638ème
régiment d’infanterie français (appellation dans
l’organigramme de la Heer, de la Légion des Volontaires
Français contre le bolchevisme).
Le 22 juin 1941, très exactement le jour où l'attaque
de l'Allemagne contre l'URSS a été annoncée, Jacques
Doriot (1898-1945, croix de fer 1943), chef du PPF (Parti Populaire
Français, le plus actif de tous les partis collaborationnistes
français) lance l'idée d'une légion de volontaires
Français pour aider à combattre l'armée rouge dans
l’idée de la “Croisade contre le bolchevisme”.
Le 23 juin, un de ses concurrents politiques, Marcel Deat, rencontre
Otto Abetz, ambassadeur du IIIème Reich en France, pour traiter
du sujet. Abetz fait un rapport à Berlin et reçoit le
5 juillet le télégramme numéro 3555 du conseiller
Ritter, confirmant l'approbation de von Ribbentrop.
Cette initiative coïncide avec la politique du Reich qui souhaite
créer des unités de volontaires dans plusieurs pays européens.
Ainsi, Berlin accepte "l’engagement de citoyens français
dans la bataille contre l’Union Soviétique".
Mais il y a de nombreuses limitations à cette approbation : Recrutement
limité à la zone occupée, nombre de recrues limitées
à 15 000 (chiffre jamais atteint). Beaucoup pensent aujourd’hui
que, en fait, Hitler ne voulait pas se trouver à devoir quelque
chose au Français. Mais ceci est une interprétation à
posteriori. Comme dans tout projet d’envergure, en temps de paix
ou de guerre, il y a un coût, une budgétisation à
programmer. La lenteur de la fourniture d’équipements appropriés
à l’hiver Russe est un des éléments qui montre
qu’il ne s’agit pas de recruter seulement des volontaires,
mais il faut aussi subvenir à leurs nécessités
d’instruction, de formation et de matériel..
Le 6 juillet, une réunion a lieu à l'ambassade allemande
à Paris. Le 7, une deuxième réunion se tient à
l'hôtel Majestic, QG de la Wehrmacht en France. Tous les chefs
des groupes collaborationnistes français sont là : Doriot,
Deat, Bucard, Costantini, Deloncle, Boissel, Clementi. Ce jour, un Comité
central du LVF est créé avec tous les présents
étant membres. Un centre de recrutement est créé
et Abetz offre pour l’héberger les anciens bureaux de...
l’Intourist, l'agence soviétique de tourisme, 12, rue Auber
à Paris !
Immédiatement, la LVF est embarquée dans les concurrences
politiques franco-françaises, chaque organisation collaborationniste
essayant de diriger les opérations, espérant augmenter
sa propre influence. Le MSR (Deat) et les PPF (Doriot) auront le plus
de succès, en utilisant intensivement la propagande "de
croisade Anti Bolchevik" à laquelle une partie de l'opinion
française est réceptive. Cette “bataille politique”
dont certains disent qu’elle a été active jusque
sur le front est exagérée, ne serait-ce que pour entretenir
un dilemme entre l’origine Sturmbrigade et LVF, quand l’on
parle de la division Charlemagne. S’il est exact que ce phénomène
ait existé foncièrement, s’est surtout focalisé
sur la première année de création de la LVF. C’est
aussi une façon de faire “couler de l’encre”.
Il en est de même sur les options religieuses. En un mot, il y
avait de tout partout.
Le 5 août 1941, la LVF est officiellement créé comme
association privée. Fernand de Brinon, délégué
du gouvernement de Vichy, accepte d'être président du comité
de soutien auquel plusieurs personnes influentes adhéreront,
comme le cardinal français Mgr Baudrillart.
Le fait que, a l’origine, la LVF ne soit "que" une Association
privée a fait l’objet de nombreux commentaires négatifs.
Il convient de remettre cela dans le contexte de l’époque
: La France avait certes rompu ses relations diplomatiques avec l’URSS
mais ne lui avait pas déclaré la guerre. Envoyer sur le
front de l’Est des combattants sous uniforme français,
donc uniforme d’un pays n’ayant pas déclaré
la guerre à l’URSS, aurait exposé les volontaires
faits prisonniers au traitement réservé aux francs-tireurs,
a savoir le peloton d’exécution. Il est intéressant
de constater que ce "léger" problème est fréquemment
passe sous silence.
De juillet 1941 à juin 1944, 13 000 volontaires se présenteront,
mais seulement environ la moitié d'entre eux seront acceptés
par l'équipe de sélection composée de médecins
militaires allemands. On a beaucoup dit que cette sélection était
exagérée par les Allemands, anti-Français.
S’il y a eu certainement des francophobes, il faut noter surtout
que la sélection médicale de l’armée allemande
était avant-gardiste, et intransigeante notamment sur l’aspect
buccal. La France avait encore de grands progrès à faire
au niveau de l’hygiène buccale ou la correction oculaire.
Ainsi, nos armées occidentales actuelles, sont à égalité
dans ces domaines, en restant toujours aussi impitoyables.
La première unité a atteint Deba, base arrière
de LVF en Pologne, en septembre 1941. Avec ces 2 500 volontaires, 2
bataillons et unités régimentaires sont créés.
Le premier commandant de LVF est le colonel Roger Labonne (1881-1966),
ancien commandant d'une unité coloniale française, le
RICM. La LVF est enregistré par la Wehrmacht comme le Franzosischer
Infanterie-Régiment 638.
Les volontaires doivent porter un uniforme allemand avec un écusson
français bleu-blanc-rouge sur la manche droite. Le drapeau régimentaire
est également bleu-blanc-rouge et les ordres sont donnés
en français. Mais tous les volontaires doivent prêter un
serment d’obéissance à Adolf Hitler (en tant que
chef des Armées) et cela a créé au début
et ponctuellement plusieurs problèmes.
Ainsi, il ne faut pas être devin pour imaginer que ceux qui avaient
combattu en 39-40, ont du éprouver un sentiment douloureux. Surtout
pour le premier contingent de volontaires de la LVF qui ne pensaient
pas du tout être contraint à porter cet uniforme. Il est
donc nécessaire de donner ici quelques explications.
Lorsque la “croisade contre le bolchevisme” prend sont essor
dans la quasi-totalité des pays européens, toutes les
démarches ou attitudes n’ont pas atteint leur apogée.
En effet, certains pays déclareront la guerre à la Russie
et pourront donc combattre en revêtant leur uniforme d’origine.
Pour les Français, cela a été progressif et en
quelque sorte inachevé. En effet, notre ambassadeur à
été rappelé, les relations diplomatiques ont été
rompues, mais sans ultimatum et donc aucune déclaration de guerre.
Il faut rappeler que les premiers engagements se font en août
41, tout ceci est précipité et l’on manque de recul.
Les premiers livrets d’information de recrutement ne précisent
pas en effet que les volontaires porteront l’uniforme de l’ancien
ennemi.
Par contre, lorsque le rythme de croisière a été
atteint, les livrets suivants porteront, au Chapitre IV, la mention
:
LE
DRAPEAU DE LA L.V.F.
EST LE DRAPEAU TRICOLORE FRANÇAIS
Equipement – L’équipement et le matériel sont
ceux de l’armée allemande. Il faut d’ailleurs souligner
à ce sujet que les volontaires français ont été
équipés avec les armes les plus perfectionnées
qui existent actuellement et dont l’usage n’a toujours pas
été généralisé même dans l’armée
allemande.
Uniforme. – Chaque soldat a deux uniformes : l’uniforme
kaki pour le service courant, et l’uniforme de combat qui est
l’uniforme allemand comportant un écusson tricolore sur
le bras droit. Il ne saurait en être autrement ; en effet, la
France n’étant pas en guerre avec l’U.R.S.S., les
volontaires seraient considérés comme francs-tireurs s’ils
se battaient sous notre uniforme.
Par ailleurs, pour une raison ne serait-ce
que d’efficacité optimale, peut-on imaginer des centaines
de milliers d’hommes équipés différemment,
avec des armes de calibres différents, des pièces détachées
de véhicules et de matériels absolument pas polyvalents
et interchangeables ?
Mgr Mayol De Lupe (1873-1975, croix de fer 1942), aumônier général
de la LVF, a été fédérateur pour certains
réticents au “vert de gris”, il célèbre
une messe au matin du 5 octobre, jour de cette première prestation
de serment.
Un message du Marechal Petain figure dans le livret de recrutement
de la LVF :
"Le message de fidélité que vous m’adressez,
en votre nom et au nom de vos amis, avant de monter en ligne, a aussi
profondément touché en moi le soldat que le chef de l’Etat
à la veille de vos prochains combats.
Je suis heureux de savoir que vous n’oubliez pas que vous détenez
une part de notre honneur militaire. Il ne peut pas être de tâche
plus utile à l’heure présente que de rendre à
notre pays confiance dans sa propre vertu, mais de servir aussi la France
d’une manière plus directe.
En participant à cette croisade dont l’Allemagne a pris
la tête, acquérant ainsi et à juste titre la reconnaissance
du monde en contribuant à écarter de nous le péril
bolchevique, c’est votre pays que vous protégez ainsi en
sauvant également l’espoir d’une Europe réconciliée.
Pour ces raisons, je vous souhaite bonne chance, dans l’accomplissement
du devoir que vous avez choisi. Pour ma part, je vous suivrai dans vos
épreuves de toute ma sollicitude, jusqu’au jour glorieux
du retour dans votre patrie".
Comme
souvent pour ce qui concerne cette dramatique période, ce message
est cité dans de nombreux ouvrages historiques mais tronqué
et hors contexte.
Les 2 bataillons quittent Deba les 28 et
30 octobre 41, le premier bataillon sous le commandement de capitaine
Leclercq, puis du commandant de Planard, le second avec le commandant
Girardeau. Ils atteignent Smolensk d'où ils prennent la route
de Moscou le 6 novembre, marchant dans le terrible climat de l’hiver
russe. L'équipement lourd est transporté avec de grandes
difficultés dans des chariots à chevaux. Ce voyage est
une tragédie : Les uniformes et l'équipement individuel
ne sont pas adaptés pour les températures d'hiver, tempêtes
de neige et pluies glaciales tombent, un tiers des hommes est affecté
par la dysenterie. Avant d'atteindre la ligne de front, le LVF a perdu
400 hommes, malades ou perdus.
Ils ont par la suite atteint l'extrémité de l’avancée
allemande, à 63 kilomètres de Moscou. Ayant été
positionné à l’extrême pointe Est du front,
il serait tentant d’imaginer que l’armée allemande
ait voulu rendre un hommage guerrier aux Français, eu égard
à leur Campagne de Russie…
Le régiment 638 est alors incorporé, tout d’abord,
à la 7ème Division d'Infanterie du général
von Gablenz Gablenz (ancienne division d’infanterie d’Adolf
Hitler lors du Premier conflit mondial.).
Le 24 novembre 1941, les 4 pelotons du 1er bataillon se dirigent vers
la ligne de front près du village de Djukovo. Le QG régimentaire
atteint Golowkowo. La terre est gelée. Après plusieurs
jours d’attentes dans des conditions épouvantables, l'ordre
d'attaque est donné le 1er décembre dans une tempête
de neige horrible, avec des températures qui ont baissé
de 20 degrés durant la nuit, sans équipement d'hiver,
sans l'appui de Panzers.
Du côté opposé, la trente-deuxième Division
sibérienne, bien équipée, bien formée, est
soutenue par de l'artillerie lourde.
Les Français morts et blessés jonchent le sol ; des armes
automatiques sont bloquées par le gel. Au poste médical,
le médecin capitaine Fleury lutte pour traiter tous les blessés,
les malades et les hommes avec des membres gelés. Après
une semaine, le 1er bataillon est presque disloqué et doit être
remplacé. Les lieutenants Dupont et Tenaille, des commandants
de pelotons réputés, ont été tués
par le même obus d'artillerie, le capitaine Lacroix est grièvement
blessé.
Plus au Nord, le deuxième bataillon est moins affligé
par la bataille, mais autant par les conditions climatiques. Tandis
que la 7ème division d'infanterie demeure sur la ligne de front,
la totalité du régiment 638 est retiré les 6 et
9 décembre.
Il a perdu 65 morts, 120 blessés, plus de 300 malades ou avec
les membres gelés.
Les rapports publiés par les inspecteurs militaires allemands
ne sont pas tendres, comme cet extrait daté du 23 décembre
1941: "[…]
Les hommes font généralement preuve de bonne volonté
mais manquent de formation militaire. Les sous-officiers sont bons en
général mais ne peuvent pas vraiment être actifs,
car leurs supérieurs sont inefficaces. Les officiers sont incapables
et recrutés seulement selon des critères politiques […]"(oberstleutnant
Reichet, commandant le Bureau Opérations de la 7ème Division
d’Infanterie).
La forme de ces critiques a aussi marqué la “débâcle”
française de 1940. Mais comme en 40 et plus tard, que ce soit
au sein de la Première Armée ou en Poméranie, le
soldat français fera preuve de ressaisissement dans les difficultés.
Alors tombe la conclusion :
"[…] La légion ne peut pas être engagée
dans le combat. Une amélioration ne peut seulement être
obtenue que par le renouvellement du corps des officier et une forte
formation militaire. […]"
La retraite se fait dans des conditions vraiment horribles, les hommes
ayant perdu confiance dans leurs officiers. La LVF est enlevée
de la ligne de front et regroupée en Pologne pour y être
complètement réorganisée et être formée,
1 500 recrues étant enlevées et renvoyées en la
France, incluant la plupart des officiers.
Reconstruite avec l'arrivée de nouveaux volontaires, la LVF de
1942 sera plus dure, plus qualifiée et plus homogène.
Son efficacité militaire sera basée sur un excellent groupe
de sous-officiers. La LVF connaît à ce moment une véritable
mutation.
Maintenant
organisé en 3 bataillons d'environ 900 hommes chacun, la LVF
sera engagée à l’arrière du front, combattant
les partisans soviétiques. Type de combat très spécifique
et particulier qu’est la guerre contre les partisans et la guerre
de poste. Les Allemands qui n’avaient aucun expérience
en ce domaine et n’excellaient pas de fait dans cette tactique
de combat, ont su, à travers leurs critiques cinglantes mais
justifiés, relever les réelles compétences militaires
françaises. Ainsi, la gloire de la France sera relevée
comme peuvent en témoigner les rapports et 1 citation à
l’ordre de l’armée et 2 à l’ordre de
la division :
LE
GENERAL le 12 décembre 1941
Commandant
la 7ème Division d’Infanterie.
ORDRE
DU JOUR
adressé à la Légion des Volontaires Français.
Dans les temps difficiles que traverse notre patrie, vous êtes
venus vous joindre aux armées du Führer pour combattre l’ennemi
de notre culture européenne : le bolchevisme. Venus très
vite sur les lieux du combat par des marches longues et épuisantes,
mis en ligne par un froid excessif auquel vous n’étiez
pas habitué, vous êtes parvenus à atteindre les
objectifs d’attaque qui vous étaient pour la première
fois assignés, et cela en dépit d’une résistance
farouche de l’adversaire ; vous avez ainsi fait preuve des plus
belles qualités militaires.
L’héroïsme de vos camarades tués à l’ennemi
et la magnifique tenue de ceux qui ont été blessés
donnent une idée de la valeur dont vos pères ont rempli
l’Histoire. C’est grâce à cet héritage
que les vertus guerrières françaises ont pu se manifester
à nouveau.
Je connais les grandes difficultés que chaque nouvelle troupe
nouvellement formée doit vaincre et combien les vôtres
ont été accrues dans ce premier combat, coude à
coude avec vos camarades allemands, par des difficultés linguistiques
et tactiques qui disparaîtront rapidement, grâce à
la volonté qui nous anime et à la grande et sincère
camaraderie qui règne entre nous.
Soyez toujours conscients que vous êtes les combattants de l’Europe
nouvelle et de la renaissance de votre glorieuse patrie. La nation française,
et son vénéré chef le maréchal PETAIN, suivent
avec attention et confiance vos combats et vos faits d’armes.
Pour nous, soldats allemands, nous considèrerons toujours comme
un honneur et comme la garantie des temps nouveaux d’avoir scellé
notre fraternité d’armes en versant notre sang en commun
sur les champs de bataille.
En tant que général commandant votre Division, je vous
exprime ma reconnaissance et ma haute satisfaction de votre bravoure.
Vive notre guide dans le combat contre le bolchevisme : Adolf HITLER
! Vive une France heureuse dans une Europe unie !
Freiherr von GABLENZ,
Generalleutnant.
(Cet
ordre du jour comportait l’attribution de 200 citations et de
40 Croix de Fer au bataillon, qui seront remises le 3 mars 1942 au camp
de Kruzsyna.)
LE
COMMANDANT DE LA 7ème DIVISION
Sur le front, le 16 décembre 1941.
"Cher Monsieur le colonel,
Je regrette bien vivement de n’avoir pu prendre personnellement
congé de vous, en raison de mon départ précipité.
Qu’il me soit donc permis de le faire par la présente.
J’aurais été très heureux de pouvoir vous
saluer en même temps que votre Légion, qui a lutté
dans les rangs de ma division contre un ennemi commun : le Bolchevisme.
Sous votre commandement éprouvé, et malgré les
grandes difficultés que nous connaissons bien tous deux, la Légion
s’est battu bravement. Dans son baptême du feu, elle a versé
son sang et s’est ainsi lié à la camaraderie exigée
pour bâtir une Europe nouvelle et heureuse.
Vous me permettrez, cher Monsieur le colonel, de vous exprimer mes remerciements
profonds pour votre commandement et votre collaboration amicale. Mes
vœux les meilleurs vous accompagneront, ainsi que votre troupe.
Je souhaite que, dans cette guerre, la chance vous favorise toujours,
ainsi que vos braves soldats, et que de nombreux succès et l’honneur
vous soient rendus pour la gloire de votre Patrie.
Je tiens à vous assurer que ma joie serait grande si nos chemins
venaient à se croiser à nouveau ultérieurement.
J’espère que vous pourrez rester le plus longtemps possible
auprès de ma chère Division et cela à votre entière
satisfaction.
Je vous salue, ainsi que Messieurs vos Officiers, vos Sous-Officiers
et Soldats, en vous priant de bien vouloir croire à l’expression
de ma considération parfaite, ainsi qu’à mes sentiments
de camaraderie".
Signé : Votre général
von GABLENZ.
Là,
la LVF s'appliquera avec quelques succès des méthodes
provenant de l'armée coloniale française dont les savoir-faire
et savoir-être seront efficaces et appréciés. La
LVF qui se forme et s’instruit à partir de 1942, fera réparation
aux appréciations cinglantes mais justifiées de l’hiver
1941.
Le
Commandant général de Troupes de Sécurité
dans le Secteur Central Ia
P.C. le 16 février 1943 à la 221ème Division de
Sécurité.
Depuis
des semaines, la Division a dû mener de durs combats pour l’anéantissement
de bandes ennemies dans la partie Nord-Est du secteur de la Division
(Opérations “Ankara I” et “Ankara II”)
puis participer aussitôt après à l’opération
“Klette II” pour détruire les bandes ennemies dans
la forêt de Mamajevka.
L’accomplissement de ces missions n’a pas été
simple, parce que, d’une part, le Commandement ne disposait pas
de forces suffisantes et que, d’autre part, le terrain offrait
à l’adversaire de bonnes possibilités de s’y
cacher.
Grâce à de minutieux préparatifs et à une
conduite systématique du combat, la Division et parvenue à
encercler des forces ennemies supérieures en terrain particulièrement
difficile et à les détruire ou à les disperser.
Au cours de ces semaines de combats, officiers, sous-officiers et soldats
ont fait preuve de l’ardeur au combat et se sont magnifiquement
tenus.
J’ai le plaisir de noter dans le compte-rendu de la Division que
le IIIème bataillon du régiment français 638 ainsi
que le Bataillon de l’Est 604 combattant côte à côte
avec leurs camarades allemands, se sont également distingués.
Si un anéantissement absolu des bandes n’a pas été
possible, une dispersion des groupes ennemis a pu cependant être
obtenue. On a fait un butin considérable et de nombreux cantonnements
d’hiver ou blockhaus ont été détruits.
J’exprime ma reconnaissance particulière à la Division
pour son commandement remarquable et l’exécution de l’opération
et la prie de bien vouloir transmettre mes remerciements et ma reconnaissance
à tous les officiers, sous-officiers et soldats qui y ont participé.
Le Commandant Général :
von SCHENKENDORFF
General der Infanterie.
Un
nouveau commandant est nommé en juin 1943 : Le colonel Edgar
Puaud (1889-1945, croix de fer de 1ère et 2ème classe,
44-45), ancien officier de la Légion Etrangère, qui est
nommé général de brigade. Nous le retrouverons,
encore, à la tête de la brigade française de Waffen-SS
puis, plus tard, de la Division de Waffen-SS Charlemagne.
C’est en 1943 qu’interviendra une modification importante
dans le statut de la LVF : Il y eut un premier drapeau remis à
la LVF en 1941, mais il ne correspondait pas au cahier des charges d'un
réel emblème militaire, étant donné qu'il
s'agissait d'une association privée. Mais en février 43,
la LVF devient d'Utilité Publique, avec un certains nombre d'adaptation
au niveau des pensions diverses, de l'homologation des grades au niveau
militaire, des décorations, etc. C'est donc un nouveau drapeau
aux normes militaires qui est remis le 27 août 43, lors d'une
cérémonie officielle aux Invalides, aux représentants
de la LVF. Ce drapeau devait servir de référence aux drapeaux
de la future armée française telle que l’état
Français rêvait de la bâtir.
A partir de juillet 42 jusqu’en décembre 43, le 1er bataillon
(commandant Lacroix, capitaine Poisson, commandant Simoni) est engagé
à Borissov, Smolensk, Sitsch, Kotovo où 150 Légionnaires
résistent à 1 000 partisans soviétiques le 22 mai
43, et a Murovo.
Le 2ème bataillon (commandant Tramu) sera constitué seulement
en novembre 1943. Ses compagnies opèrent autour de Micheïkovo.
Le 3ème bataillon (Capitaine Demessine, commandant Pane) participe
en juin 1943 à l'opération de Kolmi. Après de durs
combats contre les partisans soviétiques dans la forêt
de Briansk, le bataillon est envoyé dans la région de
Mohilev pour combattre les partisans jusqu'en février 1944. C'est
là que le commandant Panné, généralement
considéré comme le meilleur officier de la LVF, est tué
à son poste de commandement.
L'un des témoins de la mort du commandant Panné (le Légionnaire
Grenier) a survécu et nous apporte ce témoignage :
"Le vendredi 18 février 1944, je me trouvais dans un village
du nom de Suscha. Je crois me souvenir qu'il se situe dans le secteur
de Mohilev. J’étais installé dans un poste de combat
avec ma mitrailleuse, à une des entrées et en surplomb
du village. Tout était calme, les compagnies du IIIéme
bataillon étaient d'ailleurs en repos dans le secteur. Nos éléments
allaient et venaient a proximité même du village. Soudain,
j’aperçu un traîneau qui sortait des lisières
d'un bois à quelques centaines de mètres. Il transportait
du personnel vêtu de l'identique survêtement blanc que nous
portions en cette saison.
Nous pensons dans notre poste qu'il s'agit d'une patrouille de retour
de mission. Au même moment, le commandant Panné et quelques
autres cadres se trouvaient devant une isba et à découvert.
Ils entraient ou sortaient d’un bagniou en contrebas. Le bagniou
était une isba qui faisait fonction de sauna. Des pierres brûlantes
étaient arrosées d’eau et dégageaient une
importante vapeur. Le fameux traîneau remontait les abords de
Suscha et surprise totale, les occupants devaient lâcher quelques
rafales, atteignant le commandant Panné. Je me jetais sur ma
M.G ripostant d'un long tir soutenu, mais l’équipage avait
déjà rejoint les lisières. Je compris notre méprise.
La témérité de ces partisans avait été
fatale, notre commandant de bataillon devait succomber à ses
blessures.
Nos unités spéciales, comme les sections de chasse, pratiquaient
aussi avec succès ce genre d'incursion. Les hommes devaient avoir
du cran, car ils pouvaient investir en peu de temps un village de partisans
à un ou deux traîneaux tout en rafalant aux armes automatiques
et en lançant des grenades.
Ces traîneaux qui nous servaient souvent de moyens de transports
étaient nommes araba. Une araba hippomobile pouvaient être
sur roues ou sur skis. Toutes les pièces étaient en bois
et chacune d’elles pouvait être remplacée et taillée
sur place."
Ceux qui sont revenus vivants du front de l’Est se féliciteront
tous de l'attitude des soldats allemands. Ecoutons-les :
"Un soldat allemand pèse 5 ou 6 russes. Les Soviétiques
ne peuvent gagner que quand ils ont une énorme supériorité
numérique".
François Gaucher, 30 mars 1944.
"Nous étions tous des camarades. Ceux qui étaient
là vivaient et agissaient seulement en fonction de la vie et
de l'action de leur unité. Un général de la Wehrmacht
pouvait manger à côté d'un caporal la même
ration qu'il a juste obtenue de la même Schwester avec le même
sourire et le même "Bon appétit".
Eric Labat dans "Les places étaient chères ",
Paris, 1969.
OBERKOMMANDO
DER WEHRMACHT
HAUT COMMANDEMENT DES FORCES ARMEES
27 février 1944.
COMMUNIQUE
Dans les régions de l’arrière du secteur central,
des troupes de sécurité opérant avec la Légion
des Volontaires Français ont dispersé de fortes bandes
bolcheviques, leur infligeant des pertes sanglantes et capturant un
important butin.
Quarante trois camps de partisans, avec plus de mille blockhaus et des
bases de ravitaillement ont été détruits.
A cette citation du communiqué s’ajoute les félicitations
du commandant en chef de la IVème Armée :
FELICITATIONS DU COMMANDANT EN CHEF
DE LA IVEME ARMEE
Je félicite le régiment français 638 et en particulier
son chef éprouvé et chevaleresque, le colonel PUAUD, pour
la citation dans le communiqué de la Wehrmacht de ce jour, par
laquelle les actions de cette troupe courageuse, dans les durs combats
des dernières semaines, ont trouvé une si juste appréciation.
En fidèle fraternité d’armes, toujours, dans la
lutte pour la préservation de l’Europe et de sa culture,
contre le bolchevisme asiatique.
Gotthard HEINRICI
Generaloberst.
Au
printemps 1944, la rupture du front Est central fournira a la LVF l’occasion
de confirmer que le courage, la bravoure, la gloire et l’abnégation
du soldat français ont été une réalité,
quelque fut l’uniforme, durant ces cinq années de guerre.
Le 22 juin 1944, le front allemand est terriblement affaibli par l'assaut
de 196 divisions soviétiques. Tandis que la Wehrmacht retraite
partout, un bataillon de LVF, formé en Kampfgruppe, est envoyé
pour couper la route Moscou-Minsk devant Borrisov, près de la
Beresina.
Commande par le commandant Bridoux, fils du ministre de guerre de Vichy,
le Kampfgruppe se compose de 400 hommes, tous les vétérans.
Mgr Mayol de Luppe, 71 ans, est avec eux !
Leurs positions sont équipées des mitrailleuses MG42,
de canon anti chars de 37 et de quelques rares chars Tigre.
A l'aube du 22 juin, l'armée rouge lance une importante offensive
d'infanterie, soutenue par des chars. La bataille durera jusqu’à
la nuit du 23. Les Soviétiques ne sont pas passés. Puis
La LVF a retraité, à cours de munitions et risquant un
débordement de part et d’autre, maintenant inévitable
avant l’encerclement. 41 morts, 24 sont blessés mais, de
l’autre côté, plusieurs centaines de morts et environ
de 40 chars détruits.
Cet acte de combat aurait certainement fait l’objet d’une
citation, qui n’a pas été attribuée aussi
du fait des préparatifs la mutation de la LVF dans la Waffen-SS.
Djukowo 1941-1942 et Bérésina 1942-1943, figureront seules
sur le drapeau de la LVF, décoré par ailleurs de la Croix
de Guerre Légionnaire avec trois citations.)
2 semaines plus tard, épuisés et mourants de faim, les
survivants sont recueillis au camp de Greifenberg, en Poméranie,
qui est le dépôt de la LVF. Les Légionnaires découvrent
là leurs camarades volontaires français dans la Waffen-SS.
C’est la fin de l'histoire de la LVF, tous les Légionnaires
étant incorporés dans la brigade française de la
Waffen-SS, seuls les officiers, de part leur état, auront éventuellement
le choix.
Annexes :
Rapport Ourdan
Rapport Simoni
Revue Devenir Mars 1944
Revue Devenir Avril Mai 1944
Revue Devenir juin 1944
Revue Devenir juillet 1944