La Guerre du Golfe

Les prémices de la crise


Hussein

Dès le 26 février 1990, la crise s'amorce : l'Irak souhaite modifier sa façade maritime et s'assurer un débouché sur le Golfe en louant deux îles koweïtiennes.
L'Irak réclame en outre à son voisin 10 milliards de dollars pour prix du sang versé lors de sa guerre contre l'Iran et l'annulation d'une partie de ses 70 milliards de dettes. Le Koweït refuse.
En juillet, le président irakien Saddam Hussein accuse le Koweït de voler depuis 1980 le pétrole irakien de la zone frontalière de Rumayla, et masse 30 000 hommes à la frontière.
Lors de la réunion de Djeddah, le 1er août 1990, les Koweïtiens annulent la dette irakienne.
Mais il est trop tard. Saddam Hussein a déjà décidé l'invasion du Koweït, qui lui permettra de s'emparer de son immense richesse en or noir.


L'invasion

Saddam Hussein annonce l'invasion du Koweit

Depuis Jimmy Carter, la politique moyen-orientale des USA vise à empêcher la domination du Golfe par un pays hostile à leurs intérêts.
Dans les années 1980, ce pays hostile est la République islamique d'Iran : Washington fournit donc, de 1984 à 1989, des armes à Bagdad, en guerre contre Téhéran.
Cependant, après le cessez-le-feu intervenu au cours de l'été 1988 entre l'Iran et l'Irak, l'image de Saddam Hussein se détériore, non seulement parce qu'il est un dictateur brutal, mais aussi parce qu'il remet en question la présence américaine dans le Golfe et cherche à se doter de l'arme nucléaire.
Le Congrès réclame des sanctions au printemps 1990, mais l'administration Bush s'y oppose. Le 25 juillet, l'ambassadrice des USA, April Glaspie, affirme à Saddam Hussein que son pays n'a pas d'opinion sur les frontières de l'Irak avec le Koweït.
Or, les satellites américains détectèrent des mouvements de troupes irakiennes à la frontière de l'émirat : Saddam Hussein interprète la déclaration de l'ambassadrice comme un feu vert. Le 2 août 1990, à 2 heures du matin, 100 000 soldats irakiens entrent au Koweït pour "aider à la mise en place d'un gouvernement provisoire".
L'émir al-Sabbah et son fils gagnent l'Arabie Saoudite, d'où ils appellent à résister.
Dès le 3 août, les Américains, mais aussi les Soviétiques, condamnent l'agression et invitent la communauté internationale à prendre des mesures contre l'Irak.
Sans doute Saddam Hussein avait -il estimé que, dans cette région du monde où les principes généraux du droit ont été continuellement bafoués, son action ne soulèverait qu'une indignation passagère.
C'était sans compter avec l'impossibilité pour les Soviétiques de jouer un autre jeu que celui des Américains, et, pour l'ONU, de rester sans réagir face à l'annexion d'un de ses pays membres.
Saddam Hussein fait savoir qu'il veut se retirer progressivement, en laissant un gouvernement "révolutionnaire".
Mais, n'ayant pu trouver des personnalités de l'opposition koweïtienne pour former un cabinet pro-irakien, il se ravise le 8 août et annexe purement et simplement le Koweit.


Opération "Bouclier du désert"

Arrivée de Soldats US à Dhahran

Ayant ainsi repris l'offensive – alors que les Américains ont lancé, le 7 août, à la demande de Riyad qui se sent menacée par les ambitions irakiennes, l'opération "Bouclier du désert" visant à installer une importante force multinationale en péninsule Arabique, Bagdad affirme mener une guerre des pauvres contre les riches, thème qui touche particulièrement les masses arabes défavorisées.
Le 9, les Occidentaux présents au Koweït et en Irak sont pris en otage, et certains sont envoyés comme boucliers humains sur les sites stratégiques, ce qui contribuera à "diaboliser" la figure de Saddam Hussein auprès des opinions publiques occidentales et à renforcer l'hostilité des pays concernés à son égard.
Le 10 août, l'Irak, pourtant dirigé par un parti laïc appelle tous les Arabes à la "guerre sainte" pour libérer la Mecque.
La présence des Américains à proximité des lieux saints de l'islam, légitimée par les oulémas saoudiens, est dénoncée par les oulémas irakiens.
Mais, le même jour, la Ligue arabe réunie au Caire décide l'envoi d'une force arabe pour défendre l'Arabie Saoudite.
Le 15 août, pour briser son encerclement, l'Irak accepte de signer la paix avec l'Iran.
Dès lors et jusqu'à la mi-décembre, il libère progressivement les 3 500 otages occidentaux et soviétiques, espérant ainsi affaiblir la coalition qui s'est dressée contre lui.


Mise en place du dispositif

Départ du Clémenceau pour le Golfe

Le 8 novembre, l'Amérique décide de faire la guerre.
Elle répond au souhait du Pentagone et à celui des milieux d'affaires, qui pensent sortir de la récession économique grâce à la guerre.
Washington veut en outre exorciser les fantômes du Viêt-nam et montrer au monde que Ies USA sont la dernière superpuissance.
Le 9 janvier 1991, l'entretien à Genève entre Tarek Aziz, le ministre irakien des Affaires étrangères, et son homologue américain James Baker n'aboutit pas. Pérez de Cuéllar affirmera : "Cette guerre a été autorisée par les Nations unies, elle n'est pas une guerre des Nations unies".
En effet, cette guerre est conduite par un commandement américain.


Opération "Tempête du désert"

Bagdad sous les bombes

L'opération "Tempête du désert" débute le 17 janvier 1991 par des bombardements massifs sur les villes irakiennes, effectués par des avions venus des porte-avions croisant dans le golfe, de Diego Garcia, dans l'océan Indien, d'Espagne et de Grande-Bretagne.
La destruction du potentiel militaire et de l'infrastructure économique de l'Irak constitue l'objectif prioritaire, avant la libération du Koweït. En six semaines, le territoire irakien reçoit autant de bombes que l'Allemagne en reçut pendant toute la Seconde Guerre mondiale : 88 500 tonnes sont larguées lors des 110 000 sorties aériennes.
L'Irak répond par des actions plus symboliques qu'efficaces : 47 missiles "Scud" sont lancés contre l'Arabie Saoudite, et 39 contre Israël.
Le 24 février, l'assaut terrestre frontal (sur 500 km ), associé à un mouvement tournant par l'ouest, ne rencontre pas de résistance : l'armée irakienne est écrasée.
Le 28, après la libération de Koweït-City, les hostilités cessent sur l'ordre de George Bush.
La bataille terrestre n'aura duré que cent heures.
Les Alliés ont perdu moins de 200 hommes, alors que 100 000 soldats irakiens ont été tués et 300 000 autres blessés, et que des dizaines de milliers de civils ont péri sous les bombardements.
Sur les 14 000 militaires français déployés dans le Golfe dès l'invasion du Koweït, 9 soldats ont été tués dont 2 avant le début du conflit et 5 après : un soldat a été tué dans un accident de voiture en Arabie Saoudite en novembre 1990, et un pilote un mois plus tard dans le crash de son Mirage F-1. Durant le conflit, 2 soldats ont été tués lors d'opérations de déminage sur le territoire irakien en février 1991, et 33 autres ont été blessés.


L'écrasement de l'Irak

Retour au pays des soldats américains

Les dégâts matériels en Irak sont évalués à 170 milliards de dollars.
Encouragées par les coalisés, des insurrections éclatent dans le Sud chiite et au Kurdistan au lendemain du cessez-le-feu.
Le 4 mars, les Kurdes prennent Sulaimaniya, et contrôlent dès le 24 tout le Kurdistan irakien.
Dans le Sud, les insurgés tuent des membres du parti Baas.
La Garde républicaine, fidèle à Saddam Hussein, utilise des hélicoptères pour abattre massivement les chiites et reprendre l'avantage au sud.
A la fin mars, le Kurdistan est attaqué : 350 000 Kurdes furent massacrés et plus de 2 millions de Kurdes fuirent vers les frontières turque et iranienne par peur des bombes chimiques (responsables de 5 000 morts en 1988 ).
Les Américains, qui avaient appelé au renversement de Saddam Hussein, condamnent la brutalité de la répression, mais refusent d'intervenir "dans les affaires intérieures de l'Irak".
Les résolutions adoptées le 3 et le 9 avril par le Conseil de sécurité mettent officiellement fin à la guerre ; elles obligent l'Irak vaincu à reconnaître les frontières du Koweït, à accepter la destruction de son potentiel militaire (chimique, bactériologique et nucléaire ) et à payer de lourds dommages de guerre.
En octobre, l'industrie irakienne est placée sous contrôle de l'ONU et le pays est placé sous embargo appliquant la politique de "pétrole contre nourriture".


Opération "Renard du désert"

Bill Clinton

Malgré la signature d'un cessez-le-feu, les opérations militaires continuèrent avec un nouveau motif : obtenir le désarmement complet de l'Irak.
Alors que le rapport de M Richard Butler, chef de la commission spéciale de désarmement de l'ONU (UNSCOM), est examiné par le Conseil de sécurité de l'ONU, la Maison Blanche annonca le 16 décembre 1998 que ce rapport de l'Unscom ne leur donnait pas satisfaction.
Le président américain Bill Clinton et le premier ministre britannique Tony Blair approuvèrent une nouvelle opération militaire d'envergure : "Renard du désert".
Pour les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, était en jeu la crédibilité de leur politique irakienne et leur volonté commune d'utiliser la force pour désarmer complètement l'Irak.
En 4 jours de raids, Américains et Britanniques lancèrent 2 fois plus de missiles de croisière qu'en 5 semaines de guerre du Golfe en 1991 (415 missiles tirés en 1998 contre 291 en 1991). L'aviation et les missiles américains et britanniques touchèrent la quasi-totalité des sites irakiens de recherche et développement pour missiles, les installations de commandement et de contrôle ainsi que les installations en matière d'armements de destruction massive.
Depuis cette opération, Les Etats-Unis et les Britanniques livrèrent à l'Irak une véritable guerre d'usure bombardant régulièrement les sites militaires et économiques du pays.

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