l’ordre de s’en emparer
et entame son avance dans la plaine d’Anamakia, s'étendant
entre la Baie de Courrier et la Baie de Diego Suarez. C’est une
plaine semi désertique, couverte par endroit de hautes herbes,
de cactus, de roches et de buttes sablonneuses. Ses reliefs naturels
la rendent propice aux embuscades et au harcèlement des tireurs
d’élites.
Le seul point dominant qui permet une observation lointaine est un éperon
qui contrôle le Col de Bonne Nouvelle.
Cet éperon, qui après la bataille portera le nom de «
Montagne des Français », domine la Baie Sud de Diégo
et la ville et culmine à 425m.
Vers 9h30 du matin, les hommes du 2nd Bn. Royal Welch Fusiliers se trouvent
à l’Ouest du village d’Anamakia.
Sur la route Ambararata-Antsirane, ils stoppent aux Salines d'Anamakia,
un véhicule et font prisonnier un officier de marine français
accompagné de trois supplétifs. Après avoir été
interrogé, l'officier de marine reçoit alors une lettre
de l'Amiral Syfret pour le Gouverneur d'Antsirane, puis il est laissé
libre de repartir dans son automobile.
Cette lettre aura apparemment une influence sur les événements
qui suivront. Le message contient sensiblement les informations suivantes
:
-«
Les forces qui luttent pour restituer la liberté dans le monde
et protéger le libération de la France et des territoires
français demandent la capitulation inconditionnelle de Diego
Suarez afin d’éviter le massacre.
Les Alliés ne convoitent pas un pouce du territoire français.
Les bases navales resteront françaises et seront restituées
après la guerre. Les salaires coloniaux et les pensions seront
honorés. Le rapatriement vers la France métropolitaine
sera autorisé et le commerce rétabli. »
A Antsirane, le Gouverneur militaire général Annet, pense
savoir où son devoir se trouve. Conformément aux ordres
de Vichy, Il luttera fermement. Il a déjà repoussé
des ouvertures britanniques précédentes, en déclarant
qu'il défendrait la ville jusqu’au dernier homme. Dans
la journée, il reçoit un message du Maréchal Pétain,
l'enjoignant de résister à l'attaque britannique :
-
« Je suis au coté du commandement militaire dans cette
tragique épreuve où il défend l'honneur de la France.
»
Mais
pour l'instant le Gouverneur Général n'a aucun renseignement
précis sur la direction de l'offensive.
Les attaques de diversions réussies à Diego Suarez et
sur l’aérodrome d’Arrachart ont semé le trouble
et la confusion dans les rangs français. Des ordres sont rapidement
donnés pour protéger les intérêts français
sur l’île. Ainsi, le cargo Cargo Général Duchesne,
parti du port de Tamatave le 5 mai, au petit jour pour ravitailler Djibouti
en bétail, reçoit l’ordre de faire demi-tour et
d’aller se réfugier à Mayotte (il y sera saisi par
les anglais le 22 juin 1942).
L'arrivée de l'officier de Marine, porteur de la lettre du commandant
en chef britannique, indique enfin au Gouverneur Annet que le danger
vient de l'Ouest. Très vite, le commandement français
se ressaisit et obtient des renseignements locaux sur l’avance
des britanniques. Une ligne de défense hâtive est organisée
et la progression des troupes anglaises se trouve rapidement stoppée
devant Antsirane comme en direction de Diégo Suarez.
Les français s’organisent surtout le long de la ligne G-H
(G et H étaient les noms de deux fortins), qui protège
la presqu’île d’Antsirane. Cette presqu’île
présente la forme d’un doigt qui s’avance dans au
Sud de la Baie de Diego Suarez et sa largeur n’excède pas
2 à 3 kilomètres. Une compagnie du 2ème Régiment
Mixte Malgache s’y trouve déjà. Elle est bientôt
renforcée par quelques canons de 75mm mobiles et d’un détachement
de 130 marins dont les bâtiments ont été coulés
dès l’aube (essentiellement provenant du "Bougainville"et
du "Béveziers").
Sous le commandement du Capitaine de Frégate Fontaine, commandant
du "Bougainville", assisté du Capitaine de Corvette
Magyar, son second et du Lieutenant de Vaisseau Richard qui commandait
le "Béveziers", Ces marins tentent d’arrêter
les Anglais sur la ligne G-H. Les troupes sont peu armées et
les marins doivent tenir environ 2000m de front..
A 11h15, l’avance
du 2nd Royal Welsch Fusiliers est stoppée. Les véhicules
de tête sont pris sous un feu nourri en provenance des positions
protégeant le col de Bonne Nouvelle, solide poste avancé,
équipé d’emplacements de mitrailleuses, de tranchées
et d’abri. Deux compagnies sont envoyées par le flanc pour
tenter de déloger les défenseurs. Mais les français
tiennent le col fermement. Il faudra attendre l’intervention de
4 chars Valentine venus d'Anamakia pour appuyer les Welch et détruire
les nids de mitrailleuses. L'infanterie ne parviendra finalement à
s’emparer du col qu’à 16h15, après un assaut
à la baïonnette, pendant lequel deux officiers gallois et
plusieurs soldats seront tués.
Les britanniques se rendent vite compte qu'ils ont des cartes du secteur
assez imprécises et que qu'ils doivent être éclairés
et renseignés en profondeur. Dans ce but, trois chars légers
Tétrach contournent le col de Bonne Nouvelle et entament leur
reconnaissance vers Antsirane.
Mais dès midi trente, il sont en contact avec lles français
sur la ligne G-H, près du point 48 entre Con Rosina et Con barriquand.
Un char détruit immédiatement une mitrailleuse montée
sur un véhicule, mais ils sont aussitôt pris pour cible
par les canons de 75mm, qui couvrent le débouché de la
route. Les combat dans ce secteur vont être âpres et durer
toute l'après-midi. Ils impliqueront la 29ème et la 17ème
Brigade.
XI.
L' efficacité des 75mm français.
Dès
le début de l'attaque, Les canons de 75mm français sont
fidèles à leur réputation. Au premier obus, Le
char de tête est touché et son pilote tué. Peu après,
le char du Commandant d'Escadron est touché à son tour.
Sans contrôle, il descend la route sur 100m et percute une barrière
rocheuse. Bientôt, les deux chars sont en flammes. Un chef de
char est tué et son tireur, grièvement brûlé,
décède de ses blessures peu après.
L'officier du second Tetrarch touché, débarque alors,
se saisit d'un fusil mitrailleur Bren, s'entoure des équipages
valides et tente de s'attaquer aux positions d'artillerie. Mais il est
bloqué par le feu des défenseurs qui le repèrent
rapidement et tentent par trois fois d'anéantir le petit groupe
britannique. Encerclés, les tankistes, à cours de munitions
seront fait prisonniers à 15h45. L' adjoint au Commandant d'Escadron,
tué durant les combats, sera décoré pour son action
courageuse (il s'agit du Captain Peter Llewellyn-Palmer qui fut recommandé
pour la Victoria Cross, mais reçut finalement la Military Cross,
à titre posthume). A la tombée de la nuit, les britanniques
sont fixés partout et ne peuvent se redéployer. Ils ont
perdu de nombreux chars. Sur les 12 blindés que compte la Force
de débarquement, il ne reste plus que 3 Tetrach et 1 Valentine...
Le lendemain, les anglais tentent un assaut frontal sur la ligne G-H.
Celui-ci échoue car les Français contre-attaquent et reprennent
le terrain perdu.
XII. Prise d'Antsirane
Le
07 mai, une manœuvre à revers est alors tentée pour
contrer cet échec. 50 Royal Marines sont transférés
du HMS Ramillies, à l’ancre dans la Baie du courrier vers
le destroyer HMS Anthony. Celui-ci entreprend le contournement de l’île
par le Nord, rentre dans le port à la faveur de l’obscurité,
longe les quais et dépose ses troupes à 20h00, directement
au cœur des infrastructures portuaires d’Antsirane. Les Royal
Marines ont reçu l’ordre de s’attaquer à tout
type d’objectif excepté l’arsenal et le dépôt,
présumés fortement défendu. Mais leur progression
est rapide, en une demi-heure ils sont maîtres du secteur y compris
de ces deux points clefs, en ne perdant seulement qu’un homme.
Antsirane tombe finalement le 07 mai et les troupes françaises
reçoivent les honneurs de la guerre par les Britanniques. L’action
audacieuse de commandos a permis de préserver la ville de destructions
certaines et a évité à l’armée britannique
de coûteuses pertes supplémentaires en combat urbain. Quant
à la ligne G-H, elle tombe finalement au cours de la nuit du
6 au 7 Mai. C’est dans la soirée du 6 Mai que les Anglais
réussissent à percer la ligne en son centre et entourer
les derniers points de défense que tiennent encore les marins.
La compagnie malgache perd son capitaine tué au combat et doit
abandonner la position.
Le Commandant Fontaine en prend alors le commandement mais il sera également
tué à son poste, peu après.
XIII. Combat aérien
du 7 mai 1942.
Tôt
le matin, trois Morane MS 406 de l’Escadrille 565, dirigés
par le capitaine Léonetti, ont décollé de la base
aérienne 181 de Tananarive-Ivato, pour mener une reconnaissance.
Au dessus de la mer, ils rencontrent une formation de Martlet II. Ces
chasseurs sont partis du pont d'envol de l’Illustrious et sont
à la recherche des équipages de 5 Swordfish, portés
disparus depuis le 05. Le combat s’engage aussitôt . Lors
d’une passe frontale, le Capitaine Leonetti (MS 406 n° 993)
descend un Martlet du 881st Squadron, qui est obligé d’amerrir,
le pilote est récupéré par le HMS Keren. Mais bientôt,
le Capitaine Léonetti est blessé et son chasseur pique
vers le sol, il est obligé de l’abandonner.
Les aviateurs anglais sont trop nombreux, et les Morane finissent par
succomber sous le nombre. Le Capitaine de Réserve Jean Assollant
(MS 406 n° 995), est tué au combat (Il fit partie des trois
premiers français a avoir traversé l’Atlantique
Nord en avion, le 16/06/1929, avec R. Lefebvre et A. Lotti). Le Morane
du Lieutenant Michel Laurant (MS 406 n° 842) est touché et
celui-ci doit faire un atterrissage sur le ventre. Suite à ces
pertes, les Huit derniers MS 406 de l'escadrille quittent Ivato et se
replient vers le terrain d'Anivorano. Mais en cours de route, à
court d'essence, cinq pilotes doivent se poser en urgence.
XIV.
La fin du sous-marin "Le Héros".
Le sous-marin le
Héros rappelé de l'escorte d'un convoi par le commandant
Maerten, atteint la baie du Courrier, le 07 mai. Il est repéré
et attaqué par la corvette Genista. Il est également décelé
par 1 Swordfish du Porte-avions Illustrious, alors qu’il plonge.
Il est touché par une bombe. Le sous-marin, gravement touché,
fait surface et est abandonné par l’équipage au
complet. Il coule par 300 mètres de fond. 72 naufragés
tentent de nager vers la côte la plus proche qui est distante
de 13000 mètres. Ces hommes ne seront secourus que 5 heures après
le drame par le destroyer HMS Keren. Il ne reste alors que 52 survivants.
19 sous-mariniers ne seront jamais retrouvés, sans doute dévorés
par les requins.
XV. Chute de Diego
Suarez.
Dans
le secteur de la baie de Diego Suarez, les hommes du No. 5 Commando
progressent signicativement durant la journée du 6 mai. Vers
15h00, ils se rendent maîtres de la partie Nord de la ville. Ils
grimpent au sommet d’un rocher haut d’une centaine de mètres,
dominant la rade et choisissent alors de hisser diplomatiquement le
drapeau tricolore et l’Union Jack sur le même mât.
Dans certains secteurs ont lieu des négociations entre britanniques
et vichystes. Ainsi, un officier anglais à la tête d'une
patrouille, prend l’initiative d’aller au contact avec des
artilleurs français et leur propose de se rendre. Ceux-ci refusent
mais l’officier obtient pourtant des français la suspension
des tirs pendant dix minutes, puis il se replie avec ses hommes. Dans
la ville, des pourparlers locaux vont s'engager entre forces opposes.
Environ 250 hommes se rendons plus ou moins spontanément et serons
bien traités.
Les britanniques pensaient à tort que les français se
contenteraient certainement d'un « baroud d'honneur ».
Mais Hélas, malgré les morts et les blessés, inutilement
sacrifiés, le Gouverneur Général est bien décidé
à continuer la lutte. Il refuse de négocier un armistice
avec les Britanniques, mais devant la chute inévitable de Diego
Suarez, il ordonne le 07 mai à ses forces d’abandonner
la ville et de se retirer vers le Sud.
XVI. Destruction
du sous-marin « Le Monge» et fin de l’Opération
Ironclad.
Le
08.05.1942, Le sous marin Q-144 Le Monge, qui se trouvait à la
Réunion, revient de toute urgence vers Madagascar. A 07h56, il
se trouve à 7 milles à l’Est de la pointe Orangea
quand il repère quelques navires ennemis.
Il passe immédiatement à l’attaque et torpille le
porte-avions HMS Indomitable. Mais l’engin rate sa cible et passe
45 mètres devant. L’escorte de destroyers prend alors le
sous-marin en chasse. Le HMS Active et le HMS Panther le repèrent
bientôt et le grenade. Le Monge, touché à mort coule
par 12° latitude Sud et 49° latitude Est, au large du Cap Tendre.
Il n'y aura aucun survivant. La flotte française de Madagascar
est cette fois-ci définitivement anéantie.
Les autres bâtiments qui se trouvent soit à Madagascar,
soit dans les environs immédiats, n’interviendront plus.
Au
9 mai 1942, les britanniques tiennent maintenant fermement Antsirane
et Diego Suarez (y compris les défenses du port). Ils sont maintenant
plus tentés par la négociation que par le combat. Le Général
Robert Grice Sturges devient l’administrateur des territoires
occupés de Madagascar.
Devant ce coup de force, le gouverneur Annet espère un temps
parvenir à accord acceptable entre les deux parties. Mais les
négociations tournent court, le gouverneur trouve les anglais
trop exigeants et ne veut rien céder sur le droits de l'administration
française. Alors conformément aux ordres de François
Darlan, chef du gouvernement de Vichy, le gouverneur Général
Annet, bat en retraite et va organiser la bataille de Madagascar.
Il est décidé à résister jusqu'au bout,
y compris par des actions de guérilla. Les hostilités
vont durer pendant plusieurs mois et les britanniques n’auront
d’autre choix que de poursuivre l'opération pour occuper
la totalité de l'île, en durcissant leur action.
XVII. Réaction
du Gouvernement de Vichy après l’invasion.
En
métropole, on fait grand tapage du soi-disant martyre de Madagascar.
Après l’attaque sur Diego-Suarez le 5 mai 1942, Pétain
dépêche même un aviateur, le commandant Gaudillère,
pour transmettre un message personnel aux habitants de Madagascar. Celui-ci
en dit long sur l'usage de la notion de fidélité qu'entretient
alors le Maréchal :
-«
Comme tant de territoires de notre Empire, Madagascar, déjà
isolée par le blocus, a connu à son tour la violence.
Mes chers amis, je vous remercie de vos efforts et de vos sacrifices;
j'en mesure toute la valeur. Je vous exprime ma satisfaction de votre
conduite: la Patrie est fière de votre fidélité.
La France ne renonce à aucun des droits que vos actes ont affirmés.
Elle ne vous oublie pas, elle ne vous abandonne pas. C'est pour vous
l'assurer moi-même que je vous envoie cet avion de France porteur
de mon message de paternelle affection ».
On
y retrouve tous les grands classiques de la propagande maréchaliste:
lâcheté britannique, visées anglaises sur l'empire
colonial français, et une notion de loyalisme ancrée dans
le culte de la personne du Maréchal, chef de l'État français.
Selon les dirigeants de Vichy, la perfide Albion cherche à s'emparer
de nouveau de colonies françaises, comme elle l'a fait au Québec,
à l'Île Maurice, ou même à Fachoda. Le Maréchal
Pétain clame que ces attaques sont d'autant plus inexcusables
qu'il avait prononcé la neutralité de l'empire, et assuré
que les colonies ne tomberaient pas aux mains de l'Axe.
Aux actualités cinématographiques, on retrouve le même
genre de slogan :
-«
C’est toujours au nom d’une prétendue morale et en
vertu de principes utilitaires que l’Angleterre vient d’attaquer
Madagascar. A Diego Suarez, à plus de 10000 kilomètres
de la mère patrie, le sang français a coulé à
nouveau.
Le Gouverneur général Annet et le Général
Guillemet, malgré la grande infériorité numérique
de leurs forces, résistent opiniâtrement. Depuis l’armistice,
nombreuses furent les manifestations de loyalisme de la population malgache
envers le Maréchal Pétain et son gouvernement. Elle l’a
prouvé en se battant aujourd’hui jusqu’au bout, selon
le mot d’ordre lancé par le Maréchal dans son message.
De Majunga à Tananarive, la Grande Île, jadis donnée
à la France par Gallieni, reste fidèle. Aux glorieux défenseurs
de l’Ile où vient de tomber le Capitaine Assollant, as
des ailes françaises, l’Amiral Darlan proclamait : Défendez
l’honneur français, un jour viendra où l’Angleterre
paiera pour ses crimes ».
Ces
déclarations seront bien entendu suivies d’une nouvelle
campagne de propagande anglophobe, menée à grand renfort
d’affiches caricaturales. Mais malgré sa promesse de ne
pas « oublier » les défenseurs de Madagascar, l’Etat
français n’est pas en mesure d’intervenir ou de tenter
quoi que ce soit pour s’opposer à la mainmise britannique
sur l’Île Rouge.
XVIII. Coups de
gueule légendaires du Général de Gaulle.
Pendant
ce temps, chez les français libre, l’affaire éclate
comme un coup de tonnerre. A Londres, personne n’a jugé
opportun d’informer le Général Charles de Gaulle
de l’invasion en cours. Celui-ci apprend le projet d’invasion
le 5 mai 1942 à 3 heures du matin, (soit à peine quelques
heures avant qu’elle ne débute) par un coup de téléphone
d’un journaliste de l‘Associated Press. Il entre aussitôt
dans une colère noire. Cela fait des mois qu’il invite
les Britanniques a l’aider à intervenir dans cette île
Française. Ils ont à chaque fois refusé pour agir
enfin seuls et sans le prévenir.
De gaulle déjà affaibli par son échec devant Dakar
se sent maintenant trahi. Il voit là une volonté évidente
des anglais de prendre partout la place de la France en abusant de sa
faiblesse momentanée.
L’affaire arrive au plus mauvais moment car le Général
n’a pas encore "digéré" l’occupation
américaine de la Nouvelle Calédonie et les troubles qui
en ont découlés. Sa réaction face à cette
nouvelle atteinte à la souveraineté nationale est violente
et décontenance les britanniques.
Il entrevoit la possibilité de se rapprocher de l’URSS,
ce qui serait un bon moyen de pression sur les alliés. Justement
il se démène ces derniers temps pour faire partir pour
l’URSS, la nouvelle escadrille Normandie-Niemen…
Il se rend au petit matin à Carlton Garden où il convoque
tout son état-major:
-«
Messieurs, je vous rends votre liberté. J’ai voulu ici
organiser le gouvernement de la France. J’ai signé des
accords avec les Britanniques. Ils ne les respectent. Ils se sont emparé
de Madagascar. Ils prétendent l’administrer directement.
Nos accords sont rompus. Engagez-vous dans l’armée canadienne,
au moins vous combattrez les Allemands.
La France Libre, c’est fini ! Messieurs je vous salue. »
Sa
déclaration va faire effet, au moment où les journaux
anglais sont remplis d’éloges pour les « Free Frenchs
» qui s’accrochent vaillamment à Bir Hakeim. L’opinion
anglaise sera son alliée et il l’utilisera. Mais pour l’instant,
il s’en prend violemment à Anthony Eden, du Foreign Office,
qui bredouille de vagues excuses puis s’irrite. La tension devient
extrême et les contacts sont rompus avec les anglais. Churchill
donne l’ordre d’interdire tout départ du Général
pour l’Afrique.
Les jours passent et les généraux français libres
en poste sont reçus par les ambassadeurs britanniques.
Tous font part de leur fidélité à de Gaulle. Le
6 juin, le Général entrevoit l’ambassadeur soviétique
Bogomolov.
Il lui demande, dans le cas où il romprait avec les anglo-américains,
si pourrait, en ultime démarche, être accueilli avec ses
troupes sur le territoire de l’Union Soviétique.
Puis il rencontre Molotov qui l’assure de l’alliance indépendante
qui lie la Russie avec la France Libre, la seule « vraie France
».
En
Angleterre, on parle toujours avec éloges des faits d’armes
des Français Libres : Leclerc au Fezzan, Koenig à Bir
Hakeim…Tous ces éléments font pression finalement
sur Churchill qui reçoit de Gaulle le 10 juin 1942, calme les
choses et lui renouvelle son soutien et son amitié.
Mais
le temps passe et à Madagascar, les britanniques sont toujours
en pourparlers avec le commandement Vichyste.
Le 30 septembre, le général s’en plaint à
Churchill et lui dit que cette affaire remet en question la coopération
entre la France et l’Angleterre. Le premier ministre explose :-«
Vous dites que vous êtes la France, vous n’êtes pas
la France ! »
De
gaulle lui demande alors sur le même ton pourquoi il discute de
ces question avec lui, s’il n’est pas la France…
La réponse de Churchill est surprenante :
-«
Vous êtes la France Combattante »
La
discussion concernant Madagascar et la Syrie tourne à la dispute,
Churchill va jusqu’à menacer de « briser »
de Gaulle et cassera une chaise pour illustrer ses propos. La crise
est grave mais de Gaulle ne veut pas lâcher. Il sait en outre
que les américains préparent quelque chose, sans le consulter
une nouvelle fois. Finalement après 6 semaines de tensions extrêmes,
Eden, aimable et amical, vient annoncer le 06 novembre à de Gaulle
que la France Combattante sera souveraine dans l’île de
Madagascar. Triste et maigre lot de consolation car le lendemain, les
américains déclenchent l‘opération Torch
et débarquent sans la France Combattante en Afrique du Nord…
XIX.
Les japonais rôdent autour de Madagascar.
Sur
l’île, les combats se calment puis cessent sur une longue
période. Les britanniques profitent de ce répit pour remettre
les infrastructures de Diego Suarez et l’aérodrome d’Arrachart
en état. Le terrain est rapidement rendu opérationnel
et dès le 13 mai, il accueille le 20th South African Air Force
Squadron (colonel SA Melville), arrivant de Lindi, en Afrique du Sud.
Dès le 15 mai, les petits appareils de reconnaissance Lysander
du 433rd Army Co-peration Flight, effectuent des sortie de renseignement
sur la partie Sud de Madagascar pour tenter de localiser les troupes
françaises. La Navy continue ses rotations de ravitaillement
et resserre son blocus afin d’empêcher notamment l’envoi
vers l’Allemagne nazie de Graphite en paillette (Madagascar est
un des premiers producteurs), nécessaire dans la fabrication
de lubrifiant, de peinture et pour le polissage. Dans la dernière
semaine de Mai, des compte-rendus font état de la présence
de sous-marins non-identifiés dans le secteur du canal du Mozambique
et près des côtes Ouest de l’île, on dit également
que des avions ennemis seraient ravitaillés en carburant à
Majunga...
Peu à peu, une véritable phobie du submersible s’installe,
tout le monde pense avoir vu le kiosque d’un sous-marin japonais
ou d’un U-boat, partout autour de Madagascar. En fait, il y aura
bien une présence ennemie au large mais à compter du 29
Mai 1942. Conformément à son accord avec les allemands,
la marine Impériale a dépêché des sous-marins
dans ce secteur de l’Océan Indien et ces derniers ne tarderont
pas à causer des soucis à la Navy.
Détachement
A, Force « KO »
Commandant : Capitaine
Ishizaki Noboru (embarqué sur le I-10)
HIJMS I-10, Sous-marin
classe I, type A1, avec avion de reconnaissance Yokosuka E14Y «
Glen »
HIJMS I-16, Sous-marin classe I, type C1
HIJMS I-18, Sous-marin classe I, type C1 (Lt Cdr Otani Kiyonori)
HIJMS I-20, Sous-marin classe I, type C1 (Lt Cdr Yamada)
M-16b, sous-marin
de poche Ko-hyoteki Ko Gata Type A Kai I (Ensg Iwase Katsusuke et PO2C
Takada Kouzo )
M-18b, sous-marin de poche Ko-hyoteki Ko Gata Type A Kai I (Lt Ota Masaharu
et PO1C Tsubokura Daiseiki)
M-20b, sous-marin de poche Ko-hyoteki Ko Gata Type A Kai I (Lt Akieda
Saburo et PO1C Takemoto Masami)
Le
détachement A de la Force « KO » comprend à
l’origine 5 submersibles. Il est en Malaisie depuis le 25 avril
1942 pour y subir une restructuration, en vue de sa mission vers l’Océan
Indien. L’un d’entre-eux, le I-30 quitte Penang pour une
reconnaissance isolée vers l’Afrique. Les I-10, I-16, I-18
et I-20 attendent le porte-hydravions Nisshin, converti en transport
de sous-marins de poche, type A. Le 27 avril, trois sous-marins «
mères » (I-16, I-18 et I-20) vont charger chacun sur leur
pont, un sous marin de poche (Midget). La mission principale est de
reconnaître divers points possibles d’attaque sur la côte
Est de l’Afrique et débute dès le 30. Les submersibles
sont ravitaillés en carburant le 5, le 10 puis le 15 Mai par
le Aikoku Maru et le Hokoku Maru. Le 17 mai, la Force est prise dans
une violente tempête qui cause quelques dommages aux I-18 et I-20.
Si le I-20 est vite réparé et ses batteries rechargées,
sur le I-18, quatre cylindres du moteur ne tournent plus et il a une
importante fuite de fuel. Les réparations seront plus longues
et il arrivera en retard sur la zone de lancement des « Midget
». Le 20 Mai, la Force est en vue des côtes sud-africaines.
Le I-10 catapulte son hydravion Yokosuka pour mener une reconnaissance
vers Durban mais aucune cible d’importance n’est signalée.
Durant la semaine cet appareil piloté par le Lt Araki Toshio
avec le FPO2C Ito Yoshiharu pour radio, effectue les mêmes missions
discrètes au dessus d’East London, de Port Elizabeth et
de Simonstown.
Le
détachement japonais se rapproche bientôt des côtes
malgaches.
La nuit du 29 mai, L'avion de reconnaissance de l’I-10 survole
le port de Diego Suarez et identifie plusieurs navires.
Il s’agit du cuirassé HMS Ramillies, à l’ancre
dans la baie, des destroyers HMS Duncan et Active, des corvettes HMS
Genista et Thyme, du transport de troupes HMS Karanja, du navire hôpital
Atlantis, du tanker British Loyalty, du navire marchant Llandaff Castle
et d’un navire transportant des munitions. L’avion, avant
de revenir sur le I-10, est toutefois repéré par une vigie
du Ramillies. Une fois informé de la présence d’un
important convoi à Diego, Le Capitaine Ishizaki Noburo planifie
une attaque avec ses sous-marins de poche pour la nuit suivante. Le
30, à 17h10, les sous-marins mères I-20 et I-16 lancent
à dix milles du port, leurs deux sous-marins de poche. Le I-18,
arrivé tardivement sur la zone ne peux pas lancer le M-18b suite
à une défection mécanique de son moteur.
Le
M-20b parvient à s’infiltrer dans le port à 20h25,
repère le vieux Ramillies (qui s’est déplacé
après l’alerte) et lui expédie à 21h20, une
torpille qui lui fait un trou de 9 mètres dans la coque. Malgré
la réaction des corvettes Genista et Thyme qui traquent le sous-marin,
en lui expédiant des charges de profondeur, il parvient ensuite
à torpiller une seconde fois le cuirassé. Mais un navire
qui tente de quitter le port coupe la trajectoire de l’engin et
se fait toucher de plein fouet. Il s’agit du British Loyalty,
un pétrolier de 7000 tonnes, qui coule par 20 mètres de
profondeur.
Les
dommages sont importants pour le Ramillies. Le 10 juin, il est être
remorqué jusqu’à Durban pour y être réparé
sommairement puis il prendra la mer jusqu’à Plymouth, en
août, pour être remis à neuf. Le pétrolier
qui bloque le port sera renfloué plus tardivement.
Au large, les 4 sous-marins attendent vainement le retour de leurs «
Midget » toute la nuit. Le 31 mai au matin, les recherches sont
lancées car les submersibles de poche ont dépassé
leur temps d’autonomie maximal. Le Lt Araki fait un second vol
au-dessus de Diego Suarez pour tenter d’identifier et de localiser
d’éventuels équipages survivants, sur les plages.
Sa mission n’obtient pas de résultats. Trois des sous-marins
quittent alors le secteur et seul le I-20 reste dans les parages. Ils
tente d’envoyer des signaux lumineux vers la côte et des
messages radios. Le 3 juin à 18h00, craignant d’être
découvert, il s’éloigne définitivement des
côtes malgaches.
A
terre, le lieutenant Saburo Akieda et l'Enseigne de 2ème classe
Masami Takemoto tentent de se cacher.
Une fois leurs batteries déchargées, ils ont échoué
leur M-20b, sur l’îlot de Nosy Antalikely. L’officier
a tenté de saboter son sous-marin, mais les charges n’ont
pas fonctionné. Les deux marins japonais ont ensuite contacté
des locaux qui les ont déposé en pirogue près du
cap d’Ambre. Affamés, après avoir passé deux
jours à errer, ils s’enfoncent dans les terres, à
la recherche de nourriture. Mais, ils sont repérés, quand
ils tentent d’acheter des vivres dans un village.
Les Royal marines du N°5 Commando sont bientôt sur leurs traces
et les cernent le 5 juin. Lors de la fusillade, les deux japonais sont
tués ainsi qu’un commando. En ce qui concerne, le sous-marin
de poche M-16b, il a été perdu en mer sans qu’on
en connaisse les causes exactes. Le corps de l'un des membres d'équipage
est retrouvé, 1er juin, échoué sur une plage, près
de Diego Suarez. Ce sera l’unique action japonaise contre la flotte
britannique ancrée à Madagascar.
Le détachement A de la « KO » force restera encore
pendant deux mois dans l’Océan Indien où il coulera
de nombreux navires marchands.
Pendant
l’année 1942, les vaisseaux alliés contournaient
le Cap de Bonne-Espérance et se dirigaient vers le Nord, le long
de la côte de l'est de l'Afrique vers le Moyen-Orient, en traversant
le canal du Mozambique entre Madagascar et le territoire continental
africain. Bien souvent il n’avaient que peu ou pas d’escorte
et de couverture aérienne. L’arrivée des sous-marins
de la de la « KO » force, mené par Ishizaki allait
changer la donne et causer de nombreuses pertes à la Navy. Dès
le 10 juin, pour parer aux attaques japonaises, l’Amirauté
britannique ordonne aux convois sans escorte d’éviter le
canal du Mozambique et de contourner Madagascar par l’Est, en
naviguant à vue des côtes. Les japonais finissent par se
retirer des côtes africaines en août, après avoir
coulé 25 navires pour un total de 120000 tonnes. L'amiral Ishizaki
n'a subi aucune autre perte que ses deux sous-marins de poche à
Diego Suarez. Pendant la période où les japonais croisèrent
dans l’Océan Indien, il est assez peu probable qu’ils
furent ravitaillés dans les ports malgaches encore aux mains
de troupes vichystes, car elles ne disposaient tout simplement pas des
ressources nécessaires. Il est par contre évident que
si le japonais avaient pu bénéficier de bases aériennes
et de ports à Madagascar, alors la Navy se serait rapidement
trouvée face à un épineux problème de ravitaillement
vers l’Asie. Heureusement pour elle, Ishizaki s’est d’abord
focalisé sur l’attaque des forces ancrées à
Diego Suarez. Il s’est ensuite contenté de torpiller principalement
des cargos dans le canal. S’il s’était approché
à nouveau de Durban, il aurait eu tout le loisir de causer des
dégâts bien plus importants à une nouvelle flotte
de débarquement. Celle-ci, sagement ancrée attend en effet
de transporter deux brigades sud-africaines vers Madagascar…
XX. Missions aériennes
en territoire français.
Pendant
la période qui suit la chute d’Antsirane et de Diego Suarez,
peu de combats se déroulent sur Madagascar.
Les français battent en retraite et des contacts sont établis
de temps à autres afin de négocier une reddition, sans
succès. L’aviation alliée reste cependant active
et mène les missions les plus importantes. Le 15 mai, deux bombardiers
Maryland mènent une reconnaissance armée à la recherche
de submersibles ennemis. Dans le secteur du port de Majunga, sur la
côte Ouest, ils découvrent et détruisent sur un
aérodrome, les trois derniers bombardiers Potez français.
Un autre raid a pour objectif le terrain d’Ivato, près
de Tananarive. Un Glen Martin Maryland et un Bristol Beaufort du Flight
37 menés par le Major Ken Jones attaquent à basse altitude,
la base aérienne française.
Ils s’en prennent essentiellement aux hangars sur l’aérodrome.
Mais l’avion du Major Jones est touché par la D.C.A et
un de ses moteurs est en feu. L’équipage maîtrise
l’incendie et tente de rejoindre Diego Suarez avec un seul moteur.
L’avion parcourt 380 kilomètres le long de la côte
Est, afin d’éviter les montagnes puis il perd de l’altitude
et son pilote doit faire un atterrissage forcé dans une plaine
côtière. Personne dans l’équipage n'est blessé.
L’équipage récupère la mitrailleuse installée
dans la tourelle dorsale et entame une marche forcée pour tenter
de rejoindre Diego. Bientôt, Ils entendent les bruits d'une patrouille
française qui s’approche sur la piste. Jones ordonne à
son équipage de se cacher dans les buissons et reste alors seul
sur le sentier.
Bull Malan, son navigateur pointe sa mitrailleuse vers le débouché
de la piste. L’officier français qui commande la patrouille
s’approche de Jones et lui enjoint de se rendre dans un mauvais
anglais.
Sans se démonter, Jones réplique :
- « No, no, monsieur le Capitaine. You are my prisoner !! »
L’officier
vichyste surpris, sourit puis désigne du doigt ses huit tirailleurs
malgaches, armés de fusils.
A ce moment Jones s’adresse en Afrikaner à son navigateur
caché et lui ordonne de tirer une rafale de semonce.
Celle-ci décontenance complètement la patrouille qui n’a
d’autre choix que de s’incliner et de se rendre au pilote
de la SAAF. Une fois les français désarmés, les
sud-africains se font conduire jusqu’à un phare. Ils forcent
le gardien de phare à coopérer et lui font envoyer un
message radio à Diego Suarez. Un dragueur de mines de la Navy,
dans les parages arrive alors rapidement près du phare et organise
le recueil des aviateurs avec ses précieux prisonniers.
XXI. Des renforts
pour Madagascar.
Vers
la fin du mois de Mai, la 5ème Division d’infanterie britannique
doit être re-déployée pour assurer la défense
de l’Inde. L'unité qui a deux brigades présentes
sur Madagascar doit être à Pied d'oeuvre en Asie pour le
22 juin 1942.
A cet effet, la 13th Brigade quitte l’île dès le
20 mai 1942, bientôt suivie par la 17th Brigade, le 10 Juin. Pour
autant, la 29th Brigade ne peut assurer seule la lourde tâche
de défendre des intérêts alliés dans le Nord
de Madagascar et a besoin de soutien. Ce sont les dominions africains
qui vont alors fournir le contingent de renfort. Il sera prélevé
sur la troisième Division d’Infanterie Sud-africaine (7th
Motorized Brigade), mais également constitué de troupes
en provenance de l’Afrique de L’Est (22nd East African Brigade
Group) et de Rhodésie (27th North Rhodesian Infantry Brigade).
Le renfort se fera en trois temps. Le 22nd East African Brigade Group
est le premier à se joindre à la Force 121.
Il met le pied sur Madagascar, dès le 08 juin. Il est suivi le
24 juin par la 7th Motorized Brigade qui débarque sans encombre
à Antsirane. Sa mission principale est de défendre le
secteur de Diego Suarez contre une éventuelle tentative de débarquement
japonais ou une contre-attaque des forces françaises de Vichy.
Enfin, fin juillet 1942, la 27ème Brigade d'Infanterie Rhodésienne
du Nord rejoint l’Afrique du Sud par voie terrestre. Elle embarque
sur le paquebot néerlandais New Amsterdam et atteint Diego Suarez
le 14 août. Ces renforts seront bientôt impliqués
dans la dernière phase des combats de la campagne de Madagascar.
22nd (East African) Brigade Group (Brigadier General Dimoline)
Débarque le 08/06/42, quitte Madagascar le 23/01/1944.
1/1st King’s
African Rifles
5th (Kenya) King’s African Rifles
1/6th King’s African Rifles
56th (Uganda) Field Battery, East African Artillery
9th Field Regiment (Royal Artillery)
60th (East Africa) Field Company, East African Engineer
7th (South African)
Motorized Brigade (Brigadier General Senescal)
Débarque 24/06/1942, quitte Madagascar le 7 /12/1942
1st City Regiment
(Grahamstown), (Lt.-Col. Noel Getliffe)
The Pretoria Regiment, (Lt.-Col. C. L. Engelbrecht)
Pretoria Highlanders, (Lt.-Col. Mason)
1st SA Armoured Car Commando, SA tank Corps, (Maj. E. W. G. Vos)
6th Field Regiment SA Artillery
88th Field Company SA Engineers
27th (Northern
Rhodesia) Infantry Brigade
Débarque le 08/08/42, quitte Madagascar 29/06/1944
2nd Northern Rhodesia
Regiment
3rd Northern Rhodesia Regiment
4th Northern Rhodesia Regiment
55th (Tanganyika) Light Battery
57th (East African) Field Battery, East African Artillery
59th (East Africa) Field Company, East African Engineer
XXII. Préparation
des Opérations Stream, Line et Jane.
L’été
1942 arrive sans qu’il se déroule de grands changements
sur le théâtre Malgache. En dehors de l’opération
Throat qui consiste, le 02 juillet, en la prise de l’île
Comorienne de Mayotte par les hommes de la 22nd East African Brigade
Group, aucune autre opération majeure n’est tentée
par les alliés. Depuis plusieurs semaines, les britanniques craignent
que le port de Majunga, toujours aux mains des français, ne soit
utilisé comme base de ravitaillement par les sous-marins de l’Axe.
Majunga est en effet considéré comme le plus large port
sur la côte Ouest de Madagascar. Cherchant à prendre définitivement
le contrôle de l’ensemble de l’île, les britanniques
préparent secrétement une opération d’envergure
en trois phases. Celle-ci consiste en deux débarquements. Le
premier, sur la côte Nord-Ouest à Majunga, aura lieu le
10 septembre 1942 et portera le nom d’Opération Stream.
Le second, sur la côte Est, aura pour objectif Tamatave. Il se
déroulera le 18 septembre et portera le nom d’Opération
Jane. Ensuite, les deux forces débarquées progresseront
vers le centre pour prendre la Capitale Tananarive en tenaille et la
faire tomber, pendant que les forces restées à Diego Suarez
reprendront leur avance vers le Sud. Ce sera l’Opération
Line. Mais pour réussir totalement, ce plan doit bénéficier
de l’effet de surprise. Il ne s’agit donc pas de concentrer
une flotte de débarquement importante dans le port de Diego Suarez,
ce qui, via la population locale encore fidèle au régime,
ne manquerait pas d’alerter les forces vichystes.
A
compter du 26 août, la 29th Independant Brigade embarque à
destination de Kilindini, en Afrique, sur les cargos SS Empire Pride,
HMT Dilwara et HMT Dunera. Les trois navires, escortés par le
croiseur Dauntless, rejoignent un convoi plus important qui doit simuler
un débarquement sur les côtes de l’Afrique de l’Est.
Cet exercice qui porte le nom de « Touchstone » et se déroule
du 28 août au 1er septembre, est sensé tester les défenses
alliées contre une éventuelle invasion japonaise. En fait,
il est aussi un excellent moyen d’entraîner en secret la
29th Brigade en vue de son futur assaut amphibie sur Majunga. En effet,
le rôle principal confié à la Brigade est de débarquer
à Kilindini avec le support aérien des appareils du HMS
Illustrious. Quant aux Royal marines du N°5 Commando, leur mission
est de mener des coups de mains contre Tanga, Dar es Salaam et Zanzibar,
soutenus par une flotte importante composée des navires qui participeront
à la future opération. Satisfait de l’exercice,
le Lieutenant General Sir W. Platt, commandant en chef de l’Eastern
Fleet, prepare la phase finale des combats sur Madagascar. Un commandement
commun sera partagé entre le Contre-Amiral Tennant pour la Navy
et le Major General Sturges pour les opérations terrestres. Pour
l’appui des opérations, la force navale rassemblée
sera aussi importante que pour Ironclad.
Le
3 septembre, trois transports de troupes escortés par le HMS
Erebus, l’Inconstant, l’Active, et le Sigfra prennent, la
mer en direction de Majunga. Plus tard dans la journée, six autres
transports escortés par le HMS Dauntless, Cromer, Cromarty, Romney,
Mastiff et Lurcher, rejoignent le même point de rendez-vous mais
en empruntant une route maritime différente. Le 4 Septembre,
les HMS Gambia, Foxhound et Hotspur partent pour Diego Suarez. Ils doivent
protéger jusqu’à Majunga les transports de troupes
qui ont embarqué le 22nd East African Brigade Group.
Le 5 Septembre, le principal convoi de troupes qui rapatrie la 29th
Independant Brigade de Kilindini jusqu’à Majunga est escorté
par les HMS Enterprise, Albatross, Fortune, Arrow et Blackmore. Enfin,
le 6 Septembre, le HMS Birmingham (battant pavillon du Contre-Amiral
commandant, la 4ème escadre de croiseurs et la force M), le porte-avions
Illustrious, le Heemskerk, le Napier, le Van Galen et le Tjerk Hiddes
les rejoignent au large de Majunga où les attendent déjà
les destroyers HMAS Nizam et Norman.
Force
M (débarquement sur Majunga, puis sur Tamatave)
Groupe
de Porte avions
HMS
Illustrious (87), Porte-avions, (Capt. Robert Lionel Brooke Cunliffe)
HMS Albatross (I-22), Porte-hydravions
HMS Erebus, (I-02), Monitor* classe Erebus, (A/Capt. George Vivian Barnett
Faulkner)
*(canonnière)
Escorte
principale du Groupe
HMS
Warspite (03), cuirassé classe Queen Elizabeth, (Capt. Fitzroy
Evelyn Patrick Hutton)
HMS Foxhound (H-69), destroyer classe F, (Cdr. Cecil John Wynne-Edwards)
HNLMS Tjerk Hiddes (G-16), classe N (ex destroyer anglais HMS Nonpareil)
HMS Hotspur (H-01), destroyer classe H, (Lt. Philip Bekenn)
HMS Fortune (H-70), destroyer classe F, (Lt.Cdr. Richard Dickon Herbert
Stephen Pankhurst)
4th
Cruiser Squadron : Rear admiral William George Tennant (à bord
du HMS Birmingham)
HMS
Birmingham, (C-19), croiseur léger, classe Southampton, (Capt.
Henry Berwick Crane)
HMS Gambia, (C-48), croiseur léger, classe Fidji, (Capt. Maurice
James Mansergh)
7th
Destroyer Flotilla
HMAS
Napier (G-97), destroyer classe N, (Capt. Stephen Harry Tolson Arliss)
HMAS Nizam (G-38), destroyer classe N, (Lt.Cdr. Max Joshua Clark)
HMAS Norman, (G-49), destroyer classe N, (Cdr. Henry Mackay Burrell)
HMAS Nepal, (G-25), destroyer classe N, (Cdr. Franklyn Bryce Morris)
3rd
Destroyer Division
HMS
Active (H-14), destroyer classe A, (Lt.Cdr. Michael Wilfred Tomkinson)
HMS Arrow (H-42), destroyer classe A, (Cdr. Alec Murray McKillop)
HMS Blackmore (L-43), destroyer d’escorte classe Hunt type II.
(Lt Herbert Terrence Harrel)
HMS Inconstant (H-49), destroyer classe I, (Lt.Cdr. William Stratford
Clouston)
HNLMS Van Galen (G-84), destroyer classe N, (ex destroyer anglais HMS
Noble)
HNLMS
Jacob van Heemskerk (C-803), croiseur léger hollandais, classe
Tromp, (kapitein-luitenant ter zee (Cdr.) Jonkheer E.J. van Holthe)
HMS Dauntless, (D-45), croiseur léger, Classe D (Danae), (A/Capt.
John Graham Hewitt)
HMS Caradoc, (D-60), croiseur léger, Classe C (Caledon), (Capt.
John William Josselyn)
14th
Minesweeping Flotilla
HMS
Manxman (M-70), dragueur-mineur, classe Abdiel, (Capt. Robert Kirk Dickson)
HMS Cromarty (J-09), dragueur de mines, classe Bangor II, (Lt. Charles
George Palmer)
HMS Cromer (J-126), dragueur de mines, classe Bangor, (Cdr. Robert Hearfield
Stephenson)
HMS Romney (J-77), dragueur de mines, classe Bangor, (Lt. William Eric
Halbert)
Lutte
anti sous-marine
HMS
Sigfra (FY-324), navire norvégien, classe Anti Submarine Warfare
Whalers *
* (Baleinier reconverti en corvette de lutte anti sous-marine)
HMS Mastiff (FY-350), navire norvégien, classe ASW Whalers
HMS Lurcher (FY-347), navire norvégien, classe ASW Whalers
Navire
Hôpital
HM
Vasna
XXIII. Déclenchement
des opérations.
Le
10 septembre 1942, les britanniques, après cinq mois de pourparlers
infructueux, stoppent toutes négociations avec le gouverneur
vichyste de Madagascar. Ils n'ont obtenu aucune garantie de non coopération
avec les japonais.
Le général Platt déclenche le même jour le
débarquement des troupes britanniques et Est-Africaines à
Majunga. Ainsi commence la campagne finale pour occuper l'intégralité
de l'île.
1)
Opération secondaire Tamper: coup de main contre Morondova.
Tôt,
le 10 septembre 1942, précédant le débarquement
à Majunga, les destroyers HNMLS Van Galen, Heemskerk, et le HMS
Inconstant accompagnent le HMS Napier. Le destroyer dépose une
unité de 50 hommes du N°5 commando à Morondava, sur
la côte Ouest de Madagascar. Cette attaque contre la station radio
et l’aérodrome de fortune de cette ville, n’est qu’une
diversion destinée à attirer les défenseurs Vichystes
vers cet endroit. L’assaut a lieu sous un violent orage qui permet
aux commandos de surprendre les défenseurs français. Ceux-ci
se rendent après avoir brièvement échangé
quelques tirs avec l’assaillant. Le destroyer Napier retourne
ensuite à Diego Suarez, avec à son bord 6 prisonniers
dont le maire de Morondova.
2)
Opération secondaire Esme B: invasion de l’île de
Nosy Bé.
Fin
juin 1942, au cours d’une patrouille, un Beaufort du 37th Flight,
piloté par le Lt Freddy Dempers, a aperçu près
de l’île volcanique de Nosy Bé, deux sous-marins
et un cargo. Mais les submersibles ont plongé avant qu’il
ne puisse les attaquer. La Royal Navy a immédiatement envoyé
une frégate sur place pour capturer le bateau. Le cargo avait
lui aussi disparu mais les britanniques repérèrent dans
le secteur de Dzaoudzi, à Mayotte, le cargo Général
Duchesne.
Ils le saisirent le 22 juin, en prétextant quil avait tenté
de ravitailler les sous-marins japonais! Le S.A.A.F, après avoir
mené des missions de reconnaissances photographiques sur le secteur,
confirme bien vite que cette île, située à 160 Km
au Sud de Diego Suarez et à 24 Km au large de la côte Ouest
de Madagascar, est utilisée comme base de ravitaillement par
les sous-marins de l’Axe. La Navy prévoit alors une opération
secondaire visant à s’emparer de Nosy bé. Elle aura
lieu le 11 septembre et portera le nom de « Esme B». La
mission est confiée une nouvelle fois aux Royal Marines du N°5
Commando. Ceux-ci, appuyés par la Force Navale A, débarquent
à Helville, chef lieu de l’île. Ils s’emparent
de la fabrique de sucre et de l’usine produisant le carbure de
silicium, puis se rendent maîtres de l’île après
un bref combat.
Ils ne déplorent que quelques pertes.
Force
Navale A
Cuirassés
: HMS Birmingham et Warspite
Croiseurs légers : HMS Caradoc, HMS Dauntless, HMS Gambia et
HNLMS Jacob van Heemskerk
Dragueur de mines HMS Manxman
3)
Opération Stream : débarquement à Majunga.
La
Navy prévoit pour l’opération un bombardement naval
et une forte couverture aérienne. Le porte avions HMS Illustrious,
le croiseur HMS Birmingham, les destroyers HMAS Nizam et Norman, assurent
l’escorte principale du convoi. La force de débarquement
n’aura pas recours au support d’artillerie naval car elle
ne rencontrera qu’une faible opposition à Majunga. Plus
tard dans la journée, les deux destroyers australiens seront
cependant chargés d’intercepter de petits bateaux qui tentent
de s’échapper du port. Seul le Norman fera usage de ses
canons pour les arraisonner.
Deux
brigades participent au débarquement, la 29th Independent Brigade,
commandée par le Brigadier General Festing et le 22nd East African
Brigade Group du Brigadier General Dimoline. Peu après 01h00
du matin, des LCI transportant les hommes du 2nd Royal Welch Fusiliers
et du 2nd East Lancashire Regiment, s’approchent des côtes
et s’emparent d’une plage déserte, située
à 10 kilomètres au Nord de Majunga. Très vite le
PC de la 29th Independant Brigade débarque à son tour
et lance son attaque en direction de Majunga par le Nord et le Nord-Est,
afin de prendre à revers les défenses côtières.
Devant
Majunga, l’assaut de la 29th brigade est précédé
par un nouveau raid des hommes du Commando N°5.
Ceux-ci doivent mener un coup de main qui permettra aux troupes de débarquement
de s’emparer plus aisément du port et du terrain d’aviation.
Ils seront aidés dans leur tâche par les hommes du 2nd
South Lancashire Regiment qui débarqueront en même temps.
Les commandos prévoient d’utiliser la même tactique
qu’à Antsirane, en mai 1942.
Le destroyer qui les transporte se positionne à hauteur de Monbasa
puis doit filer le long des quais à trente nœuds, pendant
que les commandos se jetteront par-dessus bord, au niveau des docks.
Mais l’opération tourne mal.
Un problème mécanique retarde l’assaut et alors
qu’ils avaient prévu d’agir, sous couvert de l’obscurité,
les commandos doivent lancent leur attaque aux premières lueurs
de l’aube. Ils sont immédiatement pris à partie
par au moins quatre mitrailleuses dissimulées derrière
les façades des bâtiments. De nombreux hommes tombent,
fauchés par les rafales mais une rapide riposte du navire permet
cependant de limiter les pertes. Il s’ensuit des combats de rue
où les commandos doivent se débarrasser de nombreux tireurs
embusqués aux fenêtres. Leur objectif principal est la
poste dont ils doivent s’emparer afin de couper toute communication
avec Tannanarive, la capitale malgache. L’objectif secondaire
est de s’emparer de la résidence du gouverneur, de capturer
si possible celui-ci et enfin de faire flotter le drapeau de Union-Jack
sur ce bâtiment officiel. Les deux objectifs sont atteints sans
difficultés et les pertes françaises sont importantes.
Mais le gouverneur Annet est absent, il se trouve en fait à Tananarive.
Vers
05h30, tous les débarquements sont achevés. La banque
et le bureau de transmissions de Majunga sont sous contrôle allié.
Les dragueurs déminent aussitôt l’intérieur
et les abords du port. On ne dénombre pas plus de 40 tués
et blessés côté britannique. L’action des
commandos permet à la 29th Brigade d’investir rapidement
Majunga par le Nord sans rencontrer de véritable opposition.
Elle s’enfonce à l’intérieur des terres et
s’empare facilement de l’aérodrome, mais les derniers
appareils français se sont déjà envolés
pour le terrain d’Ihosy. ELa 29th brigade est ensuite relevée,
elle cède sa place au 22nd East African Brigade Group qui progresse
alors vers le Sud.
Au Nord, profitant de la confusion qui règne après l’attaque
sur Majunga, les sud africains du 1st City Regiment (7th Motorized Brigade)
sortent de leurs positions d’Ambilobe et s’avancent le long
de la côte. Ils parviennent à s’emparer de Beremanja.
Mais le mauvais temps perdure et ralentit l’avance des alliés.
Les fleuves sont en crue, les ponts sont systématiquement démolis
par les français et l’état des routes est pitoyable.
Dans
l’après-midi du 10, la Composante Aérienne Sud-africaine
se déplace de Diego Suarez sur le terrain de Majunga avec ses
5 Maryland et 7 Beaufort, en état de vol. A partir de cet aérodrome
de fortune, composé d’une courte piste bordée de
grands arbres et s’arrêtant face à une carrière,
deux Marylands du 32nd Flight décollent pour attaquer l'aérodrome
d’Ivato. Un des avions, piloté par le Lieutenant Neil Ross,
est touché par la DCA et le navigateur, le Lieutenant P. Kleyn
est tué.
Le
13 septembre, la 29th independent Brigade est de retour à Majunga.
Une fois ravitaillée et recomplétée, elle embarque
dans la journée, pour aller se joindre à la force d’assaut
qui se prépare à débarquer sur Tamatave.
Une
colonne motorisée de la 22nd East African Brigade saisit intacts
les ponts sur la rivière Kamoro, qu’elle franchit d’un
bond. Elle emprunte ensuite ce que les locaux appellent la "porte
de l’Occident". Après le passage des grands fleuves,
celle-ci s’ouvre sur la principale route économique et
stratégique menant à Tananarive. Les français la
connaissent bien car l’avant-garde de leur Corps Expéditionnaire
l’avait également suivie en mai 1895. Ils savent que le
point de confluence entre les deux fleuves au Nord-Ouest de Tananarive,
forme un véritable verrou de la plaine fluviale, menant à
la capitale. Aussi ils se regroupent au Nord de Maevatanana où
ils arrêtent pour un temps la progression des britanniques en
faisant sauter devant eux, le long pont suspendu à la jonction
entre le Grand Betsiboka et le fleuve Ikopa.
Le
16 septembre, le commandement britannique reçoit un message radio
provenant du Gouverneur Annet. Celui-ci demande une trêve dans
les hostilités afin que des plénipotentiaires puissent
être reçus par les alliés. Il dit rechercher dans
l’honneur une solution avant que la dernière bataille ne
se déroule. Les émissaires français sont pris en
compte par un avion sud-africain et atterrissent à Majunga le
17 septembre. L’entrevue ne débouche sur rien. Les français
déclarent très vite que les conditions britanniques pour
un cessez le feu puis un armistice sont inacceptables.
Ils retournent dès le 18 à Tananarive.
4)
Opération Jane: débarquement à Tamatave.
Le
contre Amiral Tennant, s’appuyant sur la faible résistance
opposée à Majunga, le 10 septembre décide de ne
pas avoir recours au bombardement naval planifié, afin d’éviter
des destructions inutiles et des victimes civiles.
Il fait déployer toutes se forces de support pour faire une démonstration
de sa puissance aérienne et maritime mais préfère
avant l’assaut tenter de raisonner les troupes vichystes de Tamatave.
Le 18 septembre, il envoie un message radio aux défenseurs du
port, leur enjoignant de se rendre. Mais plus tard, lorsqu’un
officier de marine s’approche des quais à bord d’un
LCI arborant un drapeau blanc, pour discuter des termes d’une
reddition, il est accueilli par un feu nourri de mitrailleuses. Rapidement,
le Warspite et les destroyers Napier, Nizam, Nepal et Norman sont contraints
d’entamer un barrage avec leurs pièces les plus légères.
Après deux heures de bombardement, les défenseurs du port
de Tamatave capitulent et hissent un drapeau blanc. Le débarquement
se déroule dans la journée du 19 septembre.
Le port qui n’a subi que des dommages légers, est occupé
et la ville investie sans rencontrer d’opposition. Les troupes
suivent ensuite la route et le chemin de fer qui mènent à
Brickaville. Elles sont retardées par des abattis, des barrages
sur les routes et des démolitions mais n’ont que peu de
contact avec les troupes françaises.
5)
Opération Line, objectif : Tananarive.
Une
fois Majunga et Tamatave aux mains des alliés, la dernière
phase de la campagne, l’opération Line peut être
déclenchée. La prise en tenaille de Tananarive s’avère
difficile à réaliser car la colonne motorisée et
les troupes débarquées à Majunga rencontrent de
nombreuses coupures fluviales importantes où les ponts ont sauté.
Il leur faut chaque fois trouver un nouvel itinéraire et un temps
précieux est perdu. Le commandement allié croit un temps
que la réussite de l’opération Line va reposer sur
la rapidité de progression des troupes débarquées
à Tamatave. Mais celles-ci rencontrent une résistance
assez ferme. Bien que sporadique et vouée à un échec
certain, cette guérilla faite de nombreuses escarmouches avec
les forces armées de Vichy et d’innombrables obstacles
érigés sur les routes principales, ralentit fortement
la progression britannique. Finalement, c’est de la 22nd East
African Brigade que vient la solution. Depuis 13 jours, elle a détaché
une Task Force en tête. Cette colonne interarmes, commandée
par le Lieutenant-Colonel J. McNab se compose du 1/1st (Nyasaland) King’s
African Rifles, du South African Armoured Cars Commando, de la 28th
Battery du 9th Royal Fiel Artillery. Malgré tous les obstacles
rencontrés, elle a enfin réussi à trouver un cheminement
ouvrant sur la plaine au Nord-Ouest de Tananarive. Vers la fin de l’après-midi
du 23 septembre, elle rencontre une dernière résistance
sérieuse à Mahitsy, au Nord-Ouest de Tananarive. Sa réduction
nécessite le déploiement d’un bataillon d’infanterie,
appuyé par l’artillerie et quelques blindés légers.
Task Force en tête, la 22nd East African Brigade après
avoir parcouru 580Km depuis Majunga, entre en début de soirée
dans les faubourgs de Tananarive. Depuis quelques heures, la capitale
malgache a été déclarée ville ouverte. La
Brigade reçoit un accueil enthousiaste de la population qui jette
des fleurs sur le passage des soldats.
Averti de l’arrivée imminente des alliés, le Gouverneur
Général Annet abandonne Tananarive, et se dirige vers
le Sud avec ses dernières troupes. Pour couvrir son retrait,
il prend soin de faire sauter le pont sur la route principale entre
Tana et Antsirabe. Il sait que son action est désespérée
mais il mobilise tous les Européens pour « résister
à l'envahisseur ». Malgré toutes les interventions,
tous les appels à la radio des alliés qui tendent à
lui démontrer l'inanité de son attitude criminelle, il
ne renonce pas.
Il va même jusqu’à mobiliser l'avocat communiste
Albertini, qu’il avait interné à Antsirabe. Ce détenu,
qui espérait chaque jour être délivré par
les Britanniques fut donc contraint d’aller se battre contre eux,
à la tête de sa section de mitrailleuse, en faisant ce
que M. Annet appelait « son devoir de Français ».
XXIV. Impuissance
masquée du gouvernement de Vichy.
En
Métropole, le gouvernement de Vichy est bien entendu conscient
de la perte inéluctable de Madagascar. On s’attend à
une prochaine capitulation du Gouverneur Annet, ce n’est plus
qu’une question de jours. Toutefois les communiqués de
Vichy, notamment lancés à l’initiative de Jules
Brévié, parlent avec une certaine fierté de la
chute de Tananarive et de l’héroïque défense
de Madagascar :
Message
du gouvernement de Vichy :
L’énorme supériorité des troupes britanniques
et la puissance écrasante des moyens mis en œuvre par les
envahisseurs, ont permis à ceux-ci de pénétrer
dans Tamatave, capitale de Madagascar. Auparavant, le Gouverneur Général
Annet s’était retiré en un autre point moins accessible
d’où il continue à animer les opérations
de défense de l’île, à stimuler le loyalisme
des fonctionnaires placés sous ses ordres. Quant à la
résistance offerte par les troupes, le chef de la colonie n’a
pas été seul à en montrer, dans le même message,
le caractère âpre et acharné. Un communiqué
britannique a annoncé, en effet, que les troupes britanniques
approchaient des faubourgs de la ville, en dépit d’une
tenace résistance de la part des forces françaises et
a ajouté :
- « La résistance au Nord-Ouest a enfin été
vaincue, lorsque nos troupes emportèrent leur dernier objectif
à Mohitsy. »
Ainsi, les adversaires eux-mêmes ont reconnu que les valeureux
combattants de Madagascar comme ceux de Syrie, ont tenu contre les agresseurs,
jusqu’à l’extrême limite de leurs possibilités.
La lutte continue.
Le
Secrétaire d’Etat aux colonies :
Tananarive a été occupée par les britanniques,
le 23 septembre à 17h00. La prise de la capitale par l’ennemi,
après 14 jours de luttes inégales, termine la première
phase de la résistance. Malgré la chute de Tananarive,
nos troupes s’apprêtent à résister dans le
second secteur de la Grande Île, avec la même héroïque
abnégation.
Message
du Gouverneur Brévié à la population de Madagascar
:
Au moment où Tananarive tombe au pouvoir de l’envahisseur,
le gouverneur tient à vous faire entendre sa voix et à
vous dire son admiration, sa gratitude et sa confiance. Accablés
par la supériorité matérielle de l’adversaire,
vous ne pouviez espérer vaincre. Vos morts s’ajoutent au
deuil de la Patrie. Vos ruines à ses misères. Vous êtes
restés fidèles à la France, pour le meilleur et
pour le pire. Nul, le gouvernement français le sait, ne pourra
vous enlever votre fermeté patriotique. Gardez, sous l’occupation
étrangère cette même dignité d’attitude
que vous avez montrée avant l’invasion et pendant les combats.
Restez unis entre-vous. Gardez confiance en la France. Madagascar unie
avec elle prouvera, dans une commune destinée, le prix de son
attachement. Notre pensée ardente suit les phases de la lutte
héroïque qui continue.
Ces
communiqués ont pour but de cacher l’impuissance du gouvernement
de Vichy et de rassurer la population en métropole. Ils permettent
en outre, en s’appuyant sur la durée de la campagne de
Madagascar, de donner l'impression aux allemands que l’île
Rouge a été bien défendue. Toutefois la vérité
est tout autre. Les forces françaises, lasses de ce combat qu’elles
savent sans issu, combattent assez mollement et c’est sans rencontrer
trop d'opposition que les alliés capturent la capitale Tananarive.
XXV.
Opération Rose, débarquement à Tuléar et
à Fort Dauphin.
Dans
les jours qui suivent la chute de Tananarive, des reconnaissances aériennes
et des renseignements locaux montrent que les français se replient
vers le Sud, par Antsirabe, Ambositra et Fianarantsoa, en prenant soin
de faire sauter chaque pont derrière eux. Le général
Platt étudie alors la possibilité de les prendre à
revers en lançant deux opérations locales de débarquement
au Sud de l’île, à Tuléar, ou une base d’hydravions
peut être rapidement établie et à Fort dauphin d’où
partent par bateau les chargement de Micas à destination de l’Europe
occupée. Les alliés disposent de peu de temps et surtout
de peu de matériel blindés pour mener la mission. Les
troupes sont prélevées sur la 7th South African Mechanized
Brigade, présente à Diego Suarez. Le Prétoria Regiment
et quelques automitrailleuses Dingo Daimler du 1st SA Armoured Car Commando,
embarquent à bord du HM Empire Pride le 20 septembre. Le transport
est escorté par le HMS Birmingham et les destroyers HMS Inconstant,
HMS Napier et HNLMS Van Galen. Ce sera l’unique débarquement
amphibie auquel participeront les sud-africains pendant la seconde guerre
mondiale. Le 24 septembre, après s’être approché
de la côte Sud-Ouest de Madagascar, deux compagnies du Pretoria
Regiment, appuyées par les automitrailleuses s’emparent
de Tuléar. Deux autres s’emparent de Fort dauphin. Les
forces vichystes estimées à au moins une compagnie n’opposent
qu’une résistance de principe puis se rendent aux assaillants.
XXVI. Blocus de
la Navy.
Au
large des côtes malgaches, la Navy veille au blocus de l’île,
escorte les convois de ravitaillement et traque les éventuels
sous-marins ennemis. Le destroyer HMS Nizam s’illustre par deux
fois lors de ses patrouilles dans le canal du Mozambique. Il arraisonne
tout d’abord le paquebot vichyste Maréchal Galliéni,
le 24 septembre. Le lieutenant V. Cohen en prend le commandement et
ramène la prise de guerre jusqu’ au port du Durban. Dès
son retour, le 29 septembre, il intercepte à hauteur de Lourenco
Marques le paquebot Amiral Pierre, de la compagnie des messageries maritimes.
Mais le 30 septembre, alors que le navire capturé fait route
vers l’Afrique du Sud, des membres d’équipage sabordent
le navire. Le Nizam, après avoir récupéré
l’équipage du paquebot, le coule au canon, le 30 septembre.
Le 8 octobre le HMS Nizam se porte au secours du navire marchand hollandais
Gaasterkerk qui a été torpillé et coulé
par le sous-marin allemand U-68, au large de Capetown. Son action permet
de recueillir 64 survivants.
XXVII. Une campagne
de sept mois s’achève.
Dans
le secteur de Tananarive, le 22nd East African Brigade Group a poussé
vers l’Est de la ville pour faire jonction, le 25 septembre avec
la 29th Independent Brigade qui arrive de Tamatave. Le 26, le Lieutenant
Général Britannique William Platt, commandant en chef
de L’East African Fleet transfère son poste de commandement
de Majunga à Tannanarive, en utilisant la voie ferroviaire peu
endommagée. Après avoir été ravitaillée,
la 22nd Brigade entame une progression vers le Sud le 09 octobre, en
direction de la ville d’Ambalavao.
Du 13 au 14 octobre, l’Amiral J.F. Sommerville est en visite à
Diego Suarez pour se rendre compte par lui-même de l’évolution
des opérations sur Madagascar. Il se dit irrité par l’attitude
des français qui préfèrent ériger des barrières
sur les routes et faire sauter des ponts sans rechercher le combat.
Il est également persuadé que la résistance française
se désintégrera d’ici peu.
La
29th Independent Brigade présente sur l’île depuis
l’Opération Ironclad est relevée, le 16 octobre.
Le 18, elle embarque à Tamatave sur trois transports de troupes
(convoi MD-1). Elle sera escortée par les destroyers Napier,
Inconstant et Blackmore. Le N°5 Commando, présent sur l’île
également depuis le 05 mai est relevé et retourne vers
Durban alors la 29th Brigade doit être dirigée vers l’Inde.
Mais suite à l’apparition de nombreux cas de malaria au
sein de la troupe, les trois transports se déroutent vers Durban
où la Brigade aura deux mois de répit pour se remettre
sur pied. Le même jour la 22nd East African Brigade combat devant
Andramanalina et rencontre une sérieuse opposition. Le 1/6 (Tanganyika)
King's African Rifles exécute alors une marche forcée
pendant 24 heures pour surprendre l’ennemi sur ses arrières.
Il calque sa progression sur celle du 5th (Kenya) King's African Rifles
qui contourne la ville par le flanc. Le 19 au soir, les deux unités
parfaitement synchrones et appuyées par les canons de la 20th
battery de la 9th Field Artillery Brigade et la 56th (Uganda) Field
Battery attaquent les défenses de la ville. La résistance
cesse rapidement et 700 français sont faits prisonniers. En outre
les alliés saisissent un butin comprenant deux canons de 75mm,
un canon de 20mm DCA, 7 mortiers et 16 mitrailleuses. Aucne perte n’est
à déplorer dans les rangs des assaillants. Ce sera le
dernier gros accrochage pour les hommes de la 22nd East African Brigade.
La campagne de Madagascar lui aura coûté 31 tués
et 90 blessés.
Le
31 Octobre, le 1st Armoured Car Commando (South African 7th Motorized
Brigade) entre le premier par le Sud dans Fianarantsoa, la dernière
ville importante de Madagascar encore sous contrôle vichyste.
Le 4 Novembre, la dernière position de défense française
tombe. Le 5 Novembre 1942, le Gouverneur Général Annet
accepte finalement le principe d’un armistice avec les forces
britanniques. Les termes de celui-ci sont rigoureusement les mêmes
que ceux proposés lors de l’entrevue du 17 septembre. Les
hostilités s'arrêtent officiellement à 14h. L’armistice
est signé le lendemain à Ambalavao. Le 08 novembre, le
Gouverneur Général Armand Annet capitule près de
Ihosy, dans le sud de l'île. Il est ensuite mis aux arrêts
et évacué vers l’Afrique du Sud. Les forces françaises
sur Madagascar, fidèles au gouvernement de Vichy, ont appliqué
sans faille et jusqu’au bout les consignes de résistances
données par Jules Brévié, après la chute
de Tananarive. Ils ont mené un combat de guérilla, battant
en retraite sur toute la longueur de l'île, faisant sauter 58
ponts sur leur passage, pendant une campagne qui dura 56 jours.
XXVIII. Londres
remet solennellement Madagascar à La France libre.
Selon
l'auteur des Mémoires de guerre, Eden, le 6 novembre, vient voir
de Gaulle, "tout sucre et tout miel" pour lui annoncer que
le gouvernement de Sa Majesté a décidé de rétrocéder
Madagascar à la France combattante.
Il lui propose d'annoncer, dans un communiqué commun, le départ
pour Tananarive du Général Legentilhomme, déjà
nommé haut-commissaire pour l'Océan Indien. De Gaulle
reçoit même une invitation à déjeuner chez
le Premier ministre. Perspicace, il en déduit que le débarquement
en Afrique du Nord est proche. Souhaitant préserver autant que
possible les derniers intérêts français dans l’Océan
Indien, il organise rapidement une mission pour tenter de faire tomber
l’île de La Réunion dans le giron de la France Combattante.
Dans la nuit du 27 au 28 novembre, le contre-torpilleur Léopard,
commandé par le capitaine de frégate Richard, débarque,
en rade de Saint Denis, une compagnie d'infanterie qui rallie la Réunion
à la France Libre.
Le
14 décembre, de Gaulle et Eden signent à Londres un texte
remettant solennellement Madagascar entre les mains de la France combattante.
En mai 1943, le Gouverneur Saint Mart est finalement désigné
comme gouverneur général.
A Madagascar
comme à la Réunion, les troupes sur place se rallient
à une grande majorité à de Gaulle. Sur les 1 200
Français faits prisonniers, 900 acceptent de rejoindre la France
libre. Un certain nombre d’entre-eux rejoindra le Régiment
Blindé de Fusiliers Marins de la 2ème DBFL du Général
Leclerc. Quant aux aviateurs restants, ils préféreront
rejoindre en majorité l’escadrille Normandie-Niemen, probablement
pour ne pas avoir à combattre aux côtés des britanniques.
La Grande Île, entre ainsi dans l'orbe des Alliés et de
nouveaux nombreux volontaires partiront rejoindre les Forces Françaises
Libres, pour combattre jusqu'à la victoire finale. Quant aux
britanniques, ils garderont cependant une présence permanente
de leurs troupes sur Madagascar jusqu’en 1946.
En
France, le 21 mars 1947, la Haute Cour de justice condamne Armand Annet
et Jules Brévié à l’indignité nationale
à vie. Jules Brévié se verra condamné en
outre à une peine de 10 ans de prison qui sera finalement commuée
en 7 ans.
A l’époque, l'indignité nationale est punie de la
peine de la dégradation nationale (peine nouvelle, infamante,
de nature essentiellement politique) de 5 ans à la perpétuité.
Ses conséquences sont: exclusion du droit de vote, inéligibilité,
élimination de la fonction publique, perte du rang dans les forces
armées et du droit à porter des décorations, exclusion
des fonctions de direction dans les entreprises, les banques, la presse
et la radio, de toutes fonctions dans des syndicats et organisations
professionnelles, des professions juridiques, de l'enseignement, du
journalisme, de l'Institut, interdiction de garder ou porter des armes.
Le tribunal peut ajouter des interdictions de séjour et la confiscation
de tout ou partie des biens. Le versement des retraites est suspendu.
XXIX.
Les conséquences de la guerre.
Dans
son souci de faire participer l’île à l’effort
de guerre, la France Libre à Madagascar va s’appuyer sur
l’économie locale. Les prélèvements et les
réquisitions augmentent sans cesse, ce qui suscite bientôt
le mécontentement de la communauté européenne et
des populations malgaches. Le problème est aggravé par
l’insuffisance des marchandises de nouveau importées et
le développement du marché noir. La population malgache
a payé de son sang, la résistance des troupes vichystes
face aux alliés. On la contraint maintenant à nouveau
de le verser pour libérer la France.
En décembre 1943, René Pleven promet la constitution d’une
commission mixte franco-malgache appelée à débattre
de l’évolution politique future de l’île. Mais
la France écarte l’autonomie au profit d’une représentation
des indigènes des territoires coloniaux au Parlement français,
après la guerre. Le conseil représentatif est créé
en mars 1945 et dispose de certains pouvoirs, notamment en matière
budgétaire.
Le
22 février 1946 des indépendantistes créent le
Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache, (MDRM).
La France craignant un accès trop rapide de Madagascar à
l’indépendance, préfère alors appuyer le
Parti des Déshérités de Madagascar (PASDEM) fortement
implanté dans les régions côtières. En mai
1946, le maladroit retour du Gouverneur Général de Coppet,
ravive de douloureux souvenirs au sein de la population locale. C’est
le début de nombreuses manifestations. L’opinion malgache
ne cache pas sa rancœur et sa colère contre la France. Elle
est influencée par le mouvement de décolonisation qui
débute alors en Indochine. Elle est aussi encouragée à
réclamer une évolution rapide du statut de l’île
par l’ONU et les deux grandes puissances du moment, les USA et
l’URSS.
Lors
des élections générales, en janvier 1947, le MDRM
emporte toutes les provinces sauf celle de Majunga.
Le 29 mars suivant, une insurrection violente se déclenche. Les
indépendantistes réussissent à prendre le contrôle
d’un sixième du pays (côte orientale). La France
emploie alors son armée pour mater l’insurrection dans
le sang.
Celle-ci s’achève en décembre 1948, sur un lourd
bilan. Selon les chiffres obtenus à l’issue d’une
enquête commandée par le gouverneur général
Bargues en 1950, il y aurait eu un peu plus de 11 000 victimes dont
plus de 80% appartenaient au camp des insurgés ou des victimes
de la répression (parfois aveugle).
Les représentants indépendantistes avancent eux entre
60 et 80000 victimes. Le divorce entre la France et Madagascar est consommé.
La population n’aura désormais de cesse de demander son
indépendance. Elle y accédera enfin le 26 juin 1960. L’île
Rouge sera admise à l’ONU quelques jours plus tard.
Quelques sources.
Livres :
Eric T. Jennings
Vichy in the Tropics : Pétain’s National Revolution in
Madagascar, Guadeloupe, and Indochina, 1940-44
Eric Nativel.
Revue Historique des Armées magazine :La "guérilla"
des troupes vichystes à Madagascar en 1942, 1998/1
Christian-Jacques
Ehrengardt, Christopher Shores.
L'aviation de Vichy au Combat, les Campagnes Oubliées, vol.1,
Paris : Lavauzelle, 1983
Kirby,
S. Woodburn.
History of the second world war, The war against Japan, volume II, London
HMSO, 1958
Buckley,
Christopher.
Fives Ventures. London: HMSO, 1954.
Joslen,
H. F.
Orders of Battle. London: HMSO, 1960.
Martin,
H. J. and Neil D. Orpen.
South African forces World War II, volume VII: South Africa at War,
Cape Town: Purnell, 1979.
Rohwer,
J. and G. Hummelchen. CHRONOLOGY OF THE WAR AT SEA, 1939-1945. Annapolis,
MD: Naval Institute Press, 1992
Shores,
Christopher.
Dust Clouds In the Middle East. London: Grub Street, 1996
Max Gallo.
De Gaulle, la solitude du combattant, Robert Laffont, 1998.
Sources :
C-J. Ehrengardt
Aéro Journal N°47 - Mars 2006 « Les Britanniques à
Madagascar »
Jean Pierre
Pénette et Christine Pénette Lohau
Le livre d’or de l’aviation malgache
Andrew, Thomas
Royal Navy Aces of WWII, Osprey n°75
Sites Internet :
http://www.history.navy.mil
http://www.naval-history.net/
http://www.uboat.net/allies/warships/ship/
http://www.sectionrubis.fr/spip.php?article93
http://www.combinedfleet.com/ss.htm
http://www.combinedfleet.com/sensuikan.htm#tromsmid
http://pagesperso-orange.fr/sous-marin.france/
http://www.merchantnavyofficers.com
http://stonebooks.com/history/mozam.shtml
http://freespace.virgin.net/e.gilroy/ironclad.html
http://samilitaryhistory.org/vol092jc.html
http://samilitaryhistory.org/vol021ce.html
http://en.wikipedia.org/wiki/No._5_Commando
http://france1940.free.fr/vichy/ob_madaf.html
http://www.rothwell.force9.co.uk/22ea.htm
http://www.combinedops.com/MADAGASCAR.htm
http://www.fleetairarmarchive.net/Squadrons/
http://www.bretagne-aviation.fr/Aviateurs/page_bon.htm
http://stonebooks.com/history/madagascar.shtml
http://wapedia.mobi/fr/Operation_Ironcla