En
1952, l'Erythrée, dépendait de l'administration militaire
britannique qui introduisit la démocratie en autorisant la presse,
les partis politiques et les syndicats.
L'ONU rencontra les notables divisés entre partisans de l'union
avec l'Ethiopie, du partage ou de la réunion avec le Soudan et
de l'indépendance.
L'Assemblée générale décida de fédérer
l'Erythrée à l'Éthiopie, mais la dota d'institutions
autonomes (drapeau, constitution, assemblée, exécutif
et langues officielles ). En jouant sur les rivalités internes,
Haïlé Sélassié affaiblit le fédéralisme
et, en 1962, l'assemblée érythréenne vota "librement"
l'annexion pure et simple à l'Ethiopie. Dès 1958, les
maquis des basses terres du Front de libération de l'Erythrée
(FLE ) revendiquèrent l'indépendance, soutenus par les
pays arabes. A la fin des années 1960, la répression entraîna
des chrétiens dans la rébellion, mais, des conflits ayant
éclaté avec le FLE, ils fondèrent le Front populaire
de libération de l'Erythrée (FPLE ).
La révolution éthiopienne, qui partit d'Asmara, suscita
beaucoup d'espoirs, vite déçus. Les militaires éthiopiens
lancèrent, de 1975 à 1984, une série d'offensives
provoquant l'exode de 700 000 Erythréens.
Ces réfugiés s'installèrent dans les camps du Soudan.
En 1988, le FPLE écrasa l'armée éthiopienne qui
se replia dans les villes principales et abandonna toute résistance
lors du départ du Mengestu.
La capitale, Asmara, conquise en mai 1991, un gouvernement provisoire
fut mis en place en juillet, dirigé par Issayas Afeworki, le
chef du Front populaire de libération de l'Érythrée
(FPLE) et nouveau président de la République. A l'issue
d'un référendum d'autodétermination, le pays accèda
à l'indépendance le 24 mai 1993.
Les dirigeants établirent alors un programme politique laissant
une large place au multipartisme. Cependant, le FPLE, devenu Front populaire
pour la démocratie et la justice (FPDJ ) en février 1994,
radicalisa sa politique afin de pouvoir faire face aux difficultés
économiques car le pays, extrêmement pauvre et détruit,
ne reçevait pas l'aide internationale promise.
Aux problèmes économiques s'ajouta, en 1990, l'expansion
de la mouvance islamiste, qui revendiquait une appartenance de l'Erythrée
au monde arabe.
Au début de l'année 1998, les tentatives de négociations
de la diplomatie internationale pour amener le gouvernement d'Asmara
et celui d'Addis-Abeba à régler le conflit frontalier
qui les opposaient dans le nord de l'Ethiopie, échouèrent.
En février 1999, la signature par le gouvernement d'Asmara, du
plan de paix proposé par l'Organisation de l'unité africaine
(OUA) prévoyant le déploiement d'une force de l'ONU sur
les 1 000 kilomètres de frontière commune laissait entrevoir
une issue au conflit qui l'opposait à l'Ethiopie.
De plus, l'Erythrée mit un terme au conflit qui l'oppposait à
son voisin soudanais en signant en mai, un accord prévoyant le
rétablissement de leurs relations diplomatiques.
En avril, elle signa également un pacte de paix avec la République
démocratique du Congo, de l'Ouganda et du Tchad. En dépit
d'une amélioration du climat politique, ces nombreuses crises
provoquèrent un affaiblissement de l'économie, déjà
pénalisée par le manque de ressources intérieures
et par le départ des investisseurs étrangers.
Le début de l'année 2000 est marqué par la reprise
des affrontements avec l'Ethiopie, les deux pays n'étant pas
parvenus à s'entendre sur les modalités d'application
du pacte de paix signé sous la médiation de l'OUA. Un
nouvel accord fut cependant signé à la fin de l'année
à Alger, prévoyant la création d'une commission
neutre chargée de délimiter la frontière entre
les deux pays, ainsi que le déploiement de casques bleus dans
une zone tampon, large de 25 km en territoire érythréen,
le long de la frontière avec l'Ethiopie. Les 400 km2 disputés
le long de la vieille frontière définie par les Italiens
au XIXème siècle ne paraissent pas une raison suffisante
pour les dizaines de milliers de morts sacrifiés et les centaines
de millions de dollars dépensés.