A propos des vétérans français du front de l'Est
Extraits de réponses par Frontest*

DU CÔTE DE L'ENNEMI ?

Pour ce qui est du contexte, l’Armistice est une disposition tout à fait officielle, à l’époque, et qui est inscrite dans la Constitution de la IIIème République. Si l’Armistice n’est pas la Paix, ce n’est pas non plus la Guerre ouverte, ce qui a donné lieu à cette Collaboration reconnue au moins par les puissances étrangères qui avaient une ambassade à Vichy ; dont les Américains jusqu’en 1942. Nous nous plaçons donc diplomatiquement comme le faisaient la plupart des ambassades au moment de l’engagement de ces volontaires ; la France était gouvernée par l’Etat français.
Le Gouvernement Provisoire de la République Française sera reconnu administrativement par les US, URSS, GB fin 1944.
Tout cela pour dire, que nos aïeux, si l’on parle de leur action, à leur époque et si l’on veut bien analyser leur engagement, n’ont donc pas rejoint une armée ennemie, dans le contexte. Ils se sont engagés contre un adversaire clairement identifié, qui les focalisait sur un front désigné, mandaté par le gouvernement français.

Nous serions les premiers, avec nos aïeux, à condamner tout individu qui passerait à l’ennemi selon l’expression consacrée. Enfin, si la sanction pouvait être dans ce cas le peloton d’exécution, peu sur le nombre total des survivants du Front de l’Est furent condamnés à la peine capitale. Car le terme de trahison, même s’il figure sur certains documents de condamnation, prenait de fait, une connotation très très inconfortable pour le nouveau législateur, qui avait souvent lui-même poussé ces même jeunes à s’engager et qui se trouvaient maintenant debout dans le prétoire (relisez « Le jugement des Juges » de Robert Brasillach, lecture capitale pour comprendre aussi la geste de ces jeunes hommes à peine sortis de l’adolescence.
Procurez-vous les poèmes de Fresnes et vous saisirez quelques aspects de la sensibilité de ces volontaires.) Comment peut-on justifier, pour un Soldat de servir une armée ennemie. Ainsi, nos propres enfants ont été les premiers à être interpellés par cette notion "…du côté de l'ennemi", surtout pour ceux qui avaient parmi leurs aïeux des vétérans qui s’étaient battus contre les Allemands en 40.

Tout ceci, en sachant reconnaître, en effet, que nous sommes sensibles sur les termes, mais qui ont ici une importance fondamentale.
C’est l’étude de l’histoire, en générale, qui demande à l’observateur de se plonger dans le contexte en faisant preuve d’empathie et c’est pour cette raison également qu’il est hasardeux de vouloir régenter l’histoire des hommes à posteriori. Au travers de vos lectures, ces considérations peuvent être portées, à priori, au crédit des autres volontaires européens.


TORT ET RAISON

Pour ceux qui n’admettent pas la vindicte aveugle,

Nous comprenons votre sentiment d'injustice devant l'histoire, qui vous fait prendre des positions louables, mais, mais...
En ce qui concerne qui a raison qui a eu tort, l'histoire officielle s'impose encore sur ce sujet, ne soyez pas téméraires.
D'autres part, la bravoure, le courage l'abnégation, la peur, le désintéressement, l'abandon, le sacrifice ont animé la plupart des soldats, quel que fut le camp. Mais aussi, la lâcheté, le déshonneur et les actions qu'il a fallu faire, parce que le contexte, la fatigue, l'angoisse, la rage ou la clémence imposaient de le faire.

Il est difficile pour des pompiers de raconter un grave incendie, au téléphone, à ceux qui n'y était pas et qui sont aux sports d'hiver...
Il faut que vous sachiez que dans de nombreuses familles, les fratries ont été parfois séparées par le camp choisi, ou qui les a emportés. Un certain nombre de nos aïeux ont servi ensuite dans l'armée, sous les ordres souvent de leurs anciens adversaires. Car entre soldats, un jour, la paix est possible, puis la réconciliation. Ils savent. Ils savent ce que ne connaissent pas les hommes politiques malgré la bonne volonté. Le soldat est fait pour servir et quand l'on sert humblement, on n'est pas toujours reconnu.

Et puis les hommes sont aux ordres de seulement quelques hommes. Pour ce qui est de l'affaire de Bad Reichenhall, ce qui a été dit trop souvent à ce jour, n'a pas pu tenir compte de documents inédits qui montrent que l'histoire, n'est jamais écrite définitivement. Si l'affaire de Bad Reichenhall peut être considérée comme un crime de guerre, les officiers et les hommes, de la base, qui ont exécuté les ordres, n'ont pas forcément eu la hargne que l'on décrit dans un discours partisan.

TROMPE ou PAS

Il n’est pas question de mettre en doute l’idéal et l’uniforme qu’ils ont servi. S’ils sont tombés avant l’heure, dit à posteriori en 2006, mais à l’heure en février 1945, tombés avec de nombreuses autres divisions européennes, non pas pour défendre fondamentalement l’Oder, mais pour éviter que le pacte de Varsovie ne trouve ses limites à proximité de Strasbourg.

Ainsi nous pourrions parler de ces jeunes hommes, qui aux lendemains du 6 juin 44, ne volent pas aux secours de la victoire, mais choisissent de rejoindre la division Charlemagne…
Vous rappelez très justement que nous étions vaincus, avec ces quelques mesures prises à l'encontre de la France et la liste pourrait s'allonger :
- Occupation du territoire national au 2/3 .
- Conditions très dures d'Armistice
- Annexion d'une partie du territoire national
- Frais très élevés exigés pour entretenir une armée d 'occupation
- Réduction d'une armée à 100 000 hommes
- Demande de livraison d'une partie de la population française
- Population de plus en plus affamée
- Non respect de la souveraineté française, immixtion de l'occupant à tous les niveaux .
- Censure sur l'information
- Invasion totale du territoire…
Mais, nous étions vaincus. Ici, aussi il faut se remettre dans le contexte. Une armée victorieuse impose à coup sûr, bien des exigences ou vicissitudes à ses dominations (aujourd’hui, il ne suffit plus d’être en guerre). En d’autres termes, c’est comme le propriétaire envers son locataire…

Par ailleurs, il n'est pas question sur ce site de dire si untel ou untel a eu raison ou tort. Mais tout simplement de parler d'hommes qui ont pris un élan terrible, qui est la guerre, dans une tourmente qui dépasse les modestes qu'ont été aussi bien nos aïeux d’un côté ou de l’autre. Très peu finalement, ont osé l’engagement armé quelle que fut la direction.
Effectivement, si l'on se positionne en historien politicien et en tant que civil à posteriori, dans ce chapitre, nous serions les premiers à dire, mais subjectivement, qu'ils se seraient trompés. Mais que se soient d'un côté ou de l'autre, les humbles, les combattants, quel que fut le choix armé, était bien loin des calculs opportunistes et des finesses des dispositions politiques, diplomatiques prises. Les combattants savent le reconnaître entre eux.

De plus, nos aïeux ne se sont pas engagés en francs-tireurs, mais au titre de lois officielles du gouvernement de Vichy dans le contexte hexagonal. Et c’est avec des lois similaires d’un autre gouvernement légal, dans son contexte, que beaucoup se sont engagés dans le Corps Expéditionnaire d’Extrême Orient. Là, aussi, avec leurs camarades de combat (souvent anciens FFL ou FFI, etc) ils ont été malmenés, attendus par des civils en mal de Révolution et qui leur crachaient dessus, blessés ou non, à leur débarquement à Marseille, alors qu’ils avaient presque tout donné pour l’“Empire”. C’est avec l’encouragement de ces mêmes politiques que d’autres encore se sont engagés dans ce qu’ils croyaient être la sauvegarde du rayonnement de la France, en s’engageant dans la complexité de la guerre d’Algérie. Ainsi, nous avons des aïeux qui se sont trompés officiellement et à posteriori, trois, quatre fois les armes à la main, tout choix initial de la Seconde guerre mondiale confondu.

En un mot et c’est sans cesse répété, c’est le vainqueur qui fait légitiment l’histoire. Ce sont souvent les opportunistes qui entretiennent le trouble. Les soldats savent tendre la main et la France n’a toujours pas “guérie” de cette période 39-45. Il serait temps.
Et aujourd’hui, éduqués par ses hommes, nous, descendants, dont certains servent les armes de la France (civiles ou militaires), nous espérons que demain, nos enfants diront que nous étions, ce jour, du bon côté…


En guise de conclusion :

"Notre pays, depuis un peu plus de trente ans, a été de drame national en drame national.
- Ce fut la guerre ;
- la défaite et ses humiliations ;
- l’Occupation et ses horreurs ;
- la libération, par contrecoup l’épuration et ses excès, reconnaissons-le ;
- et puis la guerre d’Indochine ;
- et puis l’affreux conflit d’Algérie et ses horreurs des 2 côtés ;
- et l’exode d’un million de Français chassés de leurs foyers ;
- et du coup l’O.A.S. et ses attentats, ses violences, et par contrecoup la répression.

Alors, ayant été, figurez-vous, dénoncé par les agents de Vichy à la police allemande, ayant échappé deux fois à un attentat, une fois au côté du général DE GAULLE et l’autre fois à moi destiné, je me sens le droit de dire :
- allons-nous éternellement entretenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux ?
- le moment n’est-il pas venu de jeter le voile ;
- d’oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas et même s’entretuaient ?

Et je ne dis pas ça, même s’il y a des esprits forts, par calcul politique, je le dis par respect de la France."
Georges POMPIDOU,
Président de la république française de 1969 à 1974
(neveu du lieutenant Frédéric POMPIDOU, de la L.V.F. et blessé sur le Front russe)
(Conférence de presse du 23 septembre 1972.)

GLOIRE ET BRAVOURE POUR TOUS

Nous constatons parfaitement, par notre petit échantillon de réactions (présagées), combien cette notion est importante. Je dirais que cet engouement, certes sur ce site très local, est encourageant et montre que la notion de valeurs fondamentales n'est pas perdue. Nos aïeux n’ont souvent pas changé, ni renié leurs engagements de jeunesse. "Mais peut-être que tout le monde ne pense pas que l'Allemagne était un des ennemis de la France ou des pays occupés." dites-vous avec perspicacité.

Pour tous, l’Allemagne a été l’ennemie de la France de 39 à 40. Beaucoup de vétérans étaient sous les armes dans cette période. Parfois avec leurs pères qui avaient fait 14-18. Ensuite, c’est une question de droit et de légitimité reconnue, nationale et internationale. Nous l’avons déjà abordé. Le problème de la France, c’est qu’elle est passée de statut en statut, d’une légitimité à l’autre. Jonglant avec ces termes de légitimité, de règlement, de légalité, de reconnaissance. Il n’y a peut être rien de pire que les guerres fratricides. C’est certainement aussi pour cela, que Hitler ou les Alliés avaient des prédispositions de réserve à notre égard... L’Armistice, la Guerre, l’Interposition, le Maintien de l’ordre, etc ont leurs règles. Elles évoluent parfois, à posteriori, comme le conflit d’Algérie qui a mis 40 ans à porter son nom, les militaires français n’y auraient été maintenant que des tortionnaires ; ceux qui n’étaient pas considérés qui le sont devenus, comme les combattants français des brigades Internationales, etc, etc. Donc à posteriori nous faisons dire aussi beaucoup de chose au passé. Qu’avons-nous pas appris sur la grandeur du Ier Empire et de la grande Armées ; et aujourd’hui, que s’apprêtent à apprendre nos enfants ?

Quoi qu’il en soit, sur ce point fondamental, la France ou le droit pénal international, devra un jour statuer sur cette question - Des volontaires reconnus comme soldats s’engagent le “lundi”, sous un gouvernement légal qui les décorent, et rentre le “dimanche” sous un autre qui les condamne - . Ici se pose certainement le problème de la rétroactivité des lois, mais nous ne sommes pas juristes. Comme nous le disions précédemment, nous pouvons estimer que pour des "traîtres" considérés, les peines ont été légères et ils ont même été amnistiés par le Président de la république Vincent Auriol ! Les vainqueurs étant souvent eux-mêmes partagés.

Dans le passé, les Français qui ont servi tour à tour la Monarchie, l’Empire, la Restauration, La République n’ont pas subi de châtiments de peine et de bannissements comme la période analysée, hormis la “Terreur” de la Révolution qu'il peut être tentant de comparer à l’“Epuration”.

Comment aurait-on pu intégrer dans la fonction publique et pour ne parler que de l’armée d’après-guerre, des officiers, des sous-officiers anciens du Front de l’Est (qui ont du faire ou refaire les écoles) ? Il est à noter que pendant les "Trente Glorieuses", avec la liesse de la croissance, le pacte de Varsovie, le Vietnam ou la décomposition coloniale, Monsieur Toutlemonde avait de quoi s’occuper, s’engager physiquement ou même par procuration. Et nous avions besoin de tous. Combien d’anciens hommes politiques ayant servi officiellement le gouvernement de Vichy, ont tout aussi bien ou mal servi, à de haut niveau parfois, la IV° ou la V République ? Aujourd’hui, nos populations manquent d’idéaux, de grands élans, alors on leur en donne. Ainsi, nous assistons depuis environ le début des années 80 à une surenchère, entre autre, de tout ce qui concerne le sujet qui nous intéresse. Mais en occultant ces volontaires. Ces milliers de volontaires, ces milliers qui ont aussi hésité, ces milliers de frères et sœurs, d’amis qui les soutenaient, ça peut faire beaucoup. Aujourd’hui, plus personne. Et ce qui sont repérés doivent être criminels. Ainsi, peut-on imaginer, aujourd’hui, qu’un colonel ou un chef de bataillon ancien de la ”Charlemagne “, puisse faire une carrière militaire ?

Pire encore, les descendants, pour peu qu’ils soient identifiés, sont notés fils de… Nous sommes bien placés pour vous l’affirmer. Pourtant notre éducation de vilain fils de W-SS fait que nous servons avec le plus important qu’ils aient pu nous léguer : l’Honneur, la Fidélité, le désintéressement, l’abnégation ou encore la foi qui sont des valeurs qu’ont reçu aussi bien les descendants d’autres volontaires gaullistes sincères qui ont suivi un autre parcours. Ils ont d’ailleurs su se retrouver parfois. Mon parrain “personnel”, de mon école professionnelle est un ami de mon père ; qui a suivi un autre parcours sous un autre uniforme. A ce propos, au niveau social et psychologique, le parrain de baptême des enfants de ces volontaires à l’Est, est souvent un Vétéran ou même les beaux-frères d’anciens camarades. Ce n’est pas par fanatisme, mais dans l’immédiat après-guerre qui auraient voulu fréquenter l’intimité de leur passé ?

En un mot, quand deux candidats pour la LVF, la Sturmbrigade, ou la Charlemagne, parlaient de leur éventuel engagement, ils n’exprimaient pas, à leur époque et dans le contexte, l’éventualité de servir l’ennemi.
Ce qui est parfaitement le cas également de ces pilotes remarquables de l'escadrille "Normandie-Niemen" (FFL) qui étaient aux commandes d'avions soviétiques. Ils n’étaient pas communistes, à priori, et ne savaient pas dans leur contexte, qui allait gagner.
Nous pensons que c'est un des exemples fondateurs .

Pardonnez ces longueurs, c’est le risque de nous héberger, mais nous parlons avec raison et passion gardées, nous l’espérons, dans cette alchimie de fierté et de douleur. Vous comprendrez mieux cette phrase de Lorenz que nous avons mis en exergue :
"chaque génération doit recréer un nouvel équilibre, entre le maintien de la tradition et la rupture avec le passé."


LE SERMENT

Les volontaires de la LVF prêtaient également serment à Adolf Hitler. C’est aussi une question de logique. Même si l’encadrement reste français, elle devient le 638° R.I dans l’organigramme de la Wehrmacht et à ce titre n’a pu prêter serment qu’au “chef suprême de l’Armée allemande”. Le serment de la LVF est lui aussi exclusif. Mais le chef du gouvernement français peut légiférer sur elle. La W-SS est considérée quant à elle, comme faisant partie intégrante et totale de l’armée allemande, mais spécialement de la W-SS, parce qu’européenne. C’est pour cela, que la France a pu promulguer une loi pour la W-SS, bien que n’étant pas en guerre avec la Russie. Ce qui est différent donc pour la LVF, qui est une émanation directe du gouvernement français, qui n’est pas en guerre contre la Russie. Ainsi, peut-on nous dire quel type de serment prêtaient les Espagnols ou les Italiens ?

Quoi qu’il en soit, il paraîtrait logique qu’ils aient prêté serment au moins au “chef suprême de l’Armée allemande”.Cette année 1943 est un tournant, juridique, puisque la LV F change de statut en février et il y a autorisation de s’engager dans la W-SS en juillet.
Concernant ce serment, il est beaucoup plus important que nous, Français, pouvons en mesurer la substance. Sa justification, et le fait de sa demande de renouvellement demandé par les Allemands parfois à plusieurs reprises, n’ont pas toujours été compris par les Français. Il y aurait des commentaires à apporter, qui participent d’ailleurs à mettre en relief que nous avons, même avec des cousins germains, des sensibilités culturelles ressemblantes, mais qui peuvent se vivre différemment sur le terrain de façon, anodine, mais aussi en véritable conflit mémorable.

Concernant votre appréciation sur Laval et l’interprétation de la pression de sa plume pour signer l’accord dans la W-SS ou d’autres mesures, tout ceci sont des supputations et non des faits. A notre avis, que ce soit pour défendre ou culpabiliser ou encore expliquer objectivement l’histoire, il faut se référer au fait. Ensuite, est-ce qu’untel avait les mains moites… ? Il faut assumer. Il y a eu Collaboration civile, armée, économique plus ou moins imposée, plus ou moins zélée selon le chapitre, mais la France a participée à l’effort de guerre de l’Allemagne, qui était devenu un effort européen, contre un ennemi devenu commun.
Il faut prendre ses responsabilités sur des faits. Cela nous rappelle quelques commentaires dans nos familles de la part de timorés, qui expliquent que nos aïeux n’étaient pas vraiment volontaires, qu’ils avaient des circonstances atténuantes, qu’ils ont été trompés, etc, etc. Or, quand nous avons la chance d’avoir ce vétéran vivant près de nous, l’interprétation est assez différente, même s’il y a des cas particuliers. Il assume, car ils n’ont jamais été pressés pour s’engager, même si l’on connaît des cas très anecdotiques.


SERMENT/CONTRAT

Un vecteur permanent du Cercle : […] Mais il est bien entendu que nous n’avons rien de commun avec de quelconque officine « néo-nazie » et c’est pour cette raison que la notion de Cercle nous permet de nous affranchir de certains opportunistes ; les membres associés faisant preuve d’une excellence avérée. […]
"Les desseins réels d’Hitler ?" dites-vous. Lisez ou relisez Victor Suvorov “Le brise-glace”, qui n’est pas encore démenti, mais il est tu et savamment ignoré, au sujet de la préparation de l’attaque de l’Europe par la Russie. Ceci est capital pour l’interprétation de l’engagement des Volontaires européens et de la littérature les concernant.

Mais parlons, je vous prie, de serment et non de contrat. Dans le cadre guerrier, le serment est prêté par un homme d’honneur, le contrat donne dans ce comparatif une connotation de mercenariat en ce plaçant dans le contexte (le terme de “contrat” n’a pourtant rien de péjoratif). Le revers du serment, c’est qu’il vous lie de fait jusqu’à la fin.

Ces Vétérans ne se considèrent pas ici trompés et cela nous permet d’évoquer la spécificité du serment. Attention aux interprétations après coup de l’histoire officielle. A ce moment-là, croyez-vous que certains vétérans de la 2° D.B ne se croient pas trompés de voir ce que les politiques ont fait de leur victoire ?
Pour les pays de l’Europe du nord et ceux du Sud, il y a une différence de conception entre la notion de droit écrit et oral. Ceci étant dit, les Allemands ont été au contraire soucieux de respecter le serment. En effet, ils ont demandé à la LVF de prêter serment, quand tout allait bien. Ils ont laissé libre dans certaines conditions, de rejoindre ou pas la W-SS à l’été 44 à Greifenberg. Ils ont reconsidéré encore ce serment à Neustrelitz, quant les débris de la Charlemagne ont été regroupés en mars 45.
Je laisse ici répondre mon père : "[…] En effet, les termes de notre engagement et notre serment nous obligeaient envers nos chefs dans le cadre de la lutte contre le bolchevisme. Les Allemands toujours aussi tatillons, savaient que la victoire était compromise. Les combats futurs pouvant déroger à notre cadre d’emploi, ils eurent l’honnêteté de nous donner l’opportunité de ne pas poursuivre le combat, dans le cas ou nous aurions pu être amené à combattre les Alliés ou peut-être des Français. Il n’est donc pas possible, à mon avis, de soutenir ceux qui trouvent, aujourd’hui, une échappatoire, en disant qu’ils n’ont pas continué parce qu’ils ne voulaient pas prêter serment à nouveau ou sous prétexte du passage à la Waffen-SS.

Qu’auraient-ils dits en situation de victoire ? Il faut savoir assumer, sans avoir besoin d’exprimer une repentance opportuniste pour parler de notre aventure… […]"


D’où le bataillon de Travailleurs. Il n’y a pas eu de tromperie et jusqu’au bout à Schwerin fin avril-début mai 45, jusqu’où ils avaient retraité dans le Mecklemburg : "[…] Puis, nous sommes rassemblés par un officier supérieur d'une unité de Waffen-SS, avec laquelle nous nous sommes retrouvés. Peut-être des Waffen-SS allemands et hollandais. Cet officier nous apprend que le Führer est mort, que nous étions déliés de notre serment, que nous l’avions tous respecté et que la guerre était terminée pour nous. […]"

Cette notion du serment, de la parole donnée avait bien son importance, conjugué à ce règlement “jugulaire-jugulaire” très prussien.
Concernant votre avis au sujet du Maréchal qui a "toujours refusé l'idée d'entrer en guerre aux côtés de l'Axe", fallait-il en avoir les moyens (voir la guerre du Golfe), il faut compter largement avec le scepticisme des Allemands au sujet de l’obéissance absolue des Français.

En effet, la Milice par exemple ne sera armée qu’en novembre 43 et encore, pour répondre aux attentats et avec un armement rustique. La LVF et la Sturmbrigade avait largement plus de candidats que d’élus (il faut avouer que les critères médicaux de l’armée allemande n’était pas ceux de l’armée française). Il en est de même de l’incertitude d’orientation, comme les Compagnons de France qui a vu ses effectifs se répartir inégalement entre Ière Armée et Collaboration. Ou encore le 1er Régiment de France dont les hommes ont souvent déserté, le gros rejoignant les FFI et quelques autres la Sturmbrigade.

Vous constatez que les Français n’étaient pas monolithiques dans leur action. La France était effectivement un cas spécifique dans l’Europe occupée. Mais il est à noter, n’en déplaise aux germanophobes, que la Division qui intégrait la LVF en 41 était celle d’Hitler en 14, la LVF eu l’honneur d’être quelques temps l’unité la plus à l’Est sur le Front, à Borodino et la Charlemagne parmi les derniers défenseurs de Berlin en 45.
Ceux qui ont fait de la gestion d’intégration interculturelle comprendront ce que cela représente surtout pour des Allemands de l’époque.


De manière générale, la préoccupation n’est point de porter un jugement des différents choix d’engagements armés ; c’est un autre débat. Mais d’apporter des éléments qui concourent à comprendre le comportement individuel dans le contexte de l’époque et dans un chapitre méconnu. Ainsi, la qualité d’historien ne peut nous être attribuée et nous somment reconnaissants des nouveaux apports d’informations, qui puissent participer à la compréhension sereine et sans polémique.

* Frontest est l'un des porte-paroles du Cercle des Descendants des Vétérans Francais du Front de l'Est.

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