Le
début du XXème siècle fut une période de
stabilité relative. Les Etats-Unis apportèrent une aide
financière au développement du pays qui jusque là
reposait surtout sur une économie basée presque entièrement
sur le café.
Ce progrès s'illustra par les inégalités et les
conflits sociaux.
A partir de 1930, l'armée dû intervenir à plusieurs
reprises pour écraser les revendications ouvrières des
employés des compagnies bananières américaines.
En avril 1948, à l'issue de l'assassinat à Bogotá
du chef de file populiste Jorge Eliecer Gaitán, la guerre civile
recommenca pendant une période de conflit qui dura 10 ans et
fit 300 000 morts, avec pour conséquence un important exode rural.
Les premiers mouvements de guérilla se formèrent à
la suite de ce conflit.
En 1953, pour contrer le climat révolutionnaire, les deux partis
conservateurs commanditèrent un coup d'Etat militaire, dirigé
par le général Rojas Pinilla.
Mais en 1957, après des nouvelles violences, il fut renversé
par une junte militaire qui convoqua des élections générales.
Les libéraux et les conservateurs conclurent un accord pour partager
le pouvoir pendant les 16 prochaines années sous l'emblème
du Front National, mais la situation politique favorisa le népotisme,
la corruption et l'immobilisme.
En 1966, le plus important groupe de guérilla organisé
se forma, les Forces armées révolutionnaires de Colombie
(FARC). Le monopole politique encouragea aussi la formation de l'armée
de libération nationale (ELN) et le Mouvement du 19 avril (M19).
Les années 70 furent marquées par la continuation de la
violence politique mais aussi la croissance spectaculaire du pouvoir
des cartels des trafiquants de drogues, ainsi que la formation de milices
armées d'extrême droite pour contrer les guérillas
révolutionnaires.
Face à cette situation, le président conservateur Guillermo
León Valencia déclara l'état de siège et,
avec le soutient des Etats-Unis, mena une guerre acharnée contre
les guérilleros. Le président libéral Belisario
Betancur, élu en 1982, amnistia 400 guérilleros, et malgré
un programme de libéralisation, la paix civile ne revint pas
en Colombie.
En août 1989, suite à plusieurs attentats qui visaient
l'élite politique et dans lesquels le cartel de Medellin dirigé
par Pablo Escobar était impliqué, le gouvernement décida,
avec l'appui des Etats-Unis, de mener une guerre totale contre ces trafiquants
super-puissants.
Plus de 10 000 personnes furent arrêtées et leur biens
confisqués. Plusieurs candidats à l'élection présidentielle
de 1990 furent assassinés ; le nouveau président libéral
César Gaviria Trujillo instaura une nouvelle constitution en
1991 et mena une "politique de réconciliation". Les
institutions démocratiques et le pouvoir judiciaire furent renforcés,
l'état de siège levé et l'amnistie accordée
aux trafiquants qui se rendirent.
En juin de 1991, Pablo Escobar (le principal "parrain", des
dix plus grosses fortunes au monde) se rendit aux autorités puis
s'échappa. Il fut finalement traqué et tué par
les forces de sécurité gouvernementales en décembre
1993.
L'arrêt en 1995 du chef du cartel de Cali, Gilberto Rodriguez
Orejuela n'arrêta pas le trafic de drogue.
En 1998, le conservateur Andres Pastrana, le nouveau président
démilitarisa une zone de 42 000 km2 pour négocier avec
les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC*)
et ouvrit des négotiations de paix avec la guérilla.
Hélas, ces négociations échouèrent, les
violences et les enlèvements se poursuivirent.
En 2002, Alvaro Uribe Vélez est élu président de
la République. Sa fermeté à l'égard de la
violence de la guérilla marxiste, qu'il envisage de combattre
avec des forces internationales sous l'égide des Nations unies
(ONU), explique la popularité de ce candidat indépendant
menacé de mort par les rebelles.
Depuis 1964, la guerre civile a fait au moins 200 000 morts, avec une
moyenne de 3 000 enlèvements de civils par an, et près
de
3 000 000 de personnes déplacées.
* Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (Fuerzas
Armadas Revolucionarias de Colombia). Il s'agit d'un mouvement révolutionnaire
d'influence marxiste qui a pour objectif de renverser le gouvernement
Colombien. Ce mouvement a été créé en 1964
pour constituer la branche armée du Parti Communiste Colombien.
Les FARC sont organisées de manière militaire.
Ses combattants possèdent un uniforme, ils sont commandés,
encadrés et payés comme dans n'importe quelle autre armée
régulière. Les FARC regroupent près de 17000 hommes.
Les cibles principales des FARC sont généralement gouvernementales,
mais ils s'attaquent également aux forces de l'ordre et aux intérêts
américains en Colombie.
De plus, Les FARC sont associées aux trafiquants de drogue, un
des problèmes majeurs du pays.
Ce sont les FARC qui ont enlevé en février 2002 Ingrid
Bétancourt, une politicienne franco-colombienne engagée.
Aujourd'hui, celle-ci n'a toujours pas été libérée.