1-
La poussée vers le Yalu
Après
l’incroyable réussite du coup de poker que représentait
le débarquement d’Inchon l’idée de l’infaillibilité
du général Mc Arthur fit son chemin dans les esprits.
Pourtant, à partir de la poussée au nord du 38ème
parallèle, il sépara délibérément
la 8ème Armée du général Walton "Bulldog"
Walker du 10ème Corps du général Edward Almond.
A compter du 1er Octobre la 8ème Armée entamait sa traversée
symbolique de l’ancienne frontière entre les deux Corées.
Elle fit face à une forte résistance pendant environ une
semaine avant de prendre Pyongyang le 19. La ligne de front ennemie
s’était purement et simplement effondrée. Le 25,
des éléments avancés atteignaient le fleuve Yalu
et la frontière chinoise. Les deux divisions du 10ème
Corps (1er Marines et la 7ème Armée) avaient pour but
la prise des réservoirs de Chosin (Changjin en coréen
) par les Marines et de Fusen par l’Armée, chacun à
environ 100 Km à vol d’oiseau du port de Hungnam. Elles
devaient avancer le plus rapidement possible vers le Yalu afin d’encercler
lors de leur jonction avec la 8ème Armée le restant des
forces nord-coréennes. Ainsi séparées d’une
centaine de Km par "l’épine dorsale" de la
Corée - une chaîne de montagnes pouvant s’élever
jusqu’à 1500 m - chacune des deux armées allait
devoir subir seule son propre supplice. Le 10ème Corps débarqua
fin octobre à Wonsan, rallia Hungnam et s’engagea vers
Chosin sur la Principale Ligne de Ravitaillement (PLR), en fait la seule
route praticable, bordée de falaises d’un côté
et d’à-pics vertigineux de l’autre. La route commençait
à Hungnam. Treize Km plus loin se trouvait Hamhung, puis Sudong
à 46 Km, Chinghung-Ni à 10 Km, Koto-Ri à 16 Km,
Hagaru-Ri à 18 Km et enfin Yudam-Ni à 22 Km. Cent vingt-cinq
Km de ce qui allait devenir une des pires routes jamais foulée
par les Marines. Après avoir franchi les 13 Km de pente raide
menant à la passe de Fuchinlin et au plateau de Koto-Ri (850m)
la PLR rejoint Hagaru à la pointe sud du réservoir. Puis
la route monte jusqu’à la passe de Toktong (1 350 m) avant
de redescendre dans la vallée de Yudam-Ni. Là, la route
se sépare, soit vers le nord, soit vers l’ouest. Courant
novembre, la 1ère Division se déploya le long de la PLR
entre Koto-Ri et Yudam-Ni pendant que la 7ème division remontait
le réservoir par l’Est à partir d’Hagaru.
2- L’intervention chinoise
La
participation des Etats-Unis à la guerre sous l’égide
de l’ONU alerta grandement les communistes chinois au pouvoir
depuis moins d’un an. Une victoire américaine en Corée,
associée au récent blocus du détroit de Taiwan,
menacerait aussi bien leur sécurité que leurs intérêts
idéologiques. Après la prise d’Inchon et de Séoul
le front se rapprocha de plus en plus de la Mandchourie, région
industrielle de 1ère importance. Les Chinois usèrent de
différents canaux pour prévenir les Américains
de leur possible intervention si ceux-ci devaient s’approcher
trop près de leur frontière. Hypnotisé par l’idée
d’une victoire totale Mc Arthur (et la majorité du Gouvernement)
négligea ces allusions et le 1er Octobre les troupes sud-coréennes
franchissaient le 38ème parallèle. Le 8, le président
Mao Ze Dong autorisait les "volontaires" Chinois (en fait
l’Armée de Libération Populaire sous les ordres
de Peng De Huai- la Chine ayant par la suite nié la participation
de Lin Piao, alors en disgrâce il et vrai, à la guerre)
à franchir la frontière. La 1ère phase de l’offensive
chinoise commença quand le 13 ème Corps attaqua à
compter du 25 Octobre le 2ème Corps sud-coréen (ROK, Republic
of Korea), étrillant sa 6ème Division. De fait, la trop
grande extension des lignes fit porter la menace sur le 2ème
ROK tout entier qui s’enfuit, laissant le flanc droit de la 8ème
Armée à découvert. Le 8ème de Cavalerie
US fut envoyé à la rescousse du 1er ROK désormais
dans la ligne de mire chinoise à Unsan. Les Américains
furent rapidement submergés et battirent en retraite le 2 novembre.
De son côté le 10ème Corps fut pris à partie
entre Sudong et Chinghung-Ni entre le 2 et le 6 novembre sans toutefois
que les "volontaires" ne puissent enfoncer ses lignes. Au
matin du 7 les troupes ennemies avaient disparu de la totalité
de la ligne de front. Mc Arthur n’apprécia pas la gravité
de ce qui venait de se passer malgré la retraite tactique de
Walker. Persuadé d’avoir infligé une sévère
défaite à la Chine et convaincu par les estimations indiquant
la présence d’entre 16 et 34000 Chinois, il s’enferma
dans l’idée qu’une avance rapide empêcherait
toute nouvelle velléité d’intervention et fit reprendre
la marche de ses 2 formations. A cette date, c’est en fait 300
000 Chinois qui se trouvaient en Corée du Nord.
3-
La déroute de la 8ème Armée
Avec
l’espoir d’en finir avant Noël les forces sous mandat
de l’ONU avançaient toujours plus loin, étendant
dangereusement leurs lignes- ainsi que l’avait prévu Peng
De Huai- et mésestimant totalement les forces de l’adversaire.
La 2ème phase de l’offensive chinoise débuta au
soir du 25 novembre. Deux divisions du 13ème Corps (180 000 hommes
au total) devaient détruire le 2ème Corps ROK en Corée
centrale afin de couper la retraite des 1er et 9ème Corps US.
Au soir du 26, le 2ème Corps était désintégré
et les Chinois encerclaient la 2ème Division d’Infanterie
(DI) US. Dans le même temps le reste du 13ème Corps attaquait
le front des lignes de l’ONU afin de les clouer contre leur mouvement
de flanc. Le 1er Corps battit précipitamment en retraite vers
la côte. A ce stade, c’est toute la 8ème Armée
qui était menacée d’encerclement. Mc Arthur n’autorisa
la retraite de la 2ème DI que le 28 mais à cette date
la 38ème Armée chinoise avait coupé la route de
Kunu-Ri à Sunchon, investissant les collines et harcelant les
soldats en déroute du feu constant de leurs armes et de leurs
mortiers. Des quantités considérables de matériel
et débris divers (tanks, artillerie, véhicules de transport…)
furent abandonnés lors de ce qui s’apparentait désormais
à une déroute. Le soutien aérien de l’ONU,
notamment les bombardements au napalm, contint du mieux qu’il
put la pression chinoise. N’ayant pas les moyens matériels
de réellement bloquer la route, les "volontaires" durent
laisser s’enfuir les soldats désorientés. Le 30
novembre les survivants de la 2ème DI (5 000 pertes) firent leur
jonction avec la 27ème Brigade du Commonwealth dépêchée
en urgence pour les relever. Le restant du 1er et du 9ème Corps
battit en retraite par Anju vers la côte Ouest. Les Chinois n’avaient
pas été assez rapides pour bloquer cette issue.
4-
Chosin : Début de l’offensive
Les
Marines reprirent leur progression le 27 novembre. Le soir même
les Chinois lançaient leur attaque, pas uniquement sur les avant-postes
mais sur plus de 50 Km le long de la PLR. Il sembla aux officiers que
chaque unité des 2 régiments présents à
Yudam-Ni (5ème et 7èmee) reporta être attaqué
ce soir-là. Sans appui d’artillerie les Chinois se lancèrent
frontalement à l’assaut par vagues successives, de nuit,
à la grenade et à l’arme légère, stupéfiant
les Marines par leur résolution et leur obstination à
contre-attaquer malgré les pertes terribles qu’ils leur
infligeaient. Malgré leur faible puissance de feu les Chinois
étaient très largement supérieurs en nombre face
aux Américains (1 contre 10 environ) et la tactique de la "vague
humaine" faillit plus d’une fois l’emporter. De très
nombreux combats au corps à corps furent reportés. Les
cuisiniers et membres du personnel administratif durent prendre les
armes à Koto-Ri et Hagaru où la colline de East Hill qui
verrouillait la vallée au Nord-Est subit vague après vague
les assauts ennemis. A Yudam-Ni les Chinois parvinrent même à
atteindre le PC du 3/5 du lieutenant-colonel Taplett- tuant son commandant
en second, le major Canney- avant d’être repoussés.
Les Marines subirent de nombreuses pertes mais parvinrent à tenir
leurs lignes. Au matin du 28 les Américains tenaient 3 secteurs
isolés les uns des autres : Yudam-Ni (5e et 7e régiments),
Hagaru (3/1) et Koto-Ri (2/1). Les Marines prirent rapidement conscience
de la précarité de leur situation face à un ennemi
très supérieur en nombre (12 divisions) et s’interrogèrent
sur la poursuite de leurs objectifs. Hagaru, avec son terrain d’aviation
et ses entrepôts de réserves à la jonction de la
seule route d’évacuation possible n’était
défendu que par un bataillon. Les forces US étaient dispersées
sur des centaines de Km² de montagnes désolées le
long de leur unique source de ravitaillement et par-là même
des proies tentantes pour l’encerclement par un ennemi qui lui
se déplaçait à sa guise. La nécessité
d’une retraite s’imposait mais Almond mit du temps à
en prendre conscience et ne consentit à cette mesure que 2 jours
plus tard. Entre-temps, le commandant de la 1ère Division de
Marines, le Major-Général Oliver P. Smith, mit tout en
œuvre pour renforcer le nœud vital qu’était Hagaru.
5-
Chosin : Task Force Drysdale
Le
28 novembre, 235 commandos des Royal Marines arrivèrent à
Koto-Ri. Initialement prévus comme un groupe de reconnaissance,
la situation exigeait de renforcer immédiatement Hagaru avec
chaque homme disponible. Le 29 au matin les Britanniques, alliés
à une compagnie de Marines (G/1) et une d’infanterie (B/31)-
soit 922 hommes et 141 véhicules au total- et sous le commandement
du lieutenant-colonel Drysdale, partit de toute urgence vers le Nord.
La Task Force Drysdale (Groupe de Combat Tactique) rencontra l’ennemi
quasiment immédiatement. Les hommes se déployèrent
et partirent difficilement nettoyer les hauteurs qui les entouraient.
Malgré le renfort d’une compagnie de tanks, à la
tombée du jour (vers16h15) la TF n’avait progressé
que de 6Km. Smith insista pour que l’avance se poursuive coûte
que coûte. Le chef de la compagnie de blindés ne relevant
pas du commandement de Drysdale, il refusa malgré la demande
de ce dernier de distribuer ses chars le long du convoi et les massa
en tête. Cette malheureuse répartition fit que lorsque
la TF fut prise en embuscade le long d’un défilé
que l’on appellera plus tard "hellfire valley" les hommes
et les véhicules de transport se trouvèrent sans protection
"lourde". A 22h, à 8km de leur base de départ,
le convoi se trouva coupé en deux. Une partie des soldats de
queue put retourner sur Koto-Ri au prix de nombreux combats. Les Marines
américains et britanniques passèrent quant à eux
la plus grande partie de la nuit à subir les assauts chinois.
A minuit les premiers éléments du convoi durent forcer
un nouveau barrage avant de pouvoir pénétrer en catastrophe
dans Hagaru. 150 morts, 150 blessés, de nombreux prisonniers
au moins 75 véhicules détruits et seulement 1/3 de la
force initiale arrivée à bon port soldaient la tentative
de percée de la Task Force Drysdale. Les 175 survivants des Royal
Commandos furent immédiatement placés sous les ordres
du 5ème Regiment pour repartir au feu.
6-
Chosin : Task Force Faith
L’Armée
et les Marines avaient deux missions séparées, de toute
évidence non coordonnées. Comme prévu, les soldats
avaient commencé à remonter Chosin par l’Est en
direction de Fusen. Au soir du 27 novembre un PC temporaire était
installée à Hudong-Ni, à 5 Km d’Hagaru.
3 bataillons avancés étaient positionnés 6 Km plus
loin autour de la crique de Pungnyuri : 2 bataillons d’infanterie
(3/31, 1/32) et le 57ème d’artillerie de campagne regroupés
à cette date sous l’appellation de "Task Force Mc
Lean". L’impréparation évidente de cette campagne
d’hiver- pas de stocks de munitions, rations ou essence, pas de
vêtements chauds, radio quasi inexistantes, fit que les batailles
engagées le furent séparément, dans des conditions
précaires et sans possibilité de soutien mutuel. Ce même
soir les avant-postes de la TF furent repoussés au niveau du
bataillon après de nouveaux furieux combats de nuit (spécialité
chinoise) allant là aussi jusqu’au corps à corps.
Les 3 jours suivants allaient plus ou moins se passer selon le même
schéma, à l’instar des Marines : bombardements aériens
des Marines et de la Navy et harcèlement constant des Chinois
de jour, violentes attaques de nuit. Le colonel Mc Lean fut capturé
le 29 novembre. Il mourut 4 jours plus tard au cours de son transfert
vers un camp de prisonniers. Les 2 autres chefs de bataillons étant
blessés c’est au lieutenant colonel Don Faith qu’échut
le commandement de la TF qui prit désormais son nom. Les Marines
ne pouvant apporter un soutien autre qu’aérien et les positions
de Hudong-Ni ayant été évacuées tant bien
que mal, c’est sur ses propres moyens que devait compter la Task
Force Faith pour rejoindre Hagaru. Les blessés ayant été
entassés du mieux possible dans les camions le départ
eut lieu péniblement le 1er décembre, toujours sous le
feu constant de l’ennemi. La progression se fit dans des conditions
atroces, chaque heure amenant son lot de nouveaux blessés à
transporter. A la tombée de la nuit l’absence de couverture
aérienne provoqua l’hallali. Le convoi fut proprement désintégré,
Faith tué. Hagards, désemparés, pour beaucoup blessés
et/ou souffrant de graves engelures (la température pouvait atteindre
la nuit de –20 à –35°), 1000 survivants sur les
3000 que comptaient la force initiale finirent par rejoindre Hagaru,
certains allant même jusqu’à traverser le réservoir
gelé, parfois en rampant. Trois cent quatre vingt cinq hommes
seulement furent jugés apte à reprendre le combat.
7-
Chosin : De Yudam-Ni à Hagaru
Après
avoir impatiemment demandé à ses subordonnés d’étendre
leurs lignes de manière inconsidérée, le général
Almond ne souhaitait plus que les revoir sur la côte. Malgré
sa propostion d’abandonner tout le matériel sur place O.P.
Smith était déterminé à conduire "une
retraite honorable et en bon ordre", rapatriant dans la mesure
du possible "le matériel avec lequel [les Marines] combattaient",
véhicules et artillerie inclus. C’est de cette volonté
des Marines (Almond était un général d’Armée)
que partit la "légende" de la retaite de Chosin. Le
1er décembre les survivants des 5èm et 7ème Régiments
commencèrent la première partie de leur voyage de retour
vers Hungnam sur les 22 Km séparant Yudam-Ni d’Hagaru.
Les bataillons se relayaient les uns les autres par sauts de puces sous
le tir constant des mitrailleuses et des mortiers chinois. Les Marines
ne pouvaient avancer qu’en envoyant section après section
nettoyer les premières hauteurs en avant de leurs positions,
chaque mètre étant âprement disputé à
l’ennemi. Les blessés ne cessaient de s’entasser
dans les camions ou même sur les capots des véhicules.
C’est aussi grâce au soutien indéfectible de leur
aviation que les Marines purent avancer. Même les pilotes ayant
reçu des ordres de mission plus au nord gardaient quelques munitions
en réseve afin de les larguer sur l’ennemi au retour. Régulièrement
la colonne devait s’arrêter, bloquée par un barrage
placé plus avant. C’était souvent le seul moment
où ceux qui n’étaient pas au feu pouvaient fermer
les yeux pour se reposer, quelques minutes seulement, les risques d’engelures
graves voire de mort étant omniprésents sous les températures
polaires de la Corée du Nord. Dans la journée du 2 la
liaison était faite avec la poignée de rescapés
de Fox 1/7 qui tenait la passe de Toktong seule depuis le 27 novembre,
difficilement ravitaillée par les airs. L’après-midi
du 3 décembre la tête de colonne pénétrait
dans Hagaru, les éléments de queue le 4 au soir. C’est
à cette date que l’on attribue à O.P. Smith la phrase
qui stupéfia les journalistes présents à Hagaru
ce jour-là : "Retraite ? Sûrement pas ! Nous ne faisons
qu’attaquer dans une autre direction". Cette remarque, tout
d’abord interprétée comme un extraordinaire défi
à la réalité fut quelques temps plus tards expliquée
comme tactiquement exacte : Les Marines attaquaient réellement
dans une autre direction car il est impossible de battre en retraite
quand on est encerclé.
8-
Chosin : Retour à Hungnam
Bien
que le premier et le plus grand danger encouru par la 1e Division ait
été surmonté par le retour à Hagaru de 2
de ses régiments, personne ne se faisait d’illusions quant
à la suite suite des évènements. Le reste du chemin
jusqu’à Hungnam serait du même tonneau. L’aéroport
d’Hagaru tourna à plein régime, évacuant
les blessés les plus graves par les airs. Le 6 décembre
la division se prépara à franchir les 18 Km qui la séparait
de Koto-Ri. Il était prévu que tous les éléments
auraient quitté la base du réservoir à la nuit
tombée mais les combats qui ralentirent l’avant-garde du
convoi mit l’arrière-garde, toujours à Hagaru, aux
prises avec les Chinois qui commençaient à descendre des
collines environnantes. Finalement les Américains purent s’extraire
d’Hagaru, laissant derrière eux des tonnes de matériel
brûlé ou détruit mais emportant leurs morts. Trente
huit heures de marche sous la neige, 103 morts et 506 nouveaux blessés
fut le tribut payé pour atteindre Koto-Ri. Là, les morts
furent enterrés dans une fosse commune creusée à
l’explosif dans la terre gelée. La mauvaise nouvelle suivante
fut la destruction du pont de la passe de Funchinlin par les Chinois,
pour la 3ème fois, mais cette fois pour de bon. Heureusement
le Génie put rapidement mettre au point un pont en sections qu’ils
parachutèrent à Koto-Ri. Le trajet entre Koto-Ri et Hamhung
se passa dans des conditions similaires aux précédents
; froid, neige, fatigue, engelures, et toujours et encore la pression
des Chinois qui parvenaient régulièrement à détruire
un véhicule, bloquant la progression du convoi pendant plusieurs
heures. Le 10 décembre les premiers éléments du
convoi atteignaient Hungnam où les attendaient de nombreux bateaux.
Petiti à petit les hommes embarquèrent, au fur et à
mesure que les civils pillaient ou que le Génie détruisait
l’énorme entrepôt qu’était devenu le
port. Le 24 décembre l’évacuation était terminé
et le port réduit en cendres par un bombardement sans grande
justification militaire de la Navy. Malgré la conduite héroïque
de sa "retraite" le 10ème Corps avait perdu la bataille.
A eux seuls les Marines avaient supporté 4 400 pertes au feu
et 7 300 autres plus particulièrement dûes aux engelures.
Les pertes chinoises furent estimées à 37 500, dont une
très grande partie là-aussi dûe au froid intense
qui sévissait dans la région, les misérables tenues
des soldats chinois et leurs conditions de ravitaillement étant
sans commune mesure avec celles des Américains. Il est vrai que
durant les derniers jours de sa longue marche vers Hungnam le 10ème
Corps ne souffrait plus que sporadiquement des attaques ennemies. Eux-aussi
étaient épuisés, au bout de leurs ressources. Mais
ils pouvaient se vanter d’avoir gagné une bataille stratégique
: Ils avaient repoussé le 10ème Corps, une force militairement
très supérieure, hors de Corée du Nord. Les grandes
offensives de Printemps allaient pouvoir se mettre en place.