L'Appel du 18 juin. Les débuts chaotiques de la France Libre
Par Daniel Laurent
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Charles de Gaulle

 

Dans la soirée du 18 juin 1940, un quasi-inconnu du grand public, général de brigade à titre temporaire et ex-secrétaire d’état à la guerre du gouvernement Reynaud, lance depuis les micros de la BBC à Londres un appel exhortant ses compatriotes à la résistance.

Cet Appel est l’acte fondateur de la France Libre dont la saga se terminera presque 5 ans plus tard avec la présence de la France à la signature de la reddition sans conditions du IIIéme Reich, la création en Allemagne d’une zone d’occupation française et l’obtention d’un siège permanent avec droit de veto au conseil de sécurité de l’ONU.

Parti de rien au milieu d’un désastre militaire sans précédent pour arriver à tout dans un contexte de victoire, Charles de Gaulle est devenu une légende en lui-même, ce qui est largement mérité mais présente parfois l’inconvénient de conserver dans l’historiographie quelques légendes annexes dont les erreurs historiques sont désormais avérées.

Si Charles de Gaulle, tout comme Churchill d’ailleurs, avait quelques belles et bonnes raisons de masquer certaines de ses difficultés dans ses Mémoires, expliquer comment se sont réellement passées les choses est tout à fait utile.

La décision de la rébellion :

C’est entre les 5 et 8 juin 1940 que Charles de Gaulle a été persuadé que Churchill maintiendrait la Grande-Bretagne en guerre et qu’il prend la décision, si le gouvernement français ne se replie pas sur l’Empire, de franchir son Rubicon, en l’occurrence la Manche dont la largeur sied parfaitement à l’étendue du franchissement en question. Dans ses Mémoires de Guerre, le général date sa décision du 16 juin. Si c’est exact sur le plan calendaire (C’est en effet le 16 qu’il a la preuve que le gouvernement ne se repliera pas sur l’Empire et va demander l’armistice), cela ne l’est pas sur le plan politique. (Voir source 1)

L’envol :

Les avocats passés ou contemporains du Maréchal Pétain indiquent souvent que de Gaulle s’est envolé de Bordeaux le 17 juin dans l’avion de Spears, représentant de Churchill auprès du gouvernement Reynaud, et qu’il l’a fait surtout de crainte d’être arrêté par le gouvernement Pétain, les deux hommes étant en froid depuis 1924.

Il est dorénavant clair que l’avion était celui mis à la disposition de de Gaulle et pas de Spears. De plus, la décision du départ est immédiate, Spears y adhère immédiatement et décide de partir à Londres avec lui pour aider à convaincre Churchill qui hésite car il souhaiterait recevoir à Londres des personnalités françaises de plus haut vol.
Les choses étant ce qu’elles étaient, il dû se « contenter » du général bien qu’ayant, lui aussi, présenté à l’origine son arrivée comme étant une « mesure de sécurité ».

Il semblerait d’ailleurs que les bases du texte de l’Appel aient été jetées sur le papier dans la nuit du 16 au 17 juin à Bordeaux, traces d’une demande de De Gaulle pour les services d’une secrétaire ayant été retrouvées dans les archives. Mis à part préparer sa journée du lendemain, qu’il savait devoir être difficile, et établir les bases de sa future politique, on ne voit pas pourquoi il aurait eu besoin d’une dactylo cette nuit là. (Voir source 2)

Le 17 juin :

Venant de Bordeaux, Charles de Gaulle et son aide de camp Geoffroy Chodron de Courcel, accompagnés de Spears, atterrissent à l'aérodrome londonien de Heston en fin de matinée.
Il s'installe dans un appartement prêté par un Français, près de Hyde Park, au centre de Londres, au numéro 6 de Seymour Place.

En milieu d'après-midi, le général de Gaulle est reçu par Winston Churchill au 10 Downing Street. Les appuis de Spears mais aussi de Duff Cooper ont eu raison des hésitations de Churchill. Le premier ministre britannique décide de mettre la BBC à la disposition du Général.
Il a été convenu qu'il ne l'utiliserait que lorsque le gouvernement Pétain aurait demandé l'armistice.

En fin d'après-midi, la nouvelle parvient à Londres que le maréchal Pétain vient d'annoncer aux Français qu'il faut cesser le combat.
Le général décide alors de lancer son appel dès le lendemain. Mais Churchill reste évasif.
La nouvelle du « il faut cesser le combat » émis par Pétain vers 12h 30 est connue à Londres dès 13h. Rien de neuf à cet égard dans l’après-midi ou la soirée. Mais c’est la que les ennuis commencent avec les hésitations anglaises !

D’une part et contrairement à ce que l’intéressé a écrit plus tard, le siège de Premier Ministre de Winston Churchill est fragile.
Les tenants de « l'appeasement », les pacifistes anglais, sont en force dans le gouvernement, sous la houlette de Lord Halifax et avec l’aide active de Robert Vansittart du Foreign Office, connu (à tort) comme churchillien ; il rejette viscéralement, les premiers jours, l’entreprise gaullienne, mais ne saurait être dit pacifiste. Ils ne veulent surtout pas, à ce stade de la guerre, critiquer en quoi que ce soit le Maréchal Pétain car, tout simplement, ils aimeraient imiter son initiative de demande de paix. Il convient aussi de faire la part du classicisme diplomatique car beaucoup de choses s’expliquent par la routine en un temps où elle est mortelle, car Hitler compte dessus.

D’autre part, les Français de Londres ne sont pas unanimement d’accord avec Charles de Gaulle, notamment Alexis Léger et, surtout, Jean Monnet.

Les uns comme les autres feront tout pour édulcorer autant que possible le texte de l’appel, voire l’empêcher.

Pour les comprendre, mais sans pour autant les approuver, il faut bien réaliser que Hitler avait complètement berné la quasi-totalité des dirigeants du monde et que se sont ceux qui espéraient alors pouvoir l’arrêter par les armes dans l’immédiat qui passaient pour de dangereux bellicistes.

Le 18 juin :

Au moins 3 versions du texte seront rédigées et vivement discutées ce jour la, sans compter l’ébauche datée du 17.
Il semblerait que 2 autres aient existé, mais elles ne sont connues que par des résumés.

Le texte original sortira mal en point de ses affrontements qui durèrent toute la journée. Citons un extrait de l’une des délibérations du cabinet britannique ce jour là :
«Bien que le texte du message ne soulève aucune objection, il n’est pas souhaitable que le général de Gaulle, puisqu’il est persona non grata auprès du gouvernement français actuel, parle à la radio, aussi longtemps qu’on peut espérer que ce gouvernement agisse dans un sens conforme aux intérêts de l’alliance. »

Deux versions du texte diffusé le 18 juin existent :
- Celui qui fut réellement prononcé ce soir la, à 22 heures et non avant comme certains le disent. Voir le texte en annexe 1.
- Celui diffuse AVANT par un communiqué de la BBC, donc moins censuré, et qui fut reproduit le 19 par certains journaux français, voir annexe 2.

Le véritable texte du 18 juin :

L’histoire de ce premier texte diffusé le 18 juin mérite à elle seule une mention spéciale. Le discours ne fut pas enregistré par la BBC.
Les premiers à avoir découvert ces différences furent une équipe d’amateurs passionnés sarthois (Voir source 3) qui se procurèrent le texte tel qu’enregistré par les services radiophoniques suisses dans des conditions qui firent dire par J.C. Averty, qui suivait cette affaire, à François Delpla au cours d’une conversation téléphonique que cela ressemblait à « une livraison d’héroïne dans un café de Barbès ».

Publié sans mention de sources en 1990, ce texte ne fut cependant jamais nié par les autorités helvétiques malgré le fait que sa publication dérogeait de quelques mois à l’obligation des 50 ans de non communication, ce qui explique « l'ambiance » lors de sa livraison.

Mais le clou vient d’être enfoncé par Christian Rossé, membre suisse du forum « Le monde en guerre » (Voir source 4) qui a retrouvé dans les archives de Berne le texte original tel que publié, étonnement en allemand, par le service d’écoute radiophonique suisse dans son Bulletin du 19 juin 1940 à 6 heures du matin. Le texte en allemand et les cotes d’archives figurent ici en annexe 1.

L’après 18 juin :

La discussion rebondissant dans la nuit, sans qu'aucun document n'en parle, sinon le résultat final dans les journaux anglais du 19 au matin, qui est l'appel connu moins la dernière phrase "demain comme aujourd'hui…".

La encore, c’est Hitler qui mène le jeu. Pétain lui demande ses conditions d’armistice le 17 et … il se hâte lentement de répondre, attendant le 21 pour convoquer une réunion et faire connaître ses conditions. Ce n’est qu’à cette date que le gouvernement britannique lâchera du lest et laissera de Gaulle s’exprimer plus librement, mais pas complètement encore et ce n’est que le 23, jour où le cabinet examine pour la première fois l’éventualité de reconnaître un comité présidé par le général, que les choses avancent vraiment.
(Voir source 5 et 6)

Avant cette date, les variantes de l’Appel sont purement militaires. Elles appellent à la résistance mais ne remettent pas en cause la légitimité de Pétain ni ne parlent de sa trahison, ce qui est cependant à la base de la rébellion gaullienne.

Les phrases manquantes seront ajoutées (ou plutôt rétablies) fin juillet ou début août (Accords de Gaulle-Churchill, là encore connu seulement par ses résultats et son contexte - accord du 7 août Angleterre-France libre -, notamment la fameuse affiche, dont la première apparition est dans les journaux anglais du 5 août).

La première apparition certaine du texte définitif se trouve dans le n° 1 du bulletin des FFL, mi-août 1940.

Photo Fondation de la France Libre


Les premiers ralliés :

Tant qu’il n’a pas en main cette reconnaissance de l’entité France Libre comme étant politique, Charles de Gaulle ne cherche pas vraiment à recruter des troupes, craignant que cela ne se transforme en une sorte de Légion Française à la remorque de l’armée britannique.  Une maigre reconnaissance intervient cependant le 28 juin, Churchill reconnaissant officiellement de Gaulle comme étant le « Chef de tous les Français Libres, où qu’ils se trouvent, qui se rallient à lui pour la défense de la cause alliée ».
C’est seulement à cette date que de Gaulle se consacre vraiment au recrutement, assuré que les volontaires ne seront pas « aspirés » par l’armée britannique.

Quelques adhésions notables ont cependant eu lieu entre temps : Le général Catroux, Thierry d’Argenlieu, L’Amiral Muselier, le Consul général à Bangkok Monod, l’attaché militaire à Tanger Luizet, le consul général à Pondichery, André Dewavrain qui, sous le pseudo de Passy prend en charge le BCRA, les célèbres marins de l’ile de Sein, le Consul général de France à Hong Kong, Louis Reynaud, etc.

Le professeur René Cassin, qui deviendra le juriste de la France Libre, arrive le 29. Il demande à de Gaulle « Nous ne sommes pas une Légion étrangère dans l’armée anglaise, nous sommes l’armée française ? ». De Gaulle lui a répondu, en le regardant bien en face « Nous sommes la France ». Cassin en est resté comme deux ronds de flan…
L’affaire de Mers-el-Kebir, le 4 juillet, a affaibli le recrutement parmi les soldats français présents à Londres depuis le repli de Dunkerque, a moins que la canonnade anglaise n’ait que servi de prétexte à des gens qui de toute façon n’auraient pas rejoint la France Libre.

C’est ainsi que le 14 juillet 1940, seulement 300 hommes défilèrent à Londres devant de Gaulle et Madame Churchill (Madame, pas Winston, significatif). Parmi eux, le parrain de Jacques Ghémard, tout juste équipé et n'ayant jamais marché au pas précédemment. Il semblerait que certains ont défilé en civil. Mais, selon Max Gallo6, les effectifs à cette date sont d’une brigade, soit environ 2000 hommes en Angleterre, plus d’autres ailleurs (Palestine, Egypte, etc.)

Cependant, affaiblir ne signifie pas tarir et des nouveaux volontaires se rallient en juillet-août :
900 légionnaires de la 13ème DBLE dont le capitaine Koenig et le lieutenant colonel Magrin-Verneret dit Monclar, futur commandant du Bataillon France pendant la guerre de Corée, le général Legentilhomme à Djibouti, le colonel de Larminat au Caire, Lapierre, agent consulaire à Chypre, le capitaine Hackin à Kaboul, le capitaine Bouillon en Gold Coast, le lieutenant Soustelle à Mexico, ralliement des Nouvelles-Hébrides et de Tahiti.
Quelques navires viennent renforcer les Forces Françaises Navales Libres de Muselier : Le contre-torpilleur Triomphant, les sous-marins Rubis et Narval.

Des pilotes aussi, qui seront les premiers Français Libres à reprendre le combat le 21 juillet aux cotés de la RAF.
Fin juillet, il y aura ainsi environ 2700 Français Libres en Angleterre, plus les militaires en poste à l’étranger et qui se sont ralliés, soit un total d’environ 7300, dont 567 en Palestine et 253 en Égypte.

Petites anecdotes quant à ces débuts chaotiques :
La première voiture que Charles de Gaulle a utilise à Londres était une voiture française, pas anglaise, mise à sa disposition avec le chauffeur par le Directeur de l’agence Cartier de Londres, Etienne Bellanger.

Grâce aux ralliements de quelques petites colonies et à l’arrivée avec Muselier d’un cargo français contenant 1250 tonnes de cuivre, la France Libre n’est pas financièrement à la remorque de la Grande-Bretagne.
Les seules « donations » anglaises sont du matériel militaire et des armes, ainsi que quelques « faveurs » comme par exemple louer Carlton Gardens aux FFL à un prix « d’ami ». Notons aussi que des collectes furent organisées en Angleterre par de simples citoyens britanniques en faveur des « Free French » qui bénéficièrent quasi immédiatement du soutien de la presse et du public britannique.

Au tout début, lorsque le personnel était très limité en nombre, de Gaulle en partant déjeuner avec son équipe demanda à la nouvelle recrue Georges Boris de rester pour « garder la boutique ».
Ce dernier eut l’air très gêné, hésitant : « Mais je suis Juif ! ». Réponse de De Gaulle : « Monsieur Boris, je ne connais que deux sortes d’hommes : ceux qui se couchent et ceux qui veulent se battre. Vous appartenez à la seconde ».

A ce jour, 52 764 Français Libres ont été nommément répertoriés
(Voir source 7), mais leur nombre total est estimé à environ 55 000 par Henri Ecochard. De son coté, Jean-François Muracciole y rajoute environ 20 000 soldats « coloniaux » mais ce chiffre est discuté.

Le chemin de croix :

Convaincu dès le 8 juin 1940, décidé dès le 16, préparé à le faire dès le 17, Charles de Gaulle du attendre fin juin, voire début août 1940, pour pouvoir librement clamer haut et fort que Pétain avait trahi la République et que lui, de Gaulle, portait sur ses épaules fort larges et fort hautes mais ô combien encore fragiles la légitimité politique de la France.

De longues semaines de batailles ardues et pénibles pour échapper au concept d’une simple légion militaire française incorporée dans l’armée britannique qui en satisfaisait plus d’un et, enfin, de faire établir la notion de France Libre, organisme politique porteur de la légitimité de la République bafouée à Vichy.

Les temples gaullistes historiques qui rechignent à admettre ces faits on tort. Au lieu de s’en tenir à l’histoire sainte d’un Appel unique dès le 18, il leur serait plus utile de décorer leurs murs d’icônes retraçant ce chemin de croix. Cela présenterait l’avantage, comme disait l’un de mes bons maîtres que je ne nommerais pas, de « redonner du brillant aux statues ternies par l'encens des commémorations ».

En effet, la simple reconnaissance de ces aléas nous montre un de Gaulle qui, face aux difficultés, plie mais ne romps pas et, à force de volonté, de conviction et d’excellence politique arrive enfin à ses fins pour notre plus grand bien.


Les premiers Français Libres de Hong Kong :

Dès le 20 juin 1940, le Consul général de France à Hong Kong, Louis Reynaud, en avise Londres : la communauté française du territoire refuse l’armistice et la paix séparée.

Le Comité de la France Libre est constitué le 19 septembre 1940 et, en 1941, sur les 120 membres de la communauté française, 40 adhèrent au comité. Tous, en décembre 1941, prennent part à la défense de Hong Kong, comme volontaires dans des unités combattantes ou dans la défense passive et trois y laisseront la vie. Neuf Français libres sont prisonniers de guerre. Plusieurs décèderont en captivité, dont Paul de Roux, directeur de la Banque de l’Indochine.

Une tombe, inaugurée en 1948 au cimetière militaire de Stanley, rappelle le sacrifice des Français Libres de Hong Kong.

- « Lieutenant Frédéric Marie Jocosta, né le 12 juin 1908, engagé volontaire le 8 décembre 1941, tué à North Point le 19 décembre 1941 »: officier de liaison et chef du service de renseignement de la France Libre à Singapour, Frédéric Jocosta est de passage à Hong Kong en octobre 1941. Il rejoint le Corps des Volontaires dès le premier jour de l’invasion japonaise, lancée le lendemain de l’attaque de Pearl Harbour. Frédéric Jocosta est tué dans les combats des premières semaines, sur l’un des points d’appui britanniques de la défense de l’île de Hong Kong.

- « Soldat Armand Delcourt, A.S.C. né à Tournai le 4 mai 1899, engagé volontaire en juillet 1940, tué à Répulse Bay le 21 décembre 1941 »: les archives précisent que «Monsieur Armand Delcourt, d’origine française mais belge de nationalité a trouvé la mort à Hong Kong dans des conditions particulièrement dramatiques». Le soldat Delcourt est en effet grièvement blessé de deux coups de baïonette à l’abdomen le 21 décembre. Deux jours plus tard, alors qu’il cherche un poste de secours pour se faire soigner, il est capturé par des soldats japonais à Repulse Bay, en même temps qu’une dizaine de soldats britanniques. Tous sont exécutés une demi-heure après leur capture d’une balle dans la nuque. Le consul de France, dans un mémoire de proposition pour décoration à titre posthume en date du 23 février 1947, précise au sujet d’Armand Delcourt : «faisant partie lui aussi malgré sa nationalité du mouvement de la France Libre et à ce titre s’était engagé dans le Corps des Volontaires».

- « Cannonier Pierre B.M. Mathieu, 2nd BTY, né à Marseille le 5 juillet 1911, engagé volontaire en juillet 1940, décédé à Sham Shui Po le 27 août 1943 ». Agent de la compagnie Optorg de Hong Kong, Pierre Mathieu rejoint la France Libre en 1941 et devient secrétaire de la section de Hong Kong. Incorporé dans le Corps des Volontaires, affecté à la Deuxième Batterie d’artillerie, il est fait prisonnier le 25 décembre 1941, dernier jour des combats, et se trouve interné à North Point puis à Stanley. C’est dans ce dernier camp, Sham Shui Po, qu’il meurt « électrocuté sur les fils de fer barbelés ».

- « Captain J.B.E.R. Egal, H.K.V.D.C., né à Montclar d’Agenais le 6 mars 1892, décédé le 29 décembre 1947 à Hong Kong »: René Egal est l’ancien responsable de la France Libre à Shanghai et se trouve en transit à Hong Kong à l’ouverture des hostilités. Il rejoint le Corps des Volontaires de Hong Kong, comme capitaine, et fait partie du détachement chargé de la protection de l’usine électrique de l’île de Hong Kong. René Egal est fait prisonnier dans les premiers jours des combats et est interné au camp des officiers de Sam Shui Ho, à Kowloon. Un officier britannique, échappé de ce camp en 1944, fournit alors des nouvelles sur René Egal pendant sa période de captivité. En juillet 1944, Egal est «en bonne santé et a conservé un excellent moral. […] Il est assez convenablement traité et peut se procurer des vivres de l’extérieur. Il lui est permis de correspondre avec sa femme qui est professeur au collège municipal français de Shanghai». Libéré en 1945, René Egal reste à Hong Kong et ses années de captivité semblent l’avoir affaibli. Il décède en 1947 à l’âge de 54 ans.

- « Henri Belle, décédé à Narume, près de Nagoya le 3 novembre 1944 » : marin de la marine marchande, Henri Belle est en transit à Hong Kong lors de l’invasion japonaise, alors qu’il s’est porté volontaire pour rejoindre la France Libre. Il s’engage alors lui aussi dans le Corps des Volontaires et est fait prisonnier à l’issue des combats. Comme d’autres prisonniers occidentaux, Henri Belle est transféré vers un camp d’internement au Japon où il décède en 1944, sans que les causes du décès soient connues.

- « Paul de Roux, victime de la Kempetai, décédé à Hong Kong le 19 février 1944 » : directeur de la Banque d’Indochine à Hong Kong, Paul de Roux prend part à la résistance contre les forces d’occupation japonaises. Arrêté et torturé par la police secrète japonaise, la Kempetai, il meurt le 19 février 1944. L’acte de décès dressé auprès des autorités britanniques le 13 avril 1950, sur témoignage de « M. Kwok Chan, compradore de la Banque de l’Indochine », mentionne « Unknown » pour la cause de la mort, indication « inconnue » reprise dans la transcription de cet acte de décès, inscrite au Consulat de France le 17 avril 1950.

Mémorial de Hong Kong


Sources : archives du ministère des Affaires étrangères, Paris, fonds Londres ; Archives du Consulat général de France à Hong Kong ; Evan Stewart, Hong Kong Volunteers in Battle, Ye Olde Printerie, Hong Kong, 1953.

Sources :
1 – « Du 5 au 8 juin 1940, un tournant », Daniel Laurent et Alain Adam
/Histoquiz/Lesdossiers/LaFrance19391945/juin40/Dossiers.htm
2 – « La face cachée de 1940 », François Delpla, F-X de Guibert, 2003
3 – « Revue historique et archéologique du Maine », No. 12, 1990, directeur Jacques Fourmy (décédé).
4– http://www.debarquement-normandie.com/phpBB2/viewtopic.php?t=17818
5– « L'appel du 18 juin 1940 », François Delpla, Grasset, 2000
6– Version enregistrée de l’Appel du 22 juin :  cf bas de page
7 - http://www.francaislibres.net/liste/liste.php

Autres sources :
Articles de MM. Jean-Louis Crémieux Brilhac, Eric Branca et André Malraux en ligne sur le site de la Fondation Charles de Gaulle :
http://www.charles-de-gaulle.org/dossier/18juin/

Une étrange bizarrerie à la mémoire courte :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/doc/AppelINABBC.doc
Taillée en pièces comme il se doit :
http://www.delpla.org/

Annexes :
1 – Le texte de l’Appel du 18 juin, tel que retranscrit par les services d’écoute suisses.
2 – Le texte tel que diffusé le 19 juin par la presse française non encore atteinte par la Wehrmacht,
source « Le Petit Provençal »

Annexe 1 :

« Le gouvernement français a demandé à l’ennemi à quelles conditions honorables pourrait cesser le combat. Il a déclaré en outre que la lutte devrait continuer si ces conditions étaient contraires à l’honneur, à la dignité, à l’indépendance de la France.

Nous avons été surpris et submergés par la force mécanique, la tactique de l'ennemi. Mais il y a, malgré tout, des raisons d’espérer.

Croyez-moi, rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent nous apporter la victoire.

La France n'est pas seule ! La France n'est pas seule ! La France n'est pas seule ! Elle peut faire bloc avec la Grande-Bretagne et disposer d’immenses réserves.

La guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Toutes les fautes qui ont été commises n’empêcheront pas qu’un jour l’ennemi sera écrasé Cela pourra se faire grâce à une force mécanique supérieure encore.

Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent actuellement en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Ceci vaut également pour les ingénieurs et les ouvriers spécialistes qui se trouvent déjà en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s'y trouver.

Quoi qu’il arrive, la force intérieure de la résistance des Français ne doit pas faiblir. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres. »


Dans les archives fédérales suisses de Berne, le compte-rendu du discours du général du Gaulle apparaît dans le Bulletin n° 153 publié par le Gruppe Ohr (Service écoute de la Division Presse et Radio de l’Etat-major Suisse) à 6h00 le 19 juin 1940, à la page 3.
Il est étonnement rédigé en allemand. Le voici tel que Christian Rossé nous l’a aimablement fourni :

«
(11) England (frz.) 2200
General de Gaulle (Sous-secrétaire d’Etat de guerre dans l’ancien Cabinet Reynaud) spricht jetzt zu den franz. Hörern :
Die frz. Regierung hat beim Feind angefragt, zu welchen ehrenvollen Bedingungen ein Waffenstillstand möglich wäre. Ferner wurde erklärt, dass der Kampf weitergeführt werde, falls Bedingungen gestellt würden, die im Widerspruch ständen zu Frankreichs Ehre, Würde und Unabhängigkeit. Wir sind von Technik, Kraft, Taktik des Feindes überrascht und überwältigt worden. Trotz allem können wir hoffen. Glaubt mir, dass noch nichts verloren ist für Frankreich. Die gleichen Mittel, die jetzt gegen uns angewandt wurden, können uns den Sieg bringen. Frankreich ist nicht allein! (dieser Satz 3-mal wiederholt). Es kann einen Block bilden zusammen mit Grossbritannien und über unermessliche Reserven verfügen. Der Krieg ist nicht fertig mit der Schlacht um Frankreich. Alle Fehler, die gemacht wurden, werden nicht verhindern, dass eines Tages der Feind erdrückt wird. Dies kann geschehen mit einer Kriegsmaschine (force mécanique) die der feindlichen noch überlegen sein wird. Ich, General de Gaulle, jetzt in London lade die frz. Offiziere und Soldaten, die sich jetzt in Grossbritannien befinden oder noch hierher kommen, ein, sich mit mir in Verbindung zu setzen. Das Gleiche gilt für die frz. Ingenieure und Spezialarbeiter, die in Grossbritannien sind oder hierher kommen werden. Was auch kommen mag: die innere Widerstandskraft der Franzosen darf nicht untergehen. Wie heute, so werde ich auch morgen am Londoner Radio sprechen.

Fan/Lie

Scw/Stn.

Archives fédérales suisses, E4450/5768 Bd. 3 »

Annexe 2 :

« Le gouvernement français a demandé à l’ennemi à quelles conditions pourrait cesser le combat. Il a déclaré que si ces conditions étaient contraires à l’honneur, à la dignité, à l’indépendance de la France, le combat devrait continuer.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres. »

Le 22, le général de Gaulle lançait  un nouvel Appel :

Discours sur la BBC - juin 1940 :

Le Petit provencal

Affiche de Londres

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