Siyad Barre
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La
Somalie, précédemment connue sous le nom de République
démocratique somalienne, est située dans la Corne de l'Afrique,
en Afrique orientale. Elle est bordée par l'Ethiopie à
l'ouest, Djibouti au nord-ouest, le Kenya au sud-ouest et le golfe d'Aden
au nord, ainsi que par l'océan Indien à l'est.. L'Etat
somalien existe seulement aujourd'hui de jure ; la Somalie n'a pas d'autorité
centrale de gouvernement reconnue, ni d'autres caractéristiques
propres à un Etat politique indépendant. De facto le pouvoir
est entre les mains d'entités non reconnues telles le Somaliland,
le Puntland, le Conseil Suprême des Tribunaux Islamiques, et le
faible, mais reconnu par l'ONU, gouvernement de transition fédéral
de Baidoa à près de 260 km au nord-ouest de la capitale,
Mogadischio. La violence submerge la Somalie depuis que les chefs de
guerre ont renversé l'ancien Président suprême Mohamed
Siyad Barre en 1991.
La période coloniale
L'année 1884 marque la fin d'une longue période de paix.
A la conférence de Berlin, la « Course à l'Afrique
» entame le long et sanglant processus de partition des terres
somaliennes. Les Français, les Anglais et les Italiens débarquent
dans le pays à la fin du XIXème siècle.
Les Britanniques revendiquent leur Somaliland comme protectorat dès
1886 après leur retraite d'Egypte, et cherchent à endiguer
toute expansion coloniale européenne en Afrique nord-orientale.
La zone sud, réclamée par l'Italie en 1889, devient ensuite
comme le Somaliland italien. La partie la plus septentrionale devient
partie intégrante du territoire français des Afars et
des Issas, jusqu'à ce qu'elle devienne indépendante et
forme ce qui est désormais Djibouti.
La guerre somalienne de résistance à la colonisation (1898-1920)
est mené par un poète somalien, érudit et homme
d'Etat, Mohammed Abdullah Hassan. La guerre se termine par le bombardement
du fort de Sayid par les appareils de la Royal Air Force, avec des pertes
énormes parmi les civils et les militaires somaliens.
La Seconde guerre mondiale
L'Italie fasciste de Benito Mussolini poursuit la politique d'expansion
coloniale et attaque l'Abyssinie (aujourd'hui l'Ethiopie) en 1935. Cette
agression est condamnée par la Société des Nations,
mais rien de probant n'est fait pour entraver la colonisation militaro-industrielle
des Italiens. L'Abyssinie est occupée, et le gouvernement de
l'empereur Hailé Sélassié, lui-même impérialiste
africain, s'exile en Grande-Bretagne. Sélassié en appel
aux Alliés et à la « communauté internationale
». Mais peu de choses seront faites pour « libérer
» l'Ethiopie. Le Royaume-Uni regrettera plus tard d'avoir échoué
à la mise en oeuvre de sanctions à l'encontre de l'Italie...
En août 1940, les troupes italiennes franchissent la frontière
et envahissent le Somaliland britannique. Le 14 août, en une campagne
éclair de 11 jours, elles s'emparent de Berbera.
Les Britanniques répliquent en janvier 1942 par une campagne
lancée depuis le Kenya visant à libérer les Somaliland
anglais, italien, et également l'Ethiopie occupée. Ils
emploient de nombreux Somaliens encadrés par des instructeurs
étrangers. En février, la majorité du Somaliland
italien est entre les mains des Anglais. En mars, c'est le Somaliland
britannique qui est repris par une invasion amphibie.
En 1945, malgré les atrocités commises par les Italiens
en Ethiopie et en Somalie, classées comme crimes contre l'humanité,
l'ONU donne la Somalie à l'Italie en tant que protectorat jusqu'à
son indépendance, réalisée en 1960. La province
de l'Ogaden est cédée au nouveau gouvernement éthiopien
rapatrié. Les Britanniques conservent quant à eux leur
Somaliland (le nord, donc) sous la férule coloniale. Les Français
ont eux aussi gardé Djibouti, sous administration coloniale,
cette dernière ne gagnant son indépendance qu'en 1977.
Bien que Somaliens et nombre d'autres Africains aient ardamment combattu
du côté allié pendant la Seconde guerre mondiale,
peu de temps après la fin des hostilités ils sont de nouveau
sous la coupe étrangère. L'amertume engendrée par
cet espoir perdu renforce la haine à l'encontre du colonialisme
et, dans la plus grande partie de l'Afrique, des mouvements d'émancipation
et de libération se forment rapidement.
De 1960 à 1991
L'indépendance du protectorat britannique du Somaliland est proclamée
le 26 juin 1960. Le 1er juillet, l'unification entre les anciennes parties
britannique et italienne est réalisée. Le gouvernement
est formé par Abdullahi Issa. Aden Abdullah Osman Daar est nommé
président et Abdirashid ali Shermarke devient Premier Ministre.
En 1967, Mohammed Ibrahim Egal devient à son tour Premier Ministre
dans le gouvernement formé par le président Shermarke.
Egal est plus tard lui-même choisi comme Président par
le Somaliland, qui s'est proclamé indépendant. Il meurt
dans un hôpital de Prétoria, en Afrique du Sud, le 3 mai
2002.
A
la fin de 1969, un gouvernement militaire prend le pouvoir après
l'assassinat du président Shermarke. Mohamed Siyad Barre, général
dans les forces armées somaliennes, s'empare du pays après
un coup d'Etat. Les chefs révolutionnaires de l'armée,
menés par Siyad Barre, instaurent un vaste programme de travaux
publics. Ils mènent aussi une large campagne d'alphabétisation
des villes et des campagnes, qui permet de passer d'un taux désastreux
de 5% de personnes sachant lire et écrire à 55 % au milieu
des années 80. Dans le même temps, Barre assassine un personnage
essentiel de son cabinet, le Major General Gabierre, et deux autres
officiels.
En 1977-1978, la Somalie combat son voisin éthiopien dans ce
qui a été baptisé la guere de l'Ogaden. Le but
du nationalisme somalien et de libérer et d'unifier les terres
somaliennes divisées et subjuguées par le colonialisme.
La Somalie engage des négociations diplomatiques avec le Kenya
et l'Ethiopie, espérant gagner à sa cause les Somalis
de ces deux Etats par l'autodétermination. Les Somalis de la
province de l'Ogaden, en particulier, souffrent immensément,
comme les autres Ethiopiens d'ailleurs, sous la botte de l'empereur
et du nouveau régime communiste. Pourtant, les Somalis finissent
par être expulsés de leur province et la Somalie, déjà
prête à la guerre en cas d'échec des négociations,
soutient le Front de Libération des Peuples de l'Ogaden (appelé
aussi Front de Libération de la Somalie Occidentale). En fait,
la Somalie cherche à mettre la main sur la province de l'Ogaden,
et agit unilatéralement sans prendre en compte l'opinion internationale,
généralement hostile à toute modification des frontières
établies par la colonisation. Les alliés communistes des
Somaliens, l'URSS et le Pacte de Varsovie, refusent leur soutien et,
à la place, appuient l'Ethiopie. Lors de la guerre, c'est bien
pourtant la Somalie qui semble sortir gagnante, en reprenant l'essentiel
de la province d'Ogaden. Avec les forces somaliennes aux portes d'Addis
Abeba, les conseillers soviétiques et cubains, ainsi que de l'armement,
arrivent en toute hâte en Ethiopie. L'armée somalienne
est bientôt décimée et écrasée. Au
cours de cette intervention du bloc de l'est, la Somalie cherche l'appui
américain. L'administration Carter montre au départ un
certain intérêt pour la cause somalienne puis, plus tard,
finit par se désister. Les alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient
et en Asie refusent aussi leur concours. Les Américains, sans
doute, ne souhaitaient pas affronter frontalement l'URSS à ce
moment-là.
En 1978, l'autorité morale du gouvernement somalien s'effondre
car beaucoup de Somaliens ont perdu toutes leurs illusions concernant
leur avenir sous une dictature militaire. Le régime s'affaiblit
durant les années 80, la Guerre Froide arrivant à son
terme, et l'importance stratégique de la Somalie recule tout
autant. Le gouvernement devient de plus en plus totalitaire et les mouvements
de résistance, encouragés par l'Ethiopie qui pousse ses
pions, se renforcent jusqu'à mener à la guerre civile
en 1991.
Cette année-là, les premiers insurgés menés
par Abdullahi Yusuf Ahmed et par le président Ali Mahdi Mohamed
ne sont pas reconnus, notamment le second comme président d'intérim,
par certaines factions. La même année, la partie nord du
pays déclare son indépendance en tant que Somaliland ;
bien que de facto autonome et relativement stable comparée au
sud assez tumultueux, elle n'est reconnue par aucun gouvernement étranger.
En 1991-1992, une scission dans le Congrès uni des Somaliens
du sud, qui a conduit la lutte pour évincer Barre, mène
à une escalade dans la guerre civile, et particulièrement
à Mogadischio.
L'ONU
échoue lors d'une tentative d'intervention, l'opération
« Restore Hope », en 1993. Jusqu'en 1995, les Nations Unies
essayent néanmoins de réduire au maximum la famine criante
qui frappe le sud. Le contigent onusien est dirigé par les forces
américaines, lesquelles perdent lors d'une opération dans
la capitale somalienne 19 morts : ce sont ces événements
qui ont inspiré le film de Ridley Scott, Black Hawk Down (la
Chute du Faucon Noir).
L'ONU se retire finalement au cours de l'opération « Bouclier
Uni », le 3 mars 1995, ayant subi des pertes significatives, et
sans qu'aucun gouvernement ne soit mis en place.
Une autre sécession intervient dans le nord-est de la Somalie.
Un Etat autonome prend le nom de Puntland après avoir déclaré
une indépendance « temporaire » en 1998, dans l'idée
que cela contribue à une réconciliation somalienne en
vue de former un nouveau gouvernement central.
En 2002, la Somalie du sud-ouest, comprenant les provinces de Bay et
Bakool, se déclare indépendante. Cette entitée
est dirigée par l'Armée de la Résistance de Rahanweyn
et elle est créée pour la première fois en 1999.
En 2002, la sécession « temporaire » devient permanente.
Pourtant, la zone, qui comprend la cité de Baidoa, devient centrale
pour le Gouvernement de Transition fédéral.
En 2004, ce dernier organise et rédige une charte pour gouverner
le pays. Cela est accompli à Nairobi.
En 2006, l'Union des Tribunaux Islamiques commence à prendre
une place prépondérante en Somalie. Elle s'empare de la
capitale Mogadischio en mai-juin et commence à étendre
son pouvoir sur le reste du pays.
La
guerre en Somalie (2006-2007)
Cette guerre, toujours en cours, implique l'Ethiopie et les forces du
Gouvernement Fédéral de Transition somalien (GFT) affrontant
un groupe islamiste militant, l'Union des Tribunaux Islamiques, ainsi
que des milices qui s'y sont rattachées, pour le contrôle
du pays. La guerre commence officiellement le 21 décembre 2006,
quand le leader des tribunaux islamiques, le Sheik Hassan Dahir Aweys,
déclare que "la Somalie est en état de guerre, et
tous les Somaliens doivent prendre part à ce combat contre l'Ethiopie."
. Le 24 décembre, l'Ethiopie combat officiellement les Tribunaux
Islamiques.
Le Premier Ministre éthiopien, Meles Zenawi, prétend que
les hostilités ont éclaté parce que les combats
à la frontière menaçaient directement son pays.
"Les forces de défense éthiopiennes ont été
forcées d'entrer dans le conflit pour protéger la souveraineté
de la nation", dit-il. "Nous n'essayons pas d'installer un
gouvernement en Somalie, et nous n'avons pas l'intention de nous mêler
des affaires intérieures de la Somalie. Nous avons seulement
été contraints d'agir par les circonstances." .
S'il est vrai que les Tribunaux Islamiques constituent une menace en
essayant d'étendre la guerre à l'Ethiopie, les circonstances
traduisent en fait les priorités du moment des Ethiopiens. L'implication
éthiopienne a commencé des mois auparavant, avec l'engagement
de forces pour soutenir le gouvernement de transition, et le soutien
à d'autres gouvernements par ailleurs, jugés plus favorables
à l'égard de l'Ethiopie.
Les Tribunaux Islamiques, qui contrôlent les zones côtières
du sud de la Somalie, engagent le combat avec les troupes du gouvernement
de transition, et les gouvernement régionaux autonomes de Puntland
et de Galmudug, tous appuyés par des soldats éthiopiens.
Le déclenchement de combats d'envergure se produit le 20 décembre,
avec la bataille de Baidoa, après l'expiration d'un ultimatum
imposé par les Tribunaux Islamiques demandant à l'Ethiopie
de retirer ses troupes de Somalie. Celle-ci refuse de céder ses
positions près de la capitale du gouvernement de transition,
Baidoa. Le 29 décembre, après plusieurs victoires, les
troupes du gouvernement de transition et celles de l'Ethiopie entre
à Mogadischio sans résistance. Bien que non rapportée
à ce moment-là, la présence de forces spéciales
américaines pour traquer les membres supposés d'al-Qaïda
dans les Tribunaux Islamiques et en tant que conseillers militaires
est avérée.
Les deux camps ont échangé déclarations de guerre
et affrontements en plusieurs occasions. Les pays d'Afrique orientale
et les observateurs internationaux craignent que l'offensive éthiopienne
puisse conduire à une guerre régionale, impliquant l'Erythrée,
ennemie de longue date de l'Ethiopie, que celle-ci dénonce comme
alliée des Tribunaux Islamiques.
Les forces impliquées
L'état des forces impliquées est difficile à estimer
à cause de nombreux facteurs, dont le manque d'organisation formelle
ou d'archives, et les revendications qui restent masquées par
la désinformation. L'Ethiopie, soutenant la guerre depuis plusieurs
mois, avait quelques centaines de conseillers dans le pays. Pourtant,
des rapports indépendants font état de plus de troupes.
Si l'on suit la BBC, "les Nations Unies estiment qu'au moins 8
000 soldats éthiopiens étaient présents en Somalie
tandis que l'AFP suggère que le nombre serait plus proche des
12-15 000, alors que l'Erythrée rivale aurait aligné 2
860 soldats pour appuyer les Tribunaux Islamiques." . L'Ethiopie
a admis avoir engagé seulement entre 3 511 et 4 805 combattants,
bien que les Tribunaux Islamiques chiffrent ce nombre à 30 000,
alors que l'Erythrée dénie toute participation au conflit.
Par ailleurs, le gouvernement fédéral de transition souligne
que jusqu'à 8 000 combattants étrangers combattraient
aux côtés des Tribunaux Islamiques. Les troupes du gouvernement
somalien et les milices affiliées représenteraient quelques
10 000 soldats.
Chronologie des événements
Juillet-octobre
2006
Les
troupes éthiopiennes font mouvement sur le territoire somalien
le 20 juillet 2006. Le 1er août, les Tribunaux Islamiques envoient
des technicals (véhicules de combat improvisés) en direction
de la frontière éthiopienne au nord de Beledweyne. Les
troupes éthiopiennes auraient franchi la frontière pour
contrer l'avance des islamistes. Le 9 octobre, on annonce que les forces
éthiopiennes ont pris Burhakaba. Un autre article semble indiquer
que cette prise de contrôle se résumerait en fait à
un passage d'un convoi militaire à travers la ville. Les islamistes
affirment avoir repris le contrôle de la ville après le
départ des Ethiopiens. Le Somalinet rapporte que les anciens
locaux demandent au gouvernement de quitter leur ville pour éviter
un bain de sang. L'article parle de troupes du gouvernement, et non
de troupes éthiopiennes.
Novembre-décembre
2006
Une
colonne éthiopienne de 80 véhicules est touchée
par des mines terrestres et attaquée par un groupe de 50 hommes
affiliés aux Tribunaux Islamiques, le 19 novembre, près
de Berdaale, à 50 km à l'ouest de Baidoa. 6 Ethiopiens
auraient été tués. 2 véhicules sont incendiés
et deux autres retournés par les attaquants.
Un échange de tirs de mortiers se produit entre les Tribunaux
Islamiques et les forces éthiopiennes à Galkayo, le 28
novembre, où les deux armées se font face. Au centre de
la Somalie, l'affrontement oppose des troupes distantes de moins de
5 km. Le 30 novembre, un convoi militaire éthiopien en Somalie
est attaqué par des combattants des Tribunaux Islamiques. Les
témoignages parlent d'un camion réduit en miettes et d'un
violent échange de tirs. Les Tribunaux Islamiques revendiquent
la mort de 20 combattants adverses. Le Parlement éthiopien vote
le même jour pour autoriser le gouvernement à prendre toutes
les "mesures nécessaires" pour repousser toute tentative
d'invasion par les Somaliens islamistes. Le 8 décembre, des combattants
des Tribunaux Islamiques affrontent ceux du gouvernement fédéral,
soutenus par les forces éthiopiennes. Le Sheikh Sharif Sheikh
Ahmed, chef des Tribunaux Islamiques, annonce à la foule de Mogadischio
que les combats ont commencé à Dinsor, dans le sud, et
appelle tous les Somaliens "à se dresser pour écraser
l'ennemi". Un autre officiel annonce que les Ethiopiens ont bombardé
la ville de Bandiradley. L'adjoint au ministère de la Défense
du gouvernement somalien, Salat Ali Jelle, confirme les combats mais
dénie toute implication de forces éthiopiennes. Le gouvernement
d'Addis-Abeba continue à nier farouchement toute intervention
de sa part en soutien des milices pro-gouvernementales.
Des témoins du village de Dagaari, près de Bandiradley,
affirment que des centaines de soldats éthiopiens accompagnés
par des chars prennent position près de la ville à côté
de miliciens de la région autonome du nord-est, le Puntland.
Le 9 décembre, les soldats du gouvernement et des Tribunaux Islamiques
participent à un deuxième jour de durs combats. Ceux-ci
ont lieu à 40 km de la capitale provisoire du gouvernement, à
Baidoa. Mohamed Ibrahim Bilal, un officiel des Tribunaux Islamiques,
affirme que le gouvernement a lancé une contre-attaque sur le
village de Rama'addey, tandis que Ali Mohamed Gedi, le Premier Ministre,
annonce que les milices des Tribunaux Islamiques ont assailli les forces
gouvernementales.
Le 13 décembre, un rapport de Reuters consigne que les Tribunaux
Islamiques parlent de 30 000 combattants éthiopiens opérant
en Somalie, alors que le camp opposé évoque 4 000 combattants
étrangers alignés aux côtés des islamistes.
L'Ethiopie dément s'être impliquée autrement que
par l'envoi de "conseillers" en Somalie.
Véhicule
abandonné dans la capitale somalienne par les tribunaux islamiques
La guerre
Le
20 décembre, des combats violents ont lieu près de la
capitale du gouvernement, Baidoa. 13 camions bourrés de soldats
éthiopiens sont rapportés avoir été vus
partant renforcer les soldats gouvernementaux. Les leaders des deux
bords gardent néanmoins une option ouverte pour des négociations
de paix, demandées par l'Union Européenne. Le 22 décembre,
près de 20 chars éthiopiens se dirigent vers la ligne
de front. Si l'on suit les sources du gouvernement, ce sont 20 blindés
T-55 et 4 hélicoptères de combat qui sont maintenant stationnés
à Baidoa. Le 23, des tanks éthiopiens et d'autres renforts
arrivent à Daynuunay, à 30 km à l'est de Baidoa
; cela pour accélérer l'engagement dans une guerre tous
azimuts des Tribunaux Islamiques en dépit de l'intervention de
l'Union Européenne pour une paix négociée. Des
combats sérieux se poursuivent à Lidale et Dinsoor.
Troupes du
gouvernement fédéral, bataille de Baidoa
Le 24 décembre, les Ethiopiens admettent que leurs troupes affrontent
les islamistes, après avoir reconnu seulement plus tôt
dans la semaine avoir expédié plusieurs centaines de conseillers
militaires. Des combats à l'arme lourde se déclenchent
dans la zone frontalière, incluant des raids aériens et
des pilonnages d'artillerie, notamment près de la ville de Beledweyne
tenue par les Tribunaux Islamiques. Selon le ministre éthiopien
de l'Information Berhan Hailu : "Le gouvernement éthiopien
a pris des mesures d'auto-défense et a entamé une contre-attaque
contre les forces extrêmistes agressives des Tribunaux Islamiques
et des groupes terroristes étrangers." . Le 25 décembre,
les troupes éthiopiennes et les forces du gouvernement s'emparent
de Beledweyne. Les défenseurs des Tribunaux Islamiques prennent
la fuite tandis que l'aviation éthiopienne bombarde les aéroports
de Mogadischio et de Bali-Dogle. Des combats très violents sont
aussi rapportés à Burhakaba. Le 26 décembre, les
Tribunaux Islamiques retraitent sur tout le front, perdant l'essentiel
du territoire conquis avant l'intervention éthiopienne. Ils se
retirent sur Daynuunay et Mogadischio. Le 27 décembre, Ethiopiens
et troupes gouvernementales sont en route vers la capitale, après
avoir capturé la ville stratégique de Jowhar, à
90 km au nord de celle-ci. Les Tribunaux Islamiques ne contrôlent
plus qu'une étroite bande côtière, abandonnant la
plupart des villes sans combat. Il faut dire aussi que les deux chefs
militaires supérieurs des Tribunaux Islamiques, le chef de la
défense Yusuf Mohammed Siyad Inda'ade et son adjoint Abu Mansur,
sont au pélerinage du Hajj à la Mecque. Après la
chute de Mogadischio, le 28, les combats continuent dans la vallée
de la rivière Juba, où les islamistes se sont retirés,
établissant un nouveau QG dans la cité de Kismayo. Le
31 décembre a lieu la bataille de Jilib, et la ligne de front
des Tribunaux Islamiques s'effondre durant la nuit après un bombardement
d'artillerie, provoquant l'abandon de Kismayo et le repli des islamistes
sur la frontière avec le Kenya.
Troupes du
gouvernement fédéral de transition
2007
Les événements militaires du début de l'année
se concentrent dans la partie sud de la Somalie, avec en premier lieu
le retrait des milices des Tribunaux Islamiques de la ville de Kismayo,
et leur poursuite par les troupes éthiopiennes utilisant les
frappes aériennes dans le district de Afmadow, pendant la bataille
de Ras Kamboni. Pendant celle-ci, les Etats-Unis lancent eux-mêmes
des raids aériens conduit par un AC-130 Gunship pour éliminer
des opérationnels présumés d'al-Qaïda. Une
seconde frappe a lieu plus tard en janvier 2007. Il y a aussi des affrontements
dans Mogadischio et les environs contre les troupes du gouvernement
et les Ethiopiens, sans parler des violences entre milices de différentes
obédiences. Le gouvernement appelle dans le même temps
au désarmement des milices et établit la loi martiale.
Retour sur l'armée éthiopienne
L'armée éthiopienne a mené deux guerres conventionnelles
durant ces dernières décennies : elle a repoussé
une invasion de la Somalie en 1977 et elle a affronté l'Erythrée
pour aboutir à une impasse entre 1998 et 2000. Les forces éthiopiennes
ont aussi une longue expérience de la contre-insurrection, différentes
campagnes ayant été menées contre des guérillas
locales. Elles ont aiguisé cet avantage pendant la guerre civile
consécutive au renversement de l'ancien dictateur Mengistu Haile
Mariam en 1991. Pourtant, la plupart de l'armée éthiopienne
faitt face à l'Erythrée, "au cas où"...
.Mais les véhicules tractés et l'artillerie ne sont pas
très utiles dans ce genre de conflits, et l'armée éthiopienne
manque surtout de véhicules blindés de transport de troupes.
La
Force de Défense Nationale Ethiopienne est l'une des plus importantes
du continent africain, avec l'Egypte, l'Erythrée et le Maroc,
et elle se situe au 29ème rang mondial. Elle aligne entre 200
et 250 000 combattants selon les sources. Depuis le début des
années 90, l'armée éthiopienne est en transition,
passant d'une force rebelle ayant mis à bas le régime
en 1991 à une organisation militaire professionnelle, avec l'aide
des Etats-Unis et d'autres pays. Entraînée au déminage,
à des opérations humanitaires et de maintien de la paix,
à l'éducation militaire professionnelle mais aussi à
la justice militaire, cette armée gagne en puissance. Elle comprend
des forces terrestres, aériennes, de police, et une milice. Elle
ne dispose plus de marine de guerre depuis l'indépendance de
l'Erythrée et la vente des bateaux stationnés à
Djibouti.
L'équipement
est très varié. Il n'y a quasiment pas de production nationale,
aussi toutes les armes sont-elles importées. L'Ethiopie a usé
de sa position pour servir de « receleur » d'armes pour
d'autres nations africaines, le Burundi ou la Somalie par exemple. La
plupart de ses systèmes d'armes datent de l'époque soviétique
et viennent de la même origine ou des pays du bloc de l'Est. Pourtant,
les Etats-Unis ont été les principaux fournisseurs d'armes
de l'Ethiopie de 1945 à 1977, jusqu'à ce que celle-ci
reçoive d'importantes livraisons de l'URSS. Ces navires, dont
des patrouilleurs blindés, ces intercepteurs et ces appareils
de transport, ces hélicoptères, ces chars, ces camions,
ces missiles, cette artilerrie et ces armes légères ont
représenté une dette de l'Ethiopie à l'égard
de l'Union soviétique, jamais acquittée, de plus de 3,5
milliards de dollars. Depuis 1991, un flux continu d'armes arrive toujours
en Ethiopie des anciens pays du bloc de l'est (Russie, République
Tchèque, Biélorussie, Kazakhstan et Hongrie), accru d'un
autre flux occidental (Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, France) et
d'achats effectués en Israël et en Chine.
L'armée
éthiopienne aligne, pour les blindés, 170 T-54/T-55, 50
T-62 et 50 T-72 (récemment acquis au Yémen). En véhicules
de combat blindés, elle dispose de 25 BMP-1, 110 M-113, 10 BTR-152
et 14 BTR-60. On compte aussi 250 véhicules de reconnaissance
BRDM-2. L'artillerie automotrice est formée de 5 2S1 (M1974)
et de 17 M109. L'aviation aligne quant à elle, pour les hélicotpères,
8 Mi-6 Hook, 14 Mi-14 Haze, 14 Mi-17 Hip, 5 Mi-24 Hind, 3 SA 316 Alouette
III et 4 SA 330 Puma. Au rayon intercepteurs, on trouve 21 MiG-21 Fishbed
et 12 Su-27 Flanker. Pour les avions d'attaque au sol, l'Ethiopie peut
déployer de 12 à 20 MiG-23BN Flogger et 4 Su-25 Frogfoot.
Pour le transport, la flotte se compose de 2 An-2 Colt, d'An-12 Cub,
de An-26 Curl, de An-32 Cline et de 3 C-130 Hercules. L'armée
éthiopienne peut aussi compter sur 22 lance-missiles antichars
M220 BGM-71 TOW et sur des missiles air-air embarqués R-73/AA-11
Archer et R-27/AA-10 Alamo.
Le
marché de l'armement lié au conflit et les différents
soutiens apportés à chaque camp
L'Erythrée, comme on l'a dit, a fourni des armes aux Tribunaux
Islamiques, qu'elle appuie pour damer le pion à sa rivale éthiopienne.
Le 3 mars 2006 par exemple, un appareil codé E-B69 dépose
en Somalie 200 boîtes de munitions Zu-23 (antiaériennes),
200 boîtes de munitions B-10 (antichars), 200 boîtes de
munitions DShK (antiaériennes), 200 boîtes de munitions
M2 cal.50 (mitrailleuse lourde), des munitions pour ZP-39 (antiaériennes),
50 RPG (lance-roquettes antichars et leurs munitions), 50 armes antichars
contre véhicules blindés légers, 50 lance-grenades
M-79, des matériels radios destinés à être
montés sur les technicals. Le 5 mars, un autre appareil amène
1 000 AK-47 (en version courte), 1 000 jumelles binoculaires, 1 000
bombes à déclenchement à distance, 1 000 mines
anti-personnel et des munitions de mortiers de 120 mm.
De l'autre côté, le gouvernement éthiopien appuie
très tôt le gouvernement fédéral de transition
somalien. Les 6 et 12 janvier 2006, par exemple, 10 camions bourrés
d'armement passent en Somalie à destination des soldats gouvernementaux.
Ils déposent 2 000 AK-47, 100 PKM, 1 500 G-3, 100 lance-roquettes
RPG, 10 DShK, 10 SKU et des mines ; des tubes de rechange pour les ZU-23
et les PKM, ainsi que des ceintures et bandes de cartouches vides ;
des munitions pour ZU-23, ZP-39, DShK, PKM, RPG-2, RPG-7, B-10, D-30,
SKU, mortiers de 120 mm, mines antichars, AK-47 et G-3.
Sources
:
http://en.wikipedia.org/wiki/Somalia
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