La République Démocratique du Congo


Mobutu Sese Seko Kuku Ngebendu wa za Bangad

Commmuniqué d'Amnesty International du 24/10/2003

 

Cet état d'Afrique, le plus grand en superficie, accéda à l'indépendance le 30 juin 1960. Joseph Kasavubu en devint le premier président. Rapidement, le pays s'enfonça dans le désordre. En juillet, sous la conduite de Moïse Tschombé, la région du Katanga (riche en minerais) fit sécession (les Casques bleus mirent fin à la sécession katangaise en 1963). Profitant des dissentions au sein du gouvernement, le colonel Mobutu prit le pouvoir par un coup d'Etat en novembre 1965 et se proclama président de la République du Congo.
La Constitution fut supendue, le Parlement dissous. Le 30 juin 1966, la capitale, Léopoldville, changea de nom pour devenir Kinshasa ; un an plus tard, Mobutu instituait un parti unique, le MPR (Mouvement populaire de la révolution ).
Le 27 octobre 1971, la République du Congo changeait à son tour de nom pour devenir la République du Zaïre. Enfin, en 1972, Mobutu instaura l'africanisation de tous les noms d'origine européenne.
Donnant l'exemple, Mobutu se donna lui-même de nom de Sese Seko Kuku Ngebendu wa za Banga (Intrépide guerrier terreur des léopards).
En 1974, Mobutu nationalisa les grandes compagnies minières étrangères qui exploitaient les immenses richesses du pays (cuivre, cobalt, manganèse, zinc, or, argent, diamants, uranium...).

Hélas, cette politique ne profita pas à la masse miséreuse des Zaïrois. Le mobutisme, largement fondé sur le népotisme, la corruption généralisée et le détournement des richesses nationales au profit des proches du pouvoir (l'un des gendres de Mobutu avoua par la suite que lre train de vie de la "cour de Mobutu" s'élevait à 1 500 000 $/jour), conduisit peu à peu à une décomposition de l'Etat.
En 1977-1978, une nouvelle tentative de sécession du Shaba (nouveau nom du Katanga ) ne put être arrêtée que par une intervention des forces marocaine et française, appelées par Mobutu. Avec la fin de la guerre froide, le Zaïre cessa d'être un bastion anticommuniste.
Après le départ des soldats cubains d'Angola, les Américains quittèrent à leur tour les bases militaires qu'ils utilisaient pour soutenir l'UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola).
Dans le même temps, les minerais du Shaba perdirent de leur importance stratégique.
La crise politique éclata au grand jour en 1990. Comme tous les pays africains, le Zaïre fut saisi par les revendications de liberté et de démocratie.
Le règime de Mobutu dut instaurer le multipartisme. Quelques jours plus tard, l'armée tua plus de 500 étudiants qui manifestaient à Lubumbashi. Une nouvelle Conférence nationale, en 1991, amena la création de l'Union sacrée de l'opposition et Mobutu dut nommer Premier ministre le chef de l'opposition, Étienne Tshisekedi ; mais l'affrontement entre les les deux hommes conduisit à une paralysie politique du pays. Tshisekedi fut limogé en 1993.
Face à la décomposition rapide de l'Etat, le peuple zaïrois tentait de survivre. L'insécurité croissante provoqua le départ de la plupart des Européens qui résidaient encore au Zaïre (septembre 1990).
Les troubles, en outre, réveillèrent un tribalisme latent.
Le Shaba fut le principal théâtre des violences ethniques : les autochtones lundas chassèrent quelque 400 000 Lubas originaires du Kasaï, région où ils tentèrent de se réinstaller.
Le nord du Kivu connut lui aussi son lot de massacres tribaux. En 1994, le nouveau chef du gouvernement, Léon Kengo wa Dondo, eut à faire face aux contrecoups des génocides du Rwanda : en juillet 1994, un million de Hutus fuyant les massacres qui se déroulaient au Rwanda (désormais gouverné par des Tutsis) avaient trouvé refuge dans l'est du Zaïre, où ils erraient dans des conditions sanitaires abominables.
En octobre 1996, tandis qu'après trente ans de pouvoir absolu, Mobutu, s'étant entre-temps proclamé maréchal, refusait de se retirer de la scène politique, une rébellion armée massivement soutenue par le Rwanda et l'Ouganda éclata dans le Sud-Kivu. Composées en majorité de Banyamulenges (Tutsis d'origine rwandaise installés dans l'est du Zaïre), soutenus par les pouvoirs en place au Rwanda et en Ouganda, les troupes de l'Alliance des forces démocratiques du Congo-Zaïre (AFDL ) dirigées par Laurent-Désiré Kabila, attaquèrent les camps de réfugiés (hutus ) rwandais, puis s'emparèrent progressivement de toutes les grandes villes de l'Est du pays.
L'AFDL progressa ensuite vers le nord. Dépourvue de solde, mal équipée et démoralisée, l'armée zaïroise ne lui opposa qu'une faible résistance et se livra à des pillages.
Entré le 17 mai 1997 à Kinshasa, Kabila se proclama le chef de l'État, qu'il rebaptisa République démocratique du Congo, et se fit attribuer tous pouvoirs.

Contraint à l'exil, malade, Mobutu décéda en 1997. En février 1998, il constitua un nouveau gouvernement dans lequel il cumulait les fonctions de Premier ministre, de ministre des Armées et de ministre de l'Intérieur. Ayant pris conscience du danger représenté aux frontières du Congo par des gouvernements "tutsis" en Ouganda et au Rwanda, et par les armées banyamulenges présentes au Kasaï, Kabila, entouré d'un personnel politique principalement issu de son ethnie à qui il avait réservé les emplois les plus lucratifs, se retourna alors contre les Tutsis qui l'avaient aidé à renverser Mobutu. En août 1998, devant la rébellion du Kasaï, soutenue par le Rwanda et l'Ouganda, Kabila ne dut la sauvegarde de son pouvoir qu'à l'intervention de troupes envoyées par les gouvernements de l'Angola et du Zimbabwe. Le 18 avril 1999, alors que le pays s'engageait dans une guerre civile qui semblait sans issue, le président Kabila signa avec le président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, un accord de cessez-le-feu, prévoyant le déploiement d'une force de paix africaine en RDC et le retrait des troupes étrangères qui s'y trouvaient depuis 1998.
Le 31 août, les dirigeants du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD ), principal mouvement de la rébellion contre le régime de Laurent-Désiré Kabila, signèrent à Lusaka, en Zambie, l'accord de paix conclu le 10 juillet, par les six États impliqués militairement dans le conflit en République démocratique du Congo.
Toutefois, le premier semestre 2000 fut marqué par une reprise des combats, qui provoqua un nouvel exode des populations et augmenta le nombre de victimes de la guerre civile sur tous les fronts congolais.
Au début de l'année 2001, le sort du pays était plus incertain que jamais après l'attentat, le 16 janvier, qui devait coûter la vie à Kabila. Le fils de celui-ci, Joseph Kabila, fut nommé président de la République par intérim.
Aujourd'hui encore le pays se trouve toujours dans une effroyable situation et sombre dans l'anarchie la plus totale.

Menu