Dans
la soirée du 18 juin 1940, un quasi-inconnu du grand public,
général de brigade à titre temporaire et ex-secrétaire
d’état à la guerre du gouvernement Reynaud, lance
depuis les micros de la BBC à Londres un appel exhortant ses
compatriotes à la résistance.
Cet Appel est
l’acte fondateur de la France Libre dont la saga se terminera
presque 5 ans plus tard avec la présence de la France à
la signature de la reddition sans conditions du IIIéme Reich,
la création en Allemagne d’une zone d’occupation
française et l’obtention d’un siège permanent
avec droit de veto au conseil de sécurité de l’ONU.
Parti de rien
au milieu d’un désastre militaire sans précédent
pour arriver à tout dans un contexte de victoire, Charles de
Gaulle est devenu une légende en lui-même, ce qui est largement
mérité mais présente parfois l’inconvénient
de conserver dans l’historiographie quelques légendes annexes
dont les erreurs historiques sont désormais avérées.
Si Charles de
Gaulle, tout comme Churchill d’ailleurs, avait quelques belles
et bonnes raisons de masquer certaines de ses difficultés dans
ses Mémoires, expliquer comment se sont réellement passées
les choses est tout à fait utile.
La décision
de la rébellion :
C’est entre
les 5 et 8 juin 1940 que Charles de Gaulle a été persuadé
que Churchill maintiendrait la Grande-Bretagne en guerre et qu’il
prend la décision, si le gouvernement français ne se replie
pas sur l’Empire, de franchir son Rubicon, en l’occurrence
la Manche dont la largeur sied parfaitement à l’étendue
du franchissement en question. Dans ses Mémoires de Guerre, le
général date sa décision du 16 juin. Si c’est
exact sur le plan calendaire (C’est en effet le 16 qu’il
a la preuve que le gouvernement ne se repliera pas sur l’Empire
et va demander l’armistice), cela ne l’est pas sur le plan
politique. (Voir source 1)
L’envol
:
Les avocats passés
ou contemporains du Maréchal Pétain indiquent souvent
que de Gaulle s’est envolé de Bordeaux le 17 juin dans
l’avion de Spears, représentant de Churchill auprès
du gouvernement Reynaud, et qu’il l’a fait surtout de crainte
d’être arrêté par le gouvernement Pétain,
les deux hommes étant en froid depuis 1924.
Il est dorénavant
clair que l’avion était celui mis à la disposition
de de Gaulle et pas de Spears. De plus, la décision du départ
est immédiate, Spears y adhère immédiatement et
décide de partir à Londres avec lui pour aider à
convaincre Churchill qui hésite car il souhaiterait recevoir
à Londres des personnalités françaises de plus
haut vol.
Les choses étant ce qu’elles étaient, il dû
se « contenter » du général bien qu’ayant,
lui aussi, présenté à l’origine son arrivée
comme étant une « mesure de sécurité ».
Il semblerait
d’ailleurs que les bases du texte de l’Appel aient été
jetées sur le papier dans la nuit du 16 au 17 juin à Bordeaux,
traces d’une demande de De Gaulle pour les services d’une
secrétaire ayant été retrouvées dans les
archives. Mis à part préparer sa journée du lendemain,
qu’il savait devoir être difficile, et établir les
bases de sa future politique, on ne voit pas pourquoi il aurait eu besoin
d’une dactylo cette nuit là. (Voir source 2)
Le 17 juin :
Venant de Bordeaux,
Charles de Gaulle et son aide de camp Geoffroy Chodron de Courcel, accompagnés
de Spears, atterrissent à l'aérodrome londonien de Heston
en fin de matinée.
Il s'installe dans un appartement prêté par un Français,
près de Hyde Park, au centre de Londres, au numéro 6 de
Seymour Place.
En milieu d'après-midi,
le général de Gaulle est reçu par Winston Churchill
au 10 Downing Street. Les appuis de Spears mais aussi de Duff Cooper
ont eu raison des hésitations de Churchill. Le premier ministre
britannique décide de mettre la BBC à la disposition du
Général.
Il a été convenu qu'il ne l'utiliserait que lorsque le
gouvernement Pétain aurait demandé l'armistice.
En fin d'après-midi,
la nouvelle parvient à Londres que le maréchal Pétain
vient d'annoncer aux Français qu'il faut cesser le combat.
Le général décide alors de lancer son appel dès
le lendemain. Mais Churchill reste évasif.
La nouvelle du « il faut cesser le combat » émis
par Pétain vers 12h 30 est connue à Londres dès
13h. Rien de neuf à cet égard dans l’après-midi
ou la soirée. Mais c’est la que les ennuis commencent avec
les hésitations anglaises !
D’une part
et contrairement à ce que l’intéressé a écrit
plus tard, le siège de Premier Ministre de Winston Churchill
est fragile.
Les tenants de « l'appeasement », les pacifistes anglais,
sont en force dans le gouvernement, sous la houlette de Lord Halifax
et avec l’aide active de Robert Vansittart du Foreign Office,
connu (à tort) comme churchillien ; il rejette viscéralement,
les premiers jours, l’entreprise gaullienne, mais ne saurait être
dit pacifiste. Ils ne veulent surtout pas, à ce stade de la guerre,
critiquer en quoi que ce soit le Maréchal Pétain car,
tout simplement, ils aimeraient imiter son initiative de demande de
paix. Il convient aussi de faire la part du classicisme diplomatique
car beaucoup de choses s’expliquent par la routine en un temps
où elle est mortelle, car Hitler compte dessus.
D’autre
part, les Français de Londres ne sont pas unanimement d’accord
avec Charles de Gaulle, notamment Alexis Léger et, surtout, Jean
Monnet.
Les uns comme
les autres feront tout pour édulcorer autant que possible le
texte de l’appel, voire l’empêcher.
Pour les comprendre,
mais sans pour autant les approuver, il faut bien réaliser que
Hitler avait complètement berné la quasi-totalité
des dirigeants du monde et que se sont ceux qui espéraient alors
pouvoir l’arrêter par les armes dans l’immédiat
qui passaient pour de dangereux bellicistes.
Le
18 juin :
Au
moins 3 versions du texte seront rédigées et vivement
discutées ce jour la, sans compter l’ébauche datée
du 17.
Il semblerait que 2 autres aient existé, mais elles ne sont connues
que par des résumés.
Le
texte original sortira mal en point de ses affrontements qui durèrent
toute la journée. Citons un extrait de l’une des délibérations
du cabinet britannique ce jour là :
«Bien que le texte du message ne soulève aucune objection,
il n’est pas souhaitable que le général de Gaulle,
puisqu’il est persona non grata auprès du gouvernement
français actuel, parle à la radio, aussi longtemps qu’on
peut espérer que ce gouvernement agisse dans un sens conforme
aux intérêts de l’alliance. »
Deux
versions du texte diffusé le 18 juin existent :
- Celui qui fut réellement prononcé ce soir la, à
22 heures et non avant comme certains le disent. Voir le texte en annexe
1.
- Celui diffuse AVANT par un communiqué de la BBC, donc moins
censuré, et qui fut reproduit le 19 par certains journaux français,
voir annexe 2.
Le véritable
texte du 18 juin :
L’histoire
de ce premier texte diffusé le 18 juin mérite à
elle seule une mention spéciale. Le discours ne fut pas enregistré
par la BBC.
Les premiers à avoir découvert ces différences
furent une équipe d’amateurs passionnés sarthois
(Voir source 3) qui se procurèrent le texte tel qu’enregistré
par les services radiophoniques suisses dans des conditions qui firent
dire par J.C. Averty, qui suivait cette affaire, à François
Delpla au cours d’une conversation téléphonique
que cela ressemblait à « une livraison d’héroïne
dans un café de Barbès ».
Publié
sans mention de sources en 1990, ce texte ne fut cependant jamais nié
par les autorités helvétiques malgré le fait que
sa publication dérogeait de quelques mois à l’obligation
des 50 ans de non communication, ce qui explique « l'ambiance
» lors de sa livraison.
Mais
le clou vient d’être enfoncé par Christian Rossé,
membre suisse du forum « Le monde en guerre » (Voir source
4) qui a retrouvé dans les archives de Berne le texte original
tel que publié, étonnement en allemand, par le service
d’écoute radiophonique suisse dans son Bulletin du 19 juin
1940 à 6 heures du matin. Le texte en allemand et les cotes d’archives
figurent ici en annexe 1.
L’après
18 juin :
La
discussion rebondissant dans la nuit, sans qu'aucun document n'en parle,
sinon le résultat final dans les journaux anglais du 19 au matin,
qui est l'appel connu moins la dernière phrase "demain comme
aujourd'hui…".
La
encore, c’est Hitler qui mène le jeu. Pétain lui
demande ses conditions d’armistice le 17 et … il se hâte
lentement de répondre, attendant le 21 pour convoquer une réunion
et faire connaître ses conditions. Ce n’est qu’à
cette date que le gouvernement britannique lâchera du lest et
laissera de Gaulle s’exprimer plus librement, mais pas complètement
encore et ce n’est que le 23, jour où le cabinet examine
pour la première fois l’éventualité de reconnaître
un comité présidé par le général,
que les choses avancent vraiment.
(Voir source 5 et 6)
Avant
cette date, les variantes de l’Appel sont purement militaires.
Elles appellent à la résistance mais ne remettent pas
en cause la légitimité de Pétain ni ne parlent
de sa trahison, ce qui est cependant à la base de la rébellion
gaullienne.
Les
phrases manquantes seront ajoutées (ou plutôt rétablies)
fin juillet ou début août (Accords de Gaulle-Churchill,
là encore connu seulement par ses résultats et son contexte
- accord du 7 août Angleterre-France libre -, notamment la fameuse
affiche, dont la première apparition est dans les journaux anglais
du 5 août).
La
première apparition certaine du texte définitif se trouve
dans le n° 1 du bulletin des FFL, mi-août 1940.
Photo Fondation
de la France Libre
Les premiers ralliés :
Tant qu’il n’a pas en main cette reconnaissance de l’entité
France Libre comme étant politique, Charles de Gaulle ne cherche
pas vraiment à recruter des troupes, craignant que cela ne se
transforme en une sorte de Légion Française à la
remorque de l’armée britannique. Une maigre reconnaissance
intervient cependant le 28 juin, Churchill reconnaissant officiellement
de Gaulle comme étant le « Chef de tous les Français
Libres, où qu’ils se trouvent, qui se rallient à
lui pour la défense de la cause alliée ».
C’est seulement à cette date que de Gaulle se consacre
vraiment au recrutement, assuré que les volontaires ne seront
pas « aspirés » par l’armée britannique.
Quelques adhésions notables ont cependant eu lieu entre temps
: Le général Catroux, Thierry d’Argenlieu, L’Amiral
Muselier, le Consul général à Bangkok Monod, l’attaché
militaire à Tanger Luizet, le consul général à
Pondichery, André Dewavrain qui, sous le pseudo de Passy prend
en charge le BCRA, les célèbres marins de l’ile
de Sein, le Consul général de France à Hong Kong,
Louis Reynaud, etc.
Le professeur René Cassin, qui deviendra le juriste de la France
Libre, arrive le 29. Il demande à de Gaulle « Nous ne sommes
pas une Légion étrangère dans l’armée
anglaise, nous sommes l’armée française ? ».
De Gaulle lui a répondu, en le regardant bien en face «
Nous sommes la France ». Cassin en est resté comme deux
ronds de flan…
L’affaire de Mers-el-Kebir, le 4 juillet, a affaibli le recrutement
parmi les soldats français présents à Londres depuis
le repli de Dunkerque, a moins que la canonnade anglaise n’ait
que servi de prétexte à des gens qui de toute façon
n’auraient pas rejoint la France Libre.
C’est ainsi que le 14 juillet 1940, seulement 300 hommes défilèrent
à Londres devant de Gaulle et Madame Churchill (Madame, pas Winston,
significatif). Parmi eux, le parrain de Jacques Ghémard, tout
juste équipé et n'ayant jamais marché au pas précédemment.
Il semblerait que certains ont défilé en civil. Mais,
selon Max Gallo6, les effectifs à cette date sont d’une
brigade, soit environ 2000 hommes en Angleterre, plus d’autres
ailleurs (Palestine, Egypte, etc.)
Cependant, affaiblir ne signifie pas tarir et des nouveaux volontaires
se rallient en juillet-août :
900 légionnaires de la 13ème DBLE dont le capitaine Koenig
et le lieutenant colonel Magrin-Verneret dit Monclar, futur commandant
du Bataillon France pendant la guerre de Corée, le général
Legentilhomme à Djibouti, le colonel de Larminat au Caire, Lapierre,
agent consulaire à Chypre, le capitaine Hackin à Kaboul,
le capitaine Bouillon en Gold Coast, le lieutenant Soustelle à
Mexico, ralliement des Nouvelles-Hébrides et de Tahiti.
Quelques navires viennent renforcer les Forces Françaises Navales
Libres de Muselier : Le contre-torpilleur Triomphant, les sous-marins
Rubis et Narval.
Des pilotes aussi, qui seront les premiers Français Libres à
reprendre le combat le 21 juillet aux cotés de la RAF.
Fin juillet, il y aura ainsi environ 2700 Français Libres en
Angleterre, plus les militaires en poste à l’étranger
et qui se sont ralliés, soit un total d’environ 7300, dont
567 en Palestine et 253 en Égypte.
Petites anecdotes quant à ces débuts chaotiques :
La première voiture que Charles de Gaulle a utilise à
Londres était une voiture française, pas anglaise, mise
à sa disposition avec le chauffeur par le Directeur de l’agence
Cartier de Londres, Etienne Bellanger.
Grâce aux ralliements de quelques petites colonies et à
l’arrivée avec Muselier d’un cargo français
contenant 1250 tonnes de cuivre, la France Libre n’est pas financièrement
à la remorque de la Grande-Bretagne.
Les seules « donations » anglaises sont du matériel
militaire et des armes, ainsi que quelques « faveurs » comme
par exemple louer Carlton Gardens aux FFL à un prix « d’ami
». Notons aussi que des collectes furent organisées en
Angleterre par de simples citoyens britanniques en faveur des «
Free French » qui bénéficièrent quasi immédiatement
du soutien de la presse et du public britannique.
Au tout début, lorsque le personnel était très
limité en nombre, de Gaulle en partant déjeuner avec son
équipe demanda à la nouvelle recrue Georges Boris de rester
pour « garder la boutique ».
Ce dernier eut l’air très gêné, hésitant
: « Mais je suis Juif ! ». Réponse de De Gaulle :
« Monsieur Boris, je ne connais que deux sortes d’hommes
: ceux qui se couchent et ceux qui veulent se battre. Vous appartenez
à la seconde ».
A ce jour, 52 764 Français Libres ont été nommément
répertoriés (Voir
source 7), mais
leur nombre total est estimé à environ 55 000 par Henri
Ecochard. De son coté, Jean-François Muracciole y rajoute
environ 20 000 soldats « coloniaux » mais ce chiffre est
discuté.
Le
chemin de croix :
Convaincu
dès le 8 juin 1940, décidé dès le 16, préparé
à le faire dès le 17, Charles de Gaulle du attendre fin
juin, voire début août 1940, pour pouvoir librement clamer
haut et fort que Pétain avait trahi la République et que
lui, de Gaulle, portait sur ses épaules fort larges et fort hautes
mais ô combien encore fragiles la légitimité politique
de la France.
De
longues semaines de batailles ardues et pénibles pour échapper
au concept d’une simple légion militaire française
incorporée dans l’armée britannique qui en satisfaisait
plus d’un et, enfin, de faire établir la notion de France
Libre, organisme politique porteur de la légitimité
de la République bafouée à Vichy.
Les
temples gaullistes historiques qui rechignent à admettre ces
faits on tort. Au lieu de s’en tenir à l’histoire
sainte d’un Appel unique dès le 18, il leur serait plus
utile de décorer leurs murs d’icônes retraçant
ce chemin de croix. Cela présenterait l’avantage, comme
disait l’un de mes bons maîtres que je ne nommerais pas,
de « redonner du brillant aux statues ternies par l'encens des
commémorations ».
En
effet, la simple reconnaissance de ces aléas nous montre un de
Gaulle qui, face aux difficultés, plie mais ne romps pas et,
à force de volonté, de conviction et d’excellence
politique arrive enfin à ses fins pour notre plus grand bien.
Les
premiers Français Libres de Hong Kong :
Dès le 20 juin 1940, le Consul général de France
à Hong Kong, Louis Reynaud, en avise Londres : la communauté
française du territoire refuse l’armistice et la paix séparée.
Le Comité de la France Libre est constitué le 19 septembre
1940 et, en 1941, sur les 120 membres de la communauté française,
40 adhèrent au comité. Tous, en décembre 1941,
prennent part à la défense de Hong Kong, comme volontaires
dans des unités combattantes ou dans la défense passive
et trois y laisseront la vie. Neuf Français libres sont prisonniers
de guerre. Plusieurs décèderont en captivité, dont
Paul de Roux, directeur de la Banque de l’Indochine.
Une tombe, inaugurée en 1948 au cimetière militaire de
Stanley, rappelle le sacrifice des Français Libres de Hong Kong.
- « Lieutenant Frédéric Marie Jocosta, né
le 12 juin 1908, engagé volontaire le 8 décembre 1941,
tué à North Point le 19 décembre 1941 »:
officier de liaison et chef du service de renseignement de la France
Libre à Singapour, Frédéric Jocosta est de passage
à Hong Kong en octobre 1941. Il rejoint le Corps des Volontaires
dès le premier jour de l’invasion japonaise, lancée
le lendemain de l’attaque de Pearl Harbour. Frédéric
Jocosta est tué dans les combats des premières semaines,
sur l’un des points d’appui britanniques de la défense
de l’île de Hong Kong.
- « Soldat Armand Delcourt, A.S.C. né à Tournai
le 4 mai 1899, engagé volontaire en juillet 1940, tué
à Répulse Bay le 21 décembre 1941 »: les
archives précisent que «Monsieur Armand Delcourt, d’origine
française mais belge de nationalité a trouvé la
mort à Hong Kong dans des conditions particulièrement
dramatiques». Le soldat Delcourt est en effet grièvement
blessé de deux coups de baïonette à l’abdomen
le 21 décembre. Deux jours plus tard, alors qu’il cherche
un poste de secours pour se faire soigner, il est capturé par
des soldats japonais à Repulse Bay, en même temps qu’une
dizaine de soldats britanniques. Tous sont exécutés une
demi-heure après leur capture d’une balle dans la nuque.
Le consul de France, dans un mémoire de proposition pour décoration
à titre posthume en date du 23 février 1947, précise
au sujet d’Armand Delcourt : «faisant partie lui aussi malgré
sa nationalité du mouvement de la France Libre et à ce
titre s’était engagé dans le Corps des Volontaires».
- « Cannonier Pierre B.M. Mathieu, 2nd BTY, né à
Marseille le 5 juillet 1911, engagé volontaire en juillet 1940,
décédé à Sham Shui Po le 27 août 1943
». Agent de la compagnie Optorg de Hong Kong, Pierre Mathieu rejoint
la France Libre en 1941 et devient secrétaire de la section de
Hong Kong. Incorporé dans le Corps des Volontaires, affecté
à la Deuxième Batterie d’artillerie, il est fait
prisonnier le 25 décembre 1941, dernier jour des combats, et
se trouve interné à North Point puis à Stanley.
C’est dans ce dernier camp, Sham Shui Po, qu’il meurt «
électrocuté sur les fils de fer barbelés ».
- « Captain J.B.E.R. Egal, H.K.V.D.C., né à Montclar
d’Agenais le 6 mars 1892, décédé le 29 décembre
1947 à Hong Kong »: René Egal est l’ancien
responsable de la France Libre à Shanghai et se trouve en transit
à Hong Kong à l’ouverture des hostilités.
Il rejoint le Corps des Volontaires de Hong Kong, comme capitaine, et
fait partie du détachement chargé de la protection de
l’usine électrique de l’île de Hong Kong. René
Egal est fait prisonnier dans les premiers jours des combats et est
interné au camp des officiers de Sam Shui Ho, à Kowloon.
Un officier britannique, échappé de ce camp en 1944, fournit
alors des nouvelles sur René Egal pendant sa période de
captivité. En juillet 1944, Egal est «en bonne santé
et a conservé un excellent moral. […] Il est assez convenablement
traité et peut se procurer des vivres de l’extérieur.
Il lui est permis de correspondre avec sa femme qui est professeur au
collège municipal français de Shanghai». Libéré
en 1945, René Egal reste à Hong Kong et ses années
de captivité semblent l’avoir affaibli. Il décède
en 1947 à l’âge de 54 ans.
- « Henri Belle, décédé à Narume,
près de Nagoya le 3 novembre 1944 » : marin de la marine
marchande, Henri Belle est en transit à Hong Kong lors de l’invasion
japonaise, alors qu’il s’est porté volontaire pour
rejoindre la France Libre. Il s’engage alors lui aussi dans le
Corps des Volontaires et est fait prisonnier à l’issue
des combats. Comme d’autres prisonniers occidentaux, Henri Belle
est transféré vers un camp d’internement au Japon
où il décède en 1944, sans que les causes du décès
soient connues.
- « Paul de Roux, victime de la Kempetai, décédé
à Hong Kong le 19 février 1944 » : directeur de
la Banque d’Indochine à Hong Kong, Paul de Roux prend part
à la résistance contre les forces d’occupation japonaises.
Arrêté et torturé par la police secrète japonaise,
la Kempetai, il meurt le 19 février 1944. L’acte de décès
dressé auprès des autorités britanniques le 13
avril 1950, sur témoignage de « M. Kwok Chan, compradore
de la Banque de l’Indochine », mentionne « Unknown
» pour la cause de la mort, indication « inconnue »
reprise dans la transcription de cet acte de décès, inscrite
au Consulat de France le 17 avril 1950.
Mémorial
de Hong Kong
Sources : archives du ministère des Affaires étrangères,
Paris, fonds Londres ; Archives du Consulat général de
France à Hong Kong ; Evan Stewart, Hong Kong Volunteers in Battle,
Ye Olde Printerie, Hong Kong, 1953.
Sources
:
1 – « Du 5 au 8 juin 1940, un tournant », Daniel Laurent
et Alain Adam
/Histoquiz/Lesdossiers/LaFrance19391945/juin40/Dossiers.htm
2 – « La face cachée de 1940 », François
Delpla, F-X de Guibert, 2003
3 – « Revue historique et archéologique du Maine
», No. 12, 1990, directeur Jacques Fourmy (décédé).
4–
http://www.debarquement-normandie.com/phpBB2/viewtopic.php?t=17818
5– « L'appel du 18 juin 1940 », François Delpla,
Grasset, 2000
6– Version enregistrée de l’Appel du 22 juin :
cf bas de page
7 - http://www.francaislibres.net/liste/liste.php
Autres
sources :
Articles de MM. Jean-Louis Crémieux Brilhac, Eric Branca et André
Malraux en ligne sur le site de la Fondation Charles de Gaulle :
http://www.charles-de-gaulle.org/dossier/18juin/
Une
étrange bizarrerie à la mémoire courte :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/doc/AppelINABBC.doc
Taillée en pièces comme il se doit :
http://www.delpla.org/
Annexes
:
1 – Le texte de l’Appel du 18 juin, tel que retranscrit
par les services d’écoute suisses.
2 – Le texte tel que diffusé le 19 juin par la presse française
non encore atteinte par la Wehrmacht,
source « Le Petit Provençal »
Annexe
1 :
«
Le gouvernement français
a demandé à l’ennemi à quelles conditions
honorables pourrait cesser le combat. Il a déclaré en
outre que la lutte devrait continuer si ces conditions étaient
contraires à l’honneur, à la dignité, à
l’indépendance de la France.
Nous avons été surpris et submergés par la force
mécanique, la tactique de l'ennemi. Mais il y a, malgré
tout, des raisons d’espérer.
Croyez-moi, rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens
qui nous ont vaincus peuvent nous apporter la victoire.
La France n'est pas seule ! La France n'est pas seule ! La France n'est
pas seule ! Elle peut faire bloc avec la Grande-Bretagne et disposer
d’immenses réserves.
La guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Toutes
les fautes qui ont été commises n’empêcheront
pas qu’un jour l’ennemi sera écrasé Cela pourra
se faire grâce à une force mécanique supérieure
encore.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres,
j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent
actuellement en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s'y trouver,
à se mettre en rapport avec moi. Ceci vaut également pour
les ingénieurs et les ouvriers spécialistes qui se trouvent
déjà en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s'y
trouver.
Quoi qu’il arrive, la force intérieure de la résistance
des Français ne doit pas faiblir. Demain, comme aujourd'hui,
je parlerai à la Radio de Londres. »
Dans
les archives fédérales suisses de Berne, le compte-rendu
du discours du général du Gaulle apparaît dans le
Bulletin n° 153 publié par le Gruppe Ohr (Service écoute
de la Division Presse et Radio de l’Etat-major Suisse) à
6h00 le 19 juin 1940, à la page 3.
Il est étonnement rédigé en allemand. Le voici
tel que Christian Rossé nous l’a aimablement fourni :
« (11) England (frz.) 2200
General de Gaulle (Sous-secrétaire d’Etat de guerre
dans l’ancien Cabinet Reynaud) spricht jetzt zu den franz. Hörern
:
Die frz. Regierung hat beim Feind angefragt, zu welchen ehrenvollen
Bedingungen ein Waffenstillstand möglich wäre. Ferner wurde
erklärt, dass der Kampf weitergeführt werde, falls Bedingungen
gestellt würden, die im Widerspruch ständen zu Frankreichs
Ehre, Würde und Unabhängigkeit. Wir sind von Technik, Kraft,
Taktik des Feindes überrascht und überwältigt worden.
Trotz allem können wir hoffen. Glaubt mir, dass noch nichts verloren
ist für Frankreich. Die gleichen Mittel, die jetzt gegen uns angewandt
wurden, können uns den Sieg bringen. Frankreich ist nicht allein!
(dieser Satz 3-mal wiederholt). Es kann einen Block bilden zusammen
mit Grossbritannien und über unermessliche Reserven verfügen.
Der Krieg ist nicht fertig mit der Schlacht um Frankreich. Alle Fehler,
die gemacht wurden, werden nicht verhindern, dass eines Tages der Feind
erdrückt wird. Dies kann geschehen mit einer Kriegsmaschine (force
mécanique) die der feindlichen noch überlegen sein wird.
Ich, General de Gaulle, jetzt in London lade die frz. Offiziere und
Soldaten, die sich jetzt in Grossbritannien befinden oder noch hierher
kommen, ein, sich mit mir in Verbindung zu setzen. Das Gleiche gilt
für die frz. Ingenieure und Spezialarbeiter, die in Grossbritannien
sind oder hierher kommen werden. Was auch kommen mag: die innere Widerstandskraft
der Franzosen darf nicht untergehen. Wie heute, so werde ich auch morgen
am Londoner Radio sprechen.
Fan/Lie
Scw/Stn.
Archives fédérales suisses, E4450/5768 Bd. 3 »
Annexe 2 :
«
Le gouvernement français a demandé
à l’ennemi à quelles conditions pourrait cesser
le combat. Il a déclaré que si ces conditions étaient
contraires à l’honneur, à la dignité, à
l’indépendance de la France, le combat devrait continuer.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés
par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique
des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions,
la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les
amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître
? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis
que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous
ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas
seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire
bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte.
Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie
des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre
pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France.
Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards,
toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers,
tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis.
Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons
vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure.
Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres,
j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent
en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec
leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les
ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent
en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à
se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française
ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.
»