C'est
dans ce contexte très tendu qu'éclata un premier incident
entre les deux pays.
Au printemps 1960, Eisenhower autorisa la CIA à entraîner
des exilés cubains anticastristes dans des camps au Guatemala
et à Panama.
L'objectif était de préparer une intervention militaire
pour renverser le régime de Castro et mettre en place un gouvernement
pro-américain.
Le 15 avril 1961, des B26 de l'US Air Force, conduits par des pilotes
cubains et camouflés aux couleurs de l'aviation cubaine, bombardèrent
les aéroports de La Havane et de Santiago. Le 17 avril, 2 000
mercenaires cubains étaient débarqués dans la baie
des Cochon.
L'opération se solda par un échec total. Mal organisés,
attaqués par l'aviation et l'artillerie cubaines, les exilés
ne trouvèrent pas le soutien nécessaire auprès
de la population locale.
Au total, 114 d'entre eux trouvèrent la mort et 1 113 furent faits
prisonniers.
Sur le plan international, cette tentative manquée discrédita
le président J.F. Kennedy (qui n'approuvait pas cette opération),
à peine trois mois après son investiture.
Un deuxième incident, beaucoup plus grave survint en octobre
1962, lorsque des avions espions américains U2 découvrirent
que l'URSS était en train d'installer à Cuba des rampes
de lancement pour des missiles soviétiques à moyenne portée.
Des navires soviétiques, chargés de fusées se dirigeaient
également vers Cuba.
Kennedy adressa le 22 octobre un "message à la nation"
dans lequel il annonçait la mise en quarantaine de l'île,
tout en exigeant des Soviétiques qu'ils démontent immédiatement
leurs installations militaires.
Il les menaçait également de représailles massives
au cas où une fusée nucléaire serait lancée
à partir de Cuba contre l'une quelconque des nations de l'hémisphère
occidental.
Pendant quelques jours, le monde vécut dans la crainte d'une
troisième guerre mondiale.
Mais finalement Khrouchtchev s'inclina.
Il donna l'ordre aux navires de rebrousser chemin et annonça
le 29 octobre que les armes stratégiques déjà stationnées
à Cuba seraient démontées et ramenées en
Union soviétique.
Le 21 novembre, les Américains levaient le blocus, après
s'être assurés que les fusées et leurs rampes avaient
bien été retirées *.
Ces événements expliquent en partiel'isolement de Cuba
face aux USA et l'emprise de plus en plus forte de l'Union soviétique
sur l'économie cubaine à partir des années 1970.
En contre-partie, l'URSS utilisa l'armée cubaine pour atteindre
ses objectifs stratégiques en Amérique latine et en Afrique
(Angola notamment).
Après la disparition de l'Union soviétique, le régime
cubain se trouva brutalement confronté à un monde régi
par l'économie de marché, étouffé par la
dette extérieure, il semble incapable de faire face à
son isolement grandissant et doit imposer des mesures draconiennes.
Privé du pétrole soviétique et étouffé
par l'embargo américain, Cuba a vu son PNB divisé par
deux en quatre ans.
L'exode de la population s'est accéléré au point
d'amener la signature d'une convention avec les USA sur un quota d'immigration.
* En réalité, la vérité sur cette "crise
des missiles" est toute autre : les Américains avaient installés
des missiles "Thor" et "Jupiter" en Turquie. Les
Soviétiques acceptèrent de retirer leurs missiles de Cuba
si les Américains faisaient de même avec les missiles installés
en Turquie.