Lorsque
le Tchad accèda à l'indépendance en 1960, l'Armée
Nationale Tchadienne et l'administration se montrèrent incapables
de prendre la relève des Français.
Les premiers troubles éclatèrent au Logone et à
Fort Lamy en 1963.
A partir de 1966, le Front de libération nationale du Tchad (FROLINAT)
tenta d'exploiter le mécontentement de la population, alors que
les réfugiés Toubous de Libye commencaient à organiser
la rébellion de l'extérieur.
Ne pouvant résoudre ses problèmes internes, le président
Tombalbaye demanda l'aide de la France.
L'objectif principal de la France était d'enrayer au plus vite
la progression des rebelles et de réorganiser l'armée
tchadienne.
A la fin de l'année 1970, la région de Borkou, d'Ennedi
et du Tibesti fut la préoccupation première du commandement
français car l'aide libyenne aux rebelles ne faisait que s'accentuer.
L'armée française y lança une opération
d'envergure destinée à assainir cette région afin
de faciliter le maintien de l'armée tchadienne après le
retrait des forces françaises. Les forces franco-tchadiennes
ne parvinrent pas à détruire les bandes rebelles du FROLINAT,
qui bénéficiaient toujours d'un soutien libyen, mais purent
malgré tout ouvrir des voies de circulation.
Cette intervention de l'armée française permit toutefois
de rétablir l'autorité de l'Etat tchadien dans les régions
en rébellion.
Néanmoins, les rapports avec la France ont commencé à
se détériorer lorsque, en 1975, un groupe d'officiers
renverse le régime du président Tombalbaye, qui est tué
au cours des affrontements.
Le gouvernement militaire qui lui succèda exiga le départ
des forces françaises, qui s'effectua en octobre 1975. La rébellion
progressant rapidement avec à sa tête Goukouni Oueddeï,
leader des opposants au nouveau gouvernement, le gouvernement tchadien
fit de nouveau appel à la France qui intervint à nouveau
au Tchad en 1978. Les forces franco-tchadiennes repoussèrent
l'offensive rebelle soutenue par la Libye.
Un calme provisoire s'installa, en vue de créer un gouvernement
d'union nationale. L'échec de cette tentative entraîna
un nouvel embrasement du pays.
A partir de ce moment, les forces françaises jouèrent
un rôle d'interposition entre factions opposées, essayant
de porter secours aux populations, tout en s'efforçant de protéger
la vie et les biens des ressortissants français. La présence
des forces françaises fut indispensable car elles pallièrent
l'absence d'un Etat disloqué en engageant des actions en faveur
des civils : rétablissement de la distribution d'eau et de l'électricité,
création d'hôpitaux...
Le 11 novembre 1979, un gouvernement d'unité nationale fut formé.
Pour la première fois depuis dix ans, grâce à l'action
efficace des forces françaises, le Tchad était officiellement
en paix. En dépit de tous ces efforts, les combats reprirent
en mars 1980. Sous la pression de OUA (Organisation de l'unité
africaine), et à la demande du gouvernement tchadien, les troupes
françaises se retirèrent une nouvelle fois. Durant la
période 1980-1983, le Tchad fut le théâtre d'affrontements
entre les forces du président Goukouni et des rebelles de Hissène
Habré, avec une intervention directe de l'armée libyenne.
Cette situation incita le président Mitterrand à intervenir
militairement, tout en évitant un affrontement direct avec la
Libye. Les forces françaises au nombre de 3 500 hommes s'engagèrent
dans une nouvelle opération de sécurité et d'aide
humanitaire massive. Les troupes libyennes furent obligées de
se replier. L'armée tchadienne se reconstruisit progressivement
avec l'appui de la France.
A la demande du président tchadien Hissène Habré,
le gouvernement français décida, d'une part, d'apporter
aux Forces armées nationales du Tchad (FANT) un soutien nécessaire
pour s'opposer efficacement à toute agression des rebelles et
des Libyens et de neutraliser la base aérienne de Ouaddi Doum
afin de paralyser le soutien aérien libyen. A partir du mois
de janvier 1987, la décision fut prise de chasser les libyens
hors du Tchad. Malgré la victoire des forces du président
Habré, appuyées par le soutien logistique français,
la situation du pays demeura critique. Toutefois, l'essentiel du territoire
était libéré. La France entreprit des actions de
déminage et de contrôle des zones menacées par la
présence libyenne.
En décembre 1990, le président Habré fut renversé
par Idriss Deby.
Les forces françaises, observant une stricte neutralité
dans ce nouveau conflit, poursuivent encore aujourd'hui leur action
au profit du nouveau régime.